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14/03/2011

La question des retraites n'est pas tranchée en Europe...

Le séisme qui a endeuillé le Japon a dissimulé, dans les médias déjà échaudés par les secousses d'un sondage dominical quelques jours auparavant, les discussions du conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro autour de ce fameux Pacte de compétitivité, désormais rebaptisé Pacte pour l'euro, et c'est fort dommage, pour de multiples raisons.

 

Ce qu'il en ressort pour l'heure, c'est que la sauvegarde d'une monnaie jadis présentée comme l'anti-crise par excellence (avant 2008) appelle de nouveaux sacrifices des populations européennes, particulièrement des 350 millions d'habitants des pays de l'eurozone et encore plus des pays du sud de l'Europe et de l'Irlande. « Pacte d'austérité » a dénoncé le Parti socialiste français, semblant oublier que les gouvernements socialistes européens ne se rebellaient guère contre les oukases des Marchés, de la Commission européenne ou du FMI. Ainsi, le gouvernement de M. Zapatero a récemment fait voter par les députés espagnols l'élévation de l'âge légal de la retraite à 67 ans, cette même limite d'âge minimale étant, il y a quelques jours encore, l'une des conditions posées par le gouvernement allemand pour accepter de mettre la main à la poche pour sauver les pays aujourd'hui en grande difficulté : c'était d'ailleurs l'un des points forts de ce fameux Pacte de compétitivité rebaptisé officiellement vendredi et qui était censé rassurer des Marchés de plus en plus avides mais de moins en moins acceptés par les Opinions publiques.

 

Bien sûr, il faut attendre le prochain Sommet européen du 25 mars pour savoir ce qu'il en sera exactement mais, dès maintenant, il faut « s'opposer et proposer », non par attitude dogmatique (ce qui serait néfaste et inopérant dans la situation économico-politique actuelle) mais par volonté positive de préserver la justice sociale nécessaire à la bonne santé de nos sociétés et de leurs peuples, et par souci de trouver des solutions satisfaisantes à une crise qui, d'économique, est de plus en plus sociale. Le chantier est immense et ne doit pas se limiter à quelques raccommodages d'un Système qui apparaît désormais, non pas à bout de souffle, mais de plus en plus inéquitable, par nature plus encore que par dérive...

 

S'opposer au relèvement de l'âge légal de la retraite à 67 ans pour tous les salariés de la zone euro ne signifie pas qu'il faille interdire, a contrario, la possibilité de travailler au-delà de l'âge légal quel qu'il soit pour ceux qui le souhaitent et s'en sentent la force, mais d'empêcher que tous soient obligés d'attendre cet âge de 67 ans pour se reposer d'une vie professionnelle parfois harassante et usante pour les corps comme pour les cerveaux... Combien de mes collègues professeurs, malgré des emplois du temps qui, grâce aux vacances scolaires répétées sur l'année, semblent fort « privilégiés » dans la gestion de leur temps, arrivent épuisés et démotivés à la soixantaine ? Et cette situation est d'autant plus facile à comprendre quand ces enseignants exercent leur métier dans des zones dites « difficiles » ou devant des publics plus consommateurs que motivés...

 

Il est d'ailleurs intéressant d'en discuter avec les élèves eux-mêmes qui, parfois, ressentent aussi douloureusement le vieillissement d'enseignants parfois complètement déconnectés de leur public scolaire, au risque même de détourner les élèves de tout intérêt pour l'école... Bien sûr, en ce domaine comme en d'autres, la nuance s'avère nécessaire et l'âge n'est pas forcément la raison du désintérêt scolaire mais c'est un élément qu'il serait dangereux de négliger...

 

De plus, il suffit de se promener certains jours d'hiver dans les rues de nos grandes villes pour y constater que le travail des ouvriers du bâtiment ou de la voirie peut être aussi particulièrement éreintant, ne serait-ce que par la rigueur de la météo... Cela se traduit d'ailleurs par une espérance de vie des ouvriers « de plein air » largement inférieure à celle des fonctionnaires « d'intérieur », comme le montrent à l'envi les études démographiques contemporaines.

 

Si le Pacte pour l'euro devait négliger ces données concrètes, l'Union européenne perdrait un peu plus de son crédit sans pour autant motiver les efforts nécessaires au redressement de l'économie de l'ensemble « eurozone » : elle apparaîtrait un peu plus encore comme cette « Europe punitive » qui « écrase les petits pour engraisser les gros » comme le disait au comptoir d'un bistrot rennais un conducteur de bus quadragénaire un peu dépité... Et derrière son dépit, j'ai senti cette colère qui monte fort et dont je crains que, si elle éclate désordonnée, elle n'emporte tout à la façon d'un tsunami... A moins qu'elle ne s'ordonne, dans une forme de « nouvelle chouannerie », autour d'idées fortes et simples sans être simplistes, autour de ce nécessaire « réveil du politique » qui est sans doute, selon le mot de Thierry Maulnier et par la Monarchie sociale, « la dernière chance de la Liberté »...

 

 

19/01/2011

La retraite à 67 ans ?

La réforme des retraites a été menée tambour battant l’automne dernier, relevant l’âge de la retraite à 62 ans malgré les protestations d’une partie conséquente de l’opinion publique, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, d’ailleurs. Mais il semble que cette réforme soit déjà obsolète si l’on en croit le gouvernement allemand qui, comme le rapporte les pages économie du « Figaro » du mercredi 19 janvier, souhaiterait « obtenir en échange [de son aide financière au fonds de secours européen aux pays en difficulté de la zone euro] que tous les pays de l’eurozone acceptent de repousser l’âge de la retraite à 67 ans ».

 

Cette proposition a été avancée il y a peu et cherche aussi à répondre à la montée des mécontentements en Allemagne : « Face aux responsables de la majorité parlementaire, le patron du groupe CDU du Bundestag, Volker Kauder, a lancé lundi soir [le 17 janvier] un ballon d’essai au nom de la chancelière, rapporte le quotidien [Financial Times Deutschland]. « Nous voulons imposer des standards communs pour toute l’Europe », a-t-il ainsi affirmé en citant l’exemple du frein à la dette, puis celui de la retraite à 67 ans, adoptée par l’Allemagne. » Le gouvernement allemand souhaite d’ailleurs que les décisions soient prises d’ici le Conseil européen de mars prochain…

 

Ainsi, au nom de la sauvegarde de la monnaie unique, mais aussi de la « nécessaire harmonisation européenne », le gouvernement français pourrait, dans quelques mois, se dire obligé de relever à nouveau, à peine la réforme des retraites de l’automne entrée en application, l’âge légal de départ à la retraite ! Car refuser ce que l’on pourrait sans exagération qualifier de « diktat » allemand, nous expliquera alors le gouvernement, pourrait entraîner des conséquences graves pour l’euro, voire pour l’Union européenne, et risquerait d’isoler la France en Europe…

 

D’ailleurs, que risque le gouvernement de la République ? La contestation de la réforme des retraites, cet automne, a épuisé les syndicats et les protestataires sans faire céder d’un pouce le Pouvoir en place. Et « l’Europe » est devenue une « fatalité » que les Français sont tenus d’accepter, au nom d’un obligatoire « sens de l’histoire » dont on sait pourtant qu’il n’existe pas, ou, en tout cas, qu’il n’est pas (si l’on croit qu’il en existe un, ce qui n’est pas mon cas), loin s’en faut, « sens unique ».

 

Eh bien non, mille fois non ! La France ne doit pas, cette fois-ci, céder aux injonctions de Berlin, même au nom de la pseudo « solidarité européenne » (sic !) dont on sait qu’elle est si peu sensible au sort des plus faibles.

 

Il va bien falloir forcer les gouvernements et les institutions de l’Union européenne à réfléchir à d’autres pistes que celles qui consistent à toujours « taper » sur les travailleurs et sur les classes moyennes et populaires ! Et, s’il est des efforts nécessaires, qu’ils soient répartis entre tous, en tenant compte de ce qui est tout aussi nécessaire, la justice sociale !

 

 

 

22/09/2010

Deux propositions pour financer les retraites...

Les grèves et les manifestations du jeudi 23 septembre seront-elles autre chose qu’une sorte de baroud d’honneur syndical sans lendemain mais pas sans ressentiment ? Car, soyons clair, la Gauche socialiste n’a guère brillé par ses propositions dans le débat sur les retraites, quand la Droite, elle, se contentait de quelques recettes à court terme et guère plus imaginatives que celles initiées jadis par la Gauche… Et les syndicats ont paru bien désarmés devant le rouleau compresseur libéral gouvernemental et européen !

 

Et pourtant ! Il ne serait pas trop difficile d’ouvrir de vraies pistes de réflexion pour le financement des retraites et, au-delà, sur la nature même de celles-ci selon les métiers et les régions des personnes concernées : après tout, les niveaux de vie, comme ceux de revenus, dépendent aussi du lieu de travail et de retraite, et travailler et être retraité à Paris n’a pas le même coût qu’en Bretagne ou dans le Berry !

 

Deux pistes, parmi beaucoup d’autres : d’abord, limiter l’émigration des jeunes diplômés de nos grandes écoles qui, aujourd’hui, préfèrent travailler dans des entreprises multinationales étrangères pour des raisons principalement financières. Pour cela, une revalorisation (pas seulement salariale) de leurs débouchés en France s’impose (pour motiver leur installation dans les meilleures conditions possibles en France, « au pays ») mais aussi l’obligation pour les entreprises étrangères désireuses de « piocher » dans le vivier français de rembourser toutes les sommes investies par l’Etat dans la formation des jeunes intelligences convoitées, et de signer une sorte de « contrat de transfert d’intelligence » avec la France dont les tarifs varieraient selon les domaines considérés et les personnes recrutées selon ce contrat. Au regard de la situation actuelle, ce sont des dizaines de milliards d’euros qui pourraient être récoltés aisément par ce procédé et qui alimenteraient utilement nos propres activités de formation et de recherche & développement françaises !

 

Deuxième piste : la mise en vente d’une partie des œuvres d’art entassées dans les caves de nos musées dans lesquelles elles s’ennuient et vieillissent parfois fort mal, faute de financement suffisant pour les entretenir… Mieux vaut rendre ces œuvres à la lumière, même si c’est sous d’autres cieux et dans d’autres cadres, y compris privés ! De plus, vendre ces toiles, sculptures ou manuscrits n’est pas priver la France de son patrimoine mais le diffuser au-delà de notre pays et c’est aussi accroître la trace de notre culture dans le monde, tout simplement. D’ailleurs, cela peut aussi permettre de dégager des moyens nouveaux, au-delà des sommes ainsi récoltées pour aider au financement des retraites, pour entretenir le patrimoine immobilier français, en particulier toutes ces chapelles, ces châteaux, ces vieilles demeures ou ces quartiers urbains médiévaux qui font le charme de la France et attirent tant les touristes étrangers en quête d’histoire et « d’authenticité » (sic, car le terme me semble plus tenir de la facilité d’expression que de la réalité…). De plus, chaque époque, en France, a enrichi le patrimoine pictural, littéraire ou architectural français : alors, faire de la place dans les caves de nos musées n’empêcherait pas que les artistes français auraient tôt fait de remplir à nouveau les quelques vides créés dans les collections de nos centres culturels ou artistiques ! La France est une éternelle source d’inspiration et une terre de créativité !

 

Voici deux propositions simples pour trouver quelques revenus supplémentaires aux caisses de l’Etat et qui évitent de s’adresser toujours aux mêmes vaches-à-lait que sont les classes moyennes mais deux propositions qui tiennent compte et profitent des appétits des multinationales étrangères et des prix très élevés aujourd’hui du marché de l’art…

 

Dommage que les manifestants du 23 septembre ne s’emparent pas de ces quelques idées pour faire avancer utilement le débat… A la place, nous risquons d’avoir la litanie triste des slogans vengeurs mais impuissants ! Oui, dommage !