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21/05/2008

Pays légal, République sans âme.

La Droite parlementaire semble empêtrée dans ses contradictions et dans ses hésitations, au point de contredire les intentions, les propos, voire les décisions du Président Sarkozy ou du gouvernement Fillon. Il est vrai que la colère et l’incompréhension montent à l’égard de celui que les députés UMP ont, l’an dernier, plébiscité et qui, depuis ce congrès de janvier 2007, n’a cessé d’engendrer déceptions et désillusions : ses rappels à l’ordre permanents passent de plus en plus mal et agacent plus qu’ils n’impressionnent. La Droite est en plein désarroi mais la Gauche n’est pas en meilleur état, et la lutte ouverte pour la succession de François Hollande, à couteaux tirés et pièges à feu, donne une pitoyable image d’un parti qui se veut représentant « l’opposition »… Pendant que les partis se déchirent, la République semble s’abandonner, entre une diplomatie de sujétion et une posture commémorative, comme une vieille coquette qui s’habillerait comme une adolescente, ridicule et impuissante à retarder les effets de l’âge, et perdue dans ses souvenirs d’un autre temps…

 

La République, aujourd’hui de la façon la plus visible qui soit, dessert la France : M. Sarkozy, qui invoquait hier Jeanne d’Arc et Clémenceau, n’a pas compris que notre « cher et vieux pays » n’est pas une simple entreprise qu’il suffirait de gérer pour la gouverner. La France c’est une nation qui, malgré ses défauts, ses blocages ou ses illusions, reste une nation éminemment politique dont une part, la part active et fière, ne pense pas seulement en termes économiques mais en termes de « grandeur », de « service », d’ « honneur ». Que ceux-là qui vivent ainsi la France ne soient pas nombreux n’empêche pas qu’ils en représentent la chance et l’espérance, au-delà des malheurs du temps !

 

Certains penseront que je me berce d’illusions et qu’il est vain de vouloir sauver ce qui me semble devoir l’être, à l’heure de la mondialisation et de « l’unification européenne », du Nombre triomphant et de la Croissance obligatoire. Et pourtant ! L’Union Européenne manque de souffle épique et n’apparaît que comme un vaste marché, de plus en plus large et déréglementé, où les citoyens se pensent et agissent d’abord comme des consommateurs… Or, est-on amoureux d’un taux de croissance ?

 

A l’heure où l’Histoire semble s’emballer et rebat les cartes des forces et des puissances, l’humilité devant les faits devrait plutôt incliner les hommes politiques et l’Etat à repenser leur rapport au monde, à partir de la seule réalité qui, tout compte fait, apparaît comme solide et viable, c’est-à-dire la nation, ce cadre historique et humain jamais complètement défait dans notre pays à la forte singularité, à la forte personnalité.

 

Tandis que le théâtre politicien du pays légal ressemble à un spectacle de Guignol, il est plus urgent que jamais de revenir au politique, non pas celui qui pipolise et s’agite, mais celui qui fonde et qui agit, au sens noble du terme. Parler politique n’est pas vulgaire mais nécessaire…

 

08/05/2008

Droite antisociale et Droite sociale.

La Droite libérale française, aujourd’hui hégémonique dans le paysage politique des Droites hexagonales, n’apparaît pas vraiment sociale, pensant, sans doute de façon exagérée, que c’est l’économie qui résoudra tous les problèmes sociaux par ses simples mécanismes d’autorégulation, baptisés « loi du Marché » : bien sûr, je caricature un peu, mais ce qui est certain c’est que cette Droite ne croit plus au Politique et ne pense qu’en termes de rentabilité économique sans se poser la question du coût humain, et il suffit d’écouter les débats sur la radio économique (économiste, aussi…) BFM pour le constater rapidement.

 

Ainsi l’affaire de la carte « famille nombreuse » ou la réduction en catimini des allocations familiales sont plus des ballons d’essai que des « erreurs » comme certains ont tenté de les justifier. D’ailleurs, le discours que l’on entend parfois dans l’entourage de l’UMP prend une tournure de plus en plus antifamilialiste, et il est dommage que Christine Boutin, catholique réputée et ministre du gouvernement Fillon, soit aussi silencieuse sur ce sujet… Quant à la Droite souverainiste, elle est désormais atone et invisible, se contentant de conserver ses quelques rares bastions de Vendée et incapable de récupérer la contestation qui monte dans le pays, pour de bonnes comme pour de mauvaises raisons.

 

Et pourtant ! La Droite ne se limite pas, politiquement, à ce néolibéralisme qui, d’ailleurs, est largement dominant en Union européenne, et déborde tout aussi largement sur les partis socialistes et sociaux-démocrates. Ainsi, le quotidien « La Croix » (édition du mercredi 7, jeudi 8 mai 2008) trace-t-elle le portrait de l’homme politique allemand Jürgen Rüttgers, l’un des barons actuels de la CDU (Union chrétienne démocrate allemande), « qui est en train de s’imposer comme le porte-parole de l’aile sociale » de ce parti conservateur d’outre-Rhin : « Il avait lancé son pavé dans la mare fin avril en assénant dans une interview au quotidien libéral Frankfurter Allgemeine Zeitung : « Celui qui a cotisé régulièrement pour les caisses de retraite trente-cinq ans durant devrait être assuré de percevoir une pension qui soit autre chose que le minimum vital garanti », versé aussi aux chômeurs et aux non-actifs. A quoi bon travailler sinon, laissait-il entendre.

 

Jürgen Rüttgers avait aussitôt reçu une volée de bois vert des ténors de la CDU. On l’accusait de « mettre en cause les principes de l’économie sociale de marché » et de vouloir révolutionner le système de retraite dans lequel le niveau des pensions est strictement proportionnel à celui des cotisations versées pendant la vie active. Mais Angela Merkel a arbitré en sa faveur. 

 

(…) Il avait déjà fait des vagues au congrès de la CDU en 2006 en expliquant que son parti devait rompre avec le « mensonge de base néolibéral » selon lequel « les réductions d’impôts pour les employeurs conduisent automatiquement à la création de nouveaux emplois ». (…)

 

Dans un livre plaidoyer publié en septembre 2007, L’économie de marché doit rester sociale, Jürgen Rüttgers démontait avec vigueur le système capitaliste « à l’anglo-saxonne ». Il s’agrippe, lui, au modèle économique rhénan, d’inspiration chrétienne, « qui fait la balance entre la sagesse économique et la justice sociale et qui est à la base de nos succès ». »

 

Je dois avouer que je retrouve là quelques unes de mes idées qui tendent à concilier une bonne gestion de l’économie et la nécessaire justice sociale, et cela sans tomber dans une démagogie égalitaire que je récuse comme une simple démonstration de « l’envie », au sens le plus sombre du terme, celle-là même que dénonçait Proudhon dans ses écrits.

 

« Social parce que royaliste, royaliste parce que social » : négliger cette formule, dont j’ai fait un principe personnel, serait une erreur, voire une faute. Je n’oublie pas non plus que la justice est le principe par excellence d’une Monarchie royale française dont l’un des symboles est cette « main de justice » remise au roi lors de la cérémonie du sacre : un roi qui oublierait ses devoirs sociaux perdrait une part même de sa légitimité…

 

 

17/03/2008

Rééquilibrage.

Ecoutant d’une oreille distraite les résultats des élections municipales, il m’est quand même assez facile de comprendre que la Droite libérale vient de subir une défaite cinglante, à peine dix mois après la triomphale élection de son candidat M. Sarkozy. Ce qui m’agace c’est le discours de ses partisans, discours qui tient de la langue de bois lorsqu’ils parlent, à tous les micros, de « rééquilibrage » : si cela n’est pas entièrement faux, le fait de se raccrocher à ce seul argument risque de leur cacher de plus prosaïques réalités politiques, comme cette colère de nombreux électeurs devant le cinéma sarkozien des derniers mois et sa valse trop voyante avec l’Argent qui ne peut qu’irriter ceux qui, de plus en plus, ont du mal (pour de bonnes ou mauvaises raisons, d’ailleurs…) à boucler leur budget.

 

Il y a aussi une autre raison, peu évoquée, du désaveu ou de l’indifférence d’un certain nombre d’électeurs classés parfois (et de plus en plus à tort) « à droite » à l’égard des listes de Droite, voire du scrutin lui-même : c’est le fait que voter semble ne plus avoir beaucoup d’importance dans une démocratie qui, lorsque les oligarques sont mécontents du résultat, n’hésite plus à contourner le suffrage universel pour imposer leur point de vue, en se référant à la seule « légalité » du vote parlementaire… La comédie de la ratification du traité de Lisbonne, par le Congrès réuni à Versailles et par l’assemblée nationale quelques jours après, en a découragé plus d’un et a fait perdre quelques illusions sur la démocratie représentative à de nombreux « nonistes » de mai 2005. Ce désabusement d’une part de l’électorat « souverainiste » ou « contestataire » (de droite comme de gauche) n’a pas été mesuré par les instituts de sondage ni même signalé par les analystes électoraux, ce qui me semble une erreur ou plutôt, sans doute, une omission regrettable.

 

Je dois avouer que, sans diviniser le suffrage universel ou le recours au référendum populaire dont la légitimité ne me semble pas toujours bien établie ni même acceptable dans certains cas, je suis dans ce cas de figure de ne plus voir, pour l’instant, l’intérêt qu’il y a à se déplacer un dimanche matin pour glisser un morceau de papier dans une urne transparente, en fait un « chiffon de papier » si l’on en croit le sort réservé à la décision référendaire de mai 2005, quelles que soient là encore les raisons, bonnes ou mauvaises, de celle-ci et de son contournement parlementaire moins de trois ans après.

 

Et pourtant, je ne me désintéresse évidemment pas de la politique, locale comme nationale (même si mon cœur bat plus pour ma ville natale de Rennes que pour Le Chesnay…), mais j’accorde de moins en moins d’importance à ces épisodes électoraux, persuadé que les vrais enjeux et débats sont ailleurs que dans le sort des urnes, même si je ne les méconnais pas pour autant.

 

Peut-on, néanmoins, se passer de ces modes de désignation des édiles locaux et nationaux ? Au risque de paraître contradictoire (mais relisez bien ce que j’ai écrit précédemment et vous verrez que ce n’est pas le cas, c’est plutôt complémentaire), je ne le pense pas. Mais je crois fortement qu’il faut repenser leur place dans le système de la « décision politique », tout comme il faut repenser les institutions politiques dans le cadre d’une subsidiarité bien comprise et d’une souveraineté nationale assumant l’unité de l’ensemble français. En somme, redéployer le politique sur la base simple de « républiques locales » et d’un Etat central souverain, dynastique qui « libère » la magistrature suprême de l’Etat des querelles politiciennes et des féodalités financières ou communautaristes.

 

Pour que voter ne soit pas, là où il est légitime et utile de le faire, vain ou démotivé…