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03/01/2009

63 millions de Français, et Zohra.

L’INSEE a publié il y a quelques jours les chiffres du recensement de 2006 et ceux-ci indiquent une augmentation relativement sensible de la population française sur la période 1999-2006, avec 3 millions de nouveaux venus, principalement du fait d’une natalité française qui tranche avec celles des autres pays d’Europe, souvent très basses, et très insuffisantes au regard des enjeux sociaux contemporains. Ainsi, la France comptait, au 1er janvier 2006, 63.185.831 (quelle précision !) habitants, ce qui, si l’on y rajoute ceux arrivés depuis cette date, doit aujourd’hui permettre de penser que notre pays en compterait, aujourd’hui, environ 64,5 millions, dont plus de 2 millions en Outre-mer. Que l’enfant de Rachida Dati, garde des sceaux de l’actuel gouvernement, naisse le jour même de l’annonce de cette bonne nouvelle démographique pour la France me paraît très symbolique : cette petite Zohra (tel est le nom de ce bébé né sous le chêne de Saint Louis) nous rappelle que, comme l’écrivait l’historien et journaliste royaliste Jacques Bainville dans les années 1920 : « le peuple français est un composé » et qu’il a des couleurs diverses, car notre nation, comme son drapeau, est aujourd’hui multicolore. Cela me rappelle aussi une affiche coloniale des années 30 qui, présentant trois profils d’Africains et d’Asiatiques des possessions territoriales françaises sur fond de drapeau tricolore, proclamait : « Trois couleurs, un seul peuple ». Il s’agit là du peuple historique, civique, national, bien sûr, et non du peuple dans son acception seulement ethnique, culturelle ou linguistique dont le roi Louis XVI parlait au pluriel pour la France en convoquant les états généraux de 1789 (« les peuples de France », comme on dit « les pays de France » quand il n’y a qu’un seul pays qui s’appelle la France et que ce pays, au sens national, peut se comprendre, en son unité même, comme un ensemble de communautés…).

Or, pour en revenir au début de ma note, dans les forums des quotidiens qui évoquaient ce calcul démographique de l’INSEE, les réactions des lecteurs étaient souvent hostiles à cette augmentation de notre population, que je pense pourtant fort heureuse et bénéfique pour notre pays… Les arguments avancés étaient pour le moins pessimistes et démontraient parfois un certain égoïsme en considérant que ces nouveaux venus allaient augmenter les charges des contribuables par le biais des aides familiales et des « privilèges » accordés aux familles, en particulier celles dites nombreuses : arguments en fin de compte peu crédibles, ne serait-ce que par le simple fait que, dans le cadre du système des retraites par répartition (qui est encore celui de la France, ce qui évite les échecs des retraites par capitalisation, mises à mal par la crise financière…), ce sont les actifs qui financent les retraités du moment et que, plus il y a d’enfants à naître dans notre pays, plus les retraites sont assurées dans la durée, en particulier dans notre pays qui compte et comptera de plus en plus de bénéficiaires, par le simple jeu de l’accroissement continu de l’espérance de vie. D’autre part, plus il y aura d’actifs dans les décennies prochaines, moins il y aura nécessité à travailler au-delà de 60 ou 65 ans, même si la possibilité doit en être offerte à ceux qui souhaitent poursuivre leur carrière au-delà de l’âge légal de la retraite. Ainsi, les aides familiales peuvent être comprises comme une forme d’investissement sur le long terme, et non comme une charge à fonds perdus…

Et il y a autre chose : les naissances, Dieu merci, ne se pensent pas en simples calculs comptables et elles sont, le plus souvent, le résultat de l’amour ou un don de la vie. Dans un pays comme le nôtre, ce n’est pas une « obligation » ou un résultat de la méconnaissance de la sexualité… C’est un vrai choix (à quelques exceptions près, bien sûr, mais qui ne sont plus que des exceptions et non la règle) et c’est un choix de la vie, de l’amour, et c’est tant mieux !

25/12/2008

Noël, d'espérance et d'amour.

Noël, jour d’espérance pour les catholiques, pour tous les chrétiens (même s’ils ne le fêtent pas tous le même jour), mais aussi pour tous les Français, au-delà de leurs différences religieuses, politiques ou sociales : cette fête, inscrite profondément dans l’histoire de notre pays depuis des temps fort lointains, est celle qui réunit, l’espace de quelques heures, des familles aujourd’hui souvent éparpillées par la vie professionnelle ou sociale. C’est aussi le moment où les enfants sont les rois, couverts de cadeaux autant qu’il est possible pour les parents de les contenter. Mais ce n’est pas le nombre de cadeaux qui importe le plus, mais l’amour que l’on donne à ceux à qui on les offre.

Noël est, en France, une date que la République marchande n’a pas réussi à totalement vider de son sens, et c’est heureux ! Cela reste ce jour particulier qui, au-delà des anniversaires et des commémorations, suscite toujours un enchantement qui n’a rien de très « laïque », même si les formes qu’il prend aujourd’hui peuvent nous décevoir ou même nous choquer, en particulier à travers cette surconsommation qui mène à l’indigestion et à la honte…

L’idée même du père Noël, en fait réminiscence de saint Nicolas, garde ce côté magique presque religieux qui fait lever les yeux au ciel, le cœur plein d’espérance. Je me souviens d’une collégienne de 4ème, lorsque j’étais aux Mureaux dans les années 90, que la situation dramatique de sa famille avait attristée au point d’en oublier, depuis le début de l’année scolaire, de sourire. Quelques jours avant Noël, j’avais, par une démonstration toute personnelle bien évidemment plus sentimentale que réaliste, défendu l’existence du père Noël devant une classe d’élèves le plus souvent froidement consommateurs et éternellement sceptiques ou blasés : sans doute avais-je été particulièrement convaincant (cela devait être un bon jour et je n’avais pas bafouillé…) car, au fil de mon discours (prêche ?) enflammé, j’avais eu cette grande joie de voir enfin s’éclairer, s’illuminer même, le visage de la jeune fille triste… Miracle de Noël, dont je n’ai jamais oublié de rappeler aussi que le sens profond est, quelque part du côté de Bethléem, la naissance d’un enfant porteur de toutes les plus belles espérances humaines…

Noël est aussi un jour où les gens donnent et pas seulement à leurs proches : cette fête est le moment où la générosité est la plus marquée, où l’entraide est la plus significative, où la joie est la plus vive sans tomber dans le délire ou l’outrance… Le propos de Marc Guillemot, ange gardien (j’aime beaucoup cette expression, si peu laïque d’ailleurs…) du navigateur blessé Yann Eliès dans la course à voile du Vendée Globe, est à cet égard particulièrement révélateur : « Eliès sauvé, c’est mon cadeau de Noël ».

Le plus beau cadeau, la vie, celle que permettent l’amour, le don de soi, le partage… et nous sommes au cœur, aussi, de ce qui motive aujourd’hui mon engagement politique, et qui peut se traduire par la notion forte de « justice sociale », celle qui n’oublie personne, celle qui ne méprise pas, même le plus faible, celle qui privilégie l’amour et l’entraide, celle qui assure la paix des âmes aux hommes de bonne volonté…

Nous revoilà aux portes de la grange de Bethléem…

 

08/10/2008

Nationalisme, au-delà de Barrès.

Lundi soir, j’étais invité à débattre du thème « Peut-on être royaliste en 2008 ? » sur Radio-Courtoisie, aux côtés de mon vieil ami Michel Fromentoux, rédacteur en chef de L’Action française. Apparemment, le thème a intéressé les auditeurs, si l’on en croit le nombre important de messages de ceux-ci, dont certains lus à l’antenne : parfois, on y retrouvait les arguments mille fois ressassés par les nationalistes républicains, abrités derrière la figure tutélaire de Maurice Barrès.  Cet écrivain de la fin du XIXe siècle, « inventeur » du mot de « nationalisme », est resté fidèle à l’institution républicaine malgré la forte dialectique maurrassienne,  et cela au nom d’un « réalisme » pourtant battu en brèche par la pratique et qui a permis au régime républicain de perdurer, parfois sans amour particulier des Français, résignés…

Depuis un siècle, l’Histoire a été cruelle pour ceux qui se veulent barrésiens et a, à l’envi, montré que les craintes de Maurras sur l’avenir de la nation en République, étaient malheureusement fondées : il suffit de constater comment, aujourd’hui, la France a perdu une grande part de son influence dans le monde, souvent chassée par les Anglo-Saxons ou par les Chinois (comme en  Afrique), et comme essoufflée de vivre. Or, elle aurait pu jouer un autre rôle en ce XXe siècle désormais de plus en plus lointain et elle aurait quelque chose à dire (et à faire !) dans ce grand remue-ménage de la mondialisation : d’ailleurs, le général de Gaulle, sans doute, assuma la tâche d’un « régent de France », mais qui n’aurait pas eu le temps ni réussi à rendre le Pouvoir à son légitime prince. Quand on voit comment la volonté d’un homme, attaché à l’héritage capétien, a réussi à changer le cours de l’Histoire et à rendre un visage à une France qui semblait condamnée à n’être plus qu’une « province européenne » ou une « colonie de l’américanosphère », on se dit que tout cela aurait pu s’enraciner s’il avait osé fonder une nouvelle Monarchie royale avec le comte de Paris. Mais, cela n’a pas été, et il ne sert à rien de rêver : la Monarchie n’est pas faite, le Roi reste « l’absent »…

Maurras avait qualifié la Monarchie qu’il souhaitait de « nationalisme intégral » par une curieuse référence aux mathématiques, en soulignant combien il était le moyen institutionnel nécessaire pour permettre à la France « de manœuvrer et grandir » : en somme, faire du nationalisme, réflexe souvent hâtif et désordonné, une forte raison qui appelait la condition, l’exigence monarchique. Mais Maurras n’a pas réussi à convaincre Barrès et les nationalistes républicains furent, finalement, peu nombreux à franchir le pas et à conclure à la Monarchie : les mêmes aujourd’hui, s’ils saluent Maurras, le font de loin, de plus en plus loin.

Pourtant, tout ce que veulent conserver les nationalistes (je parle des nationalistes politiques ou de ceux que Taguieff nomme, reprenant un terme créé par Pierre Boutang, le fils spirituel de Maurras, « les nationistes ») ne peut l’être par un système républicain qui, aujourd’hui, n’est même plus sûr de vouloir se défendre, et qui se réfugie dans une Union européenne confortable, sans ambition autre que de profiter du banquet économique et consumériste et de « sortir de l’Histoire ». C’est d’ailleurs assez normal, la République ayant longtemps vécu sur l’élan créé par la Monarchie des siècles passés, fondatrice des formes de l’Etat et de la nation en France : mais le carburant, amassé par les capétiens et consumé par les Républiques et autres Empires césariens, est en cours d’épuisement…

Du coup, les nationalistes républicains se crispent sur des attitudes et des réflexes qui ne sont pas toujours compris de nos contemporains et qui décrédibilisent toute velléité un peu farouche de défendre la nation : or, un nationalisme bien compris (mais peut-être le terme lui-même apparaît-il trop connoté aujourd’hui pour garder quelque efficacité que ce soit) doit se rappeler la fameuse formule de Jacques Bainville, si méconnue alors qu’elle mériterait de figurer sur les banderoles des nationalistes conséquents : « Le peuple français est un composé. C’est mieux qu’une race. C’est une nation. »

D’où ma défense des musulmans français qui, d’ailleurs, m’a été hier reprochée par l’animateur de l’émission comme une « naïveté » quand j’y vois, au contraire, une prise en compte des réalités françaises contemporaines et des traditions nationales capétiennes elles-mêmes.

Tout nationaliste conséquent, et je sais que je m’adresse alors à une petite part, peut-être fort réduite, du public nationaliste, doit « faire France » avec les habitants, anciens ou récents, de notre pays. Il ne s’agit pas d’ouvrir la France à tous les vents mais de la faire aimer à ceux qui, de par l’Histoire lointaine ou proche, s’y trouvent, et s’y trouvent bien. Le vrai nationalisme français est d’abord une déclaration d’amour à la France, une passion qui n’est pas jalousie mais envie de vivre en commun, de regarder dans la même direction… L’amour, un terme trop peu employé en politique, malheureusement… Il est, en tout cas, à la base de mon « nationalisme », et ne se conçoit, pour s’inscrire dans la durée, dans cet avenir que je souhaite à mon pays, que par la fidélité au Roi !