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23/11/2010

Raisons pour la Monarchie.

Cette année, j’ai accepté de faire quelques cercles d’études et réunions dans le cadre du Groupe d’Action Royaliste auquel je participe, pas autant que je voudrai, malheureusement, faute de temps. Ainsi, le Cercle Lutétia (cercle d’études mensuel du GAR francilien) a débuté dimanche 21 novembre son cycle d’études de l’année par une approche générale des raisons pour la Monarchie, éternelles et contemporaines. Voici un bref résumé, évidemment bien incomplet, de mon propos.

 

Les raisons de notre royalisme plongent leurs racines dans l’histoire politique et nationale mais aussi dans l’étude des réalités contemporaines, au-delà des idéologies dominantes.

 

La comparaison des régimes politiques français sur le long terme est un argument fort pour la Monarchie, mais pas forcément suffisant dans le cadre du combat politique, souvent plus « immédiat » et plus concret : « les rois ont fait la France » est une formule dont la véracité n’échappe à personne aujourd’hui. Mais ce sont d’autres arguments, parfois « éternels » ceux-là aussi, qui marquent plus nettement les esprits : la transmission héréditaire de la magistrature suprême de l’Etat fonde et permet l’indépendance de l’Etat souverain, car la naissance, contrairement aux élections, ne s’achète pas et ne dépend pas des puissances susceptibles de financer des campagnes électorales de plus en plus coûteuses.

 

La Monarchie rend aussi possible, par son mode de transmission, l’unité du pays, au-delà des différences respectées et respectables, provinciales, professionnelles, religieuses ou politiques, et au-delà des générations qui se suivent et qui, chacune, sont marquées par leur mode de vie et de pensée propre.

 

Mais il y a des arguments qui sont, aujourd’hui, plus parlants peut-être encore, comme le fait que l’inscription dans le temps de la Monarchie, à travers les rois qui se succèdent de père en fils, permet une longue mémoire et impose au monarque de se projeter le plus loin possible dans l’avenir : cela fait du roi une personne d’Etat plus concernée encore que les autres (qui occupent des sièges parlementaires ou ministériels, par exemple) par les problèmes de préservation environnementale et planétaire…

 

De plus, à l’heure où l’austérité frappe notre société comme les autres sociétés européennes, la Monarchie apparaît désormais d’un moindre coût par rapport à la présidence dispendieuse d’un Nicolas Sarkozy : l’entretien de la Monarchie britannique, par exemple, coûte 75 centimes d’euros au contribuable britannique tandis qu’elle rapporte au pays environ 600 millions d’euros chaque année !

 

Toutes ces raisons et beaucoup d’autres encore seront développées lors des prochaines séances du Cercle Lutétia.

14/11/2010

Remaniement...

Enfin, ça y est ! Après plusieurs mois de suspense et de manœuvres politiciennes et ministérielles, le remaniement a eu lieu, et c’est François Fillon qui se succède à lui-même, récompensé pour ses bons et loyaux services, malgré la défiance du président à son égard…

 

« Gouvernement de campagne », déclarent certains, en particulier les centristes bernés et déçus de n’avoir jamais été autre chose que des « idiots utiles » dans la stratégie sarkoziste, et qui s’en retournent à leur néant, cherchant déjà, avec des accents de celui qu’ils ont jadis trahi (François Bayrou…), une « revanche » sur un président qui les a congédié sans ménagement.

 

Autant M. Bayrou avait quelque légitimité à se réclamer d’un héritage centriste qui n’est pas totalement insignifiant en France, autant les Morin et autres Borloo peuvent faire sourire quand ils se réclament de ce même héritage, eux qui ont d’abord pensé à leur petit ego lorsque l’actuel président les a convoqué, un soir de mai, pour recueillir les trente deniers de leur trahison sous forme de maroquins ministériels : trahison de ce message centriste qui plonge ses racines dans la « démocratie-chrétienne », du Sillon de Marc Sangnier au MRP de l’après-guerre, mais aussi dans les théories « monarchiennes » d’un La Fayette et d’un Mounier (celui de 1789, bien sûr)…

 

Mais M. Sarkozy n’en a cure, lui qui a effectivement, et sans en faire vraiment mystère, accepté ce gouvernement pour préparer sa prochaine campagne présidentielle, cet horizon apparemment indépassable de toute fraction politicienne de cette République, aussi minuscule soit-elle. Car « ils » (et « elles », bien sûr !) y pensent tous, comme s’il n’y avait rien de plus urgent aujourd’hui, à l’heure où la mondialisation menace les équilibres géopolitiques et les législations sociales des pays anciennement industrialisés et désormais désindustrialisés ! Nous revoilà dans cette « présidentielle permanente », celle-là même qui gêne l’action et l’utilité de l’Etat. Une situation qui, a contrario, justifie un peu plus la nécessité d’un Etat qui ne soit pas issu de cette « querelle électorale des grands féodaux » : oui, vivement une Monarchie dans laquelle la magistrature suprême de l’Etat soit le fruit de la nature et de la suite normale des générations, et non des jeux politiciens et financiers !

 

Dans notre République sarkoziste, il faut plaire au « prince-président » pour espérer un poste ministériel ; dans une Monarchie digne de ce nom, ce n’est pas la flatterie qui détermine la nomination ministérielle mais les compétences et la volonté de servir l’Etat sans en attendre rien en retour : pour avoir un Richelieu ou un Colbert, mieux vaut avoir un Roi, libre de ses décisions et serviteur de l’intérêt commun, imperméable aux jeux d’appareil… Mieux vaut ? Non, encore plus nettement : rien ne vaut le Roi, tout simplement !

09/11/2010

Né sous le règne du général de Gaulle.

Je suis né sous le règne du général de Gaulle… Règne, plus encore que présidence ! Même si l’hérédité n’y est pas, ni la légitimité dynastique, il y a au moins la légitimité historique, celle d’Antigone face à Créon, née de quelques mots prononcés derrière un micro anglais et d’une attitude « crâne » face à l’invasion allemande, il y a le refus du renoncement, cet « orgueil » d’un aristocrate d’épée face au monstre froid de la Technique victorieuse et face à cet état d’esprit bourgeois qui pense à sauver ses meubles quand la maison cède devant la marée « feldgrau »…

 

Je suis né sous le règne du général de Gaulle, et mes premiers livres d’aventures ont été ceux évoquant la Résistance, les multiples ouvrages signés du colonel Rémy, ce monarchiste qui a cru en une possible conciliation entre « l’épée de Gaulle » et « le bouclier Pétain », dans un réflexe d’unité henricienne sans doute vain et illusoire, mais, pourquoi pas, nécessaire un temps pour l’apaisement de la mémoire nationale.

 

Je suis né sous le règne du général de Gaulle… Mais, un soir de novembre 1970, mes parents m’ont planté devant la télé (en noir et blanc), après les informations de 20 heures : c’était pour moi un privilège rare, en semaine, de pouvoir regarder le petit écran « si tard », et il fallait bien qu’il y ait un événement grave, quelque chose d’important, assez pour ne pas m’envoyer me coucher…

 

Je n’ai pas perdu une seconde de l’émission d’hommage au général de Gaulle : sa mort, « la deuxième de ma vie » après celle de mon grand-père (ce « bonbapa » chéri qui m’a tant manqué ensuite), devenait l’occasion d’une sorte de veillée funèbre à travers la présence de toute la famille autour du poste de télé qui rappelait l’histoire du « chêne abattu ». J’étais au pied du lit parental, et je regardais les images d’une vie qui défilaient, fasciné par cet homme qui sortait de la vie pour entrer définitivement dans l’histoire : mon âme d’enfant vibrait à l’évocation de celui que je n’avais jusqu’alors connu que vieux et paternel, et qui m’apparaissait désormais comme un militaire, un chevalier refusant de courber la tête devant l’ennemi même vainqueur un temps…

 

Je reviendrai à la même place quelques jours après pour la retransmission de la messe d’hommage à Notre Dame et les images du cercueil drapé de tricolore sur un blindé sortant du domaine de La Boisserie.

 

Aujourd’hui, la République « bling-bling » commémore celui dont elle ne cesse, quotidiennement, de contredire l’œuvre, autant politique et diplomatique que sociale. Les derniers gaullistes s’éteignent, dans une indifférence à peine troublée par les quelques mots usuels d’hommage, habilement récités… Larmes de crocodile et hypocrisie assurée, de la part de nos gouvernants !

 

Mais sans doute tout cela est-il naturel, ou logique : le gaullisme était, non une idéologie, mais bien plutôt un état d’esprit qui venait de loin, de notre histoire nationale, celle du « royaume contre l’empire », de l’audace et de la raison capétienne, de la passion française, même républicaine, de celle aussi des « hommes libres », des d’Artagnan mais aussi des Colbert, fidèles « malgré tout » à la France et à son Etat, quelles qu’en soient les couleurs ou les formes ! Autant de choses que ne peuvent comprendre les membres de l’oligarchie dirigeante actuelle, prisonniers de leurs principes de « l’économique d’abord », de la rentabilité et du « Time is money » franklinien…

 

De Gaulle a été, avec un style qui lui était propre, une sorte de « Grand connétable » qui a rétabli l’unité de l’Etat et lui a rendu, face aux féodalités de l’époque (celles des partis comme de la finance), une certaine indépendance : lorsqu’il déclare que « l’intendance suivra » ou que « la politique de la France ne se fait pas à la Corbeille [la Bourse] », il rappelle que l’Etat ne doit pas être un simple gestionnaire de l’économique et qu’il n’a pas pour seule vocation de rechercher la rentabilité mais bien plutôt d’assurer la protection de chaque Français et d’abord du pays dont la liberté est la condition de toute citoyenneté librement assumée, et pour favoriser l’entraide entre Français, entre générations et entre contemporains, avant que d’aider les autres qui attendent tant de la France…

 

Bien sûr, il n’a pas été au bout de cette logique capétienne qu’il a réintroduit dans la pratique politique de la République. Bien sûr, il est des taches sur l’œuvre gaullienne, et le gaullisme a parfois été sourd à certaines détresses (en particulier celles de nos compatriotes d’Algérie et des militaires blessés dans leur honneur par l’épreuve de la décolonisation) et a nourri quelques illusions défaites par les événements ou par les décisions mêmes du général-président ! Mais, au regard de l’Histoire, avec le recul qui permet aussi de prendre un peu de hauteur, de Gaulle reste « l’homme de la France », malgré tout.

 

Son œuvre institutionnelle, cette « monarchie inachevée », survit fragilement aujourd’hui : sans doute eût-il fallu la monarchie dynastique pour pérenniser le meilleur de la pratique et de l’héritage gaulliens, et de Gaulle l’a su mais ne l’a pas assumé jusqu’au bout malgré ses promesses au comte de Paris. En tout cas, si le gaullisme n’a pas eu le cœur de vivre sans de Gaulle (ce qui est, somme toute, assez logique), il reste à accomplir ce que le général (le régent ?) n’a pas eu le temps de mener à terme avec sa Cinquième République, si originale : non pas une simple restauration mais bien la véritable instauration d’un Etat libre dans la durée, au-delà même de son fondateur, autour d’une famille, d’une histoire renouvelée par la suite des générations, d’une Monarchie sans fard ni nostalgie, d’une Monarchie entièrement capétienne qui reconnaisse sa dette à l’égard d’un homme qui a tant fait pour assurer la régence du nationalisme, et dont, un soir de novembre, j’ai croisé le regard, en noir et blanc…