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08/02/2010

M. Proglio, scandale permanent...

L’affaire Proglio n’est pas finie ! La semaine dernière, la presse révélait que, après avoir officiellement renoncé à son salaire supplémentaire de Veolia de 450.000 euros alors que sa paye annuelle de patron d’EDF s’élève déjà à 1,6 millions d’euros, M. Proglio allait néanmoins toucher annuellement environ 1 million supplémentaire au titre d’une retraite-chapeau, toujours accordée par l’entreprise Veolia, celle-là même dont il est issu et qui se prépare à être fusionnée avec EDF… Cette information, moins médiatisée que la précédente sur les 450.000 euros, n’a pas vraiment soulevée d’indignation chez nos compatriotes, seulement une sorte de fatalisme du type « ils font ce qu’ils veulent et ils se foutent de nous, mais on n’y peut rien, c’est comme ça… ».

 

On apprend aussi ce lundi matin que M. Proglio va quitter ses fonctions d’administrateur de Natixis, cette même banque d’affaires étant à l’origine de la ruine de milliers de petits actionnaires à qui les conseillers bancaires de la Caisse d’épargne et des Banques Populaires avaient vendu des actions dont le cours s’était effondré quelques temps après ! Ainsi, ce monsieur, qui cumule encore une vingtaine de fonctions et de postes dans de multiples sociétés (et les avantages financiers qui vont avec…) autres que l’EDF, peut-il partir tranquillement de son poste d’administrateur alors que ses « compétences » n’ont pas consisté en autre chose que, avec ses collègues, « planter » des milliers de personnes, clients de banque trop confiants en la parole de celles-ci, et toucher, pour ses « mérites » sans doute, 30.000 euros annuels de « jetons de présence »

 

Mais de qui se moque-t-on ? Comment l’Etat peut-il confier à un tel personnage, si douteux quant à ses « qualités » professionnelles et si immoral quant à ses revenus financiers et, au-delà, à ses revendications salariales, les rênes d’une entreprise nationale comme l’EDF ? Est-ce sa proximité avec l’actuel locataire de l’Élysée qui lui vaut tant « d’honneurs », terme dont le pluriel, ici, s’accorde mal avec le véritable sens du mot au singulier ?

 

La République des copains et des coquins ! Des copains tarifés, pourrait-on dire !

 

Il fut un temps où de telles pratiques et de tels scandales (et M. Proglio à lui seul en est plusieurs à la fois !) provoquaient des indignations qui n’étaient pas que de plume : en 1887, l’affaire des décorations qui impliquait le gendre de Jules Grévy, alors président de la République, avait contraint ce dernier à la démission après les virulentes protestations des opposants mais aussi des partisans de la toute jeune République troisième du titre ; en 1892, l’affaire de Panama entraînait le discrédit de la République des « chéquards » et les manifestants monarchistes et « populistes » criaient « A bas les voleurs » devant la Chambre des députés, tandis que, quelques mois après, de nombreux parlementaires (tous républicains, sauf un !) étaient éliminés aux élections suivantes ; et puis, comment ne pas citer le 6 février 1934, aujourd’hui diabolisé par les bien-pensants, mais qui, sous l’impulsion des royalistes de l’Action Française et des camelots du Roi, fit trembler une République aux abois et ébranlée par l’affaire Stavisky, escroc proche des milieux politiques et parlementaires du tout-Paris ?

 

Mais il faut dire un mot de la suite de ces mécontentements populaires : à chaque fois, ce fut la même tactique de la République et du Pouvoir en place, c’est-à-dire « la République en danger » et « l’appel aux vrais républicains », le but étant d’éviter une remise en cause du système qui faisait (et fait encore) vivre tant de politiciens (ceux que le général de Gaulle appelait « les politichiens »…) ! Ainsi, ce sont les victimes qui furent une fois de plus flouées et, en plus, désignées à la vindicte populaire, dans un retournement sémantique et proprement scandaleux ! Alors, désolé, mais qu’on ne me demande pas de bénir cette République indécente et sa classe dirigeante si malhonnête !

 

La République de M. Proglio ne mérite pas que le seul mépris, elle mérite la colère, la révolte, la destruction : en somme, la révolution, celle que Maurras qualifiait, en la souhaitant, de « rédemptrice » et qu’il nommait Monarchie

04/02/2010

Réforme au lycée.

J’assistais cet après-midi à la réunion de présentation de la réforme du lycée qui rentre en application dès septembre prochain : au-delà du programme d’histoire de Seconde et de la suppression de l’histoire comme matière obligatoire en Terminale S sur lesquels je reviendrai ces temps prochains, il y a de profonds changements dans la structure du lycée et de ses enseignements et je ne suis pas vraiment sûr que ce qui nous a été annoncé aille dans le bon sens, celui d’une meilleure maîtrise des connaissances et des savoirs et d’une réflexion approfondie sur ceux-ci et le sens des choses… C’est même plutôt l’inverse !

La plupart des matières actuelles perdent des heures, y compris les sciences physiques dans les filières… scientifiques ! Mais, ce n’est pas encore le plus grave (même si cela l’est déjà !) : il y a l’esprit même de cette réforme qui tend à transformer le lycée en une simple préparation à l’activité économique alors qu’il devrait aussi jouer un rôle de formation des intelligences, non comme un bourrage de crâne, mais comme l’ouverture à la culture et à la réflexion. Susciter la curiosité, l’envie de savoir au-delà de la simple utilité « économique » ou « scolaire », voila ce que devrait permettre un enseignement digne de ce nom, un enseignement qui cherche à « élever » les esprits au-dessus des seules préoccupations matérielles ! Cela est-il absent des projets présentés dans le cadre de la réforme ? Pas totalement car il existera désormais des enseignements « d’exploration » dont les thèmes sont fort alléchants et sur lesquels j’avoue que je ne bouderai pas mon plaisir comme celui sur « l’écriture et l’engagement »… Mais ces enseignements seront-ils assez attirants pour des élèves dont les choix risquent de se porter, pour des raisons « d’efficacité », sur les matières plus scientifiques ?

En fait, l’une des conséquences de cette réforme me semble la promotion d’une sorte d’ « école à la carte » qui, en fin de compte, pourrait bien entraîner la disparition des matières littéraires comme les langues anciennes, désormais concurrencées par le chinois ou les sciences économiques et sociales (SES), tandis qu’il sera possible de faire une partie des enseignements scientifiques ou littéraires dans une langue étrangère, en fait principalement l’anglais ! Cette dernière mesure, qui nous a été présentée par notre proviseur comme étant inscrite dans la réforme, risque d’aggraver le fossé entre les lycées « d’élite » qui proposeront ce genre d’enseignement parce que le public (culturellement « favorisé ») pourra s’y prêter, et les autres lycées où les élèves posséderont mal les bases de notre langue et éprouveront alors plus de difficultés à suivre un enseignement dans une autre langue…

Il y aurait tant à dire sur cette réforme ! Si tout n’est pas négatif, sa logique est vicieuse et, surtout, marque la fin, déjà bien avancée dans les faits, d’une certaine culture française, classique au sens noble du terme, et d’une tradition d’enseignement diversifié et pas seulement « globalisé ».

Et les profs là-dedans ? Qu’en pensent-ils, qu’éprouvent-ils ? En fait, c’est le désarroi, le dépit, le découragement, et l’impuissance… A la fin de la réunion de concertation des profs des matières littéraires, j’ai d’ailleurs pris la parole pour que, avant d’évoquer en réunion plénière notre choix sur les thèmes d’exploration avancés par les documents officiels de la réforme, le rapporteur du groupe d’enseignants souligne notre inquiétude, voire notre défiance (pour rester poli et courtois…), à l’égard d’une réforme qui « divise pour mieux régner » et démantèle, à y bien regarder, non pas tellement l’Education nationale qui reste ce monstre bureaucratique et jacobin qu’il est depuis Jules Ferry (au moins !), mais (et c’est plus grave !) l’enseignement « à la française », fondé sur l’esprit de découverte et de discussion, sur la « belle culture » et le débat, sur la rigueur intellectuelle et la discussion argumentée…

Mais, cette réforme est-elle vraiment si étonnante de la part d’une République qui s’est donnée pour président un homme qui n’aime ni la littérature ni le bon vin ?

01/02/2010

Pendus...

Faisait-il froid à Téhéran comme à Paris, ce jeudi 28 janvier 2010, en ce petit matin où le journaliste et monarchiste Mohammad-Reza Ali-Zamani a été pendu haut et court au nom de la république islamique d’Iran ?

 

J’ai appris la nouvelle de l’exécution de Zamani et d’un autre jeune accusé d’appartenir lui aussi à l’Association de la Monarchie d’Iran dans l’après-midi, alors que j’étais encore au lycée. Elle m’a tristement surpris car, sans doute encore naïf, je pensais que les pendaisons seraient suspendues (si je puis dire sans jeu de mots douteux) devant les pressions de la rue iranienne, toujours agitée plusieurs mois après la réélection d’Ahmadinejad, et surtout pour éviter un isolement diplomatique de la république islamique alors que la question du nucléaire iranien continue d’inquiéter les capitales occidentales.

 

Aujourd’hui, il reste dans les prisons du régime plusieurs opposants (dont quelques monarchistes) qui attendent leur pendaison : il semble que la stratégie du pouvoir iranien soit de les exécuter sans précipitation mais selon un calendrier à la fois politique et diplomatique, dans un geste de défi aux contestataires du régime et aux Etats étrangers, principalement occidentaux. Ainsi faut-il s’attendre, dans les semaines à venir, à de nouvelles exécutions, en espérant néanmoins un hypothétique Thermidor…

 

La liste des martyrs, qu’ils soient monarchistes ou autres, risque encore de s’allonger en Iran. Mais il n’est pas impossible d’imaginer que cette Terreur puisse se terminer dans quelques années : le plus tôt serait évidemment le mieux mais l’histoire ne se décrète pas, elle se fait, et c’est aux Iraniens eux-mêmes de la faire. Cela ne nous empêche pas de nous incliner devant les pendus de Téhéran, ni de rester à l’écoute des plaintes et des appels à l’aide des Iraniens.