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07/07/2010

La République en danger ?

Les affaires fragilisent la République, entend-on depuis quelques jours avec une certaine angoisse du côté des politiques et des journalistes, et ceux-ci nous refont, la main sur le cœur, la complainte des pleureuses dénonciatrices du « populisme » et de « l’antiparlementarisme », s’en prenant plus à la presse et aux « révélations » qu’à la réalité des affaires et aux scandales mêmes mis à jour ces derniers temps. Ce sont parfois les mêmes qui s’en prennent à l’équipe de France de balle-au-pied, aux joueurs surpayés et aux symboles d’un sport devenu une simple affaire commerciale, et qui, pourtant, ne veulent pas reconnaître que les mœurs politiciennes de la République ne valent guère mieux, avec ce même état d’esprit du type « Enrichissez-vous, et sans vergogne ni scrupule ! » qui prévaut jusqu’à la tête de l’Etat…

 

« La grande peur des bien-pensants » : ce titre de Bernanos s’impose aujourd’hui pour signifier l’attitude des hommes du gouvernement et d’un Etat aux abois faute d’avoir su, en temps voulu, « tailler dans le vif », c’est-à-dire prendre quelques mesures de précaution élémentaires pour éviter ce discrédit du pouvoir sarkozien, la première étant d’éviter le mélange des genres, de la finance et de la politique ! Jamais M. Woerth n’aurait du cumuler les fonctions de trésorier de l’UMP avec celles de ministre, du budget puis du travail, cela semble évident : ça ne l’est visiblement pas pour celui qui, aujourd’hui, se dit victime d’une cabale indigne.

 

En fait, plus encore que M. Woerth, c’est bien un système, celui d’une République oligarchique (et non pas monarchique comme elle pouvait paraître l’être à l’époque du général de Gaulle), qui est coupable aujourd’hui, mais dont M. Woerth est le « fusible » visible en attendant de provoquer d’autres courts-circuits jusqu’au faîte de l’Etat.

 

La République est menacée ? Sans doute mais, plus que par un hypothétique populisme, épouvantail sémantique politique qui a succédé au « fascisme », c’est par ses propres pratiques qui, jadis fatalement tolérées, sont aujourd’hui choquantes et insoutenables aux yeux d’une opinion publique qui ne se confond pas encore exactement avec le corps civique. La République s’est discréditée et est discréditée : ses coucheries permanentes avec l’Argent et ses Puissants révoltent ceux à qui elle demande de faire, encore et encore, des « sacrifices » quand des lois absurdes redonnent des millions d’euros à ceux qui en possèdent déjà par milliers… Il n’est pas impossible que le chèque de 30 millions d’euros fait à Mme Bettencourt au titre du fameux bouclier fiscal soit la goutte d’eau qui fasse déborder le vase !

 

Menacée, la République ? Cela peut être l’occasion de poser la question institutionnelle et de rechercher quel est l’Etat le moins susceptible d’être le fruit amer de l’Argent et le jeu des Puissants. La naissance, elle et contrairement aux élections, ne s’achète pas : cette indépendance qu’elle confère, par essence, à la magistrature suprême de l’Etat, peut permettre un meilleur équilibre entre les forces sociales et une « équité sociale » dont nos compatriotes appellent de plus en plus fort de leurs vœux, voire de leur colère.

 

L’effondrement de la République dans l’esprit de nos concitoyens ne doit pas entraîner une sorte de nihilisme qui, en définitive, remplacerait la loi de l’oligarchie par celle de la jungle : rétablir les notions de service et de « Res publica » est nécessaire pour éviter le pire. La Monarchie « à la française » a quelque véritable expérience en ce domaine, il serait trop dommage de la négliger !

 

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