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17/01/2018

L'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes : une bonne nouvelle !

Ainsi, l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne verra pas le jour, et c'est tant mieux ! Ce projet qui ne correspondait plus aux enjeux économiques ni aux problématiques environnementales de l'Ouest de la France a, enfin, été abandonné, même si, en définitive, les précédents gouvernements n'avaient jamais vraiment pris les moyens de l'imposer, comme si eux-mêmes n'y croyaient pas... La décision de l’État est raisonnable et elle signale, au contraire de ce que disent MM. Alain Duhamel et Bruno Retailleau, une reprise en main par l’État de la « décision politique » quand les prédécesseurs de M. Macron à l’Élysée avaient renoncé à faire preuve d'autorité tout en se plaignant désormais de la décision prise, non par une assemblée parlementaire ni par quelques bureaucrates ministériels, mais par la magistrature suprême de l’État et par son chef de gouvernement. Un vieil ami royaliste me soufflait tout à l'heure que ce retour de la décision d’État s'apparentait à la prise du pouvoir du jeune Louis XIV après que son « parrain » Mazarin ait rendu son âme à Dieu : désormais, le maître, c'était lui, et aujourd'hui, l’État c'est Macron, rajoutait-il, avec un air amusé. Et de soupirer, tout d'un coup mélancolique d'un temps ancien qu'il avait bien connu, entre La Nation Française et la Nouvelle Action Française : « Ah, mais qui sera le Maurice Clavel des zadistes, et le Pierre Boutang du président de la République ? Ils manquent au royalisme, ces deux-là ! ». Cette formule, qui peut sembler bien sibylline à tous ceux qui ne connaissent pas l'histoire du royalisme de la seconde moitié du XXe siècle, méritera, un jour prochain, une plus large explication... Mais je sais qu'elle parlera déjà à quelques vieux monarchistes qui ne désespèrent pas, mais s'impatientent...

 

La colère des partisans de la construction de l'aéroport dans le bocage nantais se comprend, et je ne m'en moquerai pas, mais elle révèle bien le manque de hauteur de quelques élites politiques qui oublient le réel et s'en remettent à l'utopie de quelques grands travaux qui devraient régler les mille problèmes d'emplois, d'aménagement du territoire et d'attractivité qu'elles sont bien incapables de résoudre par une politique à la fois plus locale et plus ambitieuse, plus imaginative : l'opposition que celles-ci font entre économie et écologie démontre une absence de pensée stratégique sur le long terme qui reste celui à privilégier, pour transmettre aux générations qui viennent et sont encore à venir un pays habitable, agréable et tout simplement vivant, dans tous ses coins et recoins, et pas seulement dans de grandes métropoles « connectées » et mondialisées.

 

Là où le président de la République a montré qu'il concevait sa fonction de manière verticale et dans la tradition régalienne de l'arbitrage qui tranche quand les opinions et les passions s'affrontent depuis tant d'années, c'est qu'il n'a pas hésité à revenir sur une promesse électorale et à prendre, même, le contre-pied, rappelant ainsi que le Chef de l’État n'est plus le candidat, comme le Roi n'est plus le prétendant ou le simple dauphin, ce que le roi français Louis XI a su démontrer, roi sérieux et responsable quand il avait été jadis un dauphin agité et conspirateur...

 

Certains ont vu dans la décision de l’État, décision officiellement prise et assumée par le Premier ministre quand c'est bien le Président qui a tranché dès lundi soir, un « déni de démocratie », comme M. Ayrault, l'ancien maire de Nantes, et Mme Rolland, qui y siège désormais, et l'argument mérite examen, tout compte fait, car il y a bien eu une consultation démocratique sur le projet d'aéroport, en juin 2016, et une majorité d'électeurs du seul département convié à s'exprimer (quand l'aéroport était censé concerner deux régions...) l'avait approuvé, même si la géographie du vote montrait les forts clivages liés au lieu de résidence des votants, et que les tout premiers concernés, les habitants de Notre-Dame-des-Landes, avaient très largement marqué leur forte opposition au goudronnage de leur bocage...

 

En fait, plusieurs remarques me viennent à l'esprit : d'abord, il est tout de même ironique de constater que ceux-là mêmes qui, après le référendum national sur le projet de constitution européenne, n'ont eu de cesse de contourner le vote des électeurs français avant que de faire approuver ce même texte par le seul Parlement, évidemment moins rétif que le corps électoral, se drapent aujourd'hui dans les plis d'une démocratie qu'ils méprisaient et trahissaient alors, comme le confirment les propos du M. Ayrault de l'époque... Ensuite, cette bronca contre la décision étatique s'inscrit dans la remise en cause de la légitimité de l’État à décider, au-delà des opinions du moment et en dehors des seuls jugements de la foule, fût-elle électorale : c'est la même qui se lève contre le droit de grâce du président, condamné par nombre de démocrates contemporains comme un reste de l'Ancien régime, un vieux droit régalien obsolète, mais que je défends aussi avec vigueur comme l'expression d'une « plus haute justice » qui n'est plus celle des « vengeurs » mais bien celle du « pardon », qui est chose royale comme elle est, aussi, de nature religieuse, divine, pour ceux qui croient en Dieu.

 

Dernière chose (mais il y aurait encore beaucoup à dire sur ce sujet) : s'il y a le « déni », ce n'est pas de la démocratie en soi, ne serait-ce que parce que, qu'on l'ait souhaité ou non, c'est bien M. Macron qui est sorti vainqueur des joutes électorales, démocratiques donc, du printemps 2017, soit après juin 2016 et le vote de Loire-Atlantique, et que la démocratie représentative, depuis la Révolution de 1789 et le moment où les états-généraux se sont transformés en Assemblée nationale constituante, ne reconnaît pas le mandat impératif, ce que, pour ce qui concerne les élections législatives, je regrette personnellement, mais que je ne souhaite pas, en revanche, pour l'élection présidentielle (en attendant la succession royale...). De plus, en démocratie, et on peut parfois le regretter, une élection « efface » souvent la précédente, ce qui, d'ailleurs, est la cause d'une instabilité de la magistrature suprême de l’État que la Monarchie résout par son mode de succession tranquille et assurée.

 

Ainsi, l’État, dans cette affaire, a repris l'avantage et, comme tout arbitrage, il s'agit d'un choix qui n'a pas vocation à plaire à tous mais à servir l'ensemble, au-delà des oppositions de la veille. Cela suffit-il à faire une politique ? Sans doute pas, et la République, en ce domaine comme en d'autres, montrera vite ses limites et ses incapacités, mais, pour l'heure, le vieux royaliste que je suis s'avoue satisfait de la décision gouvernementale : il n'est pas certain que j'éprouve la même satisfaction pour les autres et prochaines décisions du pouvoir en place...

 

Alors, le temps de quelques heures, savourons, et promenons-nous dans les bois, à Notre-Dame-des-Landes comme à Versailles !

 

 

 

 

 

13/12/2017

Contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes : la position d'un royaliste.

Revoici, une fois encore, le dossier de Notre-Dame-des-Landes... Le rapport remis au Premier ministre ce mercredi ne tranche pas exactement pour l'une ou l'autre des solutions (soit la construction du nouvel aéroport nantais, soit l'aménagement de l'actuel), et ce n'était pas son rôle car c'est celui du Président de la République de prendre la décision finale. Souhaitons que celle-ci, forcément clivante et désagréable pour l'une ou l'autre des parties engagées dans le débat, prenne en compte les enjeux environnementaux et la nécessité d'en finir avec une politique et une économie du tout-béton qui n'est plus, à l'heure actuelle, ni viable ni même acceptable au regard de nos paysages et de leur aménagement.

 

Dans cette affaire, je me suis toujours trouvé, en tant que militant royaliste et traditionaliste critique, dans le camp des opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, camp effectivement très hétérogène dont certains ne veulent voir et reconnaître que les fameux « zadistes », devenus l'obsession d'une Droite et d'une Gauche, toutes deux libérales, qui, en bien d'autres lieux et envers d'autres groupes autrement plus dangereux (y compris idéologiquement), sont beaucoup plus « prudents », pour ne pas dire lâches... Hypocrisie d'un système politicien qui se cherche des ennemis pour éviter de se confronter à ses propres contradictions et à la paresse de son idéologie dominante, fondée sur la mondialisation, la métropolisation et la société de consommation. Ne sont-ce pas, d'ailleurs, ces mêmes « Messieurs » de Nantes et de Loire-Atlantique qui sont à l'origine d'un plan de circulation autour de la ville qui laisse pourtant largement à désirer, comme peuvent le constater les automobilistes du matin, du soir et des périodes vacancières, et qui militent pour un aéroport dont les accès « rapides » ne sont même pas pensés et encore moins financés ? Il y aurait beaucoup à dire sur ce qui apparaît, non comme une maladresse, mais bien comme une inconséquence de la part de notables qui raisonnent en hommes d'un monde fondé sur les énergies fossiles quand il faut réfléchir à celui qui saura s'en passer... La courte vue de ces politiciens républicains et socialistes peut-elle vraiment surprendre quand on connaît les arcanes de la « société de connivence » que dénonçait jadis un certain Philippe de Villiers, et que l'on sait l'absence de prise en compte du « temps long » (ce temps qui n'obéit pas aux seules oukases de l’Économie et aux nécessités du calendrier électoral) par les « élites » autoproclamées du Pays légal ?

 

Que la Droite (une certaine Droite en fait...) soit la plus acharnée, contre sa tradition profonde et sa propre histoire, à défendre le projet d'un aéroport qui sera une verrue polluante de béton et de verre au milieu de ce qui reste d'une campagne de plus en plus étrangère à sa propre vocation, nourricière et accueillante aux hommes qui savent la respecter et lui obéir pour mieux lui commander, selon la formule de Bacon, voici bien une des absurdités de ce monde contemporain enivré de sa propre suffisance et des abus qui le font « vivre » ! Que le catholique Retailleau oublie les leçons de l'encyclique Laudato Si' et préfère la Sainte Économie au message de la Sainte Église sur la question environnementale en dit long sur les errements de la Droite qui se veut « moderne » à défaut d'être enracinée et « durable »...

 

Dans l'édition du Figaro de ce matin, Philippe de Villiers, fondateur et promoteur du parc à thème du Puy-du-Fou, et retraité (actif) de la politique, dénonce le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes avec des arguments qui peuvent même faire réfléchir ceux qui pensent en termes purement économiques : « C'est un projet des années 1960 qui est complètement obsolète. A l'époque on pensait que les lignes transcontinentales viendraient se poser sur des plateformes régionales. Or on constate qu'aujourd'hui les low-costs, qui sont ultrasensibles au surcoût aéroportuaire, ne voudront jamais s'installer à Notre-Dame-des-Landes. Les lignes transcontinentales qui font rêver les propagandistes du nouvel aéroport ne viendront jamais là-bas, pas plus qu'elles n'iront à Lyon ou à Nice. C'est un projet utopique et une escroquerie. » De plus, l'économie de la Vendée serait fortement dégradée par l'installation du nouvel aéroport, ce que soulignaient nombre de chefs d'entreprise vendéens au mois de juin dernier, craignant un enclavement aérien définitif de la Vendée, préjudiciable aussi au parc du Puy-du-Fou, comme le rappelle Villiers : « Évidemment le transfert de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes entraverait gravement le développement du Puy-du-Fou. Dois-je rappeler qu'il s'agit d'une des premières concentrations touristiques françaises et la première des Pays de la Loire ? ». L'AFP, reprenant il y a quelques jours des propos du même Philippe de Villiers, synthétisait ses arguments en quelques lignes : « Le temps de trajet, actuellement d'environ une heure entre l'aéroport de Nantes et le parc d'attractions du Puy-du-Fou qu'il a créé, serait, argumente-t-il, triplé en raison d'un « périphérique souvent trop encombré » (je confirme !) et du « pont de Cheviré, fermé en cas de mauvaise météo ». » Quand on sait que le parc du Puy-du-Fou a enregistré en 2016 plus de 2,2 millions de visiteurs et qu'il est au deuxième rang des plus fréquentés de France derrière Disneyland-Paris, et qu'il est une des plus belles réussites françaises sans coûter un seul sou au contribuable (ce qui n'est pas totalement anodin), il ne semble pas inutile de réfléchir aux conséquences concrètes et plutôt néfastes de la construction d'une nouvelle plateforme aéroportuaire à Notre-Dame-des-Landes. D'autant plus que, comme le souligne le Vendéen, en prenant en compte les difficultés récurrentes de circulation autour de Nantes, « les Vendéens « renonceront à aller à Notre-Dame-des-Landes et prendront le train pour aller à Roissy » et « Notre-Dame-des-Landes ne trouvera jamais son point d'équilibre économique », ajoute-t-il. ». Sans oublier que les coûts de construction risqueraient bien d'exploser lorsqu'il faudra créer de nouveaux accès routiers et ferroviaires à cet aéroport pour chercher à le rentabiliser, ce qui promet aussi bien des conflits à venir, de Vannes à Rennes, de Redon à Angers, entre autres... Qu'en pensent et qu'en penseraient alors les contribuables de l'Ouest de la France, appelés à financer de tels équipements condamnés à n'être jamais rentables, du moins pour eux ?

 

Sans être villiériste ni me reconnaître complètement dans l'étiquette de « droite », je ne peux que souscrire à ses propos qui dépassent la seule question de l'opposition à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes : « Non seulement j'ai la fibre écologiste, mais je ne comprends pas pourquoi la droite ne s'empare pas du sujet de l'écologie. L'écologie est profondément une attitude de droite. Car qu'est-ce que la mission de la droite, si ce n'est l'enracinement, la préservation de nos paysages intimes ? (…) Je suis pour la liberté d'entreprendre, le Puy-du-Fou en est la preuve, mais aussi pour la préservation des écosystèmes. »

 

« L'enracinement, la préservation de nos paysages intimes, la préservation des écosystèmes » : voici un programme que défendent, depuis toujours et longtemps dans le silence assourdissant de la République machiniste et « progressiste », les écologistes intégraux que sont les royalistes héritiers de Chateaubriand, Bourget ou Bernanos, entre autres, et qui se reconnaissent aussi dans les textes de Bertrand de Jouvenel et de JRR Tolkien...

 

Notre opposition à la construction d'un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes n'est pas qu'une position politique, elle est d'abord et surtout un combat de civilisation, et de civilisation française, « à la française » : il n'est pas inutile de le rappeler, et de le faire savoir.

 

 

 

14/05/2013

L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes : un véritable sparadrap pour M. Ayrault...

 

La chaîne humaine organisée l’autre jour autour de Notre-Dame-des-Landes pour s’opposer à la construction du grand aéroport voulu par l’ancien maire de Nantes, aujourd’hui premier ministre, a été un beau succès, en particulier médiatique : elle a aussi confirmé que la mobilisation ne faiblit pas, désormais, face à un gouvernement que l’on sent et que l’on sait, lui, affaibli, en particulier dans l’Opinion publique et dans la rue qu’il ne maîtrise qu’à grand peine…

 

Alors que le front de « la Manif pour tous » est toujours ouvert et qu’il se fait pressant au point qu’aucun déplacement de ministre n’échappe à la présence d’opposants au mariage homosexuel et aux réformes dites sociétales, en attendant la manifestation du 26 mai qui s’annonce compliquée à gérer pour le Pouvoir en place ; alors que le front social pourrait bien se réveiller dans les semaines qui viennent sur la question des retraites, de leur réforme et de leur financement ; alors que la question toujours pendante de la sécurité s’invite dans les débats depuis Marseille et Paris (en particulier ces derniers soirs avec les images des échauffourées du Trocadéro et des pillages de magasins des Champs Elysées ; le gouvernement cherche à éviter l’ouverture d’un nouveau front, entre autres parce qu’il n’a plus les moyens humains et policiers d’y faire face, et qu’il s’inquiète de voir un nouveau Larzac poindre à l’horizon et dont il serait, cette fois, la victime…

 

Pendant ce temps, Vinci, concessionnaire pour 55 ans de l’aéroport encore à l’état de projet, ne s’inquiète pas vraiment, et cela pour la simple et bonne raison que, construction ou pas, elle reste gagnante dans l’un ou l’autre des cas : si l’aéroport se fait, parce que la société en tirera quelques bénéfices ; si le projet n’aboutit pas, car l’Etat, en cas de dédit, « devra rembourser à Vinci les sommes investies et couvrir le manque à gagner, précise le contrat de concession. En clair, rembourser les sommes que les actionnaires entendaient toucher : 11 millions d’euros par an, selon le plan de financement détaillé dans les annexes du contrat. Sur cinquante-cinq ans, l’ardoise s’élèverait donc à 605 millions d’euros », comme le précise la revue Terraeco dans son numéro du mois de mai 2013. Un sacré piège financier dans lequel l’Etat s’est fourré lui-même… On comprend que M. Ayrault reste discret sur cette question et que M. Montebourg se soit emporté contre lui il y a quelques mois lors de l’affaire de Florange.

 

J’ai néanmoins l’intime conviction que cet aéroport ne se fera pas, et je partage celle-ci avec Jean-Jacques Bourdin qui, il y a quelques mois, prédisait sur RMC l’enterrement à venir de ce projet : trop d’obstacles se sont accumulé sur la route des promoteurs de cet aéroport à la fois trop coûteux (sur le plan financier comme, surtout, sur le plan environnemental) et déjà dépassé, à l’heure où les lignes rapides de chemins de fer et les surcoûts du kérosène dans les années prochaines (sommes-nous vraiment éloignés du « pic pétrolier » ?) se conjuguent pour rendre l’avion moins attractif pour les déplacements nationaux qui sont censés constituer une large part du trafic futur de l’aéroport projeté.