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27/05/2014

Quand la République abaisse la France...

 

La déclaration de M. Hollande de lundi soir était fort étrange et n'a pas eu d'autre effet que de déconsidérer un peu plus le président et son action, en particulier à travers cette forme d'amateurisme qui semble presque revendiquée, jusqu'au lapsus présidentiel même pas corrigé alors que l'intervention était enregistrée et non retransmise en direct : lapsus révélateur, non dans ce qu'il disait mais par ce qu'il démontrait, cette sorte de dilettantisme qui affecte la tête de l'Etat, insouciance bien peu recommandable dans la période que nous traversons... En somme, dans son exercice de la plus haute magistrature de l'Etat, le président manque de cette rigueur qu'il veut imposer aux Français en économie.

 

Conjuguée à l'effondrement de son socle électoral et à l'implosion de la principale formation parlementaire d'opposition au lendemain d'une élection européenne qui a vu l'affirmation de la contestation par les urnes, cette attitude de renoncement politique accélère la désagréable impression d'abaissement de la France dans la hiérarchie des puissances en Europe : ainsi, la France défaillante laisse-t-elle la place à une Italie qui, à travers son président du Conseil Matteo Renzi, paraît vouloir reprendre son destin en mains et imposer son tempo à l'Europe en profitant de sa prochaine présidence du Conseil de l'Union européenne à partir de juillet, promettant de défendre alors un ambitieux et volontariste programme de relance de la croissance.

 

Cette défaillance de la France en Europe est « la conséquence des inconséquences » de la République hollandiste, et il n'y a pas à s'en réjouir car elle confirme que c'est bien la France et ses Français qui ont le plus à souffrir de la République, avant même une Europe qui, à défaut de pouvoir se passer de notre pays, accepte sa rétrogradation au sein de sa hiérarchie interne.

 

Doit-on se contenter de ce constat désastreux ? Non, bien sûr, mais il semble bien difficile, désormais, de nier la responsabilité d'un système et de sa classe dominante (et discutante, selon le mot intelligent de Max Weber) qui le sert et qui s'en sert au lieu de servir le pays réel et actif, le « pays vif » qui veut aimer et transmettre, s'aimer et durer. Le déclin n'est jamais une fatalité, il n'est que le résultat d'un découragement, d'un déni de réalité ou d'une paresse de l'esprit, d'un manque d'espérance aussi. Il manque à la République ce souffle nécessaire qui anime les êtres et les nations, et, sans doute, comme le rappelait le républicain conséquent Régis Debray il y a quelques années, il lui manque aussi et surtout « une famille royale » pour l'incarner dans les bons moments comme dans ceux de doute et d'angoisse...

 

Sans doute, la « famille » n'y suffira pas, au moins dans les premières années : il lui faudra une tête pour assumer la plus haute magistrature de l'Etat qui se devra d'être active et profondément, éminemment politique pour redresser la barre d'un pays qui, aujourd'hui, semble à la dérive, livré aux vents mauvais et contraires de la mondialisation incontrôlée et aux tempêtes multiformes de la colère, pas toujours bonne conseillère quand elle s'aveugle elle-même ou qu'elle oublie le sens des réalités et celui de la mesure, qualité que les rois ont toujours rappelée dans cette formule si juste : « savoir raison garder ».

 

En ce mardi gris aussi triste qu'une fin de règne, il faut poser les jalons d'une nouvelle espérance française, d'une nécessaire action capétienne et, en attendant le Roi, assumer une régence de la passion française que la République a aujourd'hui oubliée, fille ingrate d'une France qui, pourtant, l'a aussi aimée, jadis...

 

 

 

 

 

16/01/2014

La conférence de presse de M. Hollande et ses incomplétudes...

La conférence de presse de François Hollande était un retour au discours politique après une semaine d’émotions, d’indignations et de vaudeville, toutes choses qui n’étaient guère à l’honneur d’une République qui semble en avoir oublié jusqu’à la notion, faute de le pratiquer souvent… Mais il est trop vrai que M. Hollande n’est sans doute pas, en ces heures délicates, l’homme de la situation, et il me rappelait le président Albert Lebrun, celui-là même qui avait, bien malgré lui, enterré la IIIe République : pourtant sympathique et honnête, les événements l’avaient submergé sans qu’il n’y puisse rien… De Gaulle, le rencontrant après-guerre, avait jugé d’une phrase la situation : « Au fond, comme chef de l’Etat, deux choses lui avaient manqué : qu’il fût un chef ; qu’il y eût un Etat.» La formule reste terriblement actuelle…

 

Bien sûr, le locataire présent du palais de l’Elysée a fait quelques annonces qui confirment sa logique qualifiée de social-démocrate ou de libéral-démocrate, selon les observateurs, et a déçu autant la Gauche qu’il a déstabilisé la Droite, pratiquant ainsi la vieille stratégie du « diviser pour mieux régner » qui reste toujours une arme redoutable pour qui sait la manier. Bien sûr, il a évoqué une possible réforme de simplification territoriale qui, en définitive, pourrait bien reprendre les grandes idées développées dans le projet Balladur, comme le redécoupage du territoire de métropole en 15 régions au lieu de 22 actuellement, et, donc, le retour de Nantes en Bretagne à cette occasion, ce qui serait, en cette année de commémoration de la duchesse Anne de Bretagne, un bel hommage à son combat de défense de l’autonomie et des libertés bretonnes. Bien sûr, il a évoqué la relance du couple franco-allemand… Mais, il donne plus, en fait, l’impression d’être le « bon gouverneur » d’une province soumise mais encore fière, que le président d’un Etat souverain et susceptible de faire des choix géopolitiques qui lui soient propres : d’ailleurs, les institutions de l’Union européenne ont souligné avec insistance qu’elles étaient satisfaites du bon élève Hollande depuis qu’il a parlé le langage que « l’Europe libérale voulait entendre… » Il n’est pas sûr que le pays de France, « ce cher et vieux pays » chanté dans l’histoire par le général de Gaulle mais aussi par les rois capétiens depuis Philippe-Auguste, en soit satisfait, lui…

 

Mais il est des sujets que le président n’a pas abordés et qui, pourtant, auraient mérité quelques bonnes phrases et quelques vraies annonces et justes propositions ; des sujets qui, en définitive, sont des révélateurs (y compris a contrario quand ils sont négligés…) de la volonté de puissance, non pas au sens agressif mais fondateur du terme, et de la longue vue que l’on doit avoir pour mener une politique efficace sur le temps long au-delà des simples échéances électorales :

 

  1. La question démographique, au lendemain de l’annonce d’une baisse, pour la 2ème année consécutive, du taux de fécondité en France, repassé sous la barre symbolique des 2 enfants par femme en âge de procréer, et du plus faible accroissement naturel depuis une douzaine d’années : cette tendance est sans doute la conséquence d’une politique entamée sous le gouvernement Fillon, au moment de la réforme des retraites, et qui, de plus en plus, remet en cause les avancées qui avaient été faites depuis les années 1930 en faveur des familles et en particulier des mères de famille nombreuse… Or, permettre aux familles de prospérer dans de bonnes conditions, c’est assurer une meilleure intégration de leurs enfants dans la société et pérenniser un système de retraites par répartition qui, malgré ses nombreux défauts, reste le moins inéquitable des systèmes…

 

  1. La question de l’Outre-mer français et de ses potentialités gigantesques, aujourd’hui négligées à tort : la présence de la France sur tous les continents et dans tous les océans est une chance formidable qu’il serait absurde et même criminel de laisser filer en d’autres mains. Encore faut-il rompre avec un certain repli métropolitain et européen qui domine dans notre société, et engager une véritable réflexion sur les moyens d’accorder sa juste place à l’Outre-mer dans les institutions et dans les politiques nationales ; en finir aussi avec une « économie de la rente » là où il faudrait promouvoir l’audace pour mettre en place des projets d’énergies renouvelables appropriées aux lieux considérés, qu’elles soient solaire, houlomotrice ou éolienne, et des politiques de préservation et de valorisation des richesses de la biodiversité, par exemple.

 

  1. La question des mers : grâce à ses 5.500 kilomètres de littoraux métropolitains et à ses territoires ultramarins, la France possède la 2ème Zone économique exclusive du monde, aujourd’hui sous-valorisée. Là encore, il y a une véritable politique de la Mer à développer, entre préservation environnementale, en particulier des zones de frai, et exploitation mesurée des ressources halieutiques, énergétiques et sous-marines… Or, la Marine française est aujourd’hui délaissée par l’Etat, qu’elle soit militaire ou marchande, au risque, là encore, de voir d’autres puissances s’approprier nos propres espaces maritimes, faute que nous puissions les protéger de leurs appétits. Pourtant, relancer une industrie navale digne de ce nom serait l’occasion de pérenniser l’activité de construction navale de nos ports et d’améliorer encore notre expertise en ce domaine dans lequel la France est considérée comme fort crédible, et cela à juste titre !

 

 

En oubliant ces trois thèmes qui devraient être majeurs dans l’esprit de nos gouvernants, M. Hollande a confirmé, à ses dépens, la formule du général de Gaulle : mais il faudra bien un jour, aussi, et au-delà de la seule personne du président, poser la question de l’Etat susceptible « d’être et de durer, de décider et d’agir ». Car, accuser M. Hollande de tous les maux serait risquer de ne pas voir les responsabilités historiques et politiques d’une République qui néglige trop souvent le pays et ses citoyens quand, dans le même temps, elle n’est plus que le paravent d’une oligarchie oublieuse des devoirs politiques de l’Etat…

 

12/11/2013

Crise de l'autorité, faute présidentielle.

 

Les incidents du 11 novembre sur les Champs-Elysées ont montré la profonde crise d’autorité et, même, de légitimité d’une République hollandiste désormais incapable de faire un pas sans être critiquée, moquée, harcelée : sans doute, d’ailleurs, ne l’a-t-elle pas volé, pourrait-on dire ! Mais il faut aller plus loin que cette première réaction simple, néanmoins largement insuffisante pour saisir ce qui se passe sous nos yeux, et les risques d’une telle situation.

 

Le précédent président, M. Sarkozy, a souvent été accusé de diviser artificiellement le pays pour asseoir son pouvoir, et la critique pouvait être fondée. Mais l’actuel président, pourtant réputé pour son sens du compromis, semble avoir le même défaut, ce qu’a amplement démontré l’affaire du mariage homosexuel l’année dernière : c’est d’ailleurs là qu’est née une nouvelle opposition, à travers la Manif pour tous et, dans son sillage, le mouvement inédit des Veilleurs, mais aussi le Printemps français, plus « musclé » et très imaginatif lui aussi.

 

Depuis quelques semaines, de nombreuses catégories de Français sont à leur tour descendues dans la rue, souvent pour des raisons fiscales ou sociales, voire pour toutes à la fois : ainsi, en Bretagne, l’écotaxe a-t-elle mobilisé contre elle les agriculteurs et les transporteurs, mais aussi, et parfois pour des raisons plus historiques que politiques (« pas de péage en Bretagne depuis Anne de Bretagne ! »), de nombreux Bretons sans lien avec les professions directement concernées par cette taxe issue du Grenelle de l’environnement de 2007. Ce même 11 novembre, les cavaliers manifestaient aussi (à cheval pour certains d’entre eux) dans les rues de Paris pour dénoncer ce qu’ils nomment « l’équitaxe », soit le passage (imposé par la Commission européenne…) de la TVA sur les centres équestres de 7 à… 20 % dès le 1er janvier prochain : une mesure qui menacerait directement plusieurs centaines de centres et milliers d’emplois dans notre pays.

 

Cette multiplication quasi-simultanée des mécontentements en l’espace de quelques semaines et les images des manifestations de plus en plus musclées, en particulier dans la péninsule bretonne, semblent tétaniser les dirigeants actuels de l’Etat, qui hésitent entre l’emploi d’une force démesurée à l’égard des manifestants et la reculade, ou plutôt le zigzag permanent, face aux corporations et aux régions énervées : d’où cette impression délétère d’une fin de règne avant l’heure…

 

Le risque d’une telle situation est un véritable pourrissement de la société et des rapports en son sein, une sorte de décomposition accélérée du « pacte français » : or, l’histoire nous en rappelle avec une certaine cruauté les périls, si l’on veut bien se souvenir de la période des années 30 dans notre pays, avec les conséquences terribles d’une profonde division face au danger extérieur et la baisse du moral des Français face à l’adversité conquérante des totalitarismes… Le résultat le plus cruel fut la terrible défaite de Mai 40 dont nous n’avons pas totalement soldé les comptes (en particulier moraux…) aujourd’hui encore.

 

La République est d’autant plus dangereuse aujourd’hui que son Pouvoir est faible et, surtout, indécis : c’est toujours dans ces situations particulières qu’elle se radicalise et qu’elle se cherche « des guerres à gagner », qu’elles soient idéologiques ou militaires, au risque d’entraîner le pays dans une aventure coûteuse et nationalement périlleuse… et de le perdre, parfois ! L’histoire devrait pourtant inciter nos gouvernants à la prudence car il est des boîtes de Pandore qu’il vaut mieux ne pas ouvrir…

 

Je ne sais comment M. Hollande fera pour sortir de la nasse dans laquelle il s’est lui-même emprisonné, mais il est certain que sa présidence, à ce jour, a sérieusement dévalorisé, non seulement la République (ce dont je ne saurai me plaindre, bien sûr !), mais plus gravement l’Etat lui-même et son autorité, c’est-à-dire ce qui lui permet d’être écouté et obéi, d’être estimé et suivi…

 

Les sifflets de ce 11 novembre sont des révélateurs et des annonciateurs : révélateurs de la crise de confiance née d’une pratique inconséquente du Pouvoir par les gouvernants actuels, et annonciateurs d’une remise en cause plus générale de la légalité d’un tel Pouvoir, pourtant démocratiquement élu, au nom d’une légitimité encore confuse aux yeux de ceux qui, pourtant, la cherchent au travers de leur contestation.