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23/02/2012

Le Carême face à la Société de consommation.

Le temps du Carême a commencé mercredi sans que les médias, d'ordinaire si prolixe sur les questions religieuses, ne s'y intéressent vraiment. Pourtant, en cette période électorale, la démarche et la philosophie du Carême auraient pu susciter quelques réflexions chez nos politiques ou chez les penseurs, en particulier chez ceux qui cherchent une autre voie que celles, aujourd'hui dominantes, de la Société de consommation.

 

Au-delà de la foi catholique, évidemment indissociable du Carême en tant que tel, ce temps particulier marqué par le jeûne du mercredi des Cendres et du Vendredi saint est aussi un moment de remise en cause d'un mode de vie trop basé sur la possession et l'individualisme, consubstantiels à la Société de consommation : moins consommer, mieux partager, surtout en ces temps de crise, voilà qui n'est pas inutile !

 

Cela me semble d'autant plus important que nous savons que, alors que l'agriculture mondiale produit de quoi nourrir 12 milliards de personnes et que nous sommes 7 milliards sur la planète, il y a encore un bon milliard de personnes qui souffrent concrètement de la faim : cherchez l'erreur ! En fait, plus de 40 % de la nourriture disponible est détruite avant d'être consommée dans nos pays occidentaux et, comme le disait le fondateur de l'association « Slow Food » en décembre 2010 : « nos frigos sont des tombes alimentaires. » La question n'est donc pas de produire plus, mais de partager plus, et mieux ! Y penser au niveau le plus proche, personnel, familial, local, c'est déjà agir, concrètement.

 

Le Carême est ce moment où, comme le rappelle « La Croix » dans son édition du 22 février, il s'agit « de s'ouvrir aux besoins de tous ceux qui manquent de l'essentiel, qui ne savent pas de quoi demain sera fait. En Syrie, en Grèce..., en France aussi où les pauvres, souvent invisibles, paient cher le prix de la crise économique. » La lutte contre la pauvreté, cette pauvreté contrainte qui touche aujourd'hui près de 9 millions de nos compatriotes (souvent dans une indifférence teintée de mépris pour les plus faibles), ne doit pas être une « politique annexe » mais obliger à la mise en place d'un véritable mécanisme de solidarité sociale et, au-delà, à la fondation d'un « autre » ordre économique et social, différent du système (trop) libéral actuel.

 

Je connais l'argument comme quoi les politiques sociales ne seraient qu'un alibi à la paresse de ceux qui en « profitent », et je sais que certains, effectivement, abusent de ce qui devient alors de l'assistanat, véritable cancer de la juste assistance. Mais le danger serait de jeter le bébé avec l'eau du bain, comme dit la formule et de négliger la vraie misère sociale, bien réelle, et que je peux concrètement constater tous les jours en Région parisienne, aux Mureaux comme à Versailles !

 

De plus, lutter contre la pauvreté ne signifie pas renforcer la Société de consommation en y incluant encore de nouvelles populations mais, justement, penser aussi un autre rapport à la société que celui de la possession strictement individuelle ou du gaspillage organisé, conséquence de cette « obsolescence » elle aussi si bien organisée par les zélateurs du « Consommer toujours plus ». Là encore, le partage, l'entraide, voire le don sont des réponses de mieux en mieux adaptées aux enjeux contemporains de l'épuisement des ressources et des nécessités de la préservation du capital terrestre !

 

Qu'on le veuille ou non, les réponses aux problèmes soulevés par la Société de consommation, au-delà du Carême et des réponses spirituelles ou simplement sociales, passent par le « moyen politique » et l'instauration, pour ce qui est de la France, d'un Etat décidé à arbitrer entre les différents acteurs économiques et à éviter ces déséquilibres qui fragilisent la cohésion sociale au détriment des plus pauvres.

 

 

 

20/08/2009

Loto et partage.

Le monde n’est pas qu’injustices et égoïsmes, Dieu merci ! Ainsi, « Le Parisien » dans son édition du jeudi 13 août dernier évoque-t-il une anecdote plutôt sympathique : « Un entrepreneur de Lombardie (nord de l’Italie) a partagé avec ses employés le million d’euros qu’il avait remporté au Superenalotto, le loto italien. « Si je gagne, on partagera », avait lancé à ses employés Marco Colombo, 38 ans, dirigeant d’une petite entreprise de métallurgie. Lundi, l’entrepreneur a tenu sa promesse et versé 350 000 euros à ses employés, soit 70 000 chacun. »

 

En ses temps de crise et, surtout, d’individualisme parfois effréné, l’anecdote prouve que l’argent n’est pas toujours la valeur la plus importante aux yeux de certains de nos contemporains : ainsi, le respect de la parole donnée, cette conception de l’honneur parfois bien oubliée. Mais il y a autre chose, c’est la notion de partage, ou de solidarité : certes, « partager » est un verbe parfois trop décrié, confondu (à tort ou à raison selon les cas…) avec une politique qui confisquait à ceux qui travaillaient pour le donner à des gens qui ne le méritaient pas toujours. Le terme « partageux », d’ailleurs, était une sorte d’insulte il y a un siècle, et les socialistes mais aussi parfois les catholiques sociaux (le plus souvent royalistes) en faisaient souvent les frais… Dans ce cas particulier, c’est le sens positif du mot « partage » qui est mis en application et en valeur !

 

Je ferai une remarque complémentaire : ce partage n’est pas exactement une marque d’égalitarisme car le gagnant garde une somme qui reste supérieure à celle qu’il donne en partage à ses salariés, ce qui n’est, en soi, ni choquant ni dévalorisant pour ceux à qui il donne. Certains y verront l’exemple du bon équilibre entre la « hiérarchie » et la « solidarité », deux notions qu’il convient d’unir plutôt que d’opposer…

 

Une leçon qui pourrait aussi servir en politique…

17/09/2008

Générosité.

En ces temps d’égoïsme, il reste néanmoins, et Dieu merci, quelques beaux exemples de partage, qu’il n’est pas inutile de signaler, comme celui pratiqué par un patron « à l’ancienne », André Faller, décédé il y a peu. C’est l’hebdomadaire Marianne qui rapporte cette histoire :

« Un patron qui pense à ses salariés, c’est trop rare pour ne pas être salué. » Cette remarque du journal républicain devrait d’ailleurs faire réfléchir celle qui a écrit cet article et ceux qui le lisent : comment se fait-il que, deux siècles après ce qui est évoqué dans les manuels d’histoire comme le moment fondateur de la fraternité républicaine, la générosité d’un patron, d’un possédant, soit considéré comme « trop rare » ? Où sont les promesses d’un monde meilleur où les hommes seraient forcément bons et solidaires à mesure que l’esprit républicain s’imposerait au pays ? Alors même que la République est triomphante, affichant sa fière devise aux frontons de toutes les mairies et des écoles, que les bustes de la Marianne se couvrent désormais des couleurs de l’Union européenne, que les opposants monarchistes se font rares et (trop) discrets, comment se fait-il que les notions de charité, de partage ou d’entraide, semblent de plus en plus appartenir au registre d’un passé de moins en moins prégnant ? Ainsi, le « sens obligatoire de l’Histoire » dont nous ont abreuvé les « progressistes » mènerait-il à cette cruelle « impasse du sens », à cet abandon des plus faibles… Triste République qui se pare d’or et se détourne des miséreux, qui néglige l’acte gratuit et privilégie l’assistanat, la dépendance et non plus l’entraide… Les républicains devraient conclure, s’ils étaient logiques et véritablement sociaux : les principes mêmes de leur République ne sont pas autre chose qu’une vaste escroquerie intellectuelle, une fausse promesse sans doute, ou, peut-être, une espérance détournée pour laquelle des hommes, croyants de l’An II ou de 1848, sont morts, désormais en vain…

Poursuivons l’histoire : « André Faller, décédé en juillet dernier à l’âge de 96 ans, a eu un dernier geste pour son personnel. PDG de l’entreprise de lingerie Lou et de prêt-à-porter Karting à Echirolles (Isère), il a légué à environ 300 des salariés employés en 1981 une partie de sa fortune, soit entre 5 000 euros et 10 000 euros chacun. André et Lucienne Faller, décédée en 2004, n’avaient pas eu d’enfants. (…) « André Faller considérait ses employés comme ses fils ou ses filles. Cela n’avait rien à voir avec les relations habituelles entre salariés et patron », s’est ému un salarié. » Cela est un démenti aux propos parfois haineux de quelques envieux qui se contentent de vouer aux gémonies les patrons sans comprendre que leur attitude dépend d’abord d’un état d’esprit, et qu’il est des patrons qui n’ont pas oublié leurs devoirs « familiaux », sociaux, à l’égard de ceux qui travaillent avec eux. Certains parleront de paternalisme : je ne suis pas certain que ce terme soit le plus approprié : je lui préfère celui de « familialisme », car cela correspond mieux à cet attachement presque filial à des personnes qui, chacun dans leurs domaines de compétences, apportent leur aide à « l’ouvrage industriel » qu’impulse et coordonne le chef d’entreprise.

Sans doute y aurait-il aussi quelques ressemblances avec la Monarchie « familiale et sociale » à évoquer, le souverain étant, dans la tradition ancienne (mais qui trouve encore quelques échos dans notre société à la recherche de repères et de confiance), « le père de ses peuples » ou « de la nation ». Sans doute est-ce d’ailleurs pour cela que le vieux royaliste que je suis voit en cet événement apparemment anecdotique une véritable leçon de choses sociale et politique…