Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/03/2010

Eliminer les plus économiquement faibles ?

J’étais hier au Salon de l’Agriculture et j’avais préparé un petit dossier sur le thème agricole avec des articles tirés de journaux divers et variés, et généralement récemment publiés. Or, l’un d’entre eux m’a intrigué et, en même temps, navré : publié dans « Les Echos » (vendredi 27 février 2010), il reprenait un article paru dans la presse danoise et mérite d’être intégralement reproduit comme il a été rédigé, sous le titre « Des économistes pour l’élimination des petites fermes au Danemark » :

 

« Faut-il laisser mourir les petites exploitations agricoles au Danemark ? C’est ce que pensent, selon le quotidien « Politiken », des experts danois. Après avoir annoncé un important remaniement ministériel cette semaine, le gouvernement danois a décidé un nouveau programme économique à l’horizon de 2020 dont la principale mesure concerne le passage à l’euro. Ce plan prévoit également un soutien à l’agriculture sous la forme d’un allégement d’impôts fonciers représentant 1 milliard de couronnes (environ 135 millions d’euros) pour 2011 et 2012, pour compenser les effets de la crise. Mais, pour les économistes du Conseil économique de l’environnement, cela n’est pas une bonne idée. Pour eux, la crise actuelle pourrait être une bonne chose pour ce secteur à long terme, car nombre de petites exploitations, faiblement rentables, pourraient fermer, laissant les plus grandes et les plus efficaces survivre.

 

« Le risque, note le conseil gouvernemental, est de remettre à plus tard les restructurations nécessaires dans l’agriculture. D’après le journal, l’aide a été décidée par le gouvernement parc que l’on redoute que, sinon, le quart des exploitations agricoles au Danemark disparaissent au cours des cinq prochaines années. Le conseil recommande pour sa part que les conditions imposées aux exploitations soient plus rigides en matière environnementale afin que Copenhague puisse répondre à ses obligations internationales. Le secteur agricole, rappelle-t-on par ailleurs, représente moins de 2 % du PIB danois et moins de 3 % de l’emploi. »

 

Cet article est tristement révélateur d’un système de pensée économique qui oublie les hommes et qui ne veut voir que la rentabilité comme seul critère de jugement ! Que ce soient des économistes, des experts, des conseillers gouvernementaux qui réclament, en somme, la mort des plus faibles économiquement en dit long sur l’état d’esprit de certaines élites que je n’hésite pas à qualifier de « déshumanisées » : dans leur mode de réflexion, les hommes ne sont qu’une simple variable d’ajustement, et meurent les petites exploitations agricoles pourvu que les (leurs, plus exactement…) principes de rentabilité économiques soient respectés ! Ce genre de raisonnement me met en colère mais je crains que nos gouvernants actuels ou plutôt les milieux financiers et économiques qui les soutiennent et les tiennent partagent le même état d’esprit : l’Argent plutôt que les hommes ! Triste…

 

C’est aussi pour cela que je suis royaliste, c’est par refus de cette déshumanisation, de cette dépersonnalisation, de cette réduction des hommes à de simples critères économiques, non que je refuse les raisonnements économiques, mais je pense que l’économie qui oublie les hommes ou les ravale au rang de statistiques ou de choses n’est pas une bonne économie. Toute économie, si elle veut répondre à sa définition première et à son étymologie grecque, doit se mettre au service des hommes, et non l’inverse ou à celui exclusif de quelques uns : c’est une question de justesse humaine et, donc, de justice sociale.

23/02/2010

La question agricole, un nouveau front social ?

Le Salon de l’Agriculture ouvre ses portes dans quelques jours, dans une ambiance à la fois morose et coléreuse : la baisse significative des revenus agricoles, en particulier pour les petits et moyens agriculteurs (- 34 % en un an…) ; la crise laitière et celle des fruits et légumes à l’été dernier ; l’attitude déloyale des grandes surfaces qui préfèrent se fournir à moindre frais dans les pays du Sud à bas salaires et celle non moins scandaleuse des centrales d’achat qui pratiquent le chantage envers les producteurs ; etc., sont autant de motifs d’inquiétudes que de colère !

 

Devant une telle situation, le nombre d’agriculteurs ne cesse de diminuer et, désormais, de nombreux villages de la France rurale n’ont plus de paysans locaux en activité malgré des terres fertiles, de plus en plus convoitées par les promoteurs et grignotées par la rurbanisation. Or, la vieille formule « Pas de pays sans paysans » nous rappelle que la France sans agriculture de proximité, de qualité et de quantité suffisante, perd son indépendance alimentaire et risque de perdre son âme. Il ne s’agit pas de tomber dans une nostalgie stérile du « bon vieux temps des paysans » mais de défendre ce qui est un élément clé de ce qui fait la France, sa diversité (de paysages, de produits, de gastronomies, etc.), sa beauté aussi. Il s’agit également d’aborder les temps nouveaux du retour à une vie plus saine et moins consommatrice, et de rompre avec les mauvaises habitudes d’un productivisme qui a détruit bocages et parfois rivières pour « produire plus pour (faire) gagner plus (aux multinationales de l’agroalimentaire et de la distribution) »…

 

Le Salon de l’Agriculture, cette année du 27 février au 7 mars, est le moment d’aborder ces questions, de réfléchir aux meilleurs moyens de faire vivre l’agriculture dans notre pays en harmonie avec les paysages et les populations, de repenser les rapports entre consommateurs et agriculteurs, parfois en court-circuitant les intermédiaires inutiles ou les grandes surfaces prédatrices… C’est aussi le moment d’évoquer les questions plus politiques mais non moins importantes de la Politique Agricole Commune, de la fonction du Ministère de l’Agriculture, de la place accordée au monde de la production agricole dans les institutions françaises… Et poser la question, même, du régime politique le plus capable de répondre aux enjeux alimentaires, agricoles et d’aménagement du territoire, enjeux actuels et défis de demain.

 

Il est significatif que le Salon de l’Agriculture soit, à cet égard, en passe de devenir un nouveau « front social », un terrain miné dans lequel l’actuel locataire de l’Elysée rechigne à poser le pied, échaudé par les deux expériences passées en 2008 et 2009 : les rumeurs d’un accueil paysan musclé et de la possibilité de jets d’œufs sur M. Sarkozy en disent long sur le divorce entre monde paysan et République sarkozienne… Que ces incidents aient lieu ou non, en fait, n’a que peu d’importance mais le fait que cela soit possible montre que les Campagnes françaises n’acceptent plus d’être méprisées par celui-là même qui devrait, en bonne logique institutionnelle, en être le garant comme du territoire tout entier et de ses populations…

07/08/2009

La République se f... de notre g... !

Si l'Union européenne, par la voix de la Commission européenne, voulait à nouveau se rendre impopulaire par son excès de libéralisme mêlé de contraintes réglementaires, c'est gagné ! Sa demande de remboursement des aides versées par l’Etat français à ses propres producteurs de fruits et légumes nationaux, aides versées au moment d’une crise grave (au début des années 90), apparaît comme plus idéologique que véritablement juste. Comme si les lois de l’économie devaient, à tout prix, s’imposer aux sociétés, au risque de sacrifier des milliers d’hommes et de femmes travaillant la terre et les arbres…


Pendant ce temps, en ce mois d’août 2009, les petits producteurs de fruits et légumes sont en train de crever, parfois à tous les sens du terme : combien y aura-t-il de suicides cette année parmi eux ? (une question que l'on pose rarement et qui, pourtant, n'est pas anodine...).


En tout cas, cette affaire m'éloigne un peu plus cette « Europe-là » et de cette République oublieuse de ceux qu'elle prétendait défendre... Je suis encore un peu plus monarchiste !

 

Car soyons franc : qu'on le veuille ou non, c'est bien la République elle-même, en ses plus hautes sphères (et le silence étrange de M. Sarkozy en dit long…), qui cède aux injonctions de la Commission européenne, et cela depuis un bon bout de temps et quelques présidents... De Gaulle et Pompidou ont fait exception en leur temps en n'hésitant pas à s'opposer fermement aux oukases des amis de Jean Monnet et Robert Schuman : pour ces deux présidents de la Cinquième République, l’intérêt des Français ne devait pas être sacrifié à une quelconque supranationalité qui n’était, en définitive et selon eux, que le paravent d’une forme de « dictature des experts et des marchands de bretelles ».


En tout cas, cette affaire des "500 (ou 700 ?) millions" (en fait 338 millions...) met en lumière les faiblesses d'une République qui n'a pas (ou plus) de colonne vertébrale… et qui savait depuis l’origine qu’elle se mettait en contradiction avec le Droit communautaire !

 

Le ministre de l’agriculture, europhile piégé par sa propre idéologie, annonce de « nouvelles aides aux producteurs » qui seront évidemment décrétées tout aussi "illégales" par la Commission européenne et pour les mêmes raisons que celles actuellement en question, celles de 1992-2002... Franchement, de qui se moque-t-on ?