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14/02/2011

Les mauvaises habitudes de l'oligarchie.

Il est des anecdotes qui sont révélatrices : ainsi, celle de ce conseiller de Nicolas Sarkozy qui s’est fait prendre au volant de sa voiture à 119 km/h sur une route limitée à 70, à la fin du mois de janvier dernier, et qui a « gentiment signalé » aux gendarmes qui l’avaient interpellé qu’il serait « maladroit » de lui dresser procès-verbal, eu égard à ses relations « au plus haut niveau situées »… Ainsi, ce monsieur considère que ses fonctions et ses relations font de lui un être exceptionnel qui, de ce fait même, devrait échapper au régime commun des recommandations et interdictions de sécurité !

 

Ce même monsieur, également maire d’Anet, petite commune dans laquelle on peut visiter le château de Diane de Poitiers, la maîtresse du roi Henri II, s’est empressé, une fois l’affaire dévoilée, de jouer « l’amnésie », comme le rapporte l’hebdomadaire « Marianne » dans son édition du 12 au 18 février : « Il affirme « ne pas être au courant » de ces faits. Cela se comprend : excès de vitesse, abus d’autorité, le tout à bord d’un véhicule payé par le contribuable, c’est proprement inavouable. Surtout quand on doit sa carrière à papa ! ». Car ce monsieur, si peu respectueux du code de la route et de la sécurité d’autrui comme de la sienne, roulant dans une voiture du parc élyséen, est le fils d’un ancien secrétaire d’Etat du gouvernement Fillon, Alain Marleix. Ainsi, l’oligarchie républicaine reproduit la tradition dynastique, celle-là même qui est reprochée à la monarchie : une sorte d’hommage du vice à la vertu, en somme

 

Mais la différence est grande car, quand la monarchie privilégie le service de l’Etat et de la communauté nationale, au nom du Bien commun, l’oligarchie ne pense qu’à « se servir », ce qui n’a ni le même sens ni la même portée. Cette différence de nature même explique aussi le combat incessant de l’Etat royal contre des féodaux plus imbus de leurs « privilèges » que de justice sociale.

 

Aujourd’hui, la République a bien renversé la monarchie ancienne des Capétiens, mais au profit de quelques uns, ceux qui « possèdent » les richesses et s’abstiennent de faire leur « devoir d’Etat ». Si de Gaulle et une certaine classe politique « colbertiste » incarnée en son temps par un Michel Debré ou un Philippe Séguin ont longtemps maintenu la tête de la République hors du marécage où les quatre précédentes l’avaient fait naître, il n’en est plus de même aujourd’hui, comme on peut le constater tous les jours en voyant les faits et gestes du mari de Carla Bruni et de sa Cour ou, plutôt, sa basse-cour…

 

Non, décidément, même quand elle la singe, la République n’est pas la Monarchie car elle n’est pas, fondamentalement, de même nature ni de même légitimité… Et la Régence que fut la Cinquième République en ses débuts est bien morte, comme l’a montré un soir d’élection un Nicolas banquetant au Fouquet’s… Un nom qui est, là aussi, tout un symbole : la revanche de Fouquet sur l’Etat ou, pire, la conquête de l’Etat par Fouquet, Nicolas de son prénom !

 

 

08/02/2011

Crier dans le désert ?

J’étais samedi midi dans les rues de Paris pour protester contre le risque (fort, et désormais avéré) de relèvement de l’âge de la retraite à 67 ans, tracts du Groupe d’Action Royaliste en mains et paroles fortes dans la bouche pour alerter nos concitoyens. Je n’étais évidemment pas seul et quelques autres militants participaient à cette protestation de rue, bien décidés à se faire entendre, les jeunes femmes n’étant pas moins décidées que les « vieux » Camelots du Roi aux rides désormais bien prononcées… Si les uns sont plus proches de la cinquantaine que les autres, les inquiétudes sur les retraites futures sont pour tous ! Le sujet que nous évoquions n’est tout de même pas anodin, et il a de quoi inquiéter, au-delà même des royalistes !

 

Or, ce samedi-là, nous avons pu constater une certaine indifférence fataliste de la part des badauds qui jetaient un regard furtif sur nos affiches « Retraite à 67 ans ? Non ! », comme si tout était déjà fait, que l'on ne pouvait rien y faire, que ça ne servait à rien de se battre pour éviter cela...

 

D'autres, incrédules, haussaient les épaules : « Mais où êtes-vous aller chercher tout cela ? », et je leur montrais le titre de l'article du « Figaro », celui du 19 janvier dernier, si explicite : « Zone euro : Berlin souhaiterait généraliser la retraite à 67 ans ».

 

Il est vrai que cet article se trouvait dans les pages saumon du « Figaro économie » qui ne sont pas les plus lues du quotidien libéral, et qu'il a fallu attendre un deuxième article de Jean Quatremer, journaliste de « Libération », repris par le site de « Marianne », pour entendre enfin quelques réactions, encore bien timides au regard de l'enjeu... Mais les syndicats sont toujours muets, absents, comme tétanisés par leur défaite de l'automne dernier. Quant aux socialistes, ils sont plutôt gênés aux entournures, leur lointain candidat potentiel n'étant guère moins libéral que les députés socialistes allemands ou que les hiérarques de l'UMP. Et il est vrai aussi que le premier ministre socialiste espagnol a lui-même fait voter par ses parlementaires, ces derniers jours, le relèvement de l'âge légal de la retraite à... 67 ans, le même âge que celui que veut imposer le gouvernement allemand à toute la zone euro...

 

En attendant que les réactions se fassent plus vives et plus massives, plus « institutionnelles », c'est-à-dire plus politiciennes, je continue à dénoncer cette retraite à 67 ans que l'Allemagne nous promet par le biais de la « gouvernance européenne », au nom de « l'harmonisation européenne » et de la sauvegarde de la monnaie unique qui tourne à la « monnaie inique », au regard de l'injustice sociale qu'elle renforce scandaleusement, avec les meilleurs arguments économiques du monde, les pires au plan social...

 

Bien sûr, lorsque les colères syndicales, si longues à se réveiller en ce moment, éclateront, sans doute oubliera-t-on que les premiers à avoir crié dans la rue (et le désert...) contre la retraite à 67 ans étaient des royalistes, de ceux pour qui l'économie doit être au service des hommes plutôt que le contraire. Mais qu'importe ! Notre rôle n'est d'ailleurs pas seulement de chercher à réveiller, mais aussi de susciter, au-delà de la seule contestation, une forme nouvelle de chouannerie, éminemment sociale et profondément royale... Tâche difficile, mais pas forcément impossible : si les royalistes ne sont pas nombreux, ils n'en sont pas moins volontaires, sérieux et décidés à exister, à se faire entendre, à « oser rendre possible ce qui apparaît impossible »... Les « minorités énergiques » qu'appelait de ses vœux Maurras, en ses premières ardeurs royal-révolutionnaires des années 1900, restent à construire : elles ne suffiront pas forcément à faire l'histoire, mais elles peuvent jouer un rôle de déclencheur des changements et les orienter dans le sens d'une plus grande justice sociale, ce qui ne serait tout de même pas si mal...

 

En somme, de quoi ne pas regretter d’avoir crié quelques vingtaines de minutes à la sortie d’une bouche de métro parisienne…

 

 

07/02/2011

Electricité.

Les chiffres donnés il y a quelques jours par le Réseau de transport d'électricité sur la consommation électrique en France sont fort significatifs et auraient mérité une plus grande publicité à l'heure où la question énergétique est devenue déterminante pour l'avenir des sociétés et, au-delà, de la planète, et qu'elle est rentrée dans les programmes de géographie de Seconde...

« La consommation d'électricité continue de progresser en France », résumait le journal « La Croix » dans son édition du 21 janvier dernier, en expliquant ensuite qu'elle avait progressé en 2010 de 5,5 % pour l'ensemble du pays mais de 7 % pour les ménages, de 3,7 pour la grande industrie et de 3 % pour les PME. « Cette augmentation est clairement une tendance de fond. Première raison, le nombre de foyers qui se chauffent à l'électrique continue de progresser, ce qui demeure une spécificité française avec un tiers des logements équipés. Mais il y a aussi l'arrivée des nouveaux usages, notamment les équipements de télécommunication qui poussent à la consommation. » Ainsi, malgré toutes les campagnes en faveur des économies d'énergie, malgré la crise qui touche les classes moyennes fortes consommatrices de nouvelles technologies énergivores et malgré la rengaine sur « le développement durable » (oxymore ?), rien n'y fait : notre dépendance à l'électricité augmente toujours !

Or, cela a des conséquences, parfois fort ennuyeuses pour l'économie comme pour l'écologie : par exemple, l'achat d'électricité chez nos voisins (lors de quelques épisodes climatiques rigoureux, en particulier) alors même que notre pays reste encore (mais de moins en moins) exportateur.

Alors, que faire pour ralentir la progression de la consommation électrique, en attendant mieux, c’est-à-dire la diminution de cette même consommation ?

 

Sans doute faudrait-il déjà que l’Etat commence par balayer devant chez lui ! Depuis quelques années, l’informatique est devenue « incontournable » dans les établissements scolaires : partout sont installés des ordinateurs, des tableaux numériques, tandis que, dans le même temps, on n’incite plus les élèves à chercher dans les rayonnages des bibliothèques les trésors qui s’y trouvent, que l’on renonce à conseiller la lecture des livres et des encyclopédies papier, préférant conseiller systématiquement (ou presque) les ressources de la toile alors qu’il faudrait, justement, apprendre la variété des sources documentaires et de leur support… Ce n’est qu’un petit exemple parmi d’autres, bien sûr !

 

Mais, que faire pour enrayer la progression chez les particuliers ? Certes, il y a toutes ces campagnes dites d’information pour inciter les consommateurs à être plus économes de l’énergie, mais, si elles ne sont pas inutiles, elles ne sont visiblement pas suffisantes. Alors, faut-il augmenter le prix de l’électricité de façon notable pour alerter les consommateurs ? Je doute que cela soit très efficace et, surtout, cette mesure est fondamentalement injuste puisqu’elle pénaliserait d’abord les moins favorisés de nos compatriotes.

 

En fait, la question nous renvoie surtout au mode de vie que favorise la société de consommation qui, par principe même, pousse à consommer toujours plus et, en particulier toujours plus individuellement, même si cela se traduit par un « endettement énergétique » de plus en plus marqué. Sans doute mutualiser certaines demandes électriques peut-elle aider à diminuer la consommation générale en diminuant la consommation individuelle, mais cela n’est pas forcément simple car des habitudes désormais bien établies ne se perdent pas si facilement. Mais il faudra bien y réfléchir, au risque sinon de voir bientôt notre pays perdre son indépendance électrique, obligé d’attendre des autres son « électricité quotidienne », cette forme de dépendance qui nous scotche parfois devant l’ordinateur ou la télé même lorsque nous n’y trouvons aucun plaisir, au lieu de prendre le temps de se promener, de lire, de parler aux autres…