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26/09/2017

Face au pouvoir macronien, quelle attitude utile ?

Les ouragans qui se sont déchaînés sur les Antilles annoncent-ils symboliquement de ravageuses tempêtes en France et particulièrement en métropole ? L'agitation sociale débutée le 12 septembre pourrait, si l'on croit qu'elle puisse trouver un débouché politique avec M. Mélenchon, n'être que l'avant-goût d'une confrontation entre « européistes » et « populistes », au fil d'un quinquennat dont il n'est, pour l'heure, pas certain qu'il échoue... ni qu'il réussisse. La démonstration de force de la « France insoumise » du samedi 23 septembre, sans être aussi imposante que ne l'espéraient ses promoteurs, a néanmoins montré la capacité d'une gauche dite radicale à occuper la rue, et annonce la possibilité d'une cristallisation des mécontentements autour de cette gauche-là qui, d'une certaine manière, prend, sinon la place, du moins la suite du Front National, désormais quasiment mutique depuis la prestation ratée de Marine Le Pen lors du débat présidentiel.

 

La symbolique des drapeaux brandis lors de la manifestation de M. Mélenchon, tricolores ou syndicalistes, répondait à celle des rassemblements de campagne de M. Macron, dominés par le mélange des drapeaux étoilés de l'Union Européenne avec les pavillons nationaux. Dans l'un ou l'autre des cas manquaient néanmoins les multiples drapeaux colorés des provinces françaises, dans une sorte de rappel a contrario, pour la gauche radicale de son jacobinisme initial et pour le « macronisme » (dont la définition reste à faire) de négligence à l'égard de cette question, pourtant primordiale si l'on veut répondre au malaise de nos concitoyens sur l'identité de la France et leur rapport intime à celle-ci, aujourd'hui bousculé par une mondialisation devenue agressive après avoir été séductrice. Mais ce que les observateurs signalent et soulignent, c'est la confrontation entre ces « deux meilleurs ennemis » qui se nourrissent l'un de l'autre, avec un avantage certain pour M. Macron qui reste le maître des horloges législatrices, et leurs discours antagonistes sur les questions sociales et européennes.

 

Macron revendique une europhilie qui ne l'empêche pas, néanmoins, de chercher à proposer (à défaut de pouvoir, pour l'heure, imposer...) une voie « française » (ou portée par la France) pour la construction européenne et son renforcement dans le cadre du monde contemporain. Agitant le drapeau bleu étoilé tout au long de sa campagne, il a, d'une certaine manière, piégé les européistes fédéralistes qui ne pouvaient plus vraiment le contester, ravis qu'ils étaient de voir « leurs » couleurs aussi hautes dans les rassemblements du candidat désormais président. M. Juncker, lui, a bien compris la manœuvre, mais est bien ennuyé pour trouver une parade à celui qui, visiblement, veut privilégier le Conseil européen au détriment de la Commission et qui emploie le langage européen et non le langage souverainiste traditionnel que les institutions européennes diabolisent pour rendre tout débat impossible : cela peut expliquer la mise en garde de la Commission au lendemain de l'élection présidentielle et la proposition, nouvelle pour M. Juncker, de l'élection directe d'un président de l'Union, moyen de contourner les États et d'imposer l'idée (sans réalité) d'un « peuple européen » qui ne serait rien d'autre qu'un électorat disparate et momentané, sans grande consistance civique.

 

Ces quelques réflexions sur la situation politique actuelle et les interrogations sur la question européenne m'incitent à la prudence sur l'avenir du pouvoir macronien et sur la construction européenne qui, fortement ébranlée depuis le Brexit, semble à un tournant, sans que je sache exactement quelle direction elle va prendre ces années prochaines. Ce qui est certain, c'est qu'il faut tout faire pour renforcer la parole de la France dans le monde, y compris « par » le biais européen, et qu'il faut espérer que l’État retrouve une visibilité et une crédibilité que les deux derniers quinquennats ont fortement abîmées : le vieux royaliste que je suis ne fera pas la politique du pire, et préférera le succès, sur le plan international, de M. Macron plutôt que la poursuite d'un déclin dont la France serait la victime. Cela ne signifie pas, évidemment, un quelconque ralliement au pouvoir actuel, mais la pratique intelligente d'une opposition royaliste qui ne souhaite pas affaiblir le pays mais, au contraire, le remettre sur ses pieds pour ne pas être prisonnier d'une mondialisation et d'une gouvernance qui laisseraient toute liberté et tout pouvoir à l’Économique au détriment des nations historiques, des traditions françaises et de l'âme même de cette France qui est notre « déesse-mère », celle qui nous ouvre les portes de l'universel sans laisser les courants d'air dévaster ce que nous aimons.

 

Mais si je suis royaliste, c'est parce que je sais, à l'étude de l'histoire, que rien de solide, rien de ferme et de durable ne peut se faire sans l'inscription de l’État et particulièrement de sa magistrature suprême dans la longue durée, celle qui enracine et permet les floraisons belles et multiples. C'est aussi parce que je cherche à penser les grandes questions politiques, géopolitiques, économiques, sociales, régionales, environnementales, non en fonction des seuls intérêts électoraux des uns ou des autres, mais selon le Bien commun, celui qui fonde et qui « permet », celui qui élève et qui promeut, et qui, d'une certaine manière, est « l'éternité renouvelée » de notre France et de sa vie, de son être comme de son âme... Comme le clamaient les monarchistes d'antan à la fin de leurs réunions enflammées et comme peuvent le réaffirmer les générations royalistes contemporaines : « Pour que vive la France, vive le Roi ! ». Simplement, empiriquement, politiquement.

 

 

 

 

 

 

 

03/02/2015

La dette maudite de la Grèce.

 

La dette est un piège pour les États et elle démontre à l'envi que les situations apparemment les mieux assurées au regard du PIB ou du Développement peuvent cacher bien des déconvenues et des ennuis, voire des drames : le cas de la Grèce est, à cet égard, tristement éloquent... Un État qui croyait être à l'abri du besoin, étant entré dans le cycle du Développement et dans une Union européenne qui promettait la prospérité et la solidarité, se retrouve menacé par ses propres partenaires d'une exclusion et d'une véritable mise au ban des nations européennes, ou, à l'inverse, d'une véritable dictature économique de la fameuse troïka (Banque Centrale européenne, Commission européenne, Fonds monétaire international) pour le simple fait de ne pouvoir rembourser des dettes que la génération précédente (entre autres) a faites : en somme, c'est « l'esclavage pour dettes », celui-là même que, en 594 avant Jésus Christ, Solon avait interdit !

 

Je ne vais pas revenir sur les fautes de la Grèce, de ses politiciens et de ses consommateurs : elles existent, indéniablement, et l'ignorer serait de mauvais aloi. Mais, cela ne change rien à l'affaire : aujourd'hui, les Grecs souffrent, y compris sanitairement, d'une situation qui, au fond, est avant tout financière ! Or, n'y a-t-il pas quelque malaise à constater qu'en 2008, et d'après un titre du quotidien Le Monde, 2.500 milliards de dollars avaient purement et simplement disparu en quelques semaines, effacés des compteurs et des comptes de l'économie mondiale ? Je ne connais pas grand-chose à l'économie, si ce n'est son histoire plurielle, mais le fait même de cette disparition me laisse éminemment perplexe, tout comme quand on m'explique, il y a quelques semaines, que la société propriétaire d'Airbus a vu partir en fumée plus de 4 milliards d'euros en quelques jours, simplement parce que son cours en bourse a baissé... N'y a-t-il pas là une véritable disjonction entre cette économie légale et virtuelle, et les réalités économiques vécues par le commun des mortels en Europe, et cela en Grèce comme en France, où nombre de familles bataillent pour, simplement, se nourrir à moindre frais, et pour lesquelles le moindre euro est important, voire vital ? Il suffit de se rendre sur un marché de ville après 13 heures quand des jeunes et des moins jeunes, voire des très vieux, fouillent dans les cagettes éventrées pour y trouver quelques fruits et légumes qu'ils ne peuvent se payer ordinairement, pour se rendre compte de l'absurdité de la situation ! Tous les arguments comptables possibles et imaginables ne pèseront jamais, à mes yeux, aussi lourds que les peines et les misères de ceux que je croise parfois au détour des rues de Rennes ou de Versailles.

 

D'ailleurs, le souci grec n'est-il pas une préfiguration de ce qui pourrait bien, un jour ou l'autre, survenir à (et dans) notre pays ? Après tout, notre dette publique représente désormais une année de PIB de la France, au-delà de 2.000 milliards d'euros, somme considérable qu'il semble bien illusoire de pouvoir acquitter aux créanciers ces prochaines décennies, surtout si le chômage se maintient à un niveau aussi élevé que celui d'aujourd'hui.

 

Alors, que faire ? Faudrait-il abolir les dettes des pays européens mais aussi celles de leurs débiteurs, et remettre, d'une certaine manière, les compteurs à zéro ? Ce que pouvait faire Solon dans l'Antiquité pour Athènes semble difficile à refaire aujourd'hui, au moins à une telle échelle et dans de brefs délais : en effet, la Seisachtheia appliquée à toute l'Union européenne risquerait de faire capoter le système mondial de la Finance et la mondialisation elle-même (ce qui ne serait peut-être pas si mal que cela...), mais surtout d'entraîner nos sociétés droguées à la croissance et à l'addiction à la consommation (« l'addictature », diraient certains...) dans une zone inconnue, sans doute turbulente et compliquée. En fait, cela ne servirait à rien si l'on ne changeait pas, dans le même temps, les fondations de la société et, même, du monde dans lequel nous vivons, et principalement son esprit : vaste programme, sans aucun doute !

 

Utopie, rétorqueront certains à ces quelques phrases apparemment « révolutionnaires » : espérance, pourrais-je répondre, tout en rappelant que je me méfie des utopies qui, dans l'histoire, nous ont fait tant de mal... Mais le « Quefaire ? » n'est pas encore vraiment écrit, si ce n'est de manière éparse dans des brochures confidentielles ou sur des sites connus de quelques initiés. Néanmoins, il me semble que la France pourrait utilement jouer son rôle dans une nouvelle « disposition du monde », et c'est aussi pour cela que je privilégie la stratégie politique, appliqué à pratiquer le « Politique d'abord ! » ici et maintenant, en France pour aujourd'hui et pour demain... D' ailleurs, à bien y regarder, n'est-ce pas la stratégie que la coalition de la gauche radicale et de la droite nationaliste en Grèce, alliance apparemment improbable et dénoncée comme une « alliance rouge-brune » par les libéraux de tout acabit (de Cohn-Bendit à Le Boucher, l'inénarrable chroniqueur de L'Opinion, quotidien libéral assumé), tente d'appliquer en haussant le ton tout en préservant l'avenir, et en voulant réhabiliter la parole et l'action politiques face à des institutions européennes qui ne raisonnent qu'en termes économiques et budgétaires ?

 

Une mise au point s'impose, pour éviter tout malentendu sur mes propos et intentions : d'abord, même si cela peut être souhaitable, je ne pense pas que l'on puisse si facilement s'émanciper d'un système financier qui, aujourd'hui, structure la société de consommation dont nous sommes (certains moins que d'autres, et je pense être de ceux-là) dépendants ; ensuite, il me semble que, si étalement ou annulation partielle ou complète de la dette il y avait, cela devrait s'accompagner d'une véritable révolution structurelle et spirituelle (encore plus que seulement économique) pour éviter de refaire de la dette et de retomber dans la même spirale infernale qu'auparavant ; dernier point (pour l'instant), je ne me rallie pas à cette gauche radicale grecque qui est devenue la dernière coqueluche d'une gauche française qui n'a guère brillé par sa clairvoyance en France et qui se fait surtout remarquer par une tolérance à géométrie variable : cela n'empêche pas, certes, le compromis avec des mouvements et des partisans de gauche comme de droite sur des points précis et conjoncturels, mais celui-ci ne doit pas être la compromission sur le fond des idées...

 

Si la victoire de Syriza entraîne un changement (dans un sens plus raisonnable et plus humain, plus social) dans les politiques de l'Union européenne et participe à rendre l'espoir et du souffle aux peuples et aux Hellènes en premier lieu, j'en suis ravi, et je rappelle que cette nouvelle situation ne me fait pas peur : ce propos, pour autant, s'inscrit dans une logique politique et sociale qui plonge ses racines dans un royalisme français qui a toujours accordé, au fil de l'histoire et au présent, une grande importance au soulagement des pays et des populations sans négliger la pérennisation de celui-ci dans des institutions adaptées à notre propre présence au monde...

 

 

 

 

 

 

 

11/09/2014

Le cynisme de M. Moscovici.

 

Ainsi M. Moscovici vient-il d'être nommé commissaire européen aux Affaires économiques : à ce titre, il sera sans doute rapidement amené à condamner sa propre action ministérielle des années précédentes et à formuler des « recommandations » au gouvernement français pour que celui-ci réduise des déficits dont il est, lui-même ancien ministre de l'économie, en grande partie (mais pas seul) responsable ! Quelle étrange situation, qualifiée dans Le Figaro (11 septembre 2014), de « schizophrénie »... Mais d'autres voix, en particulier parmi mes collègues du lycée, font entendre des mots bien plus durs à l'égard de ce représentant-type de l'oligarchie européenne, et une colère, qui n'était pas feinte, agitait tout à l'heure notre salle de conversation qui, d'ailleurs, en a entendu bien d'autres depuis la rentrée.

 

Il est vrai que l'hypocrisie de nos élites autoproclamées et des parlementaires partisans de M. Hollande, mais aussi des autorités moralisatrices drapées dans un européisme de plus en plus rejeté par les populations (européisme qui n'est rien d'autre qu'une idéologie ou une maladie intellectuelle qui fait oublier l'Europe réelle au nom d'une Europe virtuelle et idéelle...), me navre au plus haut point et appelle quelques remarques qu'il sera bon de faire entendre (et sans doute pas seulement par la voie littéraire ou informatique), autant dans la rue que par l'action politique raisonnée et constructive.

 

Car, disons-le tout net : M. Moscovici est le plus mal placé, en fait, pour occuper ce poste de commissaire européen, même s'il connaît bien les arcanes de l'Union européenne. Le plus mal placé parce que, durant deux ans, son ministère fut celui de l'inefficacité par déni de réalité et par manque d'imagination (sauf en ce qui concerne la fiscalité...) ; le plus mal placé parce que, sous son « règne temporaire » sur Bercy, le chômage n'a cessé de progresser et les recettes de diminuer (au moins au regard des prévisions), confirmant le fameux adage « Trop d'impôt tue l'impôt » ; le plus mal placé parce qu'il a fait perdre deux ans à la France dans la lutte contre les déficits et dans la réforme de l'Etat ; le plus mal placé parce que c'est lui qui, il y a quelques mois encore, venait implorer la pitié de Bruxelles pour obtenir de nouveaux délais pour atteindre des « objectifs » dont on ne vit, en fait, jamais l'horizon...

 

Et c'est le même qui, demain, au nom d'un « intérêt général européen » qu'il a si mal servi hier en même temps que l'intérêt général français, donnerait des leçons à notre pays ? Le sanctionnerait, même, au nom de règles qu'hier encore il ne respectait pas ? Mais de qui se moque-t-on ?

 

Le cynisme de ces gens-là m'encolère ! Leur irresponsabilité me choque au plus haut point, eux qui parlent d'économie et oublient les réalités sociales, humaines. Il faudra bien, qu'un jour, ce détestable règne de l'hypocrisie et du mépris social soit sanctionné et que ces messieurs de la République et de Bruxelles soient rappelés à leurs devoirs d'Etat et de justice sans lesquels il n'y a pas d'ordre respectable ni respecté.