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10/11/2018

14 novembre 1918 : le royaliste Jacques Bainville annonce la guerre suivante !

 

Quand on s’intéresse à l’histoire et, dans le cadre de la commémoration de l’Armistice, à la fin de la guerre de 1914-18 et aux traités de paix qui ont suivi, Jacques Bainville peut être un guide utile, même s'il n'est pas forcément le bienvenu dans l'école républicaine, celle qui l'a tant ignoré, lui l'historien « amateur » qui, pourtant, a mieux vu que beaucoup d'universitaires professionnels la suite des événements et compris le « sens » de l'histoire (non pas la direction mais l'ontologie de l'histoire, et les raisons de celle-ci, de ses « suites logiques »). Bien sûr, il y a son livre constamment réédité depuis la chute du Mur de Berlin, « Les conséquences politiques de la paix », et qui annonce dès 1920, en fait et alors dans l'indifférence quasi-générale, la triste suite des années 30 (Bainville ne verra pas tout se dérouler, victime d'un cancer en février 1936, avant la tragédie guerrière de 1939), avec une prescience qui n'est rien d'autre que l'application d'un empirisme que Maurras, à la suite de Sainte-Beuve, qualifiait d'organisateur...

 

Bainville était aussi un journaliste du quotidien mais qui voyait loin, dans une optique capétienne, et ses articles dans L'Action française mériteraient une relecture attentive et une réédition générale, avec un bon appareil critique (pourquoi pas dans la Pléiade ?) pour les remettre en contexte et les expliquer aux lecteurs de notre temps.

 

Justement, l'un de ses articles a été republié dans le recueil intitulé « La monarchie des lettres », dans la collection Bouquins de Robert Laffont, et apparaît comme malheureusement visionnaire, comme celui d'une Cassandre que l'Opinion et les élites de la République n'entendent pas, ne veulent pas entendre, engoncées dans leurs certitudes et aveuglées d'illusions. Cet article c'est celui du... 14 novembre 1918, dans l'A.F. monarchiste qui sort exsangue d'une guerre qui l'a privée de sa jeunesse saignée dans la Somme ou à Verdun. Son titre : « Demain ? ». Il faudrait le citer en entier, même si, en définitive, sa lecture est éprouvante, presque désespérante lorsque l'on connaît la suite et que l'on constate que les avertissements de Bainville n'ont servi à rien : comme le général de Gaulle, grand lecteur de Bainville, on peut n'en éprouver que plus de mépris pour cette IIIe République imbécile et assassine par son aveuglement, sa lâcheté aussi face au pangermanisme et au nazisme des années 30, cette République qui se réfugiera dans les bras d'un vieux maréchal qu'elle ira chercher à son ambassade de Madrid avant de disparaître dans la catastrophe de mai-juin 1940...

 

 

Que dit Bainville, en ce jour du 14 novembre 1918, quelques dizaines d’heures après l’arrêt des combats ? Lisons : « Devant quoi la France, au sortir de la grande joie de sa victoire, risque-t-elle de se réveiller ? Devant une République allemande, une république sociale-nationale supérieurement organisée et qui, de toute façon, sera deux fois plus peuplée que notre pays. Cette république (si l'Allemagne reste une république, ce qui n'est pas encore assuré) ne sera pas, comme dirait M. Roosevelt, « du type flasque ». Elle sera productrice et expansionniste. Elle aura une politique étrangère et économique. Cette république des Allemands-Unis, qui aura achevé l'unité allemande, continuera l'empire. C'est contre elle, à un contre deux, que nous aurons à défendre notre industrie d'abord, et bientôt les provinces que nous lui auront reprises et auxquelles elle n'aura renoncé qu'en grinçant des dents. » Une république sociale-nationale : le nazisme sera l’abréviation des deux termes, national et social(isme)… L’empire sera ce IIIe Reich que le chancelier Hitler déclarera être l’achèvement de l’unité allemande et le totalitarisme nazi, pangermaniste, ce régime « supérieurement organisé » (n’est-ce pas la caractéristique affichée d’un système totalitaire ?) dira réunir tous les « Allemands », y compris au-delà des frontières officielles de l’Allemagne…

 

Relisez ce texte, relisez-le, et rappelez-vous qu'il a été écrit alors même que les canons de la Grande guerre viennent à peine de se taire, et que la France et ses alliés espèrent et affirment que la tragédie guerrière qui s'achève au bout de quatre longues années est « la Der des Der » !

 

Le 14 novembre 1918, Jacques Bainville, ce « Vergennes » de L'Action française méconnu de la République (pas totalement, en fait...), alarme la France sur les périls qui la menacent si elle ne gagne pas la paix : mais Bainville crie dans le désert d'une République amnésique et qui subira, pour le plus grand malheur de la France, la montée des périls sans pouvoir (sans vouloir ?) l'arrêter...

 

Dès 1918, c'est 1940 qui se prépare... « La République n'a pas de politique étrangère », disait Anatole France en haussant les épaules : c'est le moindre de ses défauts, diraient certains ; c'est le pire, au regard de l'Europe et du monde qui, eux, ont besoin, malgré la République et en attendant mieux, de la France !

 

                                          

                                                                                                                                  

                                                                                                                      

06/11/2018

Face à la démesure capitaliste, pour une justice sociale éminemment royale.

La justice sociale est une formule qui n'a plus guère d'écho dans notre société libérale-libertaire, semble-t-il, et c'est plutôt la démesure qui domine, au nom d'une liberté économique qui, de plus en plus aujourd'hui, peut se définir par la fameuse formule : « le renard libre dans le poulailler libre ». La question du travail dominical en est un exemple parmi d'autres, trop souvent imposé aux salariés sans grande contrepartie si ce n'est celle de ne pas être licenciés : quelques cas récents peuvent nous alerter là-dessus comme la volonté forte et insistante des grands magasins de la région rennaise de ne plus respecter les règles locales jusque là observées pour préserver les commerces de proximité et de centre-bourgs. Mais sans doute faut-il aussi évoquer l'ouverture désormais systématique des grandes surfaces les jours fériés, 14 juillet compris comme c'est le cas depuis moins de dix ans à Parly2, aux portes de Versailles, et dans la plupart des enseignes de la Grande Distribution, malgré les réticences d'un personnel qui, en définitive, n'a plus vraiment son mot à dire. Et les consommateurs valident, en grande partie, ces ouvertures tandis que les opposants sont rabroués comme « mauvais coucheurs » ou « réactionnaires », voire « fainéants », et qu'est toujours mis en avant « le choix » qui, pourtant, n'en est plus un pour la grande majorité des salariés, si l'on excepte les étudiants qui peuvent voir en ces ouvertures dominicales une occasion de payer leurs études, et ce qui nous renvoie à ce souci, qui grandit parmi les préoccupations des parents et de leurs enfants, du financement des études, le système des bourses arrivant à épuisement...

 

Pendant ce temps, comme le rapporte Marianne dans son édition du 2 novembre 2018, « les PDG du CAC 40 ont touché en moyenne 5,1 millions d'euros annuels (+14 % en un an), soit environ 14.000 euros par jour ». En fait, ce n'est pas l'importance du revenu journalier ou annuel de ce petit nombre de grands patrons qui choque mais bien plutôt les 14 % supplémentaires en un an quand, dans le même temps, les salariés des magasins ou les ouvriers d'usine, parfois leurs propres employés, mais aussi les retraités, voient leurs revenus, sinon diminuer, du moins progresser de façon beaucoup plus modeste alors que les efforts demandés par l’État, à travers les taxes diverses et les prix des carburants, par exemple, ne cessent d'augmenter et d'agacer nos compatriotes. N'est-ce pas au risque de nourrir des colères peut-être difficiles à maîtriser, que cela soit dans la rue ou dans les urnes, nouveaux pavés des contribuables-électeurs ?

 

Soyons clair : les 14 % supplémentaires en un an, c'est bien cela qui ne passe pas, surtout quand l'on entend les justifications de certaines élites et que l'on constate le mépris de ces catégories dites supérieures qui, de plus, ont cessé d'abonder les caisses des associations caritatives le jour où les hauts revenus ont été exemptés de certains impôts qui pesaient sur eux, en particulier de l'ISF sur les revenus d'actions boursières ! Preuve que leur générosité n'était pas vraiment sincère, ce qui peut nous alerter sur leur égoïsme profond et leur absence de solidarité civique et financière avec le pays qui les accueille et, souvent, leur a permis, par l'éducation financée par tous, d'accéder aux responsabilités ou d'en hériter sans déchoir. Comme le souligne ironiquement Marianne, dans le cas de ces revenus si élevés en comparaison de ceux des Français communs, « nul ne crie au « coût du travail » excessif. L'expression est réservée à ceux qui sont en bas de l'échelle salariale et qui se heurtent à un ascenseur social bloqué au sous-sol », preuve supplémentaire s'il en faut que ce n'est pas l'intérêt de l'économie nationale qui importe mais « leurs intérêts » avant ceux des autres, avant ceux de la majeure partie des Français qui n'en peuvent plus du nouveau choc fiscal et des inégalités si énormes qu'elles en deviennent des injustices sociales, à ce titre éminemment condamnables, autant sur le plan économique que sur le simple plan de la décence commune.

 

C'est bien la démesure, la fameuse hubris dont se méfiaient les Grecs anciens, qui appelle une réaction politique, non pour empêcher la libre initiative ou instaurer une quelconque dictature collectiviste, mais pour remettre un peu de justice sociale dans une économie devenue parfois trop sauvage pour que les hommes puissent s'en accommoder. En cela, la revendication d'une Monarchie sociale et son instauration, souhaitable dans les meilleurs délais possibles, ne sont pas de simples facilités de plume et de papier (qui souffre tout, dit-on), mais une nécessité institutionnelle pour rendre à l’État l'autorité nécessaire et crédible pour imposer ce qui n'est que justice sociale aux féodalités contemporaines : des revenus décents pour les salariés et une limitation des excès du petit monde de la Finance et de la Grande Industrie.