17/09/2012
Une conférence environnementale pour rien...
La Conférence environnementale des jours derniers n’a pas servi à grand-chose, si ce n’est à étaler une bonne conscience soi-disant écologiste sans trop de risque et à remplir de quelques grands mots le vide de la pensée gouvernementale sur le sujet… Alors que cette conférence aurait pu être l’occasion de quelques réflexions nouvelles et de l’annonce, avant une véritable mise en pratique de projets environnementaux, d’une stratégie environnementale sur le long terme, elle n’a été qu’un « soufflé médiatique » déjà retombé et sur laquelle même la grande presse ne s’est pas attardée !
Quel dommage et, surtout, quelle inconscience de la part de cette République qui ne vit plus que pour ses prébendes et oublie ses devoirs d’aujourd’hui et d’avenir ! Car il y a urgence, et le gouvernement n’a même pas dressé un bilan de la précédente initiative dans le domaine de la concertation écologique, c’est-à-dire du Grenelle de l’environnement qui a eu lieu au début de la présidence Sarkozy : pourtant, certaines mesures qui y avaient été annoncées pouvaient être fort intéressantes, même si leur réalisation ne fut pas à la hauteur des espérances, loin de là ! L’idée d’un moratoire sur la construction des autoroutes, par exemple, n’était pas inutile, tout comme la proposition d’augmenter le nombre d’exploitations agricoles et d’hectares dédiés à l’agriculture biologique : cette dernière est d’ailleurs un vieux combat des royalistes, qui furent nombreux à s’investir dans ce domaine bien avant la mode récente du bio dont il faut souhaiter qu’elle ne soit pas que cela mais qu’elle ouvre sur la pérennisation des bons comportements agricoles comme alimentaires... (cf « le paysan biologiste », la revue dans laquelle l’actuel président du Groupe d’Action Royaliste publia de nombreux articles dans les années 1980-90)
Quand on lit les (rares) articles sur cette conférence, on se rend compte que ce n’est qu’un catalogue de bonnes intentions (et encore, elles semblent plutôt limitées au regard des enjeux !) et d’annonces même pas sérieusement chiffrées ni financées ! De quoi désespérer !
Pas d’évocation des énergies marines ni des algocarburants qui pourraient pourtant à la fois résoudre la question énergétique et limiter les pollutions liées à la production et la consumation des hydrocarbures ; pas de plan concret contre l’artificialisation des terres, pourtant de plus en plus préoccupante ; pas de moratoire sur la construction des infrastructures aéroportuaires et autoroutières dont on connaît pourtant l’impact sur l’environnement (impact territorial comme impact atmosphérique et sanitaire…) ; pas de réflexion sur le nécessaire aménagement du territoire pour revitaliser nos campagnes et leur rendre vie sociale et équilibres environnementaux ; etc. On comprend que les ONG environnementales soient fort insatisfaites de cette conférence déjà oubliée (quand elle n’a pas été purement et simplement ignorée) par l’Opinion publique !
Toute politique environnementale digne de ce nom nécessite de s’enraciner dans le temps et de se dégager de la seule immédiateté, de ce présentisme qui stérilise toutes les bonnes initiatives ; elle nécessite aussi une véritable volonté politique et la mise en place d’une stratégie. Avec le gouvernement socialiste, rien de tout cela ! Mais, cela était-il mieux avec le gouvernement sarkoziste ? Pas plus !
Cela fait plus de trente ans que j’entends les mêmes discours gouvernementaux sur un thème qui n’intéresse guère nos hommes politiques, à quelques heureuses exceptions près. Plus de trente ans de discours et quelques rares progrès qu’il ne faut pas méconnaître mais qui restent encore trop limités pour être suffisants. Pourtant, la dégradation de notre environnement s’accélère et les dérèglements climatiques, liés au mode de développement de nos sociétés de consommation, ont des conséquences de plus en plus visibles et de plus en plus nuisibles…
La France pourrait jouer, au niveau international, un rôle de première puissance écologiste du monde : elle en a les atouts et, au-delà, le devoir. Il semble pourtant que la République ne veuille pas, elle, le comprendre…
22:37 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : conférence environnementale, écologie, énergies marines, développement, mer, france.
19/10/2008
Pour la pêche artisanale.
Dans le quotidien « Le Monde » daté de dimanche 19 – 20 octobre 2008, un tableau tiré de la revue « Conservation Biology » et un petit article explicatif démontrent tout l’intérêt de la pêche artisanale à l’heure où la surpêche industrielle menace l’équilibre écologique marin et la pérennité même des ressources halieutiques. Ce papier du « Monde » fait partie de ces documents que je mets précieusement de côté et que je ressors régulièrement car il me semble important de les valoriser au regard des enjeux environnementaux comme économiques et sociaux, les uns n’étant pas séparables des autres.
Cette étude « démontre que les pêcheries de petite taille (navires de moins de 15 m) capturent autant de poissons pour la consommation humaine que les pêcheries industrielles. Utilisant des techniques plus sélectives, elles évitent le recyclage d’une partie des prises en dérivés alimentaires, suppriment le rejet à la mer d’espèces non consommables et nécessitent huit fois moins de carburant que la pêche industrielle. » Dans le tableau, on apprend ainsi que la pêche industrielle pêche et rejette à l’eau, souvent en mauvais état (blessés ou agonisants), entre 8 et 20 millions de tonnes de poissons, crustacés et autres espèces marines, soit entre 10 et 25 % du total des poissons pêchés par ce mode (dévastateur, en somme) de pêche, alors que, dans le cadre de la pêche artisanale, les proportions de ce gâchis sont négligeables, de l’ordre de moins de 2 %...
« Selon les chercheurs de l’université de Colombie britannique (Canada), la pêche artisanale – « notre meilleur espoir pour une pêche durable » - est pourtant oubliée par les initiatives d’éco-étiquetage et désavantagée par les politiques de subvention des carburants : sur les 30 à 34 milliards de dollars (22 à 25 miliards d’euros) dépensés chaque année pour défendre ce secteur, un sixième seulement irait aux pêcheries de petite taille. Ce qui signifie, rapporté au nombre de pêcheurs et à la quantité de poissons consommables capturée par tonne de carburant, qu’un pêcheur industriel reçoit en moyenne 200 fois plus de subventions qu’un pêcheur traditionnel. » Ainsi, sur le plan écologique comme sur le plan purement économique, il est démontré que la « tradition » est préférable pour la préservation des richesses de la mer (et leur renouvellement) parce que les pêcheurs traditionnels, moins déconnectés des réalités et des équilibres biologiques, ne travaillant pas que pour un salaire mais aussi pour leur propre survie et subsistance, savent qu’il leur faut pratiquer une certaine modération qui, souvent, leur est d’ailleurs aussi imposée par la pauvreté de leurs moyens techniques (et dans ce cas, le terme « pauvreté » n’est pas toujours péjoratif) et l’impossibilité de dépasser ces limites.
Cette étude doit être l’occasion d’ouvrir le chantier, de plus en plus urgent, d’une véritable politique de la Mer, et la France, qui dispose de la 2ème surface maritime du monde (après les Etats-Unis), a le devoir de penser et de mettre en pratique cette politique, avant qu’il ne soit trop tard : au regard des dernières informations sur l’état alarmant des stocks de thon rouge en Méditerranée, « l’urgence c’est maintenant » et non dans dix ans…
14:44 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pêche, poissons, tradition, écologie, mer, ressources halieutiques.
18/05/2008
Pêcheurs.
Il me semble qu’il est possible et surtout nécessaire de maintenir une activité de pêche dans notre pays, mais que cela ne peut se faire que si les pouvoirs publics et quelques intervenants privés se décident à investir en temps et en argent dans la réorganisation et le soutien de cette activité nourricière importante. En somme, que l’Etat impulse et soutienne une véritable « politique de la pêche », avec l’aide des régions, du secteur agroalimentaire et des organisations socioprofessionnelles de la Mer, mais aussi les associations environnementales.
Quelques propositions :
- la création d’une « trame bleue » qui comprendrait les zones de frai et de croissance des espèces halieutiques, cela pour permettre le renouvellement dans de bonnes conditions des ressources en poissons et en crustacés, par exemple. Le problème est que, si cela est possible dans les eaux françaises, cela est évidemment plus difficile à faire respecter dans les eaux internationales. Aussi, faudrait-il, à l’aide d’une conférence internationale ou d’accords multilatéraux entre Etats « pêcheurs » et « consommateurs », créer des réserves et des zones interdites de pêche et, surtout, faire respecter ces zones : cela n’est possible que si des Etats assument ce rôle de « police des mers » et en ont les moyens matériels et humains. La France, qui dispose du deuxième espace maritime du monde, pourrait jouer ce rôle, avec d’autres bien sûr.
- La transformation temporaire d’un certain nombre de pêcheurs, par exemple de cabillauds en ce moment, en « jardiniers de la mer », encadrés par des professionnels de l’environnement et de la « gestion des ressources », qui auraient pour objectif de travailler sur l’observation et la préservation des espèces aujourd’hui menacées, le temps suffisant à ce que celles-ci se soient correctement renouvelées et puissent à nouveau être pêchées sans risquer la disparition de la ressource : ce travail ne serait pas une « occupation » mais une véritable tâche de réintroduction, de suivi et de protection des espèces halieutiques dans leur cadre de vie. D’autre part, les pêcheurs concernés seraient évidemment ceux-là mêmes qui, une fois la ressource considérée comme à nouveau suffisante et capable de supporter des prélèvements importants, seraient chargés d’exploiter le stock, c’est-à-dire d’en faire la pêche, ce qui reste, évidemment, leur fonction première.
- La mise en place d’un « code de la consommation des ressources de la mer » dans notre pays qui serait chargé de veiller à ce que des espèces halieutiques considérées comme menacées ne soient plus disponibles à moindre frais dans les espaces commerciaux de la grande distribution. Cela doit s’accompagner d’une politique française de sensibilisation, autant de la population de notre pays que des Etats de la planète, aux risques de la surexploitation des mers et, éventuellement, d’une politique d’aide aux pays en développement pour qu’ils ne bradent pas leurs propres ressources pour des raisons économiques mais, au contraire, la préservent et l’entretiennent.
Voici quelques propositions, sans doute bien incomplètes, mais qui me semblent réalisables dans un délai relativement bref. Encore faut-il que l’Etat français ne se contente pas de quelques « mesurettes » mais qu’il pense et applique cette véritable « politique de la Mer » qui nécessite un engagement fort et de long terme. Il est urgent d’agir, et c’est l’Etat lui-même qui en a le plus les moyens : pourvu qu’il en ait la volonté !
13:48 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pêcheurs, mer, ressources halieutiques, protection.