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01/05/2017

Quelle métamorphose institutionnelle pour la France ? Partie 2 : La Monarchie nécessaire à la métamorphose.

La métamorphose de la représentation civique et de la vie politique, et parlementaire sans doute après le 18 juin prochain (second tour des élections législatives), requiert une intervention politique aussi bien pour l'ordonner que pour la stimuler, mais aussi pour en brider les débordements chaotiques : or, il n'est pas certain que la forme républicaine de l’État soit la plus adaptée à ce grand chantier institutionnel, à cette métamorphose souhaitée par beaucoup et souhaitable pour tous, et M. Macron lui-même montrait, dans un entretien publié dans la revue Le1 en juillet 2015, combien la démocratie actuelle « comporte toujours une forme d'incomplétude » en République par l'absence de « verticalité », de cette « figure du Roi » qui répond à la demande d'émotion et d'union dans une nation, dans un ensemble collectif issu de l'histoire et acteur de celle-ci. A moins de rendre à la fonction d'arbitre suprême l'indépendance de fait et de naissance que procure le mode de succession héréditaire déjà appliqué dans sept États de l'Union européenne, la métamorphose institutionnelle ne peut se réaliser pleinement !

 

Ainsi, la France aurait, à son tour, tout à gagner de l'établissement d'un véritable régime mixte : un État monarchique royal en son sommet, arbitre et protecteur de républiques provinciales, communales et professionnelles, dotées les unes et les autres de vrais pouvoirs, législatifs ou de négociation, particuliers. Ce qu'a réussi, au moins pour les régions de son royaume, le roi Juan Carlos en Espagne dans les années inaugurales de son règne, en bouleversant l'organisation interne de son royaume et en réactivant les autonomies et les citoyennetés provinciales. C'est cette « révolution politique des territoires et de leurs pouvoirs », par le moyen de ces nouvelles institutions monarchiques et enracinées dans l'histoire de la nation qu'il s'agit de promouvoir, ne serait-ce que pour « éloigner » le Pouvoir d’État des citoyens eux-mêmes, non pas pour les déposséder de leur citoyenneté effective et sensible, mais au contraire pour leur permettre un véritable épanouissement civique et personnel dans le cadre d'un meilleur équilibre des rapports entre la Direction générale de la nation et les libertés publiques locales.

 

Ces nouvelles agoras, ces républiques françaises sont demandées par le corps électoral, de façon parfois rude et souvent inconsciente, et la Monarchie fédérative des pays et peuples de France peut apporter quelques forts éléments de réponse aux attentes françaises que certains peuvent qualifier de « démocratiques » sans que cela ne me choque, loin de là : je suis fidèle à la pensée de La Tour du Pin qui souhaitait la Monarchie dans l’État, et la démocratie dans les provinces et les communes, avec l'utilisation des compétences à tous les étages sans qu'elles prennent le pas sur l'autorité royale et les libertés publiques (compétences qu'ils qualifiaient d'aristocratiques au sens grec du terme).

 

La métamorphose institutionnelle, si elle veut être à la fois utile et efficace, ne peut se faire que dans un cadre monarchique « fédératif », ce que me signalait fortement l'écrivain Marcel Jullian (1) en me déclarant que c'était le moyen privilégié pour « rendre leur citoyenneté complète à tous les citoyens français » et cela sans nuire à l'unité française qui, en définitive, ne doit pas être confondue, comme l'a trop longtemps fait et continue à le faire la République, avec « l'indivisibilité », synonyme d'uniformité et non de l'inaliénabilité et de l'intégralité du pays que, d'ailleurs, la République est bien incapable d'assurer sur le long terme, comme le prouve l'histoire des deux derniers siècles et une actualité cruelle et récente...

 

 

 

Notes : (1) : Marcel Jullian, (1922-2004), co-scénariste de « La grande vadrouille » et président de la deuxième chaîne de télévision publique entre 1975 et 1978.

 

11/01/2016

République, vous avez dit République ?

Je n’écris pas beaucoup en ce début d’année, ce qui ne m’empêche pas, Dieu merci, de lire, d’écouter et de discuter politique, entre autres. En fait, je suis surtout en train de corriger des devoirs d’histoire-géographie de Seconde au milieu d’une actualité qui tourne à la rubrique nécrologique permanente : après Delpech, Galabru et Courrèges, c’est au tour de David Bowie de monter au Ciel… « Sale temps pour les saltimbanques », pourraient soupirer Audiard ou Gainsbourg s’ils étaient encore là pour le faire. Nécrologie, et commémorations, ces dernières semblant ne plus devoir cesser en cette République qui, a défaut d’une véritable mémoire, s’invente une histoire et une légitimité, au risque de se brouiller un peu plus avec les réalités et avec les sentiments d’un pays réel qui se sent, sans doute, délaissé ou méprisé.

 

Ainsi, je suis agacé par la véritable sacralisation (qui n’est pas vraiment récente, à bien y regarder) d’une République dont on vante les valeurs sans interroger les fondements, philosophiques comme historiques, même si je constate aussi que nombre de personnes entendent « France » quand les officiels prononcent, rituellement, le mot « République », comme si les deux se confondaient forcément et comme s’il n’y avait de valeurs civiques que dans ce régime qui se drape dans la toge de Marianne, y cachant parfois quelques poignards destinés au César du moment, fût-il « normal »…

 

Je me souviens de l’embarras de nos gouvernants quand une attaque terroriste ayant endeuillé le Danemark au printemps, ceux-ci reprenaient le discours officiel de janvier 2015 sur les « valeurs » en évitant, parfois bien maladroitement, de rajouter le qualificatif de « républicaines » pour un pays qui est et reste, envers et contre tout, un Royaume qui n’a guère de leçons de civisme et de démocratie à recevoir de quiconque, comme nombre de pays scandinaves et la Belgique voisine, mais aussi l’Espagne, le Royaume-Uni et le Luxembourg, souvent membres d’une Union européenne fondée sur des principes démocratiques reconnus à défaut d’être toujours respectés par les institutions d’icelle.

 

Bien sûr, on peut aussi entendre le mot République au sens latin du terme qui signifie « la chose publique » ou « le bien commun », et, dans ce cas, un monarchiste, même s’il est « réactionnaire » ou maurrassien, et encore plus s’il se réfère aux monarchiens de 1789 ou aux catholiques sociaux du XIXe siècle, peut reprendre le terme sans barguigner, dans le sens qu’a développé, en son XVIe siècle, le juriste Jean Bodin, « théoricien » de la Monarchie absolue… Mais, le plus souvent, nos gouvernants ne (re)connaissent pas cette généalogie politique du mot et se contentent d’y mettre ce qui peut s’apparenter à « leur » conception du Pouvoir et de sa légitimation, et de n’y voir qu’un régime politique défini, à la façon d’Anatole France (qui a compris bien des choses), que comme « l’absence de roi »

 

Cette République-là, à la merci des grands féodaux et de leurs partis, est justement celle que je dénonce et combats, et pour laquelle je n’ai pas de mots assez durs, non par haine d’elle-même, mais bien au contraire, par amour de la Chose publique, du Bien commun, de la nation française et de ses particularités et diversités… Cette République qui oublie les petits et les pauvres, cette République qui méprise les provinces et les villages, cette République qui parle de valeurs mais pense d’abord Bourse et compétitivité, cette République qui se verdit le temps d’une COP 21 et bétonne le jour d’après, de Notre-Dame-des-Landes (ce n’est pas fait !) aux entours de nos bourgs ruraux (la « rurbanisation », disent-ils, mais qui est une véritable artificialisation inutile des terres quand les centres-bourgs ont tant de maisons disponibles à remplir et à restaurer)… Cette République qui inscrit dans la pierre de ses bâtiments officiels la liberté comme pour être bien sûre qu’elle ne bouge plus de ses frontons et dans le cœur des gens, et qu’elle ne menace plus son règne… Si Bernanos, cet amoureux passionné de la liberté, était royaliste, ce n’est ni un hasard ni une surprise, comme l’a rappelé si souvent son disciple le plus fervent, Sébastien Lapaque, mais la simple constatation que la République enfermait la liberté dans ses textes et son Journal officiel, ce que moquaient aussi les Camelots du roi qui n’hésitaient pas, dans leurs chants joyeux, à clamer qu’ils « se foutaient de ses lois »…

 

Le professeur d’histoire que je suis n’a guère de chances, en étudiant les siècles passés, de devenir partisan d’une République née dans la Terreur des années 1792-94, et qui s’est tant de fois déshonorée, à l’intérieur comme à l’extérieur, préférant ses « coquins » et ses « valeurs » plutôt que la justice sociale (une formule qu’elle n’a même pas inventée puisque c’est… le roi Louis XVI qui l’a valorisée le premier !) et les libertés concrètes. Je me souviens, dans mon adolescence, avoir pleuré de l’aveuglement et de la lâcheté de la IIIème République face aux totalitarismes, de son hypocrisie profonde et bien pensante, tout comme je me souviens aussi de mes éclats de rire quand je lisais « La bande des Ayacks », ce roman de jeunesse qui s’en prenait à une société des adultes qui fleurait fort le monde des officiels de la République et qui « nous » vengeait de cette dernière… Est-ce un hasard, en définitive, si j’ai découvert la Résistance, celle des années sombres de l’Occupation allemande, dans les livres du colonel Rémy, ce résistant aux idées catholiques et royalistes (il sera abonné jusqu’à sa mort, en 1984, à l’hebdomadaire monarchiste Aspects de la France…) ? Mes deux premiers livres reliés cuir (de couleur bleu) étaient frappés de la croix de Lorraine et signés de Rémy, et, sans le comprendre alors, ils ont sans doute préparé le terrain à mon engagement royaliste ! D’ailleurs, dans ceux-ci, je n’ai pas souvenir d’avoir vu évoquées les valeurs républicaines dont on nous rabat les oreilles en tous lieux tandis que notre République déroule le tapis rouge aux dignitaires saoudiens d’un régime féodal et obscurantiste qui salit le nom de Monarchie

 

 

 

01/05/2014

Une Europe légale qui oublie les Européens.

La campagne des élections européennes ne préoccupe guère les foules en France alors que, chez notre voisin allemand, les débats sont parfois vifs, en particulier sur la monnaie unique ou sur le rôle de l’Allemagne dans l’ensemble européen : il semble que, chez nous, les tabous sur l’Europe soient plus nombreux ou que, surtout, le désaveu d’une construction européenne tout à la fois trop libérale et trop technocratique se manifeste par une sorte de haussement d’épaules généralisé, d’indifférence méprisante ou, parfois, de fatalisme assumé. La promesse d’une très forte abstention (65 % ?) n’est pas faite pour motiver les médias à engager de grands débats ou à susciter la réflexion sur l’Union et ses perspectives.

 

Il faut bien avouer que « l’Europe » a perdu de son aura démocratique près de nos concitoyens dans les années 2000, en particulier depuis que la constitution européenne, rejetée par les électeurs en 2005 à près de 55 %, a été imposée à ceux-ci sans que, cette fois, on leur demande leur avis, et en passant par les seuls parlementaires nationaux : ce contournement de la démocratie directe référendaire par la démocratie représentative, contournement hautement revendiqué par certains commissaires européens qui s’indignaient que les peuples puissent saboter les projets institutionnels de l’Union, a eu un effet immédiat, celui de dévaloriser la démocratie électorale aux yeux de nombre d’électeurs, en particulier ceux connaissant les plus grandes difficultés sociales. « Pourquoi voter, puisque quand le résultat ne plaît pas à ceux qui ont posé la question et qui nous gouvernent, on n’en tient pas compte ? », pensent-ils.

 

En fait, la démocratie représentative et parlementaire européenne et en Europe (ce qui n’est pas tout à fait la même chose !) officialise (plus encore qu’elle ne le légitime…) une véritable « Europe légale » qui, comme le « pays légal » face au « pays réel » français, n’est pas vraiment « l’Europe réelle », celle des nations historiques, des communautés culturelles et des personnes. Cette Europe légale est constituée par les différentes institutions européennes, qu’elles soient politiques ou juridiques, mais aussi par tous ces organismes financés ou soutenus par l’Union européenne, et, d’une certaine manière, par ces fameux groupes de pression qui ont pignon sur rue à Bruxelles, au cœur même de l’Union. Le souci, c’est que cette Europe légale suit une idéologie qui, comme toutes les idéologies messianiques, a tendance à s’émanciper des réalités concrètes, au risque de ne pas comprendre ce qui fait vivre et s’épanouir l’Europe réelle : cela explique le désamour des Européens à l’égard de cette Europe légale qui apparaît, de plus en plus, déconnectée de leurs problèmes sociaux et trop administrative et rigide quand il faudrait de la souplesse et de l’imagination.

 

Aujourd’hui, l’Europe légale suscite la méfiance car elle semble avoir trop promis et le paradis de la croissance et de la prospérité, annoncé lors des débats autour du traité de Maëstricht en 1992 ou lors de la naissance de la monnaie unique en 1999, n’est pas encore en vue et ne le sera sans doute jamais : les Etats et les peuples d’Europe (les uns n’étant pas toujours confondus avec les autres…) souffrent, de manière diverse, des oukases d’une Union (et de sa Commission, surtout) qui semble n’avoir comme ligne d’horizon que la réduction des déficits (d’ailleurs nécessaire mais qui doit se faire avec la possibilité, aussi, de concilier rigueur budgétaire et justice sociale et, dans certains cas, « remise des dettes »…) ou le retour d’une hypothétique croissance.

 

De toute façon, cela ne suffirait pas pour faire aimer l’Europe : comme le disaient les jeunes royalistes des années 90, « on n’est pas amoureux d’un taux de croissance », et l’économie, si elle peut donner quelques moyens d’existence et de prospérité, ne donne guère de raisons de vivre, au sens noble du terme. En se cantonnant à une logique seulement économique, avec un saupoudrage de quelques principes généraux et parfois généreux, l’Europe légale ne fait guère rêver les peuples et n’offre pas de véritable destin à l’Europe réelle.

 

L’Europe légale, par sa logique européiste et néolibérale actuelle (mais n’est-elle pas déjà contenue dans le traité de Rome de 1957 que dénonçait, avec des mots cinglants, Pierre Mendès France ?), semble condamner l’Europe réelle à subir les effets de la globalisation et non à les maîtriser : ce fossé entre les deux Europe qui s’élargit un peu plus à chaque rendez-vous électoral n’est pas heureuse. Mais cela oblige sans doute à repenser, sans tarder, l’Europe elle-même mais aussi ses institutions et ses pratiques. La repenser pour la refonder !