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08/06/2016

La grande frayeur de Mme El Khomry...

La Révolution française est souvent évoquée en des termes laudateurs par les ministres et partis de la République, en particulier sous le règne de M. Hollande, et parfois avec des élans de lyrisme qui feraient presque monter les larmes aux yeux s'il n'y avait un grand écart entre les proclamations révolutionnaires de ces messieurs-dames du gouvernement et la réalité, à la fois historique et contemporaine... Ainsi, la manifestation au petit matin, ce mercredi 8 juin, sous les fenêtres du ministre du travail Mme El Khomry, d'une vingtaine d'intermittents du spectacle, a soulevé, dans les rangs socialistes une vague d'indignation, et provoqué une réaction outrée du dit ministre, qui a cru y déceler une tentative d'intimidation qui, évidemment, ne le fera pas céder !

 

De qui se moque-t-on, en fait ? Ce n'était tout de même pas le 6 octobre 1789, quand les émeutières venues de Paris massacrèrent deux gardes du château de Versailles avant de s'engouffrer dans les escaliers et couloirs du palais à la recherche de la famille royale et menacèrent la reine de mort, quelques fusils braqués sur elle qui s'avançait au balcon des appartements royaux ! Pourtant, n'est-ce pas cette « geste » révolutionnaire que vantent le gouvernement et le parti socialiste quand ils célèbrent à l'envi la Révolution française et ses « valeurs » qui seraient, paraît-il, fondatrices de notre société ? Hypocrisie...

 

Les quelques éclats de voix matinaux des contestataires, aussi désagréables soient-ils pour le sommeil du ministre et de son entourage, semblent bien inoffensifs au regard des violences des révolutionnaires de 1789 et des années suivantes, et ils ne méritent pas tant de déclarations enflammées et indignées de la part de ses collègues et des socialistes qui, en d'autres temps, étaient moins regardants sur les manifestations et leurs débordements, en particulier quand ils étaient dans l'opposition et que ces désagréments visaient des partis adverses. J'aurai aimé autant de promptitude dans l'indignation quand, à Rennes ou à Paris, des militants monarchistes étaient agressés pour le simple fait d'exprimer (ou d'être) ce qu'ils étaient, ou qu'une bombe dévastait, à l'automne 1984, les locaux d'Action Française alors même que s'y trouvaient quelques trente jeunes royalistes (dont votre serviteur...), au risque d'en blesser quelques uns. J'aimerai autant de promptitude à dénoncer la violence des plans « sociaux » (sic) qui, en quelques traits de plume, jettent des ouvriers à la rue sans sursis quand les multinationales, elles, ne visent désormais que la satisfaction de la Bourse et des actionnaires, sans pitié pour les victimes de leur avidité...

 

Mme El Khomry, de grâce, arrêtez de pleurnicher et gardez vos leçons de morale pour vous : commencez plutôt par essayer de comprendre cette sourde colère qui gronde aux quatre coins du pays et d'ailleurs, et pas seulement celle des intermittents du petit matin... Cessez de fuir vos responsabilités, et consultez, non votre parti, mais ce que l'on désigne encore du beau nom de pays ! Vous y trouverez aussi, au-delà de cette fâcherie du pays réel avec le monde légal, des motifs d'espérance et des volontés de créer, de fonder et de transmettre pour les générations futures. Oui, vous pourrez alors le comprendre, la France vaut mieux que cette République qui ne cesse de diviser et d'affaiblir, tuant les plus beaux rêves au lieu d'en faire de belles réalités...

 

 

 

29/02/2016

L'impuissance d'une République et la colère paysanne.

La colère paysanne a légèrement bousculé l'exécutif à l'ouverture du salon de l'agriculture, et le président de la République a sans doute ainsi mieux compris le désespoir d'une classe paysanne qui, dans ses diversités, n'attend plus grand-chose de l’État, après avoir longtemps espéré ou s'être reposé sur ce qu'il avait pu être en d'autres temps, d'ailleurs pas si lointains : désormais l’État apparaît impuissant et cette impuissance le délégitime aux yeux des agriculteurs.

 

Double impuissance de l’État... Face aux féodalités économiques d'abord, qui, ici, prennent de multiples formes : certaines banques oublieuses de ce qu'elles doivent au monde agricole (jusqu'à leur nom, parfois...), des transformateurs et des enseignes de la Grande distribution (qui n'ont pas toutes, il faut le reconnaître, les mêmes responsabilités), mais aussi toutes ces grandes multinationales de l'agroalimentaire qui s'appuient sur le système désormais tyrannique du libre-échange... Mais impuissance de l’État aussi face à l'Union européenne, ou plutôt face à des institutions se qualifiant, de façon inappropriée mais bien réelle, d'« Union européenne » ! En veut-on le dernier exemple, si révélateur par lui-même, en date ?

 

Il y a quelques mois, lors de cet été déjà très agité par les manifestations d'éleveurs, Intermarché avait décidé, pour apaiser la colère paysanne à l'égard de la Grande distribution, « d'acheter la viande plus cher aux éleveurs français » ce que condamne la Commission européenne qui y voit « une entrave à la concurrence étrangère » comme le rapporte le patron de l'enseigne, Thierry Cotillard, dans un entretien avec le journal Libération le 26 février. : « Sur le porc, l'été passé, Intermarché s'était accordé avec Leclerc pour acheter le kilo 1,40 euro, car nous sommes les deux seules enseignes à posséder des abattoirs. Mais ça n'a pas tenu. Maintenant, Bruxelles nous tombe dessus et enquête. Nous risquons une amende à hauteur de 5 % de notre chiffre d'affaires. (…) Parce que l'Europe considère que cet accord était discriminant vis-à-vis des pays tiers. »

 

Quel scandale, quel ignominie ! Ainsi, la Commission européenne préfère la mort, parfois physique si l'on considère les 600 suicides annuels d'agriculteurs en France (selon les chiffres évoqués cette semaine par l'hebdomadaire La Vie), de l'agriculture française et de ses filières plutôt que de déroger aux sacro-saints principes, d'ailleurs mortifères à y bien regarder, de la « libre concurrence non faussée », ou de renoncer, même provisoirement et dans l'urgence, à cette idéologie libérale du « Laisser faire-laisser passer » qui n'est rien d'autre que l'application à l'économie de la loi de la jungle, de ce darwinisme économique et social qui « sélectionne » par le jeu du Marché et des féodalités de l'Argent, et qui élimine les plus petits et les plus faibles, à rebours de tout ce qui a fait notre civilisation et de la justice sociale, expression certes plus royale (c'est le roi Louis XVI qui en use le premier, ce que l'on oublie généralement...) que libérale...

 

N'y aura-t-il personne pour aller gifler les membres de cette Commission inhumaine ? Je me souviens que, dans les années 1990, des Camelots du roi avaient entarté l'ancien président de la Commission européenne Jacques Delors, et je ne leur avais pas donné tort, loin de là ! Cette « violence », bien légère mais éminemment symbolique, n'était rien par rapport à celle que ce monsieur et ses acolytes, les Puissants d'Europe, ont fait subir à des millions de paysans, d'ouvriers et de salariés de toutes les professions d'Europe et de France en particulier !

 

Face à l'attitude de la Commission, que disent la République et ses gouvernants ? En fait, on entend que leur silence, cet aveu muet de leur triste impuissance.

 

La colère paysanne a, elle, toute légitimité à s'en plaindre : mais la colère est vaine si elle ne débouche pas sur la volonté de forger un État digne de ce nom, éminemment et traditionnellement légitime, mais un État qui devra aussi renforcer sa légitimité première par l'exercice renouvelé et constant de la justice sociale et par la reconquête de son indépendance pleine et entière qui reste la condition première des libertés de tous les Français, qu'ils soient agriculteurs ou non.

 

Le triste spectacle d'un président livide face à un éleveur lui expliquant les causes du malaise agricole et l'accusant de ne pas faire son travail est le symbole fort d'une République en fin de course, sans souffle et sans projet d'avenir : on peut le regretter mais on ne peut se contenter de ce regret...

 

 

 

26/01/2016

Sauver les emplois en Bretagne.

Les agriculteurs bretons sont, une fois de plus, sur les routes de l'Ouest pour défendre leur emploi, tout comme, dimanche 24 janvier, des milliers de personnes étaient à Brest pour la même raison, pour maintenir des emplois, ceux du Crédit Mutuel Arkéa, troisième employeur de la région avec 6.500 salariés, emplois aujourd'hui menacés par un projet de fusion avec la branche de l'Est du Crédit Mutuel que souhaite réaliser la Confédération nationale de ce groupe bancaire : c'est un vent de colère qui souffle à nouveau en Bretagne, et qui pourrait, une fois de plus, décoiffer Marianne...

 

Il faut être clair : depuis l'été, rien n'a vraiment changé pour le monde agricole, piégé par un système qui demande toujours des prix plus bas aux producteurs alors qu'ils ne rentrent déjà plus dans leurs frais de production. Le gouvernement n'arrive pas à faire entendre raison au monde des transformateurs, eux-mêmes frappés durement par la concurrence déloyale des abattoirs allemands (qui utilisent une main-d’œuvre étrangère à très bas coût, parfois moins de 600 euros mensuels), ni au secteur de la Grande distribution, du moins la partie la plus mondialisée de celle-ci. Le problème n'est-il que français ou européen ? Même pas, car c'est tout le système de la mondialisation qui, en définitive, est vicié, et qui détruit plus d'emplois qu'il n'en crée dans notre pays et dans nos régions. Une mondialisation globale qui n'est plus, désormais, que « la guerre de tous contre tous », au moins sur le plan commercial, économique et social. Cela signifie-t-il que l'internationalisation des échanges était forcément destinée à tourner ainsi ? Peut-être pas, et il me faudra en reparler...

 

Pour l'heure, la Bretagne souffre, une fois de plus, et elle doit se battre, à nouveau, pour « Vivre, décider et travailler au pays », comme le clamaient, il y a déjà plus de quarante ans, les affiches des militants bretons, y compris des royalistes de la Nouvelle Action Française, solidaires des ouvriers du « Joint français » de Saint-Brieuc en 1972 ou de ceux de l'industrie de la chaussure à Fougères en 1977. Un combat qui pourrait bien rappeler les responsabilités de la République centrale dans les multiples crises sociales qui affectent la Bretagne et, au-delà, notre pays tout entier...