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03/06/2014

Colère contre le découpage régional de M. Hollande !

 

Le redécoupage régional de M. Hollande est une escroquerie à grande échelle : décidé, dans certains cas, à la dernière minute et après des tractations parfois bien peu honorables, il apparaît comme un assemblage purement technique, simple addition de régions destinée à créer des ensembles purement administratifs selon des critères vaguement économiques et selon des calculs dans lesquels les sentiments et l'histoire n'ont aucune place. En somme, voici une nouvelle manifestation de ce jacobinisme détestable qui est, depuis les origines, la marque de fabrique de la République, toujours centralisatrice dans ses profondeurs et ses pratiques institutionnelles !

 

Pourtant, l'occasion était belle de réparer les injustices des anciens découpages, autant ceux des départements nés de la Révolution que ceux des régions nées de la technocratie vichyste puis de la Quatrième République : occasion manquée, une fois de plus ! Ainsi, Nantes restera dans des Pays de la Loire sans réelle identité commune tandis que la Bretagne continuera à pleurer sa capitale des Ducs condamnée à rester de l'autre côté de ses frontières administratives... Et nos féodaux républicains viendront ensuite se plaindre du ressentiment des électeurs à leur égard ! En tout cas, les Bretons ont de quoi nourrir leur colère, déjà vive ces temps derniers, et les régionalistes, en particulier ceux qui se revendiquent de gauche (militants de l'Union Démocratique Bretonne, dont certains sont mes amis de longue date), peuvent méditer sur l'idéologie véritable d'un Parti Socialiste qui, loin du régionalisme discret de François Mitterrand, préfère raisonner en chiffres statistiques et « grandes eurorégions » technocratiques que penser en termes de mémoire et de destin. Le PS devrait pourtant savoir que l'on n'est pas amoureux d'un taux de croissance ou d'un cadre administratif, mais bien plutôt d'une terre, d'une histoire, parfois de mythes, qui donnent aux femmes et aux hommes d'un lieu des raisons de vivre quand l'Economique ne nous donne que des moyens d'existence qui, s'ils sont utiles pour remplir les estomacs, ne suffisent pas à faire battre le coeur des peuples !

 

Ainsi, ce combat ancien pour la reconnaissance de la Bretagne dans ses limites historiques va continuer : mais il me semble que le projet actuel du gouvernement, projet qui a surtout fait des mécontents dans tous les coins de France, nous rappelle que la République n'est plus qu'une structure froide et que son idéologie anhistorique est la négation des différentes formes d'enracinement qui, pourtant, permettent aux hommes et aux sociétés de ne pas devenir les esclaves de l'Economique et d'une mondialisation qui ne veut reconnaître que d'éternels nomades individualistes, simples consommateurs de temps et de matière...

 

Le combat royaliste pour les racines, celles qui permettent aux arbres humains et sociaux de monter au plus haut et de résister aux tempêtes de l'histoire et à celles, parfois pires, de l'amnésie, est un combat toujours plus nécessaire : en piétinant les fruits des générations passées au nom d'une froide géométrie économiciste, la République de MM. Hollande et Valls risque bien de réveiller contre elle quelques chouanneries anciennes et d'en susciter quelques nouvelles...

 

 

 

 

 

 

 

08/04/2014

Réforme territoriale...

 

La proposition du Premier ministre de lancer une grande réforme de simplification territoriale n'est pas inutile, loin de là, mais qu'en fera-t-il ? Cela fait déjà longtemps que les royalistes, qu'ils soient fédéralistes français comme Maurras ou Amouretti, ou simplement attachés à la plus large expression des libertés publiques, se méfient des grands discours de la République, centralisatrice dans sa naissance et son essence, et si difficilement réformable.

 

D'ailleurs, il est à noter que la simplification annoncée est pensée sur le mode économique et non sur le mode politique ou historique : cela laisse présager quelques déceptions du côté des régionalistes, voire quelques colères si, par exemple, la République décide que la Bretagne doit se fondre dans une région « Grand Ouest » qui ne respecterait rien d'autre que la « masse critique nécessaire à l'intégration dans la mondialisation », et non la particularité bretonne. En effet, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, dans un récent rapport sénatorial publié à l'automne dernier, proposait déjà une réduction du nombre de régions à 8 ou 10, dans une logique purement fonctionnelle et technocratique, avec l'argument d'en faire « des régions plus grandes, plus européennes » mais sans véritables références à leur enracinement souhaitable dans une histoire, dans un ensemble de cultures proches ou dans un « vivre-ensemble » issu d'un passé plus ou moins lointain. Sans exagérer l'importance réelle de ses liens enracinés (elle n'est pas la même selon les provinces, et peuvent être très lâches ou, à l'inverse, très forts, comme en Bretagne...), il me semble nécessaire de rappeler qu'ils ne sont pas inutiles dans la composition et le bon fonctionnement d'un pôle politique local, et dans la relation des familles au politique lui-même et à l'Etat central.

 

Ce n'est pas, à mon avis, le nombre de régions qui est le plus important et je ne serai pas choqué qu'il soit supérieur à quinze, pourvu qu'elles disposent (ou qu'elles se créent, ce qui serait plus sain, politiquement et économiquement parlant) des moyens de se développer par elles-mêmes, dans le cadre solide de l'ensemble-nation, de cette unité française que se doit d'incarner et de représenter l'Etat au-delà des différences et, parfois, des divergences d'appréciation des unes ou des autres.

 

Quant à la décision de M. Valls de supprimer les conseils départementaux, elle annonce la fin des départements, comme le souligne l'hôtel Matignon lui-même, selon le site de La Tribune, qui affirme, quelques heures à peine après l'intervention du Premier ministre devant les députés : « « (…) C'est bien le département que l'on vise et sa suppression d'ici 2021, explique-t-on à Matignon. La seule négociation portera sur la répartition de leurs compétences entre les intercommunalités et les régions ». ». Ainsi, cette création administrative de la Révolution française est condamnée pour des raisons avant tout économiques, elle qui a été le principal vecteur de la centralisation, puisque le département, à l'origine, n'avait pour seul rôle que de répercuter sur son territoire les décisions prises à Paris et imposées à tous, tandis que les provinces anciennes avaient purement et simplement été arbitrairement supprimées pour ne renaître sous la forme de régions que dans les années 50...

 

Ces deux mesures annoncées vont sans doute soulever de nombreux débats, en particulier sur les limites des régions et, pourquoi pas, permettre une redéfinition même des frontières administratives tracées en d'autres temps : si Nantes a vocation à retrouver la Bretagne, une partie du département de la Mayenne pourrait bien, lui aussi, intégrer la région armoricaine, tandis qu'un autre morceau pourrait être tenté par l'insertion dans un autre ensemble (Maine-Anjou-Poitou ?). Aux habitants et aux communautés des territoires de France de se déterminer, sans que l'Etat ne joue un autre rôle que celui d'incitateur au débat et d'arbitre entre les différents acteurs de cette vaste recomposition territoriale !

 

 

 

 

 

13/01/2014

L'histoire de Bretagne, c'est aussi l'histoire de France !

 

La Bretagne n’a pas toujours été française, comme semblent l’oublier de nombreux manuels d’histoire et les derniers jacobins qui confondent parfois liens féodaux et appartenance à un ensemble national : la formation de l’unité française a été longue, dure, parfois cruelle mais aussi indécise, et il a fallu près d’une dizaine de siècles pour que la France devienne ce qu’elle est, cette sorte d’évidence qui n’en était pas une à l’origine et que certains oublient pour se réclamer d’une utopie européenne qui est, d’abord, une idéologie de la négation de l’histoire mais aussi de l’avenir « au pluriel »…

 

Or, l’histoire de France est un patrimoine commun à tous les Français, même à ceux qui ne la connaissent pas ou ne s’y reconnaissent pas pour des raisons diverses qui ne sont pas toujours bonnes. Elle est aussi celle des provinces, y compris quand elles n’étaient pas encore françaises ! Or, lorsque j’étais enfant, à l’école primaire, puis au collège et au lycée à Rennes, je n’ai pas le souvenir d’avoir entendu parler de l’histoire de la Bretagne et, d’ailleurs, elle n’apparaissait dans aucun programme ni manuel d’histoire de l’époque (ni d’aujourd’hui, d’ailleurs), même pas pour rappeler son rattachement à la France à la fin du XVe siècle… Et pourtant, je croisais des traces de celle-ci en allant à l’école maternelle (puis à Sciences-Po, pour quelques conférences publiques) rue de la Duchesse-Anne, en étudiant à l’école Saint-Melaine, du CP au CM2, puis au lycée Anne-de-Bretagne, dans lequel je fus professeur quinze ans après y avoir été élève… Mais, une fois passées les grilles de l’école et installé sur les bancs de celle-ci, plus rien ne filtrait de l’histoire de ma province natale, pourtant si originale ! Il me fallut attendre d’entrer à l’Université de Rennes2, aussi appelée Université de Haute Bretagne, pour entendre enfin évoquer le passé de la Bretagne, en particulier de son passé médiéval.

 

Aujourd’hui, l’enseignement de l’histoire au collège comme au lycée fait une place de plus en plus réduite aux grandes figures de l’histoire de France et, à en suivre les programmes, il est difficile de saisir les particularités de la formation de l’ensemble national français ou les diversités réunies sous l’autorité de l’Etat central… Ainsi, en classe de Seconde, rien ne permet de comprendre comment est né notre pays ni les grandes difficultés et les « grands miracles » qui lui ont permis de ne pas disparaître comme tant d’autres ensembles territoriaux ! L’histoire « désaccordée » des programmes scolaires n’est plus la source d’une « mémoire créatrice » qui est pourtant si nécessaire au « vivre-ensemble » national, surtout à l’heure de la mondialisation et des inquiétudes populaires : cette histoire-là n’est plus qu’une sorte d’« éducation à la citoyenneté » qui confine au formatage des pensées plus qu’à la formation des intelligences, et c’est fort regrettable mais aussi bien dommageable…

 

Sans doute faudrait-il, non pas simplement refaire les programmes ou les manuels d’histoire, mais les réinsérer dans l’espace historique local, qu’il soit régional ou communal, et, au-delà, national, ce qui, évidemment, n’exclut pas de traiter de l’histoire plus large encore, celle des grands ensembles, des découvertes, des religions ou des affrontements européens ou mondiaux, par exemple. Longtemps, la République n’a voulu enseigner, pour la France, qu’une histoire « une et indivisible », à l’image de sa propre définition idéologique : c’était et c’est toujours mutiler la mémoire et le mystère de la France !

 

« Nous sommes des héritiers », insistait Maurras tandis que Bainville expliquait que « le peuple français est un composé » : la richesse de l’héritage et la diversité des mémoires ne sont pas des obstacles à l’unité française mais, au contraire, son terreau et son enrichissement… D’ailleurs, Maurras rappelait que c’est aussi par l’étude de l’histoire de sa Provence natale qu’il s’est ouvert à la politique, et que c’est par le fédéralisme qu’il a nourri son amour de la France avant que, dans le même mouvement logique de réflexion historique (« l’histoire est notre maîtresse en politique », disait-il…), de conclure à la monarchie, cette « royauté fédérale des peuples de France » pour laquelle il a ensuite tant lutté !

 

Il y a quelques jours, le 9 janvier, la Bretagne commémorait, dans le grand silence des institutions nationales républicaines, le 500ème anniversaire de la mort d’Anne de Bretagne, duchesse de Bretagne et deux fois reine de France, inlassable combattante des libertés bretonnes : peu de jeunes Bretons savent pourtant qui elle est, et encore moins de Français… Pourtant, sans son mariage avec Charles VIII puis Louis XII, il manquerait à la France ce cap breton qui lui permet de s’élancer dans l’Atlantique, vers les lointaines Amériques ; il manquerait à la France cette part d’elle-même, si belle en ses paysages et si rebelle en ses hommes…

 

L’histoire de France, c’est aussi une histoire de ses provinces…