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28/03/2018

Arnaud Beltrame, celui qui a tout donné pour la France.

Dans la série d'hommages qui se succèdent pour le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, une page du Figaro de ce lundi 26 mars a réuni deux Versaillais, l'un philosophe, l'autre romancier, tous deux écrivains de bonne plume, pour un arc de triomphe posthume envers celui qui est, bien avant d'être une victime, un vrai héros et un martyr au sens ancien et chrétien du terme, c'est-à-dire un témoin de sa foi et porteur de valeurs plus hautes que nos simples personnes. Cette page mérite d'être découpée et conservée précieusement, et elle peut constituer un formidable manifeste de cette civilisation qui est la nôtre, issue de l'autel et de l'épée, et forgée au long d'une histoire bimillénaire, et qui ne veut pas, qui ne doit pas mourir. Je n'ai d'ailleurs pas hésité à en lire quelques extraits à mes élèves de lycée, et j'en lirai encore demain aux autres classes...

 

« Le don de soi dont cet officier a donné un exemple éclatant contrarie les valeurs d'une société de consommation où il se passe des choses d'une bassesse incroyable du côté de l'argent », écrit d'une plume forte et bernanosienne Sébastien Lapaque, qui nous rappelle que notre actuelle « dissociété » (selon le mot juste de Marcel de Corte) si laide et si peu digne du beau nom de société, cette dissociété dont Pierre Boutang nous disait qu'elle n'avait plus que des banques comme cathédrales, a si bien valorisé l'argent qu'elle en a oublié ce qui fait que les hommes ne sont pas que « des êtres avides d'avoirs ». Mais, justement, et comme le souligne François-Xavier Bellamy, « ce don de soi ne s'improvise pas ; et c'est la somme de générosité cultivée dans les jours ordinaires qui s'est soudain condensée, face au danger, dans cette initiative inouïe. (…) Un tel acte ne naît pas par hasard, il ne s'invente pas sur le coup. Et il ne serait jamais arrivé, s'il n'avait pas été préparé par l'effort de toute une vie (…) et finalement, par l'âme de tout un peuple. » Une âme qui s'est forgée au long d'une histoire qui plonge ses racines dans les tréfonds de ce qui a fait la France et ses valeurs, à travers ses variétés et leurs forces propres : « Service de la patrie, foi au Christ Jésus, sens de l'honneur, don de soi, sacrifice pour une dame : dans notre monde caractérisé par une production de faux sans précédent – et d'abord de fausses valeurs -, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame était animé par l'idéal de l'antique chevalerie française, celui des vaillants prud'hommes du XIIe siècle qui préféraient la mort à la souillure. Dans le silence de notre démocratique médiatique si parfaite, la noblesse de son geste vient de haut et de loin. » Oui, de haut et de loin, la formule est belle et juste ! Dans ce monde plat qui se veut si transparent que l'on se heurte constamment à ses murs et plafonds de verre du « politiquement correct » et de la « censure morale », il apparaît nécessaire de retrouver « la vraie échelle des valeurs », celles qui permettent les cures d'altitude pour rejoindre les hauteurs de la liberté et de l'honneur sans lesquelles il n'y a que servilité et bassesse, celle-là même que Flaubert dénonçait cruellement comme définition du « bourgeois » du XIXe siècle...

 

« Arnaud Beltrame a donné sa vie pour une autre. C'est une vie pour une vie. (...) En termes de big data, l'événement est invisible. Pour l'éthique utilitariste qui prévaut si souvent aujourd'hui, son geste n'a servi à rien (…) Mais voilà, nous avons le sentiment inexprimable que cet homme nous a sauvés. Tous. Pas seulement cette femme innocente arrachée à la violence, mais nous tous, à travers elle. Et, poursuit M. Bellamy, je crois qu'en effet malgré les apparences, Arnaud Beltrame a, par le don de sa vie, remporté une victoire absolue contre la haine islamiste – et contre ce qui, dans nos affaissements intérieurs, avait permis à cette haine de se tracer un passage.

« Victoire contre le terroriste : son but était d'arracher des vies pour créer la peur, et la soumission qu'elle prépare. Mais on ne prend rien à celui qui donne tout... Collectivement, à travers cet officier, notre peuple tout entier n'est plus une victime passive ; il nous rend l'initiative. Mourir n'est pas subir, dès lors qu'on sait pour quoi on meurt. (…)

 

« Mais nos martyrs, eux, servent la vie. » Et l'on peut dire, ainsi, « Mort, où est ta victoire ? », en n'oubliant pas que le lieutenant-colonel Beltrame a aussi fait acte d'amour en se substituant volontairement à la femme otage du terroriste... La valeur d'exemple de l'acte du militaire renverse la perspective habituelle voulue par les terroristes, et l'héroïsme a suscité une réaction de fierté et l'envie, non de simplement haïr un ennemi forcément haïssable, mais de suivre la voie du héros, celle de l'esprit et de l'espérance en notre pays et en sa valeur d'âme... La résistance naît de ces gestes qui semblent vains et fatals mais qui dépassent la seule réalité factuelle pour atteindre des vérités hautes, celles qui fournissent, non des moyens matériels d'existence, mais des raisons de vivre, pour soi comme pour les autres, au présent comme pour « l'heureux avenir que tout homme bien né souhaite à sa famille et à sa patrie », pour paraphraser Maurras.

 

Ce mercredi de la Semaine sainte, lorsque le cercueil drapé de tricolore s'avancera dans la cour des Invalides, ce n'est pas une défaite que l'on pleurera, mais, bien au contraire, une victoire que l'on célébrera, dans la douleur et dans l'espérance, et qui se doit d'en préparer d'autres, plus décisives encore...

 

 

 

03/07/2009

Détails au bac d'histoire.

Je viens de finir les corrections des copies du bac, et je confirme mes propos sur la « mascarade du bac 2009 », ne serait-ce que parce que, cette année, au-delà des consignes malvenues de l’Education nationale déjà évoquées ici, les sujets de composition de géographie n’en étaient pas vraiment mais bien plutôt des thèmes, ce qui n’a évidemment ni le même sens ni la même portée… En somme, quelques connaissances suffisaient pour obtenir une note « satisfaisante », et aucun effort de réflexion n’était vraiment exigé, il suffisait juste de ressortir un cours appris dans l’année : bien sûr, ce n’est pas forcément négligeable mais cela dévalorise notablement l’exercice et le diplôme afférent.

 

Néanmoins, les copies du bac sont fort instructives pour saisir l’état d’esprit et, plus exactement, « l’idéologie dominante » qui est transmise dans le cadre de l’enseignement (public ou privé, il n’y a, en définitive, guère de différences) et retranscrite par les écrits des élèves : lire les copies des candidats est sans doute plus révélateur que bien des enquêtes sociologiques officielles !

 

Juste un petit exemple : le texte de la « mineure » de l’épreuve d’histoire-géographie était, cette année, un extrait des mémoires de l’ancien conseiller puis secrétaire d’Etat du président des Etats-Unis Richard Nixon, Henry Kissinger, extrait qui évoquait la présidence du général de Gaulle. L’une des questions posées portait sur « les principaux axes de la politique extérieure du général de Gaulle » et l’on pouvait logiquement attendre des candidats qu’ils évoquent « l’indépendance nationale » ou « l’indépendance française », ne serait-ce qu’à la lecture et l’explication du texte même de Kissinger.

 

Or, sur une quarantaine de copies ayant choisi cette explication de documents d’histoire, un seul (je dis bien : un seul !) a écrit le mot « indépendance », sans y rajouter, d’ailleurs, ni le qualificatif de « nationale » ou de « française »… Un détail ? Peut-être, mais évidemment révélateur ! Si le mot « indépendance » n’apparaît pas, même quand il nous paraît « évident », sous la plume des élèves, c’est sans doute parce qu’il ne leur parle pas directement et qu’il est absent de leur vocabulaire habituel, tout simplement ! Il y a là une nouvelle réalité qu’il serait bon que ceux qui s’acharnent à défendre la souveraineté française (et c’est un combat louable) saisissent pour pouvoir réagir : la langue, le vocabulaire, le sens des mots,… sont des éléments qu’il importe de ne pas négliger, et c’est par là que l’on gagne les batailles, ou qu’on les perd… Là encore, sans doute faut-il relire le maître-livre de George Orwell, « 1984 », et les pages qu’il consacre au « novlangue », pages absolument fondamentales pour comprendre la nature de ce qui constitue une « idéologie dominante » et pas seulement un totalitarisme…

 

Autre petit exemple, tiré des mêmes copies et du même sujet : à l’une des questions portant sur l’image donnée par Kissinger du général de Gaulle, une trentaine d’élève ont répondu que le conseiller de Nixon considérait le président français des années 60 comme un « héros », sans que la plupart des élèves ne sachent exactement expliquer pourquoi, sans doute du fait de l’actuelle disparition de « l’héroïsme » historique (j’insiste sur ce dernier terme, car il est d’autres formes d’héroïsme qui occupent le champ social, voire sociétal) du champ de l’enseignement même de l’Histoire (j’y reviendrai dans une note prochaine). Mais, tous ces élèves, sans exception, ont écrit « héro », en oubliant le « s » qui est la marque de ce mot en français. Pourquoi cette erreur commune à tous les candidats, pourtant issus de différents lycées, de classes elles aussi différentes ? Pourquoi ce mot a-t-il été écrit à l’anglo-saxonne ? Si cela avait été le fait de quelques uns, on aurait pu en sourire : mais c’était le fait de tous ! Détail ?

 

En tout cas, comme pour me remettre de ces petits détails (parfois déprimants, il faut bien le reconnaître) qui cachent tant de choses, je reprends, ce midi, le livre d’Etienne de Montety : « Honoré d’Estienne d’Orves, un héros français »…

 

 

 

 

 

 

(à suivre : l’idéologie dominante à travers les devoirs de géographie…)