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10/04/2009

Absentéisme parlementaire.

La mésaventure survenue jeudi au texte gouvernemental controversé sur la répression du téléchargement illégal est fort révélatrice et pas exactement au profit des députés ni du gouvernement, c’est le moins que l’on puisse dire ! Ainsi, ce texte de loi, débattu avec tant de hargne sur tous les médias nationaux et parfois dénoncé comme attentatoire aux libertés des internautes, n’avait attiré qu’une petite quarantaine de parlementaires le jour de son vote : ce qui devait être une formalité s’est transformé en cauchemar pour le ministre de la Culture, Madame Albanel, et a provoqué le courroux présidentiel.

 

En effet, la démocratie reposant sur la loi du plus grand nombre, en particulier au moment des votes, semble bien avoir été respectée, au moins dans l’hémicycle à défaut d’être officiellement et électoralement confirmée : il est indéniable que, par un petit jeu de chat et de souris, ceux qui sont « parlementairement minoritaires » sont devenus « démocratiquement majoritaires » par l’apparition impromptue d’un petit groupe de députés socialistes surgis, à entendre les radios, de derrière un rideau rouge… De la tragédie ! On imagine quelques conspirateurs romains dissimulant leurs poignards avant l’arrivée de César ou les fidèles du roi Henri III guettant le duc de Guise, des masques et des grands chapeaux, des épées luisant dans la pénombre, des regards suspicieux, en somme du Shakespeare et du Racine tout à la fois…

 

En fait, les « comploteurs » de ce jeudi, plutôt des farceurs utilisant juste les subtilités du règlement du Palais-Bourbon, chevaliers de la rose rejoints par le gaulliste Dupont-Aignan, doivent bien rigoler de leur bon coup et de la colère élyséenne.

 

Mais il me paraît fort inquiétant que, sur 577 députés élus, il ne s’en trouve qu’une quarantaine pour se sentir concernés par le vote d’une loi si importante et pour s’être déplacés, en cette belle journée ensoleillée, et accomplir leur devoir législatif. Gageons que, la prochaine fois, les députés de la Majorité présidentielle seront présents en plus grand nombre pour éviter toute nouvelle mauvaise surprise !

 

En tout cas, le « pays légal » donne une image bien peu sérieuse de lui-même, ce qui ne peut que renforcer ce divorce de plus en plus menaçant entre les politiciens et les citoyens, agacés de constater que, lorsqu’ils se déplacent, eux, pour répondre à une question référendaire, leur avis majoritaire n’est pas vraiment pris en compte et qu’il est contourné par une entourloupe et par un vote de ces mêmes parlementaires, pourtant absents ce jeudi, déserteurs de leur propre rôle législatif.

 

Sans doute certains considèrent-ils, à l’instar de l’ancien ministre Alain Madelin que, les lois se faisant désormais beaucoup plus concrètement à la Commission de Bruxelles et au Parlement européen, la présence au Palais-Bourbon relève plus du symbole et du spectacle que de la réalité politique : il est vrai que nombre des textes votés à Paris ne sont que la traduction et la transcription de directives européennes, le Droit communautaire européen s’imposant désormais aux Droits des pays membres, plus souvent pour le pire que pour le meilleur !

 

Mais, tout en appartenant à une tradition politique méfiante à l’égard du parlementarisme, je ne méconnais pas l’importance et, même, la nécessité d’une représentation parlementaire et, au-delà, d’une action législative qui lui appartienne en propre, en particulier au niveau national, que je souhaite, dans le plus bref avenir, véritablement fédéral. En cela, je regrette que le débat parlementaire se résume parfois en un simple affrontement politicien et en quelques « coups » médiatiques, en un spectacle qui dévalorise la politique et en amoindrit la légitimité et la crédibilité.

 

Le combat monarchiste, qui n’est pas un combat « parlementariste », ne peut se satisfaire de ce triste spectacle d’un pays légal « absentéiste », plus soucieux de ses prébendes que de ses devoirs civiques : si le Parlement français, en ses deux assemblées, ne peut prétendre à incarner à lui seul la décision politique, il doit retrouver un rôle de discussion et de représentation, voire de conseil, sur le plan national et au-delà même des décisions prises à Bruxelles.

 

Cela nécessite de repenser l’architecture institutionnelle, non seulement de la France, mais aussi de l’Union européenne et de ses différentes pièces : il faudrait sans doute creuser l’idée d’une interpénétration des assemblées françaises et européenne qui verrait des députés siéger à la fois à Paris et à Bruxelles… De quelle manière ? Pour l’heure, je n’en imagine pas exactement les formes concrètes si j’en vois pourtant déjà les contours possibles…

 

Il ne s’agit pas de bâtir un simple modèle théorique, il s’agit d’ouvrir des pistes de réflexion, sans a priori ni démagogie ; en somme, pratiquer « l’imagination politique » sans oublier les réalités.

11/11/2008

11 novembre.

Ce mardi matin, le soleil brille sur la campagne hier balayée par la tempête et les monuments aux morts sont tous fleuris, en présence de quelques drapeaux et des édiles locaux, mais aussi de quelques jeunes chargés de représenter les nouvelles générations, celles qui n’ont pas connues la guerre et pour lesquelles elle est une réalité lointaine, voire une simple virtualité vécue à travers un écran de télévision ou de jeu électronique. Et pourtant, la guerre n’est malheureusement pas si loin et un général rappelait ce matin sur France Culture que 12.000 soldats français étaient, de par le monde, engagés dans des opérations de guerre, en particulier en Afghanistan. Mais l’éloignement du champ de bataille, assez similaire à celui que connurent les générations du siècle de Louis XIV (les guerres louisquatorziennes se déroulant au-delà des frontières de notre pays, comme celles de Louis XV d’ailleurs, et touchaient peu, concrètement, les populations, hormis par les impôts), nous garantit une grande impression de paix et de calme, et les guerres picrocholines au sein du Parti socialiste n’y changent évidemment rien…

La guerre s’est certes et heureusement éloignée, spatialement parlant, de l’Europe de l’Ouest, et la réconciliation franco-allemande a scellée une amitié qui, jadis, pouvait sembler improbable, voire impossible. On doit d’ailleurs beaucoup plus cette réconciliation aux gestes des Etats eux-mêmes qu’à cette « Europe » dont on voudrait nous faire croire que c’est sa simple construction qui a fait reculer le danger de la guerre : De Gaulle et Adenauer, Mitterrand et Kohl, ont plus fait pour la paix et l’entente entre les peuples (parce qu’ils ne les niaient pas, ni l’histoire qu’ils avaient fait ou vécu) que Monnet ou Schuman, guidés par une sorte de millénarisme européiste, par une idéologie qui négligeait les faits et les sentiments des nations et de leurs peuples…

Eric Zemmour faisait aussi remarquer il y a quelques années que c’était « la paix qui a permis la construction européenne » et non l’inverse comme on voudrait nous le faire avaler pour des raisons pas toutes louables…

L’histoire n’est pas qu’une matière scolaire ou une science, elle est aussi une tragédie, avec ses drames et ses espoirs, ses erreurs et ses vérités, ses acteurs et ses victimes : elle s’inscrit aussi bien sur les pages des livres que sur le marbre des tombeaux, dans le cœur des hommes que dans leur mémoire parfois incertaine ou rancunière…

Ce matin, au soleil de novembre, je relis ces quelques mots anodins et pleins d’espoir d’un soldat qui va mourir quelques heures après et qui ne le sait pas… Au cœur de la guerre, il y a toujours l’espérance de la vie, du lendemain, du soleil. Et, aujourd’hui, au cœur d’une paix qui n’est jamais totalement certaine, le souvenir de ceux qui nous permettent, par leur sacrifice lointain et parfois oublié, d’être ce que nous sommes, d’être une nation libre : « De toutes les libertés humaines, la plus précieuse est l’indépendance de la patrie », affirmait avec raison Charles Maurras. Sans cette liberté de la nation, de la Cité au sens grec du terme, aurions-nous, pourrions nous exercer les autres ? Les périodes sombres des défaites et des occupations nous répondent par la négative. Nous devons beaucoup aux Français d’hier, y compris parfois leurs erreurs… Il nous reste à inscrire dans l’Etat, non pas le ressentiment toujours belligène, mais la liberté que peuvent donner la durée incarnée et l’indépendance héritée. Un Etat couronné qui assume le passé, toutes les mémoires de la nation, et qui regarde vers le lointain et vers le lendemain, en veilleur protecteur et bienveillant envers les siens…