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20/10/2008

Coup de colère.

Sur un coup de colère lié aux récentes nouvelles sur la perte de 640 millions d'euros par la Caisse d’épargne, sur les ouiquendes fastueux et scandaleux des dirigeants d'AIG, société d’assurances états-unienne sauvée à coups de plusieurs milliards de dollars par l’Etat fédéral de Washington, sur les restos à plus de 150.000 euros de cadres de banques européennes rattrapées par les bretelles par les Etats, dont l'Etat français, avec l'argent des contribuables, j'ai fait une affichette manuscrite, maladroite et provocatrice, affichette peu amène à l’égard des financiers et des « traders » (dont il me semble que le nom exact en français est « courtiers »), sortes de flibustiers de la finance, affichette que j'ai scotché samedi-dimanche sur ma voiture, sur la vitre arrière gauche latérale avant de me frotter aux bouchons parisiens... Et là, surprise : durant 2 heures samedi, et rebelote le lendemain, des dizaines de voitures de toute fortune et de toute provenance française m'ont salué, fait des signes d'approbation, d'encouragement... Je n'en revenais pas : ce qui n'était que le coup de colère d'un royaliste excédé par l'arrogance des hommes d'argent se transformait en une véritable promenade triomphale, et le "vive le roi" final qui signait mon coup de gueule n'a pas semblé gêné ces automobilistes satisfaits de ma « provocation » !

Et pourtant ! Le slogan, je le répète, n'était pas vraiment fin, d’une ironie un peu « brutale » (je suis plus modéré d'ordinaire...), et même, j'en conviens, un peu injuste pour tous ces banquiers qui font honnêtement leur travail.

Alors, que penser de ces manifestations de sympathie à l’égard de mon message ? Je crois que la colère monte très fort dans notre pays et que toute opposition vive au « système » recueille la sympathie rageuse, iconoclaste, vengeresse de nos concitoyens: un Besancenot en profite dans les médias et l'opinion publique, mais mon affichette et ma petite promenade parisienne du ouiquende montrent qu'il n'a pas l'exclusivité de la colère et que les gens, si on le leur propose, sont parfois prêts, sans doute plus par dépit que par franche adhésion (mais, après tout, aux monarchistes de travailler pour que ça change), à suivre des royalistes, pourvu que nous parlions de « casser la baraque »... Ambiance délétère fin de IVe République

Du coup, j’ai l’impression étrange que ma petite affichette, toute provocatrice qu’elle soit, s’est avérée, surtout, révélatrice !

05/09/2008

République bananière ?

M. Bernard Tapie a touché aujourd’hui un chèque de 198 millions d’euros dont 45 millions au titre du « préjudice moral » subi… Ainsi, le scandale Tapie continue, scandale autant moral que politique : sur RTL, un participant à l’émission du soir dénonçait ce qu’il nommait le plus gros scandale de la Ve République, en rappelant que les sommes généralement versées au titre de préjudice moral subi, que cela soit pour les victimes de l’amiante ou des accidents ayant entraîné des séquelles graves aux personnes, ne dépassaient que rarement quelques milliers d’euros. Quant aux ouvrières de l’entreprise Wonder, à qui M. Tapie avait promis monts et merveilles, qu’ont-elles touchées, à part le chômage et le désespoir ?

Nous sommes vraiment dans la République des coquins mais aussi dans celle des copains : ainsi, cette même semaine, le responsable de la sécurité en Corse est « muté », au titre de sanction, pour ne pas avoir empêché une manifestation de séparatistes corses de se terminer en occupation du jardin avec piscine de la villa de l’acteur Christian Clavier, un proche ami du président de la République… Comme si cette manifestation politique, dont je ne prise guère les motivations, était pire que tous les attentats qui endeuillent régulièrement l’île de beauté ! Quelle tristesse !

Mais attention : j’entends, au comptoir des cafés et dans les salles de profs, dans les allées des marchés et sur les digues des ports, des paroles qui expriment cette colère qui, sourdement mais de plus en plus distinctement, monte parmi nos concitoyens. Des paroles cassantes, vives, nerveuses, parfois méchantes et injustes ; des ressentiments, des jalousies, diraient certains ? Sans doute mais pas seulement : il y a une forme de désespérance qui monte contre une République qui semble cultiver l’injustice et le mépris à travers, pas tellement des discours, mais des pratiques dignes d’une République bananière, et qui paraît comme un « régime de classe », pour reprendre une terminologie marxiste dont on pourrait croire, parfois, que M. Sarkozy fait tout pour qu’elle trouve une justification. Du coup, les discours démagogiques d’un Besancenot trouvent un écho de plus en plus favorable parmi la population, ce dont il n’est pas certain qu’il faille se réjouir, ne serait-ce qu’au regard des idées et des propositions défendues par le nouveau parti anticapitaliste en gestation.

Dans ces heures qui précèdent des tempêtes que j’attends autant que je les crains, je relis, chaque soir, des pages de ce chouan de plume que fut Georges Bernanos et auquel le journal Libération vient de consacrer un bel article (dans son édition du 2 septembre dernier) : il mettait très haut la justice sociale dont il rappelait que la Monarchie capétienne fut l’ardente servante parce qu’elle en avait le devoir et que c’était son honneur. Sa colère contre les abus et les trahisons de la « bourgeoisie égoïste » est un cri de rage, mais c’est aussi un cri d’espérance et, s’il brandit le flambeau de révolte, ce n’est pas pour incendier le monde mais pour l’illuminer, lui rendre la lumière et, d’une certaine manière, en chasser les pénombres douteuses de cette cryptocratie de l’Argent qui se pare aujourd’hui du bonnet phrygien et de la bannière bleue étoilée. Il est de saintes colères…