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13/12/2017

Contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes : la position d'un royaliste.

Revoici, une fois encore, le dossier de Notre-Dame-des-Landes... Le rapport remis au Premier ministre ce mercredi ne tranche pas exactement pour l'une ou l'autre des solutions (soit la construction du nouvel aéroport nantais, soit l'aménagement de l'actuel), et ce n'était pas son rôle car c'est celui du Président de la République de prendre la décision finale. Souhaitons que celle-ci, forcément clivante et désagréable pour l'une ou l'autre des parties engagées dans le débat, prenne en compte les enjeux environnementaux et la nécessité d'en finir avec une politique et une économie du tout-béton qui n'est plus, à l'heure actuelle, ni viable ni même acceptable au regard de nos paysages et de leur aménagement.

 

Dans cette affaire, je me suis toujours trouvé, en tant que militant royaliste et traditionaliste critique, dans le camp des opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, camp effectivement très hétérogène dont certains ne veulent voir et reconnaître que les fameux « zadistes », devenus l'obsession d'une Droite et d'une Gauche, toutes deux libérales, qui, en bien d'autres lieux et envers d'autres groupes autrement plus dangereux (y compris idéologiquement), sont beaucoup plus « prudents », pour ne pas dire lâches... Hypocrisie d'un système politicien qui se cherche des ennemis pour éviter de se confronter à ses propres contradictions et à la paresse de son idéologie dominante, fondée sur la mondialisation, la métropolisation et la société de consommation. Ne sont-ce pas, d'ailleurs, ces mêmes « Messieurs » de Nantes et de Loire-Atlantique qui sont à l'origine d'un plan de circulation autour de la ville qui laisse pourtant largement à désirer, comme peuvent le constater les automobilistes du matin, du soir et des périodes vacancières, et qui militent pour un aéroport dont les accès « rapides » ne sont même pas pensés et encore moins financés ? Il y aurait beaucoup à dire sur ce qui apparaît, non comme une maladresse, mais bien comme une inconséquence de la part de notables qui raisonnent en hommes d'un monde fondé sur les énergies fossiles quand il faut réfléchir à celui qui saura s'en passer... La courte vue de ces politiciens républicains et socialistes peut-elle vraiment surprendre quand on connaît les arcanes de la « société de connivence » que dénonçait jadis un certain Philippe de Villiers, et que l'on sait l'absence de prise en compte du « temps long » (ce temps qui n'obéit pas aux seules oukases de l’Économie et aux nécessités du calendrier électoral) par les « élites » autoproclamées du Pays légal ?

 

Que la Droite (une certaine Droite en fait...) soit la plus acharnée, contre sa tradition profonde et sa propre histoire, à défendre le projet d'un aéroport qui sera une verrue polluante de béton et de verre au milieu de ce qui reste d'une campagne de plus en plus étrangère à sa propre vocation, nourricière et accueillante aux hommes qui savent la respecter et lui obéir pour mieux lui commander, selon la formule de Bacon, voici bien une des absurdités de ce monde contemporain enivré de sa propre suffisance et des abus qui le font « vivre » ! Que le catholique Retailleau oublie les leçons de l'encyclique Laudato Si' et préfère la Sainte Économie au message de la Sainte Église sur la question environnementale en dit long sur les errements de la Droite qui se veut « moderne » à défaut d'être enracinée et « durable »...

 

Dans l'édition du Figaro de ce matin, Philippe de Villiers, fondateur et promoteur du parc à thème du Puy-du-Fou, et retraité (actif) de la politique, dénonce le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes avec des arguments qui peuvent même faire réfléchir ceux qui pensent en termes purement économiques : « C'est un projet des années 1960 qui est complètement obsolète. A l'époque on pensait que les lignes transcontinentales viendraient se poser sur des plateformes régionales. Or on constate qu'aujourd'hui les low-costs, qui sont ultrasensibles au surcoût aéroportuaire, ne voudront jamais s'installer à Notre-Dame-des-Landes. Les lignes transcontinentales qui font rêver les propagandistes du nouvel aéroport ne viendront jamais là-bas, pas plus qu'elles n'iront à Lyon ou à Nice. C'est un projet utopique et une escroquerie. » De plus, l'économie de la Vendée serait fortement dégradée par l'installation du nouvel aéroport, ce que soulignaient nombre de chefs d'entreprise vendéens au mois de juin dernier, craignant un enclavement aérien définitif de la Vendée, préjudiciable aussi au parc du Puy-du-Fou, comme le rappelle Villiers : « Évidemment le transfert de l'aéroport à Notre-Dame-des-Landes entraverait gravement le développement du Puy-du-Fou. Dois-je rappeler qu'il s'agit d'une des premières concentrations touristiques françaises et la première des Pays de la Loire ? ». L'AFP, reprenant il y a quelques jours des propos du même Philippe de Villiers, synthétisait ses arguments en quelques lignes : « Le temps de trajet, actuellement d'environ une heure entre l'aéroport de Nantes et le parc d'attractions du Puy-du-Fou qu'il a créé, serait, argumente-t-il, triplé en raison d'un « périphérique souvent trop encombré » (je confirme !) et du « pont de Cheviré, fermé en cas de mauvaise météo ». » Quand on sait que le parc du Puy-du-Fou a enregistré en 2016 plus de 2,2 millions de visiteurs et qu'il est au deuxième rang des plus fréquentés de France derrière Disneyland-Paris, et qu'il est une des plus belles réussites françaises sans coûter un seul sou au contribuable (ce qui n'est pas totalement anodin), il ne semble pas inutile de réfléchir aux conséquences concrètes et plutôt néfastes de la construction d'une nouvelle plateforme aéroportuaire à Notre-Dame-des-Landes. D'autant plus que, comme le souligne le Vendéen, en prenant en compte les difficultés récurrentes de circulation autour de Nantes, « les Vendéens « renonceront à aller à Notre-Dame-des-Landes et prendront le train pour aller à Roissy » et « Notre-Dame-des-Landes ne trouvera jamais son point d'équilibre économique », ajoute-t-il. ». Sans oublier que les coûts de construction risqueraient bien d'exploser lorsqu'il faudra créer de nouveaux accès routiers et ferroviaires à cet aéroport pour chercher à le rentabiliser, ce qui promet aussi bien des conflits à venir, de Vannes à Rennes, de Redon à Angers, entre autres... Qu'en pensent et qu'en penseraient alors les contribuables de l'Ouest de la France, appelés à financer de tels équipements condamnés à n'être jamais rentables, du moins pour eux ?

 

Sans être villiériste ni me reconnaître complètement dans l'étiquette de « droite », je ne peux que souscrire à ses propos qui dépassent la seule question de l'opposition à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes : « Non seulement j'ai la fibre écologiste, mais je ne comprends pas pourquoi la droite ne s'empare pas du sujet de l'écologie. L'écologie est profondément une attitude de droite. Car qu'est-ce que la mission de la droite, si ce n'est l'enracinement, la préservation de nos paysages intimes ? (…) Je suis pour la liberté d'entreprendre, le Puy-du-Fou en est la preuve, mais aussi pour la préservation des écosystèmes. »

 

« L'enracinement, la préservation de nos paysages intimes, la préservation des écosystèmes » : voici un programme que défendent, depuis toujours et longtemps dans le silence assourdissant de la République machiniste et « progressiste », les écologistes intégraux que sont les royalistes héritiers de Chateaubriand, Bourget ou Bernanos, entre autres, et qui se reconnaissent aussi dans les textes de Bertrand de Jouvenel et de JRR Tolkien...

 

Notre opposition à la construction d'un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes n'est pas qu'une position politique, elle est d'abord et surtout un combat de civilisation, et de civilisation française, « à la française » : il n'est pas inutile de le rappeler, et de le faire savoir.

 

 

 

01/02/2017

La déception des catholiques de droite.

L'affaire Fillon est une mauvaise nouvelle pour la République, sans doute, mais elle n'en est pas meilleure pour la Droite catholique qui avait placé beaucoup d'espoirs dans un candidat qui se revendiquait ouvertement chrétien, au grand dam d'un Bayrou qui, longtemps pourtant, n'en faisait pas mystère pour lui-même. Aujourd'hui, à entendre les réactions dans les cafés et sur le marché de Versailles, M. Fillon est désormais désavoué par ceux qui, hier, l'avaient porté en tête lors de la primaire de la Droite et du Centre. Les mots employés à son égard sont durs, voire cruels, et parfois injustes, et, personnellement, sauf nouveau retournement, je vois mal comment M. Fillon pourrait aborder l'élection dans les meilleures dispositions et avec l'espérance d'accéder au second tour.

 

Ainsi, les grands perdants de ce feuilleton tragique sont les catholiques de droite dont la cause et les arguments semblent désormais touchés par l'opprobre publique qui frappe le vainqueur de la primaire de la Droite et du Centre. Le coup est rude et certains croient y voir la main de la franc-maçonnerie anticléricale, accusée de préférer M. Macron et, chez les Républicains, M. Baroin, celui qui n'aime guère les crèches de Noël. Sans doute l'occasion a-t-elle fait les larrons, mais se réfugier dans une théorie du complot (qu'il est possible de ne pas totalement rejeter) n'est qu'une stratégie de pis-aller peu propice à saisir les véritables raisons du désamour électoral à l’égard de M. Fillon. Car ce qui a plus sûrement discrédité M. Fillon, c'est son rapport à l'argent et son apparente incapacité à comprendre la démesure des salaires versés (légalement) à ses proches au regard de ceux des fonctionnaires qu'il n'a cessé de poursuivre de ses diatribes libérales : car, il faut être bien clair, le travail (et je ne me prononce pas sur sa réalité) demandé à Mme Fillon et à ses enfants mérite-t-il le double, voire le triple du salaire d'un professeur ? J'en doute, car, si j'en crois les déclarations des uns et des autres sur les activités des attachés ou assistants parlementaires, mais aussi les propos mêmes de la mise en cause, peu loquace sur ses fonctions comme sur leur mise en pratique, il est rarement rétribué à une telle hauteur financière...

 

Il aurait été préférable que M. Fillon puisse dérouler son programme jusqu'au bout et qu'il soit véritablement apprécié ou sanctionné sur celui-ci, mais cela n'est pas, et ne sera plus le cas, quoique le candidat fasse ou dise : il est des affaires et des symboles qui vous collent à la peau comme le sparadrap du capitaine Haddock.

 

Quant aux catholiques de droite qui avaient largement soutenu le candidat Fillon et son programme politique (plus, sans doute, que son programme économique), les voici orphelins et désorientés, voire dégoûtés : François Fillon n'était pas Albert de Mun, et leur engagement est bien mal récompensé... Est-ce leur « dépolitisation » qui est au bout de cette montée au calvaire, et, peut-être, un nouveau repli amer sur leur communauté et sur leurs paroisses, au risque de ne plus peser du tout (au moins sur le terrain parlementaire et ministériel) sur les débats politiques et face aux décisions prises par le Pouvoir sur les questions sociétales ? C’est possible, mais cela pourrait, néanmoins et a contrario, redonner de la vigueur aux mouvements alternatifs comme La Manif pour Tous et les Veilleurs, ainsi qu'aux groupes extraparlementaires et, éventuellement, monarchistes, prêts à accueillir les catholiques déçus d'une République qui, décidément, ne leur est pas accueillante...

 

Une affaire à suivre, là aussi : la messe n’est pas dite, tout compte fait…

 

 

 

 

 

24/09/2016

Retarder l'âge légal de départ à la retraite ? Non merci !

Les candidats aux primaires de la Droite et du Centre présentent des programmes qu’il n’est pas inutile de lire même si, nous le savons d’expérience, ceux-ci ne seront pas forcément appliqués, ou que les circonstances forceront à des révisions déchirantes, et les menaces renouvelées du commissaire européen aux affaires économiques, M. Moscovici, sur la question du déficit public de la France, si elles peuvent aussi servir d’avis, n’incitent guère à l’optimisme sur ce qui attend notre pays au sortir des épisodes électoraux du printemps 2017.

 

Que disent ces programmes du temps de travail et de la question (épineuse) des retraites ? Tous, de M. Sarkozy à M. Juppé, insistent sur la volonté d’augmenter le temps de travail des Français, sur le court comme sur le moyen terme, certains évoquant à nouveau l’idée de « travailler plus pour gagner plus » sans se poser la question de la relation au temps et au travail de chacun : je ne suis pas sûr que tous veuillent gagner plus, ou, plus exactement, qu’ils veuillent, même contre monnaie sonnante et trébuchante, travailler plus d’heures dans la semaine… En revanche, l’augmentation de la valorisation financière des heures supplémentaires, à l’époque de la présidence Sarkozy, avait visiblement permis une meilleure motivation et respiration des classes moyennes, y compris dans la Fonction publique, et son abrogation, au début de la présidence Hollande, avait été une erreur (la première mais pas la dernière…) qui devait plus au ressentiment du nouveau pouvoir à l’égard de l’ancien qu’à des considérations économiques ou sociales.

 

Néanmoins, au regard des différents programmes, je constate que l’orientation actuelle est désormais un peu différente : il s’agit d’abord de faire des économies plus que d’améliorer le pouvoir d’achat, et repousser l’âge légal de départ à la retraite est au programme de tous les postulants de la primaire de la Droite et du Centre. Ainsi, M. Juppé propose-t-il, comme son concurrent M. Fillon, le passage de 62 à 65 ans (en huit ans, entre 2018 et 2026, pour le maire de Bordeaux), quand M. Sarkozy propose 63 ans en 2020 et 64 ans en 2026… L’Union européenne avait, il y a quelques années et sous l’influence de l’Allemagne, évoqué 67 ans, ce qui est désormais une réalité dans de nombreux pays d’Europe, tandis que, aujourd’hui, la Bundesbank milite pour le passage de cet âge minimal de départ à la retraite à 69 ans, en deçà de la proposition de l’institut IW de Cologne, allemand lui aussi, de… 73 ans !

 

L’argument de la progression durant ce siècle de l’espérance de vie générale ne suffit pas à me convaincre de la nécessité de ce rallongement de la période de travail individuel, pour quelques raisons que je rappelle ici. Tout d’abord, évoquons ce fameux critère de l’espérance de vie, qui est une moyenne et qui reste incomplet, au regard des réalités vécues par nos concitoyens : en effet, il faudrait plutôt s’intéresser à l’espérance de vie en bonne santé (appelée aussi espérance de vie sans incapacité), et la prendre en compte plutôt que de l’ignorer comme les économistes et les politiciens le font systématiquement. En France, elle est de 62 ans et 5 mois, selon les derniers chiffres rendus publics il y a quelques années : il est d’ailleurs curieux que cette notion d’espérance de vie en bonne santé soit si méconnue du grand public et si peu valorisée, au risque de paraître « cachée », ce qui ne peut que nourrir les rumeurs et les phantasmes sur celle-ci et ceux qui feraient obstacle à sa bonne visibilité.

 

D’autre part, comment peut-on évoquer le rallongement du temps de travail sur une vie quand le chômage frappe autant de nos concitoyens et amoindrit ainsi les cotisations destinées à financer les retraites en cours, tandis qu’elle pénalise, pour plus tard, les personnes actuellement dépourvues d’un emploi professionnel ?

 

En tout cas, ce n’est pas en retardant l’âge légal de départ à la retraite que l’on résoudra équitablement la question du financement des retraites et de l’accueil des retraités dans notre société. Ce qui ne signifie pas qu’il faille interdire, à ceux qui le souhaitent sincèrement, de partir tardivement, à l’âge de leur choix, en retraite ! Militer contre l’élévation de l’âge légal de départ à la retraite, c’est d’abord militer pour la possibilité d’un choix (partir ou rester au travail), et contre l’obligation de devoir poursuivre une activité professionnelle jusqu’à un âge qui, pour certains, est bien trop tardif au regard de leur santé ou de leur propre espérance de vie, ou même au regard d’un choix de vie qui peut consister à s’extraire d’une activité marchande ou tarifée, cela pour travailler ou vivre autrement, voire simplement "pleinement".

 

 

 

(à suivre : propositions pour financer les retraites et mieux accueillir les personnes âgées dans notre société)