Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/04/2017

Le protectionnisme, première définition.

La quinzaine qui s'annonce promet d'être sportive et pas forcément très équilibrée sur les plans politicien et médiatique : le candidat Macron, déjà adoubé par la Bourse et les banques au regard de la bonne journée des valeurs financières le lendemain du premier tour, a reçu le soutien d'une grande partie de la classe politique, syndicale et patronale, dans une sorte de consensus qui rappelle l'union sacrée de 2005 pour la Constitution européenne, union qui avait, en définitive, liguées toutes les contestations en un « Non » puissant et finalement victorieux.

 

Durant cette quinzaine, les arguments des partisans de M. Macron seront principalement « européens et économiques », même si le candidat en appelle désormais aux « patriotes » contre « les nationalistes » que représenterait son adversaire et les « eurosceptiques » qui la soutiendraient, étiquettes faciles et un peu simplistes, du moins si l'on prend la peine de définir les mots que l'on emploie, ce qu'évitent soigneusement de faire MM. Hollande, Cambadélis et consorts. Mais au-delà du nationalisme supposé de Mme Le Pen, c'est aujourd'hui le protectionnisme qui semble le plus morigéné et dénoncé par l'actuel locataire de l'Élysée et les milieux patronaux, avec une violence parfois surprenante : cette ardeur aurait pourtant mérité meilleur usage, en particulier face aux délocalisations des multinationales comme Mittal et Whirlpool, et contre le chômage qui ronge aussi sûrement notre pays que l'endettement public notre crédibilité en Union européenne...

 

Je ne considère pas, quant à moi, que le protectionnisme soit un gros mot ni un grand mal comme l'affirme M. Hollande : c'est bien plutôt une politique d’État de stratégie économique qui peut être crédible et même utile si on l'accompagne d'une politique industrielle intelligente et volontariste, et d'un aménagement équilibré et équitable des territoires et terroirs de France, y compris outre-mer. Il ne s'agit pas de supprimer le libre-échange, mais de l'encadrer rigoureusement et d'en limiter les aspects sociaux et environnementaux qui nuisent aux travailleurs comme aux espaces et aux espèces : c'est, en somme, la reconnaissance que la justice sociale ne doit pas être sacrifiée aux intérêts financiers et à la spéculation, et que la nation peut jouer un rôle protecteur par des lois qui, sans forcément nuire à l'initiative privée, empêchent celle-ci de dériver en égoïsme destructeur et oublieux des devoirs sociaux des puissances industrielles et économiques.

 

Cela n'est évidemment possible que si l’État se donne les moyens de sa politique, et qu'il est capable de recréer les conditions économiques mais aussi sociales internes favorables à la remontée en puissance du pays face aux grandes féodalités multinationales : cela passe par le retour effectif du politique face à l'économique et par la reconstruction d'un État digne de ce nom, véritable « Louis XIV » face aux « Fouquet » de notre temps. En ce domaine comme en d'autres, « Politique d'abord » !

 

 

 

 

 

 

(à suivre : quelques arguments supplémentaires pour un protectionnisme solidaire, éminemment politique et intelligent...)

 

09/11/2008

La misère d'il y a un siècle...

 

Je suis en train de préparer les études de documents pour les Devoirs surveillés de Seconde et de Première des deux prochaines semaines et, sur certains thèmes, le choix n’est pas facile, eu égard à la masse de documents écrits comme iconographiques. Mais certains documents du programme d’histoire de Première rejoignent étrangement (quoique, est-ce si étrange que cela ?…) ceux du programme de géographie de Seconde, en particulier ceux qui concernent la situation des prolétaires des pays en cours d’industrialisation au XIXème-début XXème siècle et ceux qui témoignent de la situation actuelle de certains pays du Sud.

 

Ainsi, ce texte d’un de mes écrivains préférés (que j’ai véritablement découvert il y a onze ans grâce à H.), Jack London, extrait de ce livre-reportage « Le peuple de l’abîme » qui décrit les bas-fonds de la capitale du monde industriel d’alors, Londres, en 1902, au moment même du couronnement du successeur de la reine Victoria, Edouard VII, texte qui n’est qu’un exemple parmi d’autres et que l’on pourrait rapporter à d’autres lieux mais aussi à des temps si proches qu’ils pourraient bien être, malheureusement, contemporains : « Cinq minutes de marche [à Londres] vous conduiront à un quartier sordide. Mais la région où s’engageait ma voiture n’était qu’une misère sans fin. Les rues grouillaient d’une race de gens complètement nouvelle et différente, de petite taille, d’aspect miteux, la plupart ivres de bière. Nous roulions devant des milliers de maisons de briques, d’une saleté repoussante, et à chaque rue transversale apparaissaient de longues perspectives de murs et de misère. Cà et là, un homme ou une femme, plus ivre que les autres, marchait en titubant. L’air même était alourdi de mots obscènes et d’altercations. Devant un marché, des vieillards des deux sexes, tout chancelants, fouillaient dans les ordures abandonnées dans la boue pour y trouver quelques pommes de terre moisies, des haricots et d’autres légumes, tandis que de petits enfants, agglutinés comme des mouches autour d’un tas de fruits pourris, plongeaient leurs bras jusqu’aux épaules dans cette putréfaction liquide, pour en retirer des morceaux en état de décomposition déjà fort avancée, qu’ils dévoraient sur place. » N’est-ce pas ce que décrivent, aujourd’hui encore, les associations humanitaires qui travaillent courageusement dans les bidonvilles des grandes villes de l’Afrique et de l’Asie, voire de l’Amérique du Sud ? Un siècle après ce témoignage de Jack London, malgré tous les progrès techniques, comment se fait-il que notre monde connaisse encore de telles situations de misère humaine ?

 

Jack London incriminait le système capitaliste et avançait des solutions politiques dont il n’a pas vu, mort trop tôt, la réalisation et l’échec final et sanglant… Cela ne me semble pas enlever à l’écrivain le mérite d’avoir témoigné des situations insupportables liées à l’égoïsme de quelques uns et d’un système qu’ils ont bâti, qui ont oublié le sens du partage et de l’entraide : s’il y a urgence à le relire, il y a tout autant urgence à agir pour faire reculer, en notre pays comme ailleurs, les situations inacceptables d’une misère subie. Urgence sociale, urgence politique ! Encore faudrait-il, au sommet de notre Etat, un homme qui porte des valeurs qui, sans forcément être « républicaines », soient celles d’un humanisme conscient et soucieux de n’oublier personne. Bien sûr, il y aura toujours des pauvres dans notre pays, mais il s’agit de ne pas les abandonner, de leur offrir les moyens de sortir, par leur travail et par leurs capacités, de leur situation précaire, sans pour autant en faire des assistés. Vaste programme, mais nécessaire… Mais est-ce une politique « électorale » ou, bien plutôt, un « devoir royal » ?