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25/07/2011

Agir contre la famine en Somalie.

 

Ces jours derniers, au milieu de l'été si propice à l'oubli et à l'indifférence, la famine est redevenue un triste sujet d'actualité, et toujours en Somalie, touchée depuis des décennies par ce fléau de la sous-nutrition aggravée par les multiples guerres qui s'y déroulent. En fait, c'est toute la Corne de l'Afrique qui est affectée par une tragédie qui concerne environ 300.000 personnes au bas mot en Somalie même (situation de famine, et pas seulement simple sous-nutrition...), environ 12 millions pour l'ensemble, entre Ouganda et Djibouti, Ethiopie, Kénya, etc.

 

Cette sinistre actualité nous rappelle que, lorsque nous avons faim, le geste d'ouvrir le frigo ou le garde-manger est automatique et révèle une immédiateté et une disponibilité alimentaire qui est un privilège assez récent, y compris dans nos pays d'Occident jadis ravagés eux aussi par l'absence de nourriture, jusqu'au XIXe siècle en Europe de l'Ouest (l'Irlande) ou, même, dans les années 1930 en Ukraine du fait du communisme stalinien. Notre « privilège » doit aussi nous obliger à ne pas oublier ceux qui, ici ou là-bas, souffrent de la faim.

 

Le quotidien « La Croix » publie dans son édition du 21 juillet 2011 un entretien avec Philippe Ryfman, spécialiste de l'action humanitaire à l'université de la Sorbonne, qui donne quelques conseils aux Français désireux de venir en aide aux déshérités de Somalie : « S'il veut se montrer solidaire, le grand public ne doit surtout pas donner d'objets ou de nourriture. Il existe déjà un système d'acheminement des vivres coordonné par le Programme alimentaire mondial (PAM). Pour limiter les frais de transport, le PAM s'approvisionne au plus près des lieux de la crise. » Mieux vaut faire des dons en argent aux associations comme Action contre la Faim ( www.actioncontrelafaim.org ) ou au Secours catholique ( www.secours-catholique.org ) qui en feront le meilleur usage possible et qui « savent faire » face à ces situations compliquées dans des pays instables et en proie aux guérillas.

 

Mais, comme le souligne M. Philippe Ryfman, « les États ont également un rôle essentiel à jouer en soutenant financièrement les organisations humanitaires et les pays d'accueil des réfugiés somaliens. » il faut bien constater que nos États, pourtant si riches au regard des milliards mis sur la table pour « sauver l'euro » en Union européenne ou les banques et autres compagnies d'assurance, par exemple aux États-Unis , semblent avoir plus de mal à fournir les quelques millions nécessaires au traitement de cette famine... Il est même des comparaisons qui font frémir comme celle faite il y a quelques jours par quelques journaux bien informés : alors qu'il suffirait de 12 millions de dollars supplémentaires aux fonds déjà engagés et récoltés pour pallier aux besoins les plus immédiats des affamés de Somalie (sur un total de 70 millions pour ce pays pour toute l'année en cours), environ 100 millions viennent d'être engrangés par l'actuel président des États-Unis pour sa prochaine campagne électorale... Dans le même temps, Madame Bettencourt, à elle seule, doit 30 millions d'euros (plus de 42 millions de dollars) au fisc français ! A titre de comparaison, bien sûr...

 

Néanmoins, l'argent ne suffit pas : pour pouvoir distribuer l'aide alimentaire dans de bonnes conditions à ceux qui en ont expressément besoin, il faut, d'une part un État visible et crédible en Somalie, d'autre part une action coordonnée des États donateurs, y compris diplomatique et militaire (pas d'humanitaire fiable sans force militaire pour assurer la juste distribution à tous, et non la confiscation par les groupes belligérants somaliens...) dans un pays sujet aux conflits ethno-religieux et tribaux.

 

Aux États dignes de ce nom, qu'ils soient de la vieille Europe, des Amériques ou de l'Asie triomphante, de prendre leurs responsabilités et de faire preuve de solidarité concrète envers ces hommes et ces femmes de tous les âges qui ont faim en Somalie et ailleurs ! Mais cela ne nous dispense pas de nos propres devoirs : d'une part, faire un « petit geste » financier ; d'autre part, faire notre devoir de citoyen et rappeler constamment à notre État ses propres devoirs d'aide et d'assistance à ceux qui souffrent au loin sans oublier ceux qui, plus près de nous, ne mangent pas tous les jours à leur faim...

 

La France a ce devoir d'aider les plus faibles, envers et contre tout et c'est sa grandeur de répondre à ce défi alimentaire, même lointain !

 

23/07/2011

Pas de ministre européen de l'économie, s'il vous plaît !

 

Depuis quelques temps et profitant de la crise de la zone euro, certains financiers et politiques avancent régulièrement l’idée d’un ministre des affaires économiques européennes, y voyant là l’occasion de faire un « saut qualitatif » vers une Europe de plus en plus fédérale : c’était encore le cas hier à l’occasion de la réunion entre les partenaires de l’Union européenne pour sauver l’euro, réunion qui semble s’être limitée à un dialogue à trois entre Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et Jean-Claude Trichet.

 

Cette idée peut paraître logique, d’une certaine manière : puisqu’il y a une seule monnaie pour dix-sept pays, pourquoi pas un seul ministre chargé, au-dessus des gouvernements européens, de l’économie de cette zone monétaire ? En fait, là encore, on reproduit les mêmes erreurs qu’au moment de la création de l’euro en ne voulant pas voir qu’il y a plusieurs manières de concevoir l’économie en Europe et qu’il y a des traditions (bonnes ou mauvaises, c’est une autre question), voire des mentalités différentes en ce domaine : ne pas reconnaître ces différences initiales c’est se condamner, à plus ou moins long terme, à de cruelles désillusions et commettre des impairs toujours difficiles à réparer par la suite. La situation actuelle en est d’ailleurs la rude illustration…

 

S’il y a ministre des affaires économiques européennes, son rôle risque rapidement d’être celui d’imposer une politique économique unique, au risque de déstabiliser les sociétés européennes : car, peut-on appliquer la même politique, en particulier à travers ce que l’on nomme pudiquement la rigueur, à des pays qui n’ont ni les mêmes structures administratives d’Etat ni les mêmes fiscalités ni les mêmes règles sociales parfois ?

 

Il y a aussi autre chose qui m’inquiète : c’est que, dans les déclarations des sauveteurs de l’euro, jamais ne sont évoquées les populations de la zone euro, seulement les dettes, les déficits, les risques financiers… Or, peut-on faire une politique économique sans au moins écouter ce que disent les peuples qui ne sont pas que contribuables mais aussi citoyens ? Ecouter ne veut pas dire céder à la démagogie mais pouvoir répondre à leurs inquiétudes, chercher avec eux et pour eux (parfois malgré eux aussi, mais cela ne doit pas être un principe, loin de là !) des solutions acceptables et compatibles autant avec les équilibres économiques que sociaux et écologiques : cette proposition de ministre de l’économie européenne semble éloigner un peu plus la « gouvernance » (terme en fait dangereux qui semble limiter le politique à une simple gestion de l’économique) des peuples sur laquelle elle est censée s’exercer !

 

Alors, que faire ? Au lieu d’un ministre des affaires économiques qui, en définitive, ferait une seule politique, mieux vaut une forme de coordination plus efficace et plus réelle que celle qui existe aujourd’hui, et qui, par la discussion entre les représentants des différents Etats, chercherait à concilier les économies entre elles plutôt qu’à vouloir les fondre et les confondre dans une seule et même économie : une coordination autant qu’une conciliation, ce qui n’est pas la même chose que « l’imposition » que serait, en définitive, le ministère européen des affaires économiques au-dessus des gouvernements et des parlements et qui risquerait, effet pervers peu évoqué mais bien réel, d’entraîner une sorte de « grève du zèle » permanente des salariés de la zone euro pour protester contre une administration encore plus lointaine et aveugle que celles, nationales, d’aujourd’hui… A-t-on oublié comment cette attitude de « résistance passive » des ouvriers, des fonctionnaires et des paysans a peu à peu asphyxié l’économie toute entière de l’Union soviétique, pourtant grande puissance, dans les années 1960-80 ?

 

Cette coordination, que je souhaite, ne doit d’ailleurs pas forcément se limiter aux pays de la zone euro, mais elle doit aussi redonner des moyens aux Etats eux-mêmes, pour reprendre l’initiative par rapport aux institutions financières et boursières : « réarmer le pouvoir politique », disait, avec raison, Nicolas Demorand avec des accents dignes de Maurras la semaine dernière dans « Libération » … Sans cela, aucune sortie saine de crise de la zone euro n’est véritablement possible et durable !

  

 

 

16/07/2011

Réarmer le pouvoir politique, ou l'éditorial maurrassien de "Libération".

 

La crise de la zone euro n’en finit pas de bousculer l’Europe et d’affoler les compteurs économiques comme idéologiques, avec ce risque d’une surenchère eurofédéraliste de mauvais aloi, cette sorte d’entêtement à vouloir faire triompher l’européisme alors même qu’il a échoué à éviter « le pire » dans lequel nos pays se débattent, cherchant à sauver ce qui peut encore l’être…

 

Cette crise majeure de l’Union européenne, dont il n’est pas certain qu’elle soit ultime, suscite aussi des réactions parfois surprenantes, non pas tant qu’en elles-mêmes, mais par ceux qui les développent : ainsi, dans son éditorial de « Libération » du 13 juillet dernier, Nicolas Demorand, d’ordinaire plus consensuel ou plus conformiste (ces deux qualificatifs n’étant pas toujours péjoratifs, d’ailleurs), écrit ce qu’en d’autres temps un Charles Maurras aurait sans doute lui-même écrit (avec quelques références antiques en plus, sans doute…) et pensé, sous le titre « Réarmer », titre que Maurras n’a cessé de décliner à tous les temps (ou presque) de l’indicatif et sur de nombreux sujets, pas seulement militaires…

 

Il faudrait citer tout l’article de Demorand, qui traite là, en somme, de la question de l’Etat face aux acteurs financiers et économiques : sa question initiale, « Le pouvoir politique a-t-il du pouvoir ? » (pouvoir qu’il est aussi possible de ne pas résumer au seul Etat, bien sûr), suivie d’une autre, encore plus inquiétante, « En est-il même encore un ? », est « la » question politique majeure de notre temps, me semble-t-il, la même qui n’a cessé de préoccuper Maurras qui craignait que l’Etat ne soit plus capable d’agir et donc d’être, au sens fort du terme.

 

« En voyant se propager la crise au sein de la zone euro, la foudre frapper des pays exsangues et d’autres en train de se noyer, asphyxiés par les plans de rigueur, la réponse est aussi claire que dramatique : non. Les banquiers et les marchés financiers dictent leur loi, déterminent d’autorité les politiques publiques, le mode de vie et l’avenir de millions de citoyens. Et se moquent du difficile art de gouverner et du rythme propre à la démocratie. Bref, ils jouissent d’une surpuissance qu’aucun contrepouvoir n’en est en mesure de limiter, les classiques outils d’intervention des Etats ayant été quasiment neutralisés. » Cette dénonciation de la « surpuissance » des banquiers et des marchés financiers reprend le discours traditionnel de la dénonciation des féodalités, ici financières et économiques, dénonciation coutumière chez un Maurras mais aussi chez un La Tour du Pin ou un de Gaulle, chez tous ces membres du « parti des politiques » qui, depuis l’Ancien régime, n’acceptent pas que l’Etat soit soumis à des factions particularistes ou à des groupes de pressions, à ces féodaux des temps modernes et contemporains. Toute l’œuvre d’un Maurras, malgré ses outrances et, parfois, ses délires sémantiques et antisémites (que je condamne évidemment), vise justement à empêcher que cette surpuissance féodale ne soumette l’Etat et la société (dans le cas de la France en particulier) au risque de revenir à cette ère antépolitique qu’il qualifie de « barbarie », qu’elle soit économique ou même « nationaliste » ou « nationalitaire », et pendant laquelle régnait une « loi de la jungle », cette « anarchie féodale » qui brimait les libertés au nom du plus fort ou du plus sauvage : cette condamnation de ce que l’on nommerait aujourd’hui « néolibéralisme » ou, même, « mondialisation libérale », voire « mondialisation » tout court (mauvaise traduction, d’ailleurs, du terme anglosaxon « globalization ») se voulait aussi « obligation », celle de restaurer un Etat politique digne de ce nom et susceptible de s’imposer aux féodalités, parfois avec une certaine vigueur… Maurras pensait le politique comme un moyen (et non comme une fin), comme un levier au service de l’équilibre social, et il le pensait à travers l’existence d’un Etat qui « est » l’expression majeure du politique sans être toutes les expressions de celui-ci et de celle-là, la politique… Ce qui est redit, en d’autres heures et sous d’autres formes sémantiques, par M. Demorand quand il écrit, et je souligne : « (le) difficile art de gouverner et (le) rythme propre de la démocratie », rythme qui est proprement national (voire européen, une fois tous les cinq ans), mais aussi régional et municipal, et s’accorde parfois bien mal avec les exigences des marchés financiers…

 

Quand M. Demorand se plaint que les Etats aient été, en somme, désarmés par la neutralisation de leurs outils d’intervention classiques, on croit entendre, là encore, le vieux grognard de l’Action Française qui y voyait la victoire de l’Economique sur le Politique quand il eut fallu, au contraire, que Politique et Economique s’accordent, sur le plan du Bien commun, pour permettre au Social de prospérerMaurras ne séparait pas les uns des autres, mais les ordonnait au Bien à atteindre, à l’équilibre nécessaire et capable d’éviter « l’hubris » de l’un ou de l’autre qui aurait entraîné, qui entraîne l’injustice ou la paralysie, ce que constate désormais l’éditorialiste de « Libération ». Mais Maurras en revenait toujours au « Politique d’abord », là encore non comme fin, mais comme moyen, comme, expliquait-il, il faut d’abord bander l’arc pour tirer la flèche et atteindre la cible visée !

 

Dans le reste de son article, Nicolas Demorand s’en prend à « la grande poussée dérégulatrice entamée par les Etats dans les années 80 », ce que l’on pourrait appeler le « désarmement de l’Etat » et qui n’est pas moins dangereux en temps de paix qu’il n’est suicidaire en temps de guerre lorsque l’on évoque la question militaire. Et Demorand d’espérer (d’appeler ?) un réarmement du pouvoir politique en ses dernières lignes, comme Charles Maurras en son temps face aux défis de l’Allemagne hitlérienne et qui finissait nombre d’éditoriaux de son quotidien monarchiste par la formule, mille fois répétée : « Armons, armons, armons ! », et pas seulement sur le plan militaire !

 

Oui, Nicolas Demorand a raison : il est nécessaire de redonner au pouvoir politique, à l’Etat, des moyens de réagir aux oukases des marchés financiers dans cette crise de la dette qui est aussi une véritable guerre des féodaux financiers et économiques contre les peuples et contre les traditions d’équilibre et de justice sociale de notre pays !

 

Cet éditorial de « Libération », si éminemment maurrassien, mérite d’être médité, mais aussi complété et, pourquoi pas, dans l’espérance, là aussi maurrassienne, d’une magistrature suprême de l’Etat libre et solide, pour laquelle « la politique de la France ne se joue pas à la Bourse » (comme le disait le général de Gaulle devenu président de la République tout en gardant quelques espoirs du côté du comte de Paris)… En somme, d’une Monarchie politique, active et forte pour protéger la société et ses citoyens, quels que soient leurs fonctions et leurs rangs dans la grande Communauté française

En tout cas, merci à M. Demorand pour ses quelques lignes d’un maurrassisme intelligent !