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15/03/2009

Ne plus subir la crise, mais la dépasser.

Alors que je dînais ce dimanche soir dans un petit restaurant de Versailles, j’ai surpris la conversation de mes voisins de tablée qui portait sur leur avenir professionnel : à les entendre, celui-ci était bien sombre… Mais l’ironie du sort voulait qu’ils soient amenés à travailler pour former ceux qui allaient les remplacer, non pas en France mais en… Inde ! En fait, ils n’avaient pas le choix : ils étaient payés tant qu’ils travaillaient et c’était leur dernier travail au sein de l’entreprise (une multinationale), travail qui devait durer encore quelques mois avant que leur boîte ne délocalise ses activités de dessin industriel…

 

Terrible logique d’un capitalisme toujours à la recherche du moindre coût et du meilleur profit, sans beaucoup d’égards pour ceux qui, pourtant, sont à l’origine de la création de valeurs, de richesses : il y a de quoi se révolter !

 

Je pense que cette histoire malheureusement vraie (on aimerait que ce soit juste un scénario de film…) n’est pas unique : cela marque aussi, au-delà du drame social, combien un libéralisme « sans frontières » profite surtout à cette « fortune anonyme et vagabonde » qui ne s’embarrasse guère des personnes, considérées comme de simples pions interchangeables ou de petites variables d’ajustement. Ce qui est le plus agaçant, c’est que les mêmes qui tiennent de grands discours moraux sur l’économie et sur la nécessaire « sagesse des salariés » s’en viennent dénoncer les « réactions protectionnistes » beaucoup plus vertement que les licenciements spéculatifs, en définitive acceptés pour ne pas « gêner la relance » comme l’affirmait un « expert » il y a quelques jours sur une chaîne de radio économique… Il y a des coups de pieds au derrière qui se perdent, me semble-t-il !

 

Cela étant, après ces remarques, que faire, que proposer ? Sans doute faut-il favoriser le renforcement et la création de petites et moyennes entreprises qui reprennent en leur sein ces techniciens, ingénieurs, chercheurs, etc. qui sont notre capital économique en définitive le plus précieux, cette matière grise qui reste notre meilleur atout dans les tempêtes qui s’annoncent et, déjà, soufflent fort sur notre société. Il serait dommage de ne pas utiliser toutes ces compétences rendues disponibles par la spéculation des grands groupes et qui, aujourd’hui, cherchent à s’employer.

 

Le statut de « l’auto-entrepreneur » est aussi un moyen à exploiter, une chance supplémentaire à saisir : c’est même une des rares initiatives intéressantes mises en place par l’actuel gouvernement.

 

Ainsi, la crise, qui revêt souvent les habits sombres et sanglants de la tragédie sociale, peut permettre, a contrario, un renouveau de l’initiative privée mais aussi collective : le rôle de l’Etat, mais aussi des Régions et des Communes, c’est de promouvoir cette réaction des volontés et des compétences, de les soutenir, éventuellement de les coordonner sans pour autant tomber dans l’étatisme stérile et paralysant. En somme, remettre la France au travail, non plus en attendant des indemnités, mais en suscitant « le désir de faire », la reprise en main de leur destin par tous ceux qui ne veulent plus subir les oukases des actionnaires ou des multinationales. Pour que les travailleurs redeviennent propriétaires de leur métier !

 

Les chantiers possibles sont immenses : ouvrons-les, maintenant !

09/10/2008

La crise, transfert de richesses vers l'Asie.

La crise financière continue à se développer sans que l’on sache combien de temps elle va durer et quelles en seront toutes les conséquences. La dégringolade des places boursières donne l’impression d’une vaste panique incontrôlée et d’une perte de confiance généralisée dans le système financier mondial. Mais, au-delà des évènements, il me semble important de chercher à comprendre ce qui se passe, condition indispensable à toute stratégie économique crédible et à toute réponse politique.

En fait, il n’est pas inutile de se rappeler que le terme même de crise est la traduction française du mot grec « krisis » qui signifie « séparation » : c’est bien de cela dont il s’agit, une séparation entre un avant et un après, une forme de transition en somme entre deux situations, deux réalités, deux mondes.

Ainsi, nous assistons au « passage de témoin » de la puissance financière et économique, des pays du Nord (Etats-Unis, pays européens, principalement) à certaines nations d’Asie, en particulier l’Inde et la Chine, ce que soulignent quelques (rares) articles qui évitent de tomber dans le piège d’une lecture simpliste et seulement idéologique, pas toujours suffisante pour comprendre la situation présente : si crise du capitalisme il y a, cela ne signifie pas la fin de celui-ci mais son transfert dans de nouveaux espaces dominants, dans de nouvelles zones de réalisation et d’expansion. Le centre du monde se déplace vers l’Asie et, comme tout déracinement de ce que l’on a cru éternel et inexpugnable, cela se fait dans de grands craquements et dans la poussière soulevée par ces grands arbres qui s’abattent sur un sol devenu aride… L’argent est désormais ailleurs que dans nos pays qui, en caricaturant un peu, se contentent juste de consommer des produits fabriqués en Asie, serrant par là-même la corde autour du cou de nos économies.

La question posée dans « Le Monde 2 » dans son édition du samedi 4 octobre : « Au décours de cette crise, les actuels maîtres du monde seront-ils toujours ceux de demain ? » trouve ainsi sa réponse dans un autre article du « Monde » du même jour : « La crise renforcera l’Asie », article de l’économiste Jean-Raphaël Chaponniere qu’il conviendrait de découper et de conserver dans son portefeuille, non comme un talisman mais comme un avertissement, et qui confirme mes prévisions déjà anciennes.

Ainsi, est-il expliqué que « la crise financière, la plus grave depuis 1929, accélérera le glissement du centre du monde vers l’Asie », glissement commencé depuis les années 80-90 et freiné par la crise de 1997. « Cependant, tous les pays asiatiques ont tiré les leçons de la crise de 1997 et ont accumulé des réserves pour se protéger. Investis en bons du Trésor américain, elles ont permis aux Etats-Unis de maintenir des taux d’intérêt bas et aux ménages américains de s’endetter davantage. L’Asie a ainsi profité de la boulimie de consommation aux Etats-Unis. Ces excès ont conduit à la crise. (…)

Depuis l’été 2007, les Etats-Unis souffrent de la grippe des subprimes et, si les marchés asiatiques ont souffert, les économies réelles ont été épargnées. En 2009, elles seront bien sûr affectées par la récession qui s’annonce. Pour autant, elles connaîtront un rythme de croissance supérieur à celui des économies américaines, européennes et japonaises.

(…) L’attention portée aux échanges occulte l’essentiel : la croissance asiatique repose bien davantage sur la demande domestique. L’investissement et la consommation sont les principaux ressorts de ces pays. Ils ne seront affectés qu’à la marge par la crise. (…)

Les Etats et les ménages asiatiques qui en ont les moyens financiers continueront d’investir et de consommer. S’ils ont pâti de la crise financière, les fonds souverains asiatiques vont quant à eux probablement saisir cette opportunité pour acquérir des actifs aux Etats-Unis et en Europe.

(…) En accélérant le basculement vers l’Asie, la crise actuelle accouchera d’un monde multipolaire. ».

Comprendre ce transfert de richesses et de puissance économique, c’est en prévenir aussi les conséquences et en amortir le choc : le capitalisme libéral, s’il se retire de nos terres pour aller fleurir ailleurs, pourrait bien laisser la place à de nouvelles formes, traditionnelles ou inédites, d’économie et de société, mieux orientées vers le partage et la sobriété. Pour en finir, non pas avec l’Argent, mais avec son règne indécent et cruel…

 

21/01/2008

Le capitalisme peut aussi être sordide...

Qui se souvient du baron Empain, et de son enlèvement au début de l’année 1978 ? Je me rappelle vaguement de quelques images vues dans le « Paris-Match » que mon père ramenait de Poitiers et que je trouvais sur la table du petit déjeuner le vendredi matin : un visage tragique et gris d’un homme brisé par plusieurs semaines de privations et de mauvais traitements.

 

Trente ans après, le baron Empain a donné un entretien au « Figaro » dans son édition du samedi 19-dimanche 20 janvier, entretien qui se termine sur quelques phrases terribles et désabusées qui, en somme, sont une véritable dénonciation d’un état d’esprit qui ne fait guère honneur au capitalisme : « Cet enlèvement est la charnière de ma vie, une fracture intervenue à 40 ans. Avant, il y avait la vie facile où tout me réussissait. J’étais jeune, puissant et l’on me craignait en raison de mes relations tant dans les milieux patronaux que politiques. J’incarnais le capitalisme conquérant sans être connu du grand public.

 

Et après ?

 

Tout a changé. Je me suis aperçu que le monde extérieur m’avait condamné en soixante jours. Ma famille, mes collaborateurs s’étaient organisés à vivre sans moi. On avait même vendu ma Mercedes de fonction, mes héritiers s’intéressaient au testament, les organigrammes avaient été refaits »… Sordide !

 

Le baron Empain racontait dans un autre article lu il y a quelques années qu’il se rendait compte que sa réapparition n’avait pas été la bienvenue pour un certain nombre de ses proches et de ses « amis »…