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20/03/2008

Jeux olympiques en Chine.

Le Tibet occupe le devant de l’actualité internationale depuis quelques jours et les discours diplomatiques se succèdent pour appeler les autorités chinoises « à la retenue » tandis que les autorités sportives olympiques s’inquiètent surtout de la bonne tenue des jeux, en dehors de toute considération politique ou humanitaire. Certains s’offusquent d’une telle « indifférence » de la part des instances de l’olympisme mais sans doute faut-il y voir là une réalité que semblent oublier nos modernes critiques : le sport est, aujourd’hui, un élément majeur de la société du spectacle, de ce que Philippe Murray nommait « la société distractionnaire ». Les équipes nationales dépendent désormais plus de leurs sponsors que des autorités politiques du pays dont elles brandissent le drapeau, et leurs commanditaires financiers ont trop d’intérêts économiques en Chine pour pouvoir risquer une absence de leurs couleurs à l’événement mondial que constitue, encore et toujours, les Jeux olympiques. D’ailleurs, ce sont bien des arguments économiques qui ont prévalu il y a quelques années quand l’organisation des JO a échu à la Chine dont le régime politique, pourtant, n’était pas exactement un modèle de démocratie ou de respect des droits et des libertés des personnes et des communautés…

 

Certains hommes politiques français, fort maladroitement, proposent que nos sportifs portent sur leur tenue de compétition ou de défilé un écusson reproduisant le drapeau tibétain : ils semblent oublier que le règlement olympique interdit, en tout cas pour les sportifs, toute manifestation ou propagande politique sous peine d’exclusion : là encore, quel sportif, aussi humaniste soit-il, risquera la disqualification –et la perte de ses contrats avec les sponsors- pour quelques Tibétains perdus dans les montagnes d’Asie ? Je crains que l’honneur ne soit pas ici en cause mais bien plutôt la simple raison : pourquoi les sportifs qui vivent d’abord de leur gloire conquise, parfois durement, sur les stades, se sacrifieraient-ils quand les politiques, eux, ont depuis longtemps renoncé à leurs responsabilités et se contentent de discours moraux qui masquent leur impuissance face à un empire qui, désormais, peut dicter ses conditions à ses « clients » devenus depuis longtemps ses débiteurs ?

 

En fait, le piège ne s’est-il pas refermé sur les pays occidentaux qui, par recherche du plus grand profit, se sont engagés jusqu’à la garde dans une Chine dont il leur est devenu impossible de se dégager sans menacer leur propre croissance ? En effet, on n’imagine mal nos concitoyens se passer de chaussures ou de ticheurtes à bas prix, désormais produits en masse dans « l’atelier du monde »… Alors, que faire ? Commencer, peut-être, à reconquérir notre indépendance économique ou, du moins, à ne pas nous livrer pieds et poings liés à des empires qui raisonnent en termes de puissance quand nos sociétés pensent, pour notre malheur, en termes de jouissance…