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29/04/2012

Les lendemains de la présidentielle (2ème partie).

Voici la suite de la conférence prononcée jeudi 19 avril à Rennes, devant quelques auditeurs venus à l'invitation de l'Action Royaliste Rennaise, dans le cadre sympathique d'un grand café de la place de... la République !

 

 

2. Pendant ce temps, la crise continue...

 

La campagne présidentielle française n'évoque que fort peu la crise qui frappe actuellement la zone euro et qui, en fait, constitue sans doute cette « grande transition » entre les pays anciennement industrialisés et les puissances « émergées » du Sud que j'ai déjà évoquée à de nombreuses reprises. Pas plus que les principaux candidats n'évoquent la crise environnementale ni les risques sur les matières premières que font peser les exigences de la société de consommation et les appétits des grandes puissances industrielles...

 

Le réveil risque d'être douloureux après le 6 mai, et avant même que les élections législatives de juin prochain ne donnent une majorité (ou pas, d'ailleurs...) au président élu.

 

1. Les marchés, les investisseurs pourraient bien mener une sorte de « 3ème tour » financier, si l'on suit leurs multiples déclarations dans la presse économique et celle des économistes eux-mêmes. Leurs craintes de l'arrivée de la Gauche à la présidence et sur des mesures fiscales peu accommodantes à leur égard sont-elles valorisées pour intimider les électeurs ou les candidats eux-mêmes ? En somme, les marchés, imités par les agences de notation (ou l'inverse, d'ailleurs...) font-ils du chantage à la France ou y a-t-il un vrai problème pour la France ?

 

En fait, il y a un peu de tout dans la situation actuelle : autant on ne peut pas méconnaître que les agences de notation et les investisseurs sont d'abord motivés par des raisons financières qui ne sont pas forcément philanthropiques, autant il faut bien constater que l'endettement public de la France se conjugue aussi avec la difficulté à réduire les dépenses tout en assurant des prestations et des services de qualité pour la population. De ce fait, la journée du 10 mai risque d'être déterminante et instructive pour la suite, puisque c'est ce jour que la France doit tendre la sébile sur les marchés pour trouver de l'argent nécessaire à son fonctionnement, et que c'est ce jour que l'on mesurera vraiment la pression des investisseurs (des spéculateurs, parfois...) et la réaction des marchés... Une augmentation significative des taux d'intérêt appliqués à la dette française serait un signal fort désagréable et risquerait de limiter un peu plus les marges de manoeuvre du nouveau gouvernement, quel qu'il soit...

 

La question qui se pose désormais et qui se posera encore plus dans les mois qui viennent, c'est de savoir si la France devient la « coriphérie » de la zone euro et, plus généralement, de l'Europe : ce terme, lancé par UBS il y a quelques semaines, signifierait que notre pays, désormais, n'est plus vraiment au coeur de l'Union sans pour autant en être à la périphérie, en fait qu'elle est à la fois l'un et l'autre... Le coeur si elle devient une « annexe de l'Allemagne », ce qui n'est guère enthousiasmant ; la périphérie à l'image des pays de l'Europe méditerranéenne, si elle se lance dans des dépenses supplémentaires, ce qui n'est pas plus exaltant... Le mieux serait d'éviter ce dilemme en se créant, peut-être, un modèle alternatif dont les marchés, pour l'heure, ne voient guère, il est vrai, l'intérêt pour eux...

 

2. Les plans sociaux, la pression multiforme de la mondialisation, la désindustrialisation... Voici des éléments qui vont se signaler encore plus fortement après l'élection, ce que soulignent de nombreux observateurs de l'activité économique et que ne cachent même pas les directions des grandes entreprises, particulièrement multinationales, peu attentives aux souhaits (voire aux consignes...) des ministres et des hommes politiques désireux de maintenir un maximum d'activités industrielles sur notre territoire... Ainsi, le groupe automobile PSA ne cache pas son intention d'annoncer, après le 6 mai, un plan de redéploiement industriel qu'il faut comprendre comme un vaste plan social aboutissant, au nom de la compétitivité, à la fermeture de plusieurs usines en France dont, peut-être, celle d'Aulnay-sous-bois, ou celle, à moyenne échéance, de Rennes-La Janais... En somme, le nombre de chômeurs risque bien, dans le deuxième semestre 2012, de faire un bond significatif et la désindustrialisation de s'accélérer encore un peu plus...

 

De plus, au delà du monde industriel, la fonction publique est elle-même menacée, à court terme sans doute, d'une dégradation certaine, en nombre d'emplois comme en niveau de salaires, pour la raison fort simple que les partenaires européens de la France mais surtout la Commission européenne, par la voix de son commissaire Olli Rehn, ne cessent de réclamer une réduction des dépenses publiques pour diminuer l'endettement de l'Etat français. Les fonctionnaires constituant un « public captif », ils peuvent ainsi constituer une véritable variable d'ajustement par le blocage des salaires (déjà en cours pour deux ans), voire une diminution programmée et plus ou moins forte selon les cas de leurs revenus, donc de leur charge pour l'Etat...

 

Cette situation particulière et peu satisfaisante pour les salariés du privé comme du public (et il serait dans ce cas peu crédible de les opposer les uns aux autres, car « le bain est le même »...) pourrait bien, au bout de quelques mois, réveiller une contestation sociale similaire à celles qui agitent nos voisins hispaniques ou nos cousins hellènes, sans que, pour autant, les comptes publics, piégés par un système absurde de « spirale infernale », ne se redressent, sans doute parce que, déjà, l'argent est désormais « ailleurs »...

 

 

 

(à suivre : Les atouts de la France et la possibilité, non pas d'une, mais d'autres politiques...)

 

 

 

04/08/2011

De l'argent pour le sport, mais pas assez contre la pauvreté : le monde à l'envers...

Le sport est depuis longtemps devenu une affaire de gros sous, mais le spectacle est assuré, nous dit-on... Cela étant, j'avoue mon indignation devant certaines nouvelles sur les transferts et les salaires des sportifs, en particulier dans le ballon rond : ainsi, lorsque je lis que le Paris Saint-Germain a « acheté » un joueur pour 43 millions d'euros, je ne peux m'empêcher d'avoir un haut-le-cœur ! Mon côté trop sensible, sans doute...

 

Au moment où la pauvreté touche, de manière fort diverse d'ailleurs, plus de 8 millions de nos concitoyens, où le salaire des fonctionnaires (enseignants, policiers, etc.) sont gelés tandis que la précarité de l'emploi s'aggrave, il est choquant de voir dépenser de telles fortunes pour « l'achat » d'un sportif ou son entretien : bien sûr, toute peine mérite salaire et je ne méconnais pas les qualités physiques des joueurs de balle-au-pied ni le spectacle qu'ils peuvent offrir lors de certaines rencontres sportives, mais il est bon de « savoir raison garder », et je prône, dans ce domaine des salaires et des échanges, une « mesure » qui, visiblement, est oubliée par les financiers et les clubs... L'arrivée du Qatar, puissance pétrolière du Golfe, à la direction du PSG et les sommes faramineuses que le nouveau propriétaire du club a déboursé pour acquérir de nouveaux joueurs ne sont pas un bon signal pour le sport ni pour la société. J'entendais à la radio que le prix de ce joueur acheté il y a quelques jours était supérieur à l'aide que notre pays avait engagée pour lutter contre la famine en Somalie tandis que le Qatar n'était pas plus motivé que cela pour venir en aide aux populations déshéritées de la Corne de l'Afrique : question de priorités, semble-t-il...

 

« L'économie sauvage », dit-on aussi...

 

Quand les plus riches oublient les plus pauvres et que les inégalités deviennent démesure et injustices, il apparaît urgent que le politique reprenne l'initiative pour remettre les choses à l'endroit : il ne suffira pas, effectivement, de se plaindre des excès du « sport-business », comme on l’appelle en langage globalisé, il faudra bien que l'Etat rappelle quelques règles et, pourquoi pas, se décide à récupérer une part des sommes dépensées pour l'achat ou le transfert de sportifs de haut niveau et cela pour engager des projets publics susceptibles de profiter au plus grand nombre (rénovation des structures sportives scolaires, par exemple) par la mise en place d'une taxe sur ces opérations plus financières que sportives.

 

Certains verront dans mes propos un « populisme insupportable » ou une atteinte au libre-échange, bien sûr : mais non ! Il s'agit juste d'une volonté de justice sociale et de lutte contre la démesure quand celle-ci devient scandaleuse au regard des souffrances des plus pauvres.

 

Oui, je revendique un royalisme social, en attendant une Monarchie sociale à la tête de l'Etat en France. Car, pour contrer « l'économie sauvage » et remettre les échanges commerciaux et financiers au service des hommes, il faut un état d'esprit fondé sur l'humilité et le service des siens et des autres, et un Etat assez fort pour résister aux charmes de l'Argent et aux injustices sociales engendrées par la recherche folle d'un profit débridé...

 

09/07/2011

Je refuse d'être payé pour mes corrections du bac 2011.

Comme à chaque fois (depuis 2007) que je corrige le bac, je refuse d’être payé pour mes corrections (60 copies cette année, soit environ une vingtaine d’heures de travail). Cela peut surprendre mais j’assume complètement, au risque de déplaire à quelques collègues qui craignent que mon attitude soit un argument pour le Ministère pour supprimer cette prime, ce que je ne crois pas : si elle disparaît, l’argument sera financier (« la réduction des déficits exigée par l’Union européenne et le Pacte pour l’euro »…) et non éthique !

 

Je refuse d’être payé pour mes corrections car, cette année plus encore que les précédentes, le bac a été une mascarade (et je le regrette, ne serait-ce que pour tous ceux qui l’ont travaillé et espéré avec tant d’ardeur, en particulier dans des zones d’enseignement moins favorisées que mon lycée…), comme l’a d’ailleurs souligné dans les mêmes termes un article du « Nouvel Observateur » il y a quelques semaines. C’est aussi « l’examen le plus cher au monde » ce qui est paradoxal au regard de sa valeur réelle et reconnue ! La journaliste du « Nouvel Obs’ » évoque une « addition des plus salées (entre 150 et 300 millions d’euros selon les calculs) » alors que, en définitive, « tout se joue en réalité, avant le bac » pour ce qui est des orientations post-Terminales : les dossiers de Prépas ne prennent pas en compte le bac lui-même mais les résultats de la Classe de Première et les deux premiers trimestres de la classe de Terminale, et tout se décide avant même le jour des épreuves de Sciences (pour les classes de S), ce que complète aussi l’article pour cette année : « Dès le 9 juin dernier, les futurs candidats avaient reçu une première proposition d’orientation dans le supérieur qui n’est pas conditionnée à cet examen. » Dès le 9 juin, quand les épreuves commençaient le 16…

 

C’est donc aussi pour dénoncer cette hypocrisie d’un baccalauréat qui ressemble à un examen sans véritablement en être un, que je refuse d’être payé, et pour « alléger » le déficit public, devrais-je souligner ironiquement…

 

J’ai, en 2007 et 2009, motivé ce refus aux services financiers de la Maison des Examens, barrant la première année les feuilles destinées au « remboursement des frais » et autres « indemnités d’examens » (je ne me souviens plus des termes administratifs exacts) et m’abstenant (la deuxième année) de m’inscrire sur le site internet de ces mêmes services, site répondant au doux nom de Stephanie (là encore, je ne garantis pas l’orthographe de ce service…), ce qui normalement aurait dû suffire pour ne pas être payé puisque ni ma signature ni ma « validation électronique » n’apparaissaient ! Eh bien, et l’on tombe là dans le Kafka ou l’Orwell, comme on voudra, j’ai quand même été payé, dans l’un et l’autre des cas ! Ce qui signifie que tout ce que l’on impose aux professeurs comme procédures administratives en leur disant que s’ils ne les font pas en temps et en heure, en passant par le site dédié et obligatoire au traitement de leurs indemnités, cela sera préjudiciable au paiement de cette prime, n’est qu’un leurre infantilisant : je n’ai rien signé, je ne me suis pas inscrit sur leurs listes, je n’ai pas envoyé de RIB comme ces services me le demandent à chaque fois, et, malgré tous mes refus et mes « oublis » volontaires, je suis tout de même payé ! Pire que cela, en 2009, alors même que j’avais envoyé un courrier aux services financiers de la Maison des Examens en suivant la voie hiérarchique, j’ai été l’un des premiers payés alors même que certains collègues qui, eux, avaient tout fait normalement au bon moment et sans barguigner, n’étaient payés qu’à la veille de la session suivante ! Cherchez l’erreur…

 

Cette année, j’ai renoncé à écrire ma lettre pour les services financiers mais je n’ai ni rempli les documents du nouveau système de paiement (« l’administrateur fonctionnel Imagin », selon le vocabulaire administratif), ni signé ni validé électroniquement quoi que ce soit : ai-je une chance, cette fois, de ne pas être payé, comme je le demande ? Réponse dans quelques mois…

 

Une dernière chose : ce refus d’être payé est une forme de contestation individuelle qui ne gêne ni les élèves ni les parents, et c’est aussi le moyen de ne pas les « prendre en otages » (sic !) (formule exagérée que j’entends malheureusement régulièrement dans les médias et chez les parents d’élèves aussi…), de ne pas perdre une heure de cours, de ne pas pénaliser ceux pour qui, en définitive, nous travaillons et enseignons…

 

Alors, quelle utilité, direz-vous ? Celle de montrer que, décidément, ce n’est pas l’argent qui motive ce qui, pour moi, est une vocation, et que ce n’est pas le bon moyen, pour quelque gouvernement ou administration que ce soit, de faire pression sur les enseignants : « ils valent mieux que l’argent qui sert à les payer », disait un de mes vieux professeurs dont je loue, plus de trente ans après, cette liberté d’esprit et d’expression qui est, je le crois, devenue aussi mienne…