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21/08/2009

L'unité par le Roi.

Dans une Monarchie héréditaire, le choix humain sur la magistrature suprême de l’Etat, n’a pas sa part, par la simple force des choses, ni celui des princes ni celui de l’électorat : le roi, devenu roi par l’événement le plus triste d’une vie, c’est-à-dire la mort d’un homme qui, le plus souvent, est celui qui lui a donné la vie, ce nouveau roi est libre des programmes, des querelles partisanes, des manœuvres politiciennes : il ne doit rien au jeu politique usuel, c’est par sa naissance et le mode de désignation le plus naturel qui soit qu’il est souverain. Cela lui procure une liberté certaine, statutaire, qui lui confère aussi une autorité qui n’est pas que personnelle (même si son charisme propre peut avoir une incidence non négligeable sur le paysage politique, sur la conduite de l’Etat et sa perception dans le pays), mais reflète celle de ses prédécesseurs, la poursuit et s’en nourrit elle-même. De plus, ce mode de désignation assure au monarque une position politique qui n’est pas une posture mais un cadre institutionnel « au-delà du paysage électoral » et politique ordinaire, sans pour autant méconnaître ni le paysage ni le calendrier politiques de son pays et de son époque.

 

Cela lui donne un avantage certain, comme le rappelle mon ami Michel Fromentoux, principal rédacteur de L’Action Française d’aujourd’hui : « Le roi héréditaire est le seul homme qui, par sa position même, peut voir, embrasser dans tous ses aspects et servir en toutes ses exigences le bien commun. Non élu, il n’est l’homme d’aucun parti : roi de tous les Français sans distinction, placé par nature bien au au-dessus des tendances, des modes et des intérêts particuliers, pouvant rester sourd à toutes les sollicitations des puissants de la finance et de l’intrigue qui ne lui sont d’aucun appui pour se maintenir au pouvoir, n’ayant aucune clientèle à flatter, ni aucune fortune à établir, le roi héréditaire est le fédérateur-né de toutes les familles françaises qui peuvent voir en lui un lien vivant, le symbole même de l’unité par-delà les divergences de toutes sortes. ».

 

Le monarque apparaît ainsi comme la représentation symboliquement forte de la France et, au-delà de sa simple actualité politique, de son histoire, aussi mouvementée qu’elle soit, héritier des bons comme des mauvais moments : le roi n’a pas à faire le tri dans l’histoire, il en assume la totalité et toute la complexité, voire les ambiguïtés. Il n’est pas un souverain qui donne des bons ou des mauvais points à tel ou tel règne, à tel ou tel régime, à tel ou tel Chef d’Etat : il poursuit une histoire qui est celle, unique à défaut d’être unitaire, de notre pays. Pas de revanche non plus à prendre, pas de République ou d’Empire à dénoncer, il « prend tout », car sa position lui enjoint de tout assumer et d’incarner la France elle-même, son être présent comme sa mémoire, sa nature, ses gloires comme ses défaites, ses bontés comme ses pages les plus sombres : en faisant cela, il laisse le champ libre aux historiens et il libère l’Etat et la nation de la pesanteur d’un « devoir de mémoire » en définitive incapacitant et paralysant pour les générations actuelles et à venir.

 

D’autre part, sa position lui permet d’être « le trait d’union » entre toutes les parts, provinciales, communales, communautaires, politiques, etc., du pays : il incarne une unité qui dépasse les différences, les ordonne au bien commun général sans les dissoudre ou les séparer du tronc commun. L’ancienne formule évoquée par le roi Louis XVI dans sa lettre de convocation des états généraux, « les peuples de France », rappelle que la Monarchie, principe d’unité en France autour de la Couronne, est d’abord fédérative, voire fédérale : incorporant au fil de la construction de la nation française des entités et des identités fort différentes (voire antagoniques…), les sublimant sans les détruire, ce qui ne sera pas forcément l’attitude d’une Révolution puis d’une République uniformisatrice à défaut d’être capable de représenter une « libre unité », la Monarchie permet, par son principe même, la prise en main par les corps sociaux d’une grande part de leur destin, dans le cadre institutionnel national. Là encore, c’est le principe de la continuité monarchique assurée par la transmission simple et non équivoque (et non disputée) de la magistrature suprême de l’Etat qui autorise cette liberté redistribuée aux autorités locales ou sociales…

 

01/08/2009

Monarchie, naissance et mort d'un roi.

La Monarchie n’est pas forcément l’antithèse de tout ce qui fait une République aujourd’hui, bien sûr, mais elle a des fondations et souvent des fondements, des raisons d’être et d’agir différentes, ne serait-ce que par définition : quand la République (comprise ici dans un sens restrictif, historiquement et politiquement, et particulièrement dans notre pays) est « l’absence de Roi » (suivant la formule d’Anatole France), la Monarchie se caractérise, au regard du cas français et des exemples européens, par la règle de la transmission héréditaire de la magistrature suprême, du père au fils dans la meilleure configuration, règle résumée par deux formules que les légistes français ont souvent rappelée : « Le roi est mort, vive le roi ! » et « le roi ne meurt jamais », cette dernière formule rappelant que « l’Etat demeure toujours » (Louis XIV sur son lit de mort), au-delà de la mort physique de son dépositaire du moment.

Ce mode de transmission du Pouvoir est à la fois le plus simple, le plus naturel, mais aussi le plus contesté aujourd’hui dans notre société politique et par ce que l’on pourrait qualifier d’idéologie dominante fortement teintée d’un individualisme qui s’accommode mal d’une règle et d’une autorité qui lui échappent, ne devant rien, dans leurs applications, à la volonté individuelle pure. Car le choix des électeurs n’est pour rien dans la montée sur « la première place », symbolisée longtemps par le trône, d’un homme qui s’est apparemment juste donné la peine de naître, et de « naître roi » avant que de le devenir concrètement, statutairement, politiquement. La naissance est à la fois l’argument fort et même principiel des monarchies, et son handicap dans l’Opinion publique : mais il est la base de l’autorité monarchique.

En fait, la naissance, aujourd’hui comme hier et sans doute demain, échappe aux jeux de clientèle et de concurrence pour la magistrature suprême : le futur roi n’a pas choisi de « naître roi », mais il n’est pas libre, dans une Monarchie « à la française », de renoncer aux responsabilités que cela impose. A partir de sa naissance, alors que la vie suit son cours et avant que la mort ne « libère » le trône de son prédécesseur, souvent de son propre père, le Dauphin (puisque c’est ainsi qu’on le nomme en France) est entretenu dans cette ambiance particulière qui fait de lui celui qui « attend », sans être pressé (car un fils n’espère pas la mort de son père…), et qui est préparé (et se prépare) à la tâche politique de régner : il apprend le métier de roi sans savoir, d’ailleurs, s’il l’exercera un jour, mais plus encore, quand il l’exercera. Dans cette situation, aucun choix, ni pour le roi ni pour le Dauphin ! Mais, paradoxalement, c’est cette absence de choix, c’est le fait de s’en remettre à la nature et à la vie familiale, à la filiation, qui permet la plus grande liberté à la Monarchie, à la magistrature suprême de l’Etat en monarchie.

07/08/2008

La Monarchie héréditaire à la française.

Mieux que les républicains classiques, et même si certains doivent être écoutés car ils ont un vrai sens de l’Etat et de la « Res publica », de la Chose publique, et, en ce sens, ils nous sont proches, les royalistes peuvent proposer un nouveau régime qui concilie autorité et libertés, Etat et communautés, politique et social : la Monarchie…

Entendons-nous bien : lorsque je parle de Monarchie, il ne s’agit pas de n’importe quelle monarchie, mais de celle qui, par un effort multiséculaire, a littéralement, territorialement et politiquement, « fait la France » ; celle qui transmet la magistrature suprême de l’Etat par le simple fait des générations qui se succèdent, et qui a, durant sa propre histoire, a pris des formes variées mais adaptées à la construction française et à son histoire. Il ne s’agit pas d’évoquer des monarchies étrangères qui, tout honorables qu’elles soient, ont elles-mêmes leurs traditions, leurs politiques, leurs formes, et qui peuvent, certes, servir d’exemples sans toujours être des modèles. Je dois même avouer que certains régimes monarchiques me sont détestables parce qu’ils sont l’antithèse de la monarchie « à la française »…

Cette précision s’impose où, à l’heure de la globalisation et de la confusion, le sens des mots a parfois perdu son enracinement particulier, sa propre réalité liée à une histoire elle-même particulière, et que le « One world » dénoncé par George Orwell ne laisse guère de place à l’exception, à la « dissidence », pourrait-on dire si le terme n’avait pas été récupéré et vidé de son sens premier par une « démocratie de consommation » qui s’immunise ainsi contre des pensées « alternatives ». La Monarchie dont il est ici question a un cadre, un sens, une réalité historique.

Ce qui distingue la Monarchie des autres régimes en France, c’est d’abord le caractère « héréditaire et successible » de la transmission de la magistrature suprême de l’Etat, symbolisé par deux formules célèbres : « Le roi est mort, vive le roi ! » et « Le roi ne meurt jamais », formules qui peuvent paraître contradictoires et qui, en fait, recouvrent la même réalité. Effectivement, dans la monarchie française, le fils succède au père sur le trône, mais cela dans le meilleur des cas : il arrive que, au fil de l’histoire, la succession « saute » une ou deux générations, ou qu’elle soit, par le jeu des circonstances, dévolue à un frère, voire à un cousin, parfois fort éloigné. Pourtant le principe de la succession « filiale » n’est pas remis en cause et la transmission se fait naturellement, de la manière la plus simple, selon l’ordonnancement même de la famille royale : en somme, c’est le mode de transmission du pouvoir suprême le plus naturel qui soit car fondé sur le principe même de la vie humaine et de sa pérennisation. Il n’y a pas de place pour le choix ou la brigue pour accéder à la tête de l’Etat : pas de campagne électorale entre membres de l’aristocratie politique issue des grandes féodalités partisanes ; pas de promesses et de facilités démagogiques pour « plaire » au plus grand nombre (qui peut être « la majorité plus une voix », principe même de l’élection démocratique si l’on en croit les constitutionnalistes) ; pas de « cousinage » plus ou moins discret avec les puissances financières ou économiques pour payer le travail d’accession au pouvoir présidentiel ; etc.

Le mode de succession au trône en France épargne au pays une vacance de l’Etat (d’où la formule évoquée plus haut : « le roi ne meurt jamais », qu’il faut comprendre comme l’Etat…) ou une bataille violente et forcément destructrice des amitiés, voire des équilibres politiques du pays, pour la conquête de celui-ci : c’est aussi un gage de renouvellement, ne serait-ce que par le fait qu’en général (il peut y avoir des exceptions, certes) le nouveau roi est d’une autre génération que celui à qui il succède, et qu’il est d’un « autre temps », sans pour autant dévaluer le précédent (tout le contraire de l’attitude d’un Sarkozy à l’égard de son prédécesseur…). Ainsi, tout en assurant la continuité de l’Etat, il peut en apprécier différemment la politique ou les enjeux du moment : ce n’est pas une rupture, mais plutôt une évolution, une « autre politique » rendue possible par l’arrivée d’un nouvel homme, d’une nouvelle équipe à la tête de l’Etat. La continuité ainsi permise, reliant l’hier et le demain par le roi du présent et qui ne peut se confondre avec du fixisme, assure la parole de l’Etat, garantit la réalisation des grandes politiques fondée sur la durée, tant sur le plan environnemental que social ou diplomatique : l’arrivée au pouvoir d’un nouveau roi n’est pas une remise en cause des politiques précédentes mais assure leur pérennisation ou, si elles ne semblent plus fonctionner, leur remise à plat.

Bien sûr, la réalité est parfois moins simple, mais la durée inscrite par la Monarchie à la tête de l’Etat est un gage de sécurité politique et diplomatique qui, d’ailleurs, permet aux gouvernements de travailler plus librement, sachant que la question de la magistrature suprême ne se pose plus, ce qui désarme déjà quelques velléités politiciennes…