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16/07/2014

La République méprise la Bretagne.

Ainsi, au regard de l’actuel débat parlementaire sur la réforme territoriale, la Bretagne ne sera pas réunifiée et Nantes pourrait même, selon certains projets en discussion, se retrouver dans une grande région comprenant Pays de la Loire et Centre, cette dernière se déployant jusqu’à Dreux, ville royale certes mais fort éloignée de l’Armorique… Tout cela montre bien que la République se moque ou plutôt se méfie de l’histoire et des désirs des populations ancrées, et qu’elle procède par idéologie jacobine et pratique technocratique, avec l’argument seulement économiste de « l’efficacité » et de « la bonne dimension européenne » : ce qui n’était pas si évident que cela à l’origine est désormais visible et assumé, élections européennes passées et colère électorale marginalisée, et c’est bien un découpage « européen » ou plutôt « européiste » qui s’impose.

 

Les régionalistes qui croyaient que l’Union européenne leur permettrait de voir advenir la reconnaissance des particularités, qu’elles soient bretonnes, alsaciennes ou basques, en sont pour leurs frais et commencent à comprendre que cette Europe-là remplace le jacobinisme parisien par un autre jacobinisme encore plus lointain qui trouve son siège à Bruxelles ou à Francfort. D’ailleurs, j’entends déjà la colère en Bretagne et je constate l’amertume des Bretons qui, au soir du 14 janvier, lorsque M. Hollande annonçait qu’il allait lancer une refonte de la carte des régions, se disaient que le temps de l’injustice historique allait enfin être réparée : il suffit de relire les articles et les déclarations de l’époque (jusqu’à la déconvenue de juin lors de la publication de la « nouvelle » carte) pour constater que tout le monde pensait alors (parfois en le craignant, comme le sinistre Ayrault, grand féodal nantais opposé à la réunification bretonne depuis toujours…) que, enfin, Nantes retrouverait sa place en Bretagne, ce qui apparaissait le plus logique et, surtout, le plus historiquement juste… Quelle déception, quelle amertume, quelle colère !

 

Le langage des artisans de ce découpage absurde, qu’ils soient gouvernementaux ou parlementaires socialistes, est révélateur : pas d’évocation de l’histoire, des traditions, des cultures, des habitudes du vivre-ensemble, mais seulement les termes de compétitivité, de budget, de rationalité, de « régions européennes »… Cette même histoire que le gouvernement convoque à l’occasion des multiples commémorations de l’année sur les événements guerriers du XXe siècle est rejetée dès lors qu’il s’agit de l’organisation territoriale, de cet avenir institutionnel à construire qui, en définitive, ne peut vraiment fonctionner que si l’on y ajoute, justement, une part de mémoire et que l’on y inclut une dose plus ou moins forte de sentiment. Mais la République ne veut rien entendre de ce qui sort des profondeurs de la nation multiple qu’est la France : le pays légal est sourd aux appels et aux sentiments du pays réel, de ce pays ancré qui est, par lui-même, diversité et qui voudrait bien, en vain, que la République le comprenne…

 

En tout cas, maintenant, pour ceux qui en doutaient encore, les choses sont claires : la République est toujours la même, et son idéologie profonde reste son principe de base édicté dès ses prémisses, « Une et indivisible »… Les régions, qu’elle a consenti à créer un siècle et demi après la destruction des provinces et leur remplacement par les départements, ne seront jamais rien d’autre qu’une autre forme, plus subtile et moins voyante, de centralisation politique et, surtout, de centralisme idéologique par le biais des grands partis, et particulièrement du Parti socialiste…

 

Alors, décidément non, par amour de la Bretagne, de la France et de sa diversité, je ne serai jamais républicain !

 

 

 

 

 

 

 

03/06/2014

Colère contre le découpage régional de M. Hollande !

 

Le redécoupage régional de M. Hollande est une escroquerie à grande échelle : décidé, dans certains cas, à la dernière minute et après des tractations parfois bien peu honorables, il apparaît comme un assemblage purement technique, simple addition de régions destinée à créer des ensembles purement administratifs selon des critères vaguement économiques et selon des calculs dans lesquels les sentiments et l'histoire n'ont aucune place. En somme, voici une nouvelle manifestation de ce jacobinisme détestable qui est, depuis les origines, la marque de fabrique de la République, toujours centralisatrice dans ses profondeurs et ses pratiques institutionnelles !

 

Pourtant, l'occasion était belle de réparer les injustices des anciens découpages, autant ceux des départements nés de la Révolution que ceux des régions nées de la technocratie vichyste puis de la Quatrième République : occasion manquée, une fois de plus ! Ainsi, Nantes restera dans des Pays de la Loire sans réelle identité commune tandis que la Bretagne continuera à pleurer sa capitale des Ducs condamnée à rester de l'autre côté de ses frontières administratives... Et nos féodaux républicains viendront ensuite se plaindre du ressentiment des électeurs à leur égard ! En tout cas, les Bretons ont de quoi nourrir leur colère, déjà vive ces temps derniers, et les régionalistes, en particulier ceux qui se revendiquent de gauche (militants de l'Union Démocratique Bretonne, dont certains sont mes amis de longue date), peuvent méditer sur l'idéologie véritable d'un Parti Socialiste qui, loin du régionalisme discret de François Mitterrand, préfère raisonner en chiffres statistiques et « grandes eurorégions » technocratiques que penser en termes de mémoire et de destin. Le PS devrait pourtant savoir que l'on n'est pas amoureux d'un taux de croissance ou d'un cadre administratif, mais bien plutôt d'une terre, d'une histoire, parfois de mythes, qui donnent aux femmes et aux hommes d'un lieu des raisons de vivre quand l'Economique ne nous donne que des moyens d'existence qui, s'ils sont utiles pour remplir les estomacs, ne suffisent pas à faire battre le coeur des peuples !

 

Ainsi, ce combat ancien pour la reconnaissance de la Bretagne dans ses limites historiques va continuer : mais il me semble que le projet actuel du gouvernement, projet qui a surtout fait des mécontents dans tous les coins de France, nous rappelle que la République n'est plus qu'une structure froide et que son idéologie anhistorique est la négation des différentes formes d'enracinement qui, pourtant, permettent aux hommes et aux sociétés de ne pas devenir les esclaves de l'Economique et d'une mondialisation qui ne veut reconnaître que d'éternels nomades individualistes, simples consommateurs de temps et de matière...

 

Le combat royaliste pour les racines, celles qui permettent aux arbres humains et sociaux de monter au plus haut et de résister aux tempêtes de l'histoire et à celles, parfois pires, de l'amnésie, est un combat toujours plus nécessaire : en piétinant les fruits des générations passées au nom d'une froide géométrie économiciste, la République de MM. Hollande et Valls risque bien de réveiller contre elle quelques chouanneries anciennes et d'en susciter quelques nouvelles...