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20/06/2017

La Monarchie pour la vraie démocratie. Partie 2 : Quand la démocratie n'est qu'oligarchie...

Voici ci-dessous la suite de mon discours du 18 juin devant les auditeurs du Banquet Camelot du Roi organisé par le Groupe d'Action Royaliste. J'y évoque les limites de la démocratie telle qu'elle se manifeste aujourd'hui, validant la terrible formule de Bernanos qui n'y voyait, en somme, que « la forme politique du capitalisme ». Ce n'est pas la démocratie que nous pouvons défendre, mais la faute n'en est-elle pas liée à la nature d'institutions qui favorise un « pays légal » conformiste et « intéressé » (mais pas dans le meilleur sens du terme), au détriment des « pays réels » de France ?

 

 

 

 

Nous sommes en République, et non en Monarchie... Peut-être, après tout, M. Macron aurait-il été un bon ministre du roi, voire un « régent acceptable » selon la formule d'un collègue professeur qui sait ses classiques ! Mais la République, elle, par son principe électif même et son idéologie centralisatrice, et par ses véritables maîtres que sont les féodalités de l'Argent, empêche toute bonne politique sur le long terme et décrédibilise les meilleures intentions quand elle décourage les meilleures volontés.

 

Les élections qui s'apprêtent à bouleverser le « pays légal » avec la formation d'une « Chambre bleu Macron », démontrent à l'envi que, selon la formule tirée du « Guépard », « Il faut que tout change pour que rien ne change ». Si les têtes sont nouvelles, l'esprit reste souvent le même, et la République se confirme à travers ce nouveau « pays légal » qui ne représente pas exactement le, ou plutôt « les pays réels ». Les nombreuses enquêtes sur les candidats de « La République en marche » confirment que ceux-ci appartiennent plus aux catégories aisées qu'aux classes populaires... Le problème n'est pas qu'il y ait des « privilégiés » au Palais-Bourbon (il peut même être heureux qu'il y en ait, de chef d'entreprise à haut fonctionnaire) mais qu'ils soient surreprésentés quand les catégories moins aisées en sont quasiment absentes !

 

Ainsi va la démocratie représentative qui n'est rien d'autre, en somme, qu'une forme d'oligarchie plus ou moins discrète, et cette démocratie-là, alibi du pouvoir des « puissances économiques d'abord », est critiquable, condamnable, parfois détestable à l'usage.

 

Soyons clairs quand les démocrates revendiqués ne le sont pas, bien prompts plutôt à tricher sur le sens des mots pour imposer leur domination sur tous, et en vanter la légitimité, « la seule acceptable » (sic !), bien sûr...

 

Redonnons leur sens aux mots et regardons leur pratique concrète : la démocratie, si l'on en croit l'étymologie grecque, c'est le pouvoir du peuple. Mais il faut aller plus loin : c'est le pouvoir du plus grand nombre au sein de ce peuple qui, lui-même, n'est souvent qu'une partie plus ou moins importante de la population de l'espace civique considéré.

 

Dans l'histoire, le mot et la chose apparaissent à Athènes, au cinquième siècle avant notre ère, et la démocratie se veut directe, les décisions les plus importantes et les plus politiques étant prises par la majorité des citoyens présents sur la colline de la Pnyx, à l'ecclesia. Cela finira mal, car l'opinion la plus nombreuse et la plus courante n'est pas forcément la raison ni l'intérêt commun. Athènes en fera l'amère et cruelle expérience, et perdra sa liberté par sa faute et son arrogance toutes démocratiques...

 

Aujourd'hui, la démocratie directe s'applique peu dans notre pays, car la République lui préfère la démocratie représentative, ce que nous pourrions appeler la démocratie d'apparence, forme à peine déguisée d'une oligarchie qui prend les traits de parlementaires, de ministres et de présidents forcément provisoires, mais aussi ceux d'une sorte de « classe discutante » destinée à « tenir l'opinion ». C'est ce qu'illustre magnifiquement le film « Le Président », dans lequel Jean Gabin, président du Conseil d'une République qui ressemble surtout, il est vrai, autant à la Quatrième qu'à la Troisième, s'en prend aux députés, même de gauche, dont les intérêts personnels se trouvent d'abord dans le domaine économique et financier, et qu'il dénonce cette sorte de « démocratie de connivence ».

 

D'ailleurs, quand la République, désormais avec mauvaise grâce, se plie à l'exercice du référendum, elle n'en respecte pas forcément le résultat s'il ne lui convient pas, à elle ou à l'Union européenne, comme les électeurs français ont pu le constater avec colère et ressentiment après le vote de 2005...

 

De plus, cette colère des électeurs, de plus en plus vive mais mêlée souvent de fatalisme, se traduit par une abstention électorale importante (cette « sécession du peuple » qui rappelle celle des plébéiens romains de l'Antiquité), qui atteint désormais plus de la moitié de l'électorat, les plus absents étant ceux des générations montantes et les classes populaires : désaveu d'une démocratie parlementaire dans laquelle une grande partie du « pays réel » ne se reconnaît plus et ne retrouve pas ses propres préoccupations et aspirations. Désaveu terrible, gros de tempêtes futures...

 

 

 

 

 

(à suivre)

 

 

 

 

 

 

 

19/05/2014

Quand les européistes oublient les Européens...

Je poursuis ma campagne royaliste pour l’élection européenne du dimanche 25 mai : tractages, affichages (principalement sur les panneaux électoraux officiels), entretiens avec des radios et des télés locales, réunions de travail avec des militants royalistes, discussions avec des passants ou des personnes surtout curieuses de savoir pourquoi je suis royaliste ou soucieux de me manifester leur opinion sur la construction européenne actuelle, opinion souvent peu flatteuse à l’égard d’icelle

 

De nombreuses questions mais aussi de multiples objections ont été posées et opposées au royaliste que je suis, et cela me pousse à travailler encore et encore sur le thème de l’Europe qui, quoiqu’il arrive, va sans doute rester un ensemble de débats, parfois de fractures, au sein de notre société et de celle de nos voisins : les tempêtes qui s’annoncent n’épargneront pas l’Union européenne et les Etats qui la composent, au moins avant qu’elle ne se décompose, ce qui n’est pas à exclure au regard de l’histoire et des forces gigantesques que la mondialisation réveille et soulève, des forces malheureusement parfois cruelles et vengeresses, comme le rappelle régulièrement Jean-Michel Quatrepoint au fil de ses ouvrages, de ses articles et de ses conférences.

 

Ce qui est certain, c’est que l’idée d’Europe sort très affaiblie de cette campagne électorale et de moins en moins populaire malgré les efforts désespérés mais bien vains de la famille Hutin dans Ouest-France et de ceux des « grands croyants » de l’européisme que sont M. Lamassoure et Mme Guigou, qui apparaissent aux yeux des citoyens comme des « privilégiés de l’Europe », impression terriblement contre-productive en ces heures compliquées et difficiles pour nombre de nos concitoyens. Je me souviens d’ailleurs avoir rencontré M. Lamassoure dans l’été 1987 lors d’une université d’été des Jeunes Giscardiens à laquelle j’avais été invité (en tant que « journaliste royaliste »…) par un ami centriste, et son europtimisme exalté m’avait mis mal à l’aise : j’avais l’impression qu’il était engagé dans une sorte de combat qui visait à défaire rageusement la nation France (tout en prétendant le contraire, bien sûr) pour arriver à fonder une sorte de paradis sur terre qui se serait appelé « Europe », et il avait pris des accents lyriques pour demander aux participants de cette assemblée de jeunes libéraux de détruire les barrières des frontières de la Communauté économique européenne (qui ne s’appelait pas encore Union) au premier jour de 1992. Ce 1er janvier-là était déjà annoncé comme une date merveilleuse ouvrant une ère de prospérité, de plein emploi et de puissance tranquille puisque l’Acte Unique européen signé en 1986 et qui achevait la formation d’un Grand marché libre-échangiste, autant pour les hommes que (surtout…) pour les capitaux, achèverait alors de se déployer… Inutile de dire que réécouter son discours de l’époque serait sans doute d’une grande cruauté ! Mais il est toujours là, sans honte, à déverser les mêmes arguments et sans voir que la réalité a depuis longtemps abandonné le sillon de ses illusions

 

J’ai le même malaise, qui s’est depuis longtemps transformé en une sorte de colère froide permanente, à l’égard de ses diseurs de bonne aventure qui ne se remettent pas en cause et nous serinent à longueur de discours que la situation serait pire encore si l’euro n’était pas là, ou si l’Union n’existait pas, etc. Avec des « si », on peut bien mettre Paris en bouteille, cela ne change rien à l’affaire, et il suffit de traverser notre pays, pourtant moins mal en point que le Portugal ou la Grèce, pour constater que la promesse d’une Europe joyeuse n’est plus qu’un repoussoir pour toutes ces personnes qui souffrent de ne pas avoir d’emploi, de ne pas être écoutées, de ne pas être reconnues, et à qui l’on demande de voter pour élire des députés qui, une fois à Bruxelles et à Strasbourg, « font l’Europe » et oublient un peu trop facilement ceux qui les ont élus : d’ailleurs, qui connaît « ses » députés européens ?

 

Colère aussi devant l’hypocrisie de la classe politique qui parle de démocratie à tout bout de champ mais se refuse à engager des procédures référendaires sur les thèmes qui, pourtant, touchent la vie de nos concitoyens ; cette classe politique qui a contourné le vote français (mais aussi celui des Pays-Bas, encore plus massif dans son refus) sur la constitution européenne, pour mieux imposer cette même constitution à peine amendée par le mécanisme parlementaire d’une démocratie représentative de moins en moins populaire et de plus en plus discréditée.

 

Soyons clair : je ne suis pas un adepte d’une démocratie totale où tout passerait par la « Vox populi », et je me méfie parfois des démagogies qui se cachent derrière les appels au peuple. Mais cette prudence ne m’empêche pas de considérer que le référendum, appliqué avec un certain discernement, peut être une excellente chose, et les Suisses, après tout, sont plus raisonnables (sans être moins libres) que nos ancêtres athéniens…

 

Ma colère se nourrit aussi de la méconnaissance par les élites européistes des conséquences de leurs décisions et oukases : le traitement, d’une brutalité sans égale (et sans réserve) dans un pays démocratique européen contemporain, qui a été réservé à la Grèce (avant le Portugal et l’Espagne) par la fameuse troïka FMI-Commission européenne-Banque centrale européenne n’a pas fait ciller ces mêmes européistes pour qui la ligne d’horizon reste la seule réduction des déficits et le remboursement des dettes astronomiques contractées par un pays à qui l’on a fait croire que le bonheur était dans cette Europe où l’argent semblait si facile et toujours éternel. Et pourtant ! Sans méconnaître les fautes des gouvernements successifs d’Athènes et la part de responsabilité des consommateurs et citoyens grecs eux-mêmes, un peu d’humanité n’aurait pas nui dans cette affaire plutôt que de traiter la Grèce toute entière comme une nation coupable et de lui imposer ce « talon de fer » d’une véritable dictature économique. Que les salaires aient été amoindris de 30 à 40 % pour les fonctionnaires, que les retraites aient suivi la même pente, que le chômage touche plus du quart de la population active au moment où les aides sociales sont drastiquement diminuées, cela n’est pas anodin dans une société contemporaine qui a tout « réglé » sur la seule possession de l’argent et des moyens qu’il procure dans une société de consommation. Apprendre que près d’un tiers des Grecs renonce désormais à se soigner, que le taux de suicide a explosé depuis quatre ans, que l’espérance de vie pourrait décroître fortement dans la décennie qui vient, tout cela me choque ! Et nos européistes ? Pas un mot pour les populations qui souffrent mais des incitations au gouvernement grec à continuer sur la voie de la rigueur (en fait, une politique austéritaire) et du redressement budgétaire, et le constat statistique que « cela va mieux » pour l’Etat, désormais en train de revenir sur les marchés pour financer sa dette… Quel cynisme, ou quelle inconséquence ? Sans doute les deux…

 

C’est cela, entre autres, qui nourrit ma colère à l’égard d’une « Europe » qui, éperdue de libéralisme économique et d’égoïsme individualiste, oublie les Européens eux-mêmes et les traditions issues d’un long passé catholique et parfois royal (pour la France, en particulier), traditions de partage et d’entraide qui, pourtant, seraient bien nécessaires aujourd’hui pour apaiser les souffrances et les inquiétudes des plus faibles socialement. Et, si je mets des guillemets à cette « Europe-là », c’est parce que je suis de plus en plus persuadé qu’elle n’est qu’un moment de l’Europe et non son essence profonde, ni sa réalité souhaitable. L’histoire nous apprend que les empires périssent de leur vanité et de leur aveuglement : l’Union européenne, en oubliant cette mise en garde simple et en se voulant un empire (commercial, surtout…) de 500 millions d’habitants alors qu’elle est d’abord constituée de peuples et de nations différentes qui ne veulent pas disparaître, même pour l’Europe et dans l’Europe, a sans doute creusé son tombeau…

 

C’est aussi pour cette raison qu’il importe de ne pas confondre Union européenne et Europe : si l’Union européenne peut être condamnée, il est fort probable que l’Europe, elle, lui survivra et trouvera d’autres voies pour s’exprimer et s’épanouir

 

 

09/09/2009

Suffrage.

Un syndicat lycéen fait campagne en cette rentrée sur l’abaissement du droit de vote à 16 ans. En fait, l’idée en elle-même n’est pas particulièrement choquante, ni révolutionnaire, mais beaucoup plus démagogique et manipulatrice au regard de qui avance cette proposition…

 

L’éternel débat sur la maturité des jeunes n’apporte pas, en définitive, grand-chose à la question du vote et de la démocratie : mes élèves, par exemple, âgés de 14 à 17 ans, révèlent de grandes différences de caractère, d’éveil intellectuel et de maîtrise de la réflexion, et j’en connais qui, à 15 ans, sont capables de soutenir un vrai débat politique quand d’autres, à la veille de leurs 18 ans, restent plus timorés sur le même type de sujet…

 

Quant aux adultes… Si l’on devait décerner un « certificat de maturité » pour autoriser le vote des plus de 18 ans, peu, sans doute, l’obtiendraient ! C’est d’ailleurs à la fois la force et la faiblesse du suffrage universel.

 

Mais à quoi bon élargir le droit de vote aux plus jeunes quand, dans le même temps et de toute façon, les institutions et les grandes forces financières et économiques, les élites et les bureaucraties (les « bureautechnocraties », selon l’expression du sociologue royaliste Pierre Debray, terme qui s’applique bien aux personnels de la Commission européenne), ne tiennent pas compte ou contournent des votes qui les dérangent ? Doit-on rappeler, encore et toujours, « l’affaire » du référendum français sur le traité constitutionnel européen, en mai 2005, qui, en désavouant fortement ce projet européen, a provoqué la colère de ces institutions et « élites européennes » (dont la définition serait d’ailleurs fort intéressante…) ? La solution alors adoptée fut donc de contourner le vote des Français (mais aussi des Hollandais) en présentant un traité similaire, presque identique malgré quelques menues modifications, et en le faisant ratifier par les Parlements nationaux, c’est-à-dire en écartant l’appel direct au corps électoral au profit d’une forme de « suffrage indirect » des élus parlementaires, lors d’un Congrès à Versailles dans le cas de la France… Je ne suis pas forcément favorable à tout référendum mais je signale juste l’hypocrisie d’un système politique qui viole ses propres principes sans aucun scrupule, sans doute en application de la méthode célèbre de « la fin qui justifie les moyens »…

 

En fait, et cela renvoie à la question initiale de l’âge des votants, ce n’est pas le suffrage qui pose problème en tant que tel ni même son extension, et les royalistes, aussi étonnant que cela puisse paraître au regard des préjugés qui courent sur eux, sont même plutôt favorables à son usage plus fréquent, en particulier dans les Métiers et les Communes, les Provinces. Le problème réside plutôt dans sa fonction et dans son cadre d’application. Comme le résumait Charles Maurras : « Il ne faut pas toucher au suffrage universel : il faut en changer la compétence. Au lieu de diriger la nation, le suffrage doit tendre à la représenter. La plus heureuse et la plus tranquille révolution peut sortir sans délai d’un simple échange de fonction. Quant à la République, il faut l’abolir où elle est (au sommet de l’Etat) et l’établir où elle n’est pas (dans les états professionnels, municipaux et régionaux). » La question de l’âge des votants est, à cet égard, plus un détail qu’un véritable enjeu…