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02/01/2018

Quand la chute de la Monarchie iranienne a changé le cours de l'histoire du monde.

Des manifestations qui secouent actuellement l'Iran, nous n'avons que quelques photos et les images, désormais rares depuis le blocage par le Pouvoir en place des réseaux sociaux et des plateformes de vidéos, de jeunes en colère et des fumées de lacrymogène qui leur répondent. Mais la contestation, d'abord économique et sociale, prend parfois des accents politiques et des slogans hostiles à la République islamique se font entendre... Cela nous rappelle aussi la responsabilité de l'Occident dans l'établissement de ce régime dont, aujourd'hui, les Iraniens peinent à se défaire, près de 40 ans après le renversement de la Monarchie perse.

 

Dans les années 1970, l'Iran était dirigé par le Shah Reza Pahlavi d'une main de fer et les ayatollahs ne dictaient pas leur loi religieuse ni à l’État ni à la société. La Monarchie modernisait le pays à marche forcée, trop vite sans doute et dans l'imitation d'un mode de vie occidental qui n'était pas le mieux adapté à la société iranienne. Mais les femmes avaient des droits visibles et pouvaient s'habiller comme elles voulaient, et l'impératrice Farah Diba jouait un rôle non négligeable dans la promotion de la place de la femme dans la société, au-delà des traditions parfois, dans une sorte d'application contemporaine et féminine de la « tradition critique » chère à Maurras... En ce temps-là, l'Iran était considéré comme la principale puissance militaire de la région et une « puissance émergente » sur le plan économique comme sur le plan géopolitique : le pays, sous l'égide de son souverain francophile, apparaissait comme un facteur d'ordre et de modernisation, et se voulait l'héritier de la grande civilisation de la Perse ancienne. Jusqu'aux hommes de la Garde impériale qui étaient nommés « les Immortels » en référence aux troupes d'élite de l'Antiquité dont les figures s'étalaient sur les murs de Persépolis.

 

Un bel avenir était promis à l'Iran, comme il l'avait été, en d'autres temps et d'autres lieux, à la France monarchique de Louis XVI qui, à la veille de 1789, se préparait, pensait-on, à dominer le nouveau siècle qui s'annonçait...

 

La révolution islamiste, soutenue par les « classes discutantes » occidentales et favorisée par des États occidentaux inquiets des velléités d'indépendance du Shah d'Iran à l'égard des multinationales pétrolières, en a fini avec ce destin apparemment tout tracé et, à peine deux ans après le début d'icelle, la guerre éclatait avec l'Irak voisin, alors soutenu par les États-Unis avant que, dix ans plus tard, ceux-ci ne se retournent contre ce dernier et débutent une nouvelle guerre dans cette région, guerre qui n'a plus vraiment quitté depuis lors ces terres d'Orient... Mais, surtout, 1979, année du renversement de la Monarchie iranienne, est la véritable date de naissance d'un nouvel islamisme idéologique toujours problématique aujourd'hui. En effet, la révolution islamique iranienne était menée par des mollahs chiites, et le voisin saoudien, de confession sunnite, y a vu un risque de perte d'influence dans toute la région, voire au-delà, sur les musulmans du monde qui pouvaient considérer l'Iran chiite (donc hérétique aux yeux des dignitaires sunnites) comme le nouveau porte-drapeau d'un Islam plus politique et revendicatif, peut-être même menaçant pour son propre Pouvoir. En réaction, l'Arabie Saoudite mais aussi d'autres États de confession sunnite ont financé de nombreuses mosquées de par le monde et suscité l'apparition de groupes que l'on qualifierait aujourd'hui de « radicaux » (et fort peu laïques malgré ce qualificatif qui renvoie, dans notre histoire politique française, aux anticléricaux de la IIIe République...) pour contrecarrer le « risque chiite » : ainsi est née la « Créature » qui, aujourd'hui, porte de multiples noms et prend, y compris au sein de nos propres sociétés, de multiples formes, frappant parfois notre pays dans sa propre chair...

 

Ce qui se passe ces jours-ci dans l'ancien empire perse nous renvoie ainsi et aussi à notre histoire et à ses conséquences, mais aussi aux inconséquences des Démocraties occidentales : mais, si la République islamique d'Iran s'effondrait, ce qui semble encore bien lointain (sans être totalement impossible), cela marquerait-il pour autant la fin de la « Créature » ? Rien n'est moins sûr car les extrémistes sunnites y verraient la confirmation de la justesse de leur combat contre « l'hérésie » chiite... Et un Iran à nouveau déstabilisé ferait le bonheur des puissances voisines et pourrait entraîner de nouvelles configurations et conflagrations dans toute la région, de la Syrie au Yémen, du Liban à l'Afghanistan.

 

Néanmoins, doit-on se satisfaire de cet État islamique iranien qui, par la faute et la lâcheté des puissances occidentales (dont la France giscardienne de l'époque), règne encore sur un pays qui mériterait de renouer avec sa grandeur passée et sur une jeunesse qui mériterait un autre avenir que celui imposé par les gardiens sourcilleux d'une « révolution islamique » si peu favorable aux libertés domestiques comme intellectuelles ? Que de jeunes monarchistes iraniens participent aux affrontements du soir à Téhéran ou à Tabriz ne signifie pas que la Monarchie reviendra, loin de là, mais que l'Histoire n'est jamais finie et que la révolte, dont on ne sait quel est son destin, ouvre des perspectives qui ne sont pas forcément désespérantes...

 

 

 

03/11/2009

Condamnés à mort...

Etre royaliste peut mener à l’échafaud… Ces quelques mots pourraient aujourd’hui prêter à sourire (jaune, néanmoins…), dans une République qui a remisé sa mémoire la plus sombre au fond de quelques manuels de Seconde, à la page de « La Terreur » sans pour autant faire son « mea culpa » ; dans une République qui a heureusement renoncé à la violence ouverte contre ceux qui pensent encore que l’histoire de France ne commence pas en 1792 (j’en suis !); mais dans une République qui apparaît bien plus comme « l’Etat des passe-droits » que comme le véritable Etat de Droit que la Monarchie avait pourtant initié bien avant la Révolution, comme le reconnaît la philosophe des idées Blandine Kriegel dans ses ouvrages.

 

Car si, aujourd’hui, le débat institutionnel ne se mène plus à coups de fusil et de guillotinades, il est des pays où s’avouer monarchiste, fidèle à un prince, une reine ou une couronne exilée, peut valoir la peine capitale, celle qui détruit les corps et les vies : ainsi, l’Iran !

 

Il y a une trentaine d’années, alors que je n’avais pas encore découvert mon royalisme, je suivais avec inquiétude les événements d’Iran et en particulier de Téhéran, et j’assumais une forte sympathie à l’égard de ce Shah d’Iran que tout le monde vouait aux gémonies : j’aurai du mal à expliquer pourquoi, si ce n’est que j’éprouvais une certaine admiration pour cet homme désormais presque seul, abandonné par son peuple (la pire des choses pour un souverain) et trahi par ses alliés occidentaux de la veille, mais à qui restait fidèle une armée considérée alors comme la principale puissance militaire dans la région. Les images du départ en exil du Shah, son visage crispé et chagriné qui regardait ailleurs lorsqu’un officier fidèle lui baisait la main dans un geste désespéré, celles des derniers soldats de sa garde, les fameux « Immortels », brûlant dans leurs camions incendiés sans s’être rendus… : cela me faisait penser à quelques scènes des « Trois mousquetaires », quoiqu’il arrive toujours fidèles au roi, mais aussi à celles de ces Suisses et de ces jeunes gens de toutes conditions mais qualifiés « d’aristocrates » par les républicains vainqueurs des Tuileries, le 10 août 1792, et qui avaient préféré la mort au déshonneur… J’ai un faible, non pour les causes désespérées (celle de la France ne l’est pas !), mais pour les hommes et les actes d’honneur ! L’honneur, la fidélité : des mots que l’on trouve encore sur les drapeaux de la Légion étrangère et qui, je crois, ornaient jadis aussi ceux des Zouaves pontificaux…

 

L’Iran est tombé dans une République islamique qui, depuis 30 ans et malgré des modulations qui la font parfois pencher vers un modèle plus « modéré », n’a jamais cessé sa chasse aux opposants, entre autres les monarchistes, premiers sur la liste des proscrits. La République iranienne peut reprendre à son compte la phrase d’un émule de la Terreur de 1793 (est-ce Saint-Just, Couthon, Robespierre ? Je ne m’en souviens plus) qui expliquait gravement que « ce qui constitue une République c’est la destruction de tout ce qui lui est opposé »…

 

Ce mardi soir, je serai devant l’ambassade d’Iran, à Paris, pour protester contre la condamnation à mort (par pendaison) de quatre monarchistes iraniens dont un journaliste, Mohammad-Reza Ali-Zamani : condamnés par le Tribunal révolutionnaire iranien suite aux manifestations de juin dernier…

 

Etre royaliste peut conduire à l’échafaud, disais-je : quatre jeunes gens vont le gravir, en cet automne 2009, pour ce crime qu’est, aux yeux des mollahs de Téhéran, la fidélité à un prince, le prince Reza Cyrus Pahlavi, ou Reza Pahlavi II. En Iran, la fidélité monarchiste se vit dans la douleur, le risque, la résistance ; le royalisme iranien n’est pas un dîner de gala, juste une résistance quotidienne… Il serait dommage de l’oublier dans notre pays où la mémoire de la résistance à l’oppression se veut si vive et si active !

 

 

 

 

Pour plus d’informations : http://freezamani.monarchiste.com/ .