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17/10/2009

Bande dessinée et Révolution française.

La bande dessinée (tout comme la littérature et le cinéma…) n’a pas toujours été tendre pour la Révolution française, en particulier après la commémoration du bicentenaire de celle-ci qui a vu s’ouvrir bien des yeux et remettre en cause les poncifs républicains. Voici quelques unes de ces BD qui écornent la légende dorée de la Révolution :

 

Timon des blés, tome 4 et suivants :

Timon, ci-devant de la Fresnaye, revient en France au pire moment de la Terreur et va, au départ malgré lui, reprendre le combat de son père guillotiné pour fidélité au Roi. De la Normandie, où il rencontre Louis de Frotté, à la Bretagne, où sa route croise celle de Georges Cadoudal, le chef chouan, mais aussi celle d’un enfant qui se fait passer pour le Dauphin Louis XVII, Timon des blés va porter haut les valeurs de l’honneur (qui n’empêche pas toujours une certaine cruauté) et du courage.

 

Dampierre, une dizaine de tomes :

Dans une Vendée en proie à la guerre civile et à la répression, Dampierre va coudre, au départ sans enthousiasme et sans illusions, le sacré-cœur rouge des insurgés catholiques et royalistes sur sa poitrine. Il doit faire face aux Bleus des troupes républicaines, mais aussi aux multiples rivalités qui minent l’Armée catholique et royale. Dans cette série, rien ne nous est épargné des horreurs infligées par la République à la France de l’Ouest, autant les noyades de Carrier à Nantes que la destruction des villages vendéens.

 

La Révolution enfin :

Une BD qui, à travers quelques tableaux des débuts de la Révolution, en montre les terribles ambiguïtés et les dérives fort précoces…

 

Chouannerie ; Vendée ; Histoire de la Bretagne (tome 5) :

Des BD très pédagogiques et fort agréables à lire, écrites par l’historien Reynald Sécher, celui-la même qui a fait entrer la notion de « génocide vendéen » dans l’historiographie française. Pour tout connaître de la Révolution et de ses effets dans les provinces de l’Ouest…

 

La nuit de Carnac, une aventure de Michel Vaillant :

Le célèbre pilote automobile se retrouve au centre d’une histoire vieille de deux siècles, dans laquelle les « perdants », les chouans, restent plus honorables que les Bleus…

24/08/2008

Vendée.

La Vendée dite « Militaire », beaucoup plus vaste que le département du même nom, a été le lieu d’une véritable guerre civile qui n’a pas cessé avec la mort de Robespierre contrairement à ce que l’on croit souvent : c’est ce que rappellent les musées consacrés à ces guerres de Vendée, à Cholet dans un cadre officiel et à Saint-Florent-le-Vieil dans un cadre plus rustique et mémorial, musées que j’ai visités vendredi dernier dans la foulée l’un de l’autre. Des souvenirs de cette terrible page d’histoire illustraient des panneaux expliquant les causes, les événements et les conséquences de « la Vendée » : ainsi, à Cholet, le crâne de l’un des chefs insurgés, Nicolas Stofflet, dont on retrouve le couvre-chef… à Saint-Florent ; des drapeaux fleurdelysés, des sacrés-cœurs rouges et des cocardes blanches des paysans et des notables royalistes en guerre contre les Bleus de cette République si peu amicale malgré la fraternité inscrite sur ses frontons ; d’immenses tableaux de facture romantique (typiques du début XIXe siècle) censés représenter les grands chefs vendéens et chouans (puisque Cadoudal s’y trouve aussi en majesté) placés dans une salle ronde de Cholet comme une sorte de panthéon monarchiste ; de multiples illustrations issues des deux camps et des proclamations des uns et des autres ; des maquettes reproduisant les batailles mais aussi des objets du « culte » vendéen, comme les beaux restes de la grande statue sculptée par Maxime Real del Sarte, endommagée par une bombe et par les déménagements successifs, statue qui représente un paysan vendéen brandissant vers le ciel un cœur surmonté d’une croix…

Cette page d’histoire cruelle et qui a tant divisé les Français est aujourd’hui presque oubliée, et je dois avouer que durant ma visite d’une heure au musée de Cholet, je n’ai croisé qu’un couple avec son enfant, tandis qu’à Saint-Florent, le jeune gardien des lieux m’indiquait qu’il n’y avait en moyenne guère plus d’une douzaine de visiteurs quotidiens… De plus, j’ai pu constater comment la mémoire de cette terre s’était perdue au fil des siècles, et en particulier du dernier achevé, sans doute à cause de l’école, si « pudique » dans le meilleur des cas sur cette révolte antirépublicaine, incompréhensible pour ceux qui croient que République et libertés sont synonymes (ce que dément l’Histoire, qu’on le regrette ou non), mais parfois si hargneuse contre ces « rebelles » coupables de ne pas apprécier les bienfaits de ce régime régicide : la lecture des manuels scolaires est souvent édifiante à cet égard… Mais les autres responsables de cet effacement de la mémoire, qui n’en est d’ailleurs pas un dépassement mais le remplacement par une autre, plus artificielle et « politiquement correcte », ce sont les curés qui, dans les années soixante, se sont faits les chantres d’une « nouvelle gauche », très inspirées des idées démocrates-chrétiennes et qui, pour faire accepter le message chrétien à un monde de plus en plus matérialiste et consumériste, ont préféré sacrifier des traditions « gênantes » car n’apparaissant pas dans le sens de l’Histoire, véritable croyance de l’époque… Je parle ici des traditions populaires historiques, enracinées, pas forcément des questions religieuses, mais, dans ce cas précis, elles étaient néanmoins pratiquement indissociables des pratiques sociales, voire politiques, des habitants de cet espace de la Vendée Militaire.

Ainsi, si cette Vendée est une histoire, si elle peut être une source de réflexions, y compris politiques, si son épopée mérite d’être appréciée et racontée, elle n’est pas une île en dehors du monde contemporain : au-delà des souvenirs, qu’il n’est pas inutile de rappeler et de perpétuer, car ils constituent aussi, bons ou mauvais, une part de l’identité historique royaliste, il faut penser ce qu’elle est aujourd’hui, et cela doit être, pour la France toute entière, dans ses diversités, une règle politique. C’est sans doute cela que Maurras appelait « l’empirisme organisateur », pour comprendre et agir sur le monde contemporain, sans nostalgie aucune mais sans oubli non plus : l’Histoire ne doit pas être un boulet mais un arc aux tensions mille fois renouvelées, aux flèches mille fois lancées ; un bel instrument et non des chaînes ou des regrets… Car la nostalgie ne fait pas une politique, elle n’en est que la paralysie dans un passé figé, incompréhensible sans porter autre chose que des plaintes ou des orgueils : la politique ce n’est pas vraiment cela, c’est bien plutôt ce que Maurras (encore lui !) évoquait comme « la tradition critique », la seule qui vaille pour ceux qui veulent servir la France sans forcément oublier ce qu’ils sont et d’où ils viennent.