08/12/2010
L'immigration (1ère partie)
Dans le cadre des travaux du Groupe d'Action Royaliste et en vue de la publication prochaine d'un dossier sur l'immigration dans "L'Action Sociale Corporative", voici la première partie d'un article rédigé il y a déjà quelques années et que je m'emploie à réactualiser pour le rendre le plus compréhensible et le plus efficace possible sur une question qu'il est toujours délicat d'aborder en ces temps de confusion intellectuelle et d'uniformisation de la pensée...
Le débat sur l'immigration est un débat empoisonné en France : la société française semble incapable de penser les phénomènes migratoires et leurs conséquences autrement que sous l'angle de la passion ou de la condamnation et, souvent, de la confusion. En parler, c'est déjà s'engager, voire se compromettre...
Mais fuir ce débat serait nier les réalités et s'empêcher d'intervenir, en fonction d'elles, dans la vie publique. Car l'immigration (en tant que mouvement, déracinement et installation nouvelle) , pose la question même de l'équilibre (et de la cohésion) social et de la définition (et de la nécessaire protection) de la communauté nationale, du « cadre historique et civilisationnel constitué ».
En fait, l'immigration n'a pas toujours été considérée comme un problème, soit parce qu'elle était limitée dans le nombre et le temps, soit parce que la communauté nationale d'accueil n'en ressentait aucun malaise. Nous évoquons ici l'immigration d'origine étrangère et non l'immigration interne (exode rural, « aspiration parisienne », …), en précisant qu'il serait sans doute plus juste d'en parler au pluriel, car l'immigration sud-européenne n'a pas les mêmes formes ni les mêmes fonds culturels que l'immigration nord-africaine, par exemple.
L'immigration, comme phénomène social contemporain (et c'est celui-ci que nous allons évoquer ici), est le déplacement, volontaire ou non, de personnes ou plus exactement de populations atomisées; vers une « autre terre », vers un « autre » espace étatique (et socio-culturel dans la plus grande partie des cas) : c'est en fait un déracinement, parfois d'ailleurs souhaité ou ressenti comme une délivrance par les personnes concernées, et de plus en plus un déracinement définitif, depuis les mesures de regroupement familial décidées par le président Giscard d'Estaing lors de son septennat.
La visibilité de l'immigration tient en grande partie à l'entassement des populations d'origines étrangères dans des banlieues devenues rapidement ingérables et, par là-même, invivables ou associables. Mais elle tient aussi aux caractères « d'étrangeté » des immigrés eux-mêmes de par leur identité physique et culturelle, et ces caractères, difficilement effaçables, constituent une « marque » parfois mal vécue par les immigrés comme par les populations autochtones.
Il est nécessaire de préciser que les premiers concernés (et les premières victimes, donc ?) par l'immigration sont les immigrés eux-mêmes et leur proche descendance (la « deuxième » ou la « troisième génération », nées en France). D'abord parce que les premières vagues d'immigration ont été suscitées (appelées et organisées, parfois très officiellement, dès le XIXe siècle et plus encore durant les « trente glorieuses ») par des industriels désireux de trouver une main d'œuvre à la fois nombreuse et bon marché, dans le but de ne pas augmenter (ou le plus lentement possible...) les coûts salariaux, c'est-à-dire, concrètement, les salaires ouvriers... : on peut parler, sans exagération mais avec des nuances, d'une véritable traite humaine appliquée à des populations issues de pays pauvres ou encore nationalement instables (Italie, Pologne... au XIXe siècle par exemple ; Algérie, Côte d'Ivoire,etc. au XXe). Certains sociologues emploient même le terme de « déportation économique » pour signifier le transfert de populations étrangères de leur pays natal au pays d'accueil, riche donc attrayant (donc, aussi, sentimentalement attractif...), ce qui facilitait le travail des « rabatteurs » chargés de recruter cette main d'œuvre considérée aussi comme moins coûteuse que la mise en place d'une modernisation ou d'une automatisation des structures industrielles. Dans l'application de cette politique économique, qui découle aussi d'une philosophie individualiste du profit immédiat et de interchangeabilité des individus (un homme, une force de travail : formule de l'égalitarisme économique, négateur des appartenances communautaires), la dignité et l'identité culturelle des personnes ne sont pas prises en compte. D'où de nombreux suicides dans ces populations déplacées et, en tout cas et chez de nombreuses personnes immigrées, un profond sentiment de malaise, de frustration, parfois de honte, sentiment qui peut aussi tourner au ressentiment, en particulier contre la société d'accueil.
(à suivre)
15:20 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : immigration, immigrés, travail, déracinement, individualisme, nation, industriels.
07/12/2010
Quand les Etats sont "distraits"...
J'ai évoqué il y a quelques jours l'affaire des salaires des fonctionnaires européens et le scandale que représente la saisine par la Commission européenne de la Cour de justice européenne, Cour qui a demandé aux Etats de céder aux revendications des dits fonctionnaires. Dans un court article publié par « L'Action Française », Grégoire Dubost complète l'information : « Désireux de réduire de 3,7 à 1,85 % la hausse des rémunérations des fonctionnaires européens, les gouvernements des Vingt-Sept se sont heurtés aux règles qu'ils avaient eux-mêmes édictées, que viennent de leur rappeler les juges de Luxembourg : « En examinant la fonction de l'annexe XI du statut des fonctionnaires (…) la Cour conclut que (…) le Conseil a pris la décision autonome de se lier, pour la durée de la validité de ladite annexe, dans l'exercice de son pouvoir. » Caricaturale illustration de la « servitude volontaire » consentie par les responsables nationaux afin de se prémunir des infractions de leurs pairs. »
Ainsi, on constate que les Etats ont perdu, de par la faute de leurs gouvernements respectifs, la maîtrise du contrôle a posteriori de fonctionnaires pourtant financés par les impôts des contribuables français, allemands, espagnols, grecs ou irlandais... En somme, l'imprévoyance des gouvernements et leur européisme béat des temps anciens ont des conséquences qu'ils n'avaient pas mesurées mais qui, aujourd'hui, se retournent contre eux et leurs citoyens-contribuables... Là encore, la construction européenne semble avoir été bricolée par certains responsables nationaux quand les principaux intéressés (les fonctionnaires européens, et les commissaires eux-mêmes), eux, sont restés attentifs à leurs prérogatives, voire à leurs privilèges ! Le résultat est là !
Mais, la leçon devrait être tirée de cette mésaventure, d'autant plus scandaleuse que la Commission aurait pu faire jouer la clause de « crise grave » pour empêcher une hausse devenue choquante des salaires de ses fonctionnaires au moment où des efforts sont demandés à tous et imposés aux peuples : aux Etats de reprendre la main et de changer des règles qui, en ces temps rudes pour les populations des pays d'Europe, ne sont plus pertinentes. S'ils renoncent à le faire, cela voudra dire qu'ils renoncent aussi à cette notion de justice sociale qui, pourtant, s'avère plus que jamais nécessaire au maintien des équilibres sociaux. Il sera intéressant et significatif d'observer l'attitude de l'Etat français dans cette affaire... Et utile d'en tirer les conclusions qui s'imposent en cas d'absence de réaction et d'initiative de la part du gouvernement de la République...
15:56 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : commission européenne, crise, salaires, fonctionnaires européens, justice.
06/12/2010
Que veulent les royalistes ?
Pour répondre à quelques questions qui sont régulièrement posées aux militants royalistes, je réédite un petit texte rédigé il y a quelques années et qui me semble bien résumer la « doctrine » royaliste française :
Ce que veulent les royalistes, aujourd’hui :
Malgré leurs différences et leur diversité, on peut évoquer quelques idées dans lesquelles peuvent se reconnaître la plupart des royalistes :
- L’attachement à la nation française et à son indépendance diplomatique, c’est-à-dire au refus de l’alignement systématique sur les Etats-Unis, alignement qui caractérise trop fréquemment les autres Etats d’Europe. Cela entraîne une certaine méfiance à l’égard de l’Union Européenne, du moins telle qu’elle se construit actuellement. Les royalistes sont, avec des nuances diverses, pour une Europe qui prenne en compte les nations, soit dans le cadre d’une Confédération (refus du « fédéralisme européen » ou de « l’Europe fédérale ») des Etats d’Europe, soit dans le cadre d’une Europe des cercles concentriques (un noyau dur constitué par quelques Etats-moteurs et une organisation de l’UE organisée en cercles concentriques selon le degré d’intégration des Etats dans les politiques communes de l’UE).
- La volonté d’une instauration royale pour rendre à la France sa « tête » et sa « liberté d’Etat », sa souveraineté : c’est le cœur même de l’idéal royaliste, la monarchie royale « à la française » n’étant que le moyen institutionnel politique pour permettre au pays et à ses citoyens (et non-citoyens, ou citoyens en devenir) « d’être et de durer au monde ». L’instauration d’une Nouvelle Monarchie doit être, dans les années qui suivent l’acte d’instauration, légitimée par trois principes majeurs : 1 : unité nationale sur le plan intérieur comme en diplomatie, et fédératrice des « provinces unies de France »; 2 : souci environnemental ; 3 : justice sociale.
- Une large décentralisation pour permettre une meilleure « respiration des communautés » (famille, commune, région, entreprise, etc.) et rendre leurs « pouvoirs » (libertés concrètes d’agir sur leur environnement social et politique proche) aux corps sociaux et aux personnes : c’est l’une des bases du combat royaliste qui peut se résumer selon la vieille formule : « L’autorité au sommet, les libertés à la base » ou « Sub rege, rei publicae » (Sous le roi, les libertés publiques). C’est aussi l’application politique du principe de subsidiarité. Le roi est juste le trait d’union entre les provinces, il est l’incarnation de l’unité nationale par delà les différences communautaires, provinciales ou religieuses : Louis XVI, d’ailleurs, s’adressait aux peuples de France (au pluriel)…
- Une politique d’écologie durable qui n’est possible que par l’existence d’un « Etat durable », c’est-à-dire inscrit dans la durée et la permanence, la continuité, Etat qui ne peut être que la Monarchie à transmission héréditaire.
23:12 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : royalistes, monarchie, décentralisation, nation, enracinement, autorité, libertés, écologie.