Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/08/2008

Fin de vacances.

Je profite des derniers jours de vacances pour préparer quelques cours et compléter mes dossiers par le tri et le découpage des articles de journaux amassés ces deux derniers mois : à bien y regarder, cet été fut sacrément riche en événements, de la libération d’Ingrid Betancourt à la tension internationale entre la Russie et le camp occidental, sans oublier les Jeux olympiques de Pékin et la guerre en Afghanistan, ou encore l’Union pour la Méditerranée, la mort de Soljenitsyne, le sacre d’Obama à la convention démocrate de Denver… A relire mes notes sur ce blogue, je constate que j’ai accordé une grande importance aux événements extérieurs mais en gardant toujours à l’esprit les nécessités et les possibilités françaises, premières dans l’ordre de mes priorités, ne serait-ce que parce que la politique c’est d’abord la vie de la cité (de sa propre cité à bien y regarder) comme l’indique l’étymologie du mot, et que c’est sur cette cité proche que l’on peut concrètement réfléchir et agir avant de, ou pour, « faire la paix aux antipodes », selon la formule populaire… Nous ne sommes efficaces que parce que, d’abord, nous sommes en un lieu et en un temps, et que nous en tenons compte : c’est en s’appuyant sur les réalités concrètes que nous pouvons penser solidement, et non sur les seuls sables mouvants de la théorie ou de l’idéologie.

Cela ne veut pas dire limiter notre regard ou nous taire lorsque des situations sont lointaines et apparemment hors de portée de notre voix, de nos sens. Mais cela veut dire que, en politique, l’humilité bien comprise et la voix bien posée valent mieux que l’agitation vaine, la gesticulation qui donne bonne conscience et, en définitive, n’est qu’une hypocrisie facile, peu coûteuse mais si peu honorable. A quoi bon hurler pour la libération du Tibet si, dans le même temps, on se gausse de ces provinces françaises qui veulent vivre « libres », c’est-à-dire autonomes du Pouvoir central sans pour autant remettre en cause l’unité du pays ? Le jacobinisme chinois, plus récent que celui issu de la Révolution de 1789, ne doit pas être la paille dans l’œil du voisin qui nous empêcherait de voir la poutre dans le nôtre… Et il nous est tout à fait loisible de dénoncer le centralisme négateur des diversités françaises (qu’il soit de Paris ou de Bruxelles) et d’agir concrètement pour nos libertés provinciales, quand il est moins évident, par l’éloignement et la force des choses, d’atteindre le pouvoir central de Pékin à plusieurs milliers de kilomètres de la France !

D’autre part, dénoncer les méthodes gouvernementales chinoises ou, dans un autre domaine, les destructions d’emplois industriels français, n’a vraiment de sens que si, par sa propre attitude de consommation, on limite ses achats de produits « made in China » et l’on essaye, autant que faire se peut, d’acheter des produits français, locaux, proches. Je ne méconnais pas le coût parfois plus élevé de ces achats mais il faut bien comprendre que cela peut aussi être une incitation à moins mais à mieux consommer : « Nos emplettes sont nos emplois », rappelait une ancienne publicité aujourd’hui considérée comme « protectionniste »… D’autre part, en réduisant les distances de transport, l’impact sur l’environnement en est moindre.

Je ne dirai pas que « tout est politique » mais bien plutôt qu’il faut penser en « politique d’abord », non pas comme une finalité mais comme un moyen d’agir sur l’économique et l’environnement : en somme, éviter de mettre la charrue avant les bœufs…

13/02/2008

Union méditerranéenne et Union européenne.

Le rédacteur en chef de la revue chrétienne « Etudes » consacre un article fort intéressant à « L’Union dans la discorde » dans l’édition du lundi 11 février 2008 du quotidien « La Croix », article dans lequel il évoque les divisions européennes quant à la stratégie méditerranéenne à adopter pour les temps prochains.

 

Il rappelle que l’actuel président français a, dès le début de son mandat, évoqué l’idée d’une « Union méditerranéenne qui rassemblerait tous les pays riverains de notre Mare Nostrum », et que ce projet inquiète nos partenaires européens qui y voient une concurrence à l’UE, que ce soit à travers les discours de la chancelière allemande ou du premier ministre slovène dont le pays préside actuellement l’Union européenne. Ce dernier s’en explique, en des termes révélateurs : « Nous n’avons pas besoin d’une duplication d’institutions, ou d’institutions qui viendraient faire concurrence avec l’Union européenne, des institutions qui couvriraient en partie l’Union et en partie ses voisins ». Ce que le secrétaire d’Etat français aux affaires européennes, le socialiste Jean-Pierre Jouyet, reprend, d’une certaine manière lorsqu’il dit qu’ « il ne faudrait pas qu’on se mette à construire un projet à côté ou en dehors de l’Union européenne »… En somme, ces opposants à la construction d’une Union méditerranéenne s’inquiètent d’un projet qui ne serait pas dans la ligne d’une construction européenne « forcément occidentale » si l’on reprend les propos de l’ancien premier ministre Edouard Balladur, et qui oserait ouvrir d’autres pistes de réflexion et de pratique géopolitiques. D’ailleurs, ce sont souvent les mêmes qui se sont opposés à l’idée, jadis défendue par Jacques Chirac, d’une « Europe à plusieurs vitesses » qui aurait sans doute permis une plus grande souplesse et efficacité dans cette construction européenne qui, à défaut, se construit aujourd’hui de manière technocratique et « démocratique » sans le soutien réel des populations d’Europe, voire en évitant tout « recours au peuple » comme ce fut le cas la semaine dernière pour la ratification du traité de Lisbonne…

 

Ce refus des partenaires européens de la France d’envisager l’idée même d’une stratégie et d’une ambition différente de celle d’une Europe désormais repliée sur elle-même au fur et à mesure qu’elle intègre les Etats du continent et de certaines de ses marges, ce refus me semble révélateur et fort inquiétant : il signale une frilosité qui pourrait bien précéder la mort politique et diplomatique du continent européen, prisonnier d’un carcan administratif sans passion et sans ambition. Ce refus me semble aussi révélateur d’une « crainte de l’Histoire » de la part des « Européens », désormais plus intéressés à « consommer en paix » qu’à assurer l’avenir des générations futures et à assumer les défis géopolitiques. Or, pour survivre, les sociétés doivent s’en donner les moyens et en avoir envie, et cet instinct de survie semble bien émoussé, comme on peut le constater aujourd’hui, au risque d’être demain la proie des « peuples jeunes », avides (et c’est bien normal même si ce n’est pas forcément sain ni souhaitable, au regard des enjeux environnementaux…) de profiter des richesses de ce monde que l’Occident a longtemps exploité et, même, pillé.

 

Le rédacteur de l’article, Pierre de Charentenay, d’ailleurs, critique la méthode de M. Sarkozy, sans mettre en cause, pour autant qu’on sache lire, le principe de cette Union méditerranéenne : « Le projet méditerranéen révèle un comportement de Paris qui évacue la concertation au profit des effets d’annonce, une mauvaise préfiguration de la présidence française de juillet à décembre 2008 ». Mais, sans doute, la concertation en tout temps et entre tous est souvent l’aveu de l’impuissance et de la paralysie, de la volonté de « ne rien faire »… Ce débat a déjà été soulevé dans les années soixante à propos de l’attitude de la France gaullienne, souvent irritante parce qu’indépendante ! (Relire, à ce propos, le livre de Maurice Vaïsse, « La grandeur », sur la politique étrangère de la France entre 1958 et 1969).

 

Il est vrai que la politique sarkozienne apparaît fort maladroite et souvent peu crédible car trop fluctuante et activiste, et qu’elle ne sert guère les causes, pourtant bonnes parfois, qu’elle prétend servir. D’autre part, les discordances au sein de la diplomatie française actuelle, entre les conceptions atlantistes d’un Kouchner et celles d’un Guaino, plus souverainiste, ajoutent à la confusion et peuvent rendre illisible la ligne politique de la France dans le monde et, en particulier, par rapport à l’UE…

 

Mais il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain, et il me semble que cette idée d’une Union méditerranéenne, y compris sans l’accord de l’Allemagne (qui, d’ailleurs, n’a pas, jusqu’à plus ample informé, de rapport direct et physique avec la Méditerranée…), reste une idée à creuser, avec prudence et réflexion, mais aussi avec force et détermination, ne serait-ce que pour ne pas subir l’Histoire et, en particulier, pour désarmer les velléités islamistes sur les rives africaines de la Méditerranée. La France, UE ou pas, doit tenir son rang et assumer ses responsabilités historiques et politiques, sans morgue mais fermement : c’est le meilleur gage d’une « Mare Nostrum » apaisée et tournée vers l’avenir et vers les autres…

 

07/01/2008

Les opposants à la logique inéluctable de la construction européenne...

Dans une précédente note, j’ai commencé à évoquer les remarques que me suscite l’article de Catherine Chatignoux sur la construction européenne ; en voici la suite, à partir de la 2ème remarque…

 

 

 

2° : Comme je l’ai écrit en 1°, il n’y a pas de « sens de l’Histoire », c’est-à-dire de « sens obligatoire », d’inéluctabilité politique. Mais d’autre part, contrairement à ce que croit Catherine Chatignoux, il est des gens qui contestent la direction et le caractère obligatoire que prend cette construction européenne, et le fait qu’ils soient minoritaires, souvent adversaires les uns des autres, parfois de mauvaise foi, n’enlèvent rien à l’existence d’un courant sceptique à l’égard de cette construction artificielle. Le problème est sans doute qu’il n’a pas grande visibilité ni lisibilité et que, dans la plupart des cas, il s’agit d’un sentiment d’hostilité confus et qui ne propose aucune alternative crédible. J’ai bien dit « dans la plupart des cas », ce qui signifie que, heureusement, ce n’est pas dans la totalité des cas… Effectivement, il est, à gauche comme à droite, des personnes qui réfléchissent au sort de la France (et, plus largement, des nations et des Etats politiques) au-delà même du sort de l’Union européenne et qui ne confondent pas l’une avec l’autre, l’une dans l’autre. Il suffit de lire, par exemple, le périodique de Paul-Marie Coûteaux, le « créateur » en France du concept de « souverainisme », ou de lire les livres de Jean-Pierre Chevènement pour s’en rendre compte. Le site www.lesmanantsduroi.com y fait régulièrement référence, ainsi qu’au général Gallois, l’un des fondateurs de la doctrine de dissuasion nucléaire française appliquée par le président de Gaulle. Par contre, d’autres contestataires se contentent de râler sans rien proposer : attitude vaine sur le long terme mais parfois, on l’a vu en 2005 dans certains débats sur le traité constitutionnel, fort efficace sur le court…

 

La géopolitique n’est peut-être pas une science mais elle est, en tout cas, éminemment politique, et c’est son étude et la recherche prospective en ce domaine qui peuvent ouvrir, proposer, pratiquer des voies nouvelles, et sortir des impasses actuelles, de cet élargissement sans fin ni fond qui transforme l’UE en un grand Marché impolitique, tenté par la seule « alliance occidentale » qui ferait des Etats-Unis le maître de cet ensemble économique européen… Se contenter de cette « logique historique inéluctable de la construction de cette Europe élargie », comme le dit Mme Chatignoux, serait suicidaire pour nos sociétés politiques. Les quelques opposants à cette logique l’ont compris, même confusément pour la plupart.

 

Le jour où il n’y aura plus personne pour remettre en cause cette « logique inéluctable », c’est qu’il n’y aura plus personne pour remettre en ordre les équilibres dans les relations internationales…

 

Attention néanmoins à ne pas commettre une erreur d’interprétation de mes propos : je ne suis pas un « idéologue » ou un « artificialiste » qui oublieraient les réalités et bâtirait un « ordre idéal » sur quelques idées fumeuses. Aujourd’hui, c’est à partir de la construction européenne et de ce que j’en vois et en pressens que je raisonne, tout comme à partir des réalités et des situations géopolitiques que je conteste cette « logique » ou, plutôt, son inéluctabilité comme je l’ai évoqué dans le 1°. C’est parce que je constate que la construction européenne actuelle se fait de manière idéologique et sur la base de préjugés, en particulier économiques, que je suis réservé à son égard, voire fort critique. S’agit-il, pour autant, de la défaire ? La réponse n’est pas si simple…

 

 

 

(à suivre)