Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/06/2015

Ne pas accabler la Grèce.

Le feuilleton grec continue : depuis plus de cinq ans, c’est « un jour sans fin », éternellement recommencé et une dette qui, elle, s’accroît autant que les misères des Grecs eux-mêmes. Mais qui s’en soucie vraiment en cette Union européenne qui, depuis si longtemps, ne s’adresse qu’au portefeuille des consommateurs et néglige le suffrage des électeurs ? Quant au Fonds Monétaire International, il poursuit son œuvre de destruction des services publics et de tous les obstacles qui peuvent entraver le globalitarisme libéral, quitte à enfermer les peuples dans des pièges d’endettement et à les empêcher de se relever tant que les Etats n’ont pas « réformé », verbe devenu synonyme malheureux de « privatiser »…

 

Bien sûr, les Grecs, ou du moins leurs dirigeants démocratiques du moment, ont triché pour entrer dans la zone euro, mais c’est oublier un peu vite qui les ont acceptés dans celle-ci, et pourquoi ! Sans négliger le rôle malsain de certains employés de haut rang de banques comme Goldman Sachs… Et puis, ne disait-on pas à Bruxelles et à Francfort, que la Grèce pesait trop léger pour menacer l’équilibre de la nouvelle zone monétaire en cours de construction ? Aujourd’hui, les regrets que l’on entend émanent souvent de gens qui, au début des années 2000, promettaient à toute l’Union que la monnaie unique permettrait d’écarter toute crise durable et qu’elle était la marque d’une solidarité interne entre les peuples d’un continent riche et développé. Ces mêmes gens qui prédisaient que l’euro protégerait du chômage de masse ! En 2014, l’Union comptait plus de 26 millions de chômeurs et encore plus de travailleurs précaires… Beau résultat !

 

Les gauches françaises, dans les années 30, dénonçaient, non sans quelques bonnes raisons (qui n’empêchaient pas, aussi, les mauvaises…), « le mur de l’argent » : depuis, ce mur semble avoir bien grandi et, surtout, s’être bien consolidé, et les inégalités entre les plus hauts revenus du capital et les plus faibles du travail sont devenues démesurées, donc injustes. Pourtant, les mouvements contestataires de ce règne de l’Argent sont peu audibles et presque invisibles, et les voix fortes de quelques polémistes sur ce sujet sont recouvertes par les invectives de ceux qui les dénoncent dans, parfois, de bien mauvais procès et sous l’accusation méprisante et horrifiée de « populisme »… Et l’Argent semble toujours le plus fort, désiré par tous (ou presque…) et, donc, validé jusque dans ses pires aspects, y compris par ceux qui en manquent cruellement mais espèrent, par quelque miracle de jeu, respirer quelques unes de ses effluves, pourtant censées être inodores…

 

Ainsi, les Grecs, endettés et révoltés, sont-ils mal considérés par les autres Européens qui s’imaginent passer à travers les mailles d’un filet qui se resserre, que cela soit en France ou en d’autres pays méditerranéens : dans les rues de Paris, la « solidarité avec le peuple grec » se limite à quelques maigres manifestations rituelles d’une extrême-gauche en manque de crédibilité et à quelques graffitis dans les couloirs du métro, parfois accompagnés de fleurs-de-lys stylisées. C’est bien peu, tout de même !

 

Il serait plus simple, pour le royaliste que je suis, de reprendre le discours « raisonnable » des économistes et des socialistes, et de vilipender à mon tour ces « maudits Grecs qui menacent l’Europe » : mais, justement, je suis royaliste et je n’oublie pas que la justice sociale est « chose royale », au-delà même du fait historique que l’inventeur de cette formule n’est autre que le roi Louis XVI en personne, au temps où sa tête était encore bien assurée sur son tronc !

 

Je n’oublie rien des fautes passées commises par les Grecs mais je n’exempte pas non plus de leurs responsabilités ceux qui les ont poussés au dilettantisme économique, et j’aspire à une plus grande sévérité à l’égard de ces derniers et une plus juste clémence à l’égard des premiers. Au-delà, je souhaite et prône une réflexion digne de ce nom (et des enjeux économiques et sociaux) pour sortir la Grèce de cette ornière fatale et établir un nouvel équilibre des forces économiques, politiques et sociales en Europe, en France bien sûr et au-dehors. Mais en Grèce comme ailleurs, il faudra en passer par la (re)construction d’Etats politiques forts et susceptibles, non seulement d’être écoutés et respectés par leurs citoyens mais aussi et surtout par les grands groupes financiers et industriels qui prônent la gouvernance pour mieux saboter ou contourner les gouvernements souverains…

 

 

 

27/01/2015

La Grèce et l'Europe...

 

La Grèce fait peur, une fois de plus : non pas que les Hellènes nous menacent d'une invasion mais plutôt d'une implosion du système de l'union monétaire européenne, à en croire les élites libérales et la Commission européenne elle-même qui oscille entre ton d'une rare fermeté et une certaine prudence, comme pour ne pas insulter l'avenir mais en se préparant à une confrontation musclée avec le gouvernement de la Gauche radicale issu des urnes grecques.

 

Bien sûr, et c'est le discours officiel que l'on entend partout dans les sphères bruxelloises, les Grecs ont exagéré, par le passé : ils ont cru que la société de consommation que venait leur « offrir » la Communauté économique européenne (devenue Union européenne au début des années 1990) était un cadeau que l'on n'oserait pas leur reprendre puisque « l'Europe », c'était la paix, la prospérité et, surtout, la solidarité, et qu'ils en profiteraient toujours... Cadeau empoisonné car la société de consommation et de croissance ne fait jamais rien gratuitement et ce qu'elle « offre » un jour devient la dette du lendemain. Les Grecs, tout heureux d'être acceptés dans cette Europe à laquelle ils avaient donné son nom à travers un mythe ancien, ont joué les cigales et, croyant les européistes qui annonçaient à longueur de colonnes la fin des États remplacés par une Europe fédérale bruxelloise, n'ont rien fait pour construire un État, des institutions et un appareil politiques dignes de son histoire et de son destin. Mais, quand manque l’État, le chaos n'est pas loin, conjugué à l'injustice et à la corruption : c'est d'ailleurs une leçon que la Grèce, depuis l'Antiquité, nous donne à travers sa propre histoire.

 

La Grèce a connu une véritable descente aux enfers durant ces dernières années : bien sûr, elle avait fauté mais le châtiment n'était-il pas, en fait, injuste car frappant tous les Grecs et non, d'abord, les responsables politiques et économiques du pays qui l'avaient, par démagogie et carriérisme, mené à la catastrophe ? Certains me rétorqueront que les électeurs étaient tout aussi coupables que ceux qu'ils avaient élus, justement parce que, par le simple jeu démocratique et électoral, ils les avaient portés au pouvoir... Certes ! Mais, dans ce cas, que la démocratie est brutale ! Or, la politique n'a pas pour seul but de sanctionner mais de décider, de guider, mais aussi d'accorder les citoyens entre eux, de leur apporter les « hautes conditions du bonheur », non le Bonheur totalitaire d'un Saint-Just, mais celui qui permet l'harmonie du corps social et des citoyens avec le monde environnant, ce bonheur qui se conjugue au pluriel...

 

Peut-on oublier, aussi, que les institutions de l'Union européenne elle-même sont fautives puisqu'elles savaient qu'il y avait, au moment de l'entrée dans la zone euro, tricherie de la part du gouvernement grec d'alors, une tricherie facilitée par les banques dont la fameuse Goldman Sachs ? Mais il fallait alors que l'euro fasse rêver, car cette monnaie unique avait été présentée aux peuples comme cette solution-miracle qui allait, c'était certain, écarter tout risque de crise et assurer le plein-emploi et la prospérité au continent tout entier : on sait désormais que, s'il y avait tricherie, c'est d'abord et surtout de la part d'une Union européenne qui a menti pour faire avancer ses projets sans possibilité future de recours pour les États qui s'étaient engagés dans ce que l'on peut nommer l'aventure, sans que celle-ci soit vraiment assurée d'être heureuse... L'Europe a construit, par idéologie, son malheur et celui de ses peuples : que le peuple grec, abusé à la fois par sa classe politicienne indigne et par une Union européenne arrogante, décide désormais de « changer la donne » en rejetant bruyamment ses anciens partis dominants et en brandissant le poing devant le nez de « l'Europe », n'a rien, en définitive, de surprenant. Je ne suis pas certain que l'on puisse, malgré les errements anciens, l'en blâmer... Mais il est fort possible qu'il donne des idées à d'autres peuples d'Europe, ceux-là qui, d'ordinaire, désertent les urnes européennes pour mieux maugréer en vain contre un système qui leur échappe ou qui, déjà, s'en servent comme pavés pour se rappeler au bon souvenir des classes dirigeantes, nationales comme bruxelloises. En ce sens, la Grèce fait peur aux oligarchies qui, trop longtemps, ont cru qu'elles pourraient éternellement imposer leurs vues aux électeurs, au nom et par le moyen d'une démocratie représentative qui n'est pas celle que les Athéniens de Clisthène et de Périclès pratiquaient... Quand le royaliste Bernanos dénonçait la démocratie libérale comme le moyen politique du capitalisme de manœuvrer et dominer les foules, il visait juste ! Que, brusquement, ce système électoral se retourne contre ceux qui en vivaient et s'en servaient cyniquement pour légaliser leur domination, et voila que les masques tombent et que l'Union européenne s'inquiète ! Quoi ? Un peuple en dissidence ? Si ce n'est pas encore une révolution, c'est, assurément, une révolte... Où mènera-t-elle ? Nous verrons bien, et nous nous gardons, prudemment, d'en faire un modèle : regardons-la comme une expérience intéressante et, à coup sûr, instructive quelle que soit sa destinée. Mais, à défaut d'être nôtre, elle nous est un rappel que, en politique, rien, jamais, n'est impossible : une leçon que, en bons empiristes organisateurs, les royalistes ont retenu et ont bien l'intention, à leur tour et pour notre pays, de mettre en pratique...

 

 

 

 

 

 

 

11/07/2014

L'honneur des joueurs grecs.

La coupe du monde de balle-au-pied se termine dimanche et le Brésil se retrouve face à une situation sociale qui ne se soldera pas seulement à l’automne prochain par l’élection présidentielle : comme toutes les puissances émergées récemment, il est à un tournant de son histoire, ce qui peut expliquer que la Chine suit avec beaucoup d’attention l’actualité de la rue brésilienne. Quant à la France et malgré le relais sportif assumé par le Tour de France cycliste, l’actualité redevient plus politique et il est fort probable que l’été soit marqué, entre autres, par la question régionale, le projet de redécoupage des régions étant débattu à l’Assemblée nationale à partir de mardi prochain : un débat qui s’annonce chaud et qui risque bien de déborder (et tant mieux, d’une certaine manière) des travées du Palais-Bourbon, en particulier à l’ouest de la France…

 

Pour l’heure, les équipes défaites au Brésil sont revenues dans leurs pays respectifs, parfois dans l’opprobre mais aussi dans la fête, certaines nations retrouvant dans « leurs joueurs » une fierté que les politiques ont souvent, au temps et au nom d’une mondialisation dénationalisante, abandonnée (sauf à l’heure des échéances électorales), et les drapeaux agités à l’arrivée des équipiers français étaient bien « nationaux », aucun drapeau étoilé de l’Union européenne n’ayant, à ce jour, été aperçu lors d’une rencontre internationale de balle-au-pied, ce qui n’est pas totalement anecdotique et révèle aussi ce qui manque à cette Union, c’est-à-dire une réalité sentimentale et affective

 

L’équipe nationale de Grèce est celle qui a le mieux montré, sans doute, son côté patriotique, voire « nationaliste intelligent » : ainsi, le rapporte Marianne ce vendredi : « Les joueurs de l’équipe de foot [ndlr : balle-au-pied] de Grèce, qui a atteint les huitièmes de finale pour la première fois de son histoire, ont refusé de toucher leurs primes. Dans une lettre collective adressée au Premier ministre, Antonis Samaras, ils disent : « Nous ne jouons que pour la Grèce et le peuple grec. » ». Ainsi, les joueurs hellènes rappellent qu’ils portent des couleurs nationales et que cela leur donne des devoirs (en particulier de solidarité), qu’ils sont fiers d’être de cette nation-là, et non d’une autre, sans agressivité à l’égard de leurs adversaires, mais avec reconnaissance de (et pour !) leur appartenance à cette équipe plus vaste que l’on appelle la nation. Dans un monde du sport souvent caractérisé par l’individualisme et l’argent malsain, voici une information heureuse, éminemment politique, et qui aurait mérité une plus grande publicité de la part des médias…