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25/06/2023

La Monarchie royale, la vraie monarchie "à la française".

 

Si certains peuvent, parfois de bonne foi, confondre monocratie et monarchie, il importe toujours de distinguer l’une de l’autre, et rappeler que jamais, au grand jamais, M. Macron ne pourra, aux yeux de l’histoire comme de la raison politique, être considéré ou confondu avec un roi au sens capétien du terme : « Scar ne sera jamais Mufasa », pourrait-on dire en clin d’œil au dessin animé de Walt Disney Le Roi lion, sorti en 1994, à la fin du double septennat de feu François Mitterrand… Tout élu du suffrage universel qu’il est, un président n’est jamais qu’un élu d’une partie des Français contre l’autre : c’est d’un duel fratricide renouvelé tous les cinq ans que naît un président… Comment, alors, pourrait-il être un arbitre reconnu naturellement par ceux qui l’ont combattu ? On ne peut être juge et partie, dit le proverbe.

 

Dans la Monarchie royale, ce qui peut, de prime abord, paraître pour un défaut est, en fait, une qualité nécessaire : le roi n’est pas élu par le suffrage universel, il n’a pas été choisi, il ne s’est pas soumis au verdict des électeurs… Habitués que nous sommes à désigner le Chef de l’État en une élection qui, hommage du vice à la vertu, peut apparaître comme « la reine des élections », il est parfois difficile de renoncer à ce qui nous est perfidement présenté comme un droit : pourtant, inconsciemment pour nombre de nos compatriotes, cette élection  apparaît tronquée, sinon truquée, et beaucoup s’en détournent, même si elle reste l’élection la plus courue, voire la plus politique. Or, plus encore qu’un scrutin forcément diviseur et de moins en moins « fondateur » du Pouvoir, c’est bien la succession héréditaire, au sein d’une lignée connue et reconnue de longue date, sans l’intervention du corps électoral , qui peut fonder les conditions d’un arbitrage d’Etat, à travers la magistrature suprême de celui-ci incarnée par le roi et plus encore, par une famille, une dynastie qui n’a pas besoin de plaire par démagogie mais qui se doit d’assumer, par obligation principielle, la continuité et l’amour des familles et des personnes, sans distinction entre ceux qui votent et ceux qui ne votent pas, ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas…

 

La Monarchie royale française est, par nature, arbitrale et non arbitraire : c’est son mode même de transmission qui assure cet arbitrage qui n’est pas neutralité mais « juste décision », et c’est le fait de ne rien devoir à ceux qui, d’ordinaire, « font » l’élection (partis, groupes de pression, passions des ambitieux, etc.), qui permet cette indépendance nécessaire à tout l’art de l’arbitrage. « La naissance ne s’achète pas », dit-on naturellement, et c’est indéniable : le fils du souverain n’a pas choisi de naître « fils de », et pourtant, il l’est et, même s’il voulait s’en émanciper, il ne serait pas possible d’effacer cette parentèle qui, plus que des droits, fixe des devoirs et engage une responsabilité qu’il n’a pas demandée et pour laquelle il n’a pas milité quand il aurait l’âge de le faire… Si les électeurs ne le choisissent pas, il ne choisit pas non plus d’être roi, le jour venu, quand son prédécesseur quitte ce bas-monde…

 

Est-ce à dire que l’arbitre-roi ne peut pas être remis en cause ? Si, bien sûr, c’est possible, et les monarchies contemporaines, n’échappent pas aux critiques, voire aux contestations. Mais ces dernières restent souvent limitées et le caractère familial de la Monarchie royale et de son mode de succession entraîne une certaine reconnaissance du « fait royal » qui lui garde plus de légitimité propre que n’en ont les gouvernements et les chanceliers, premiers ministres et autres qui, pourtant élus, apparaissent beaucoup plus « provisoires » que la magistrature suprême de l’Etat incarnée par un roi ou une reine. Dans la Monarchie active « à la française » que nous souhaitons, le même phénomène serait d’autant plus renforcé que le monarque renouerait avec l’idée d’un Etat central fort mais, dans le même temps, fédéral et reconnaissant des pouvoirs multiples à tous les échelons de la société et de l’unité française. Arbitrale, la Monarchie royale doit suivre les règles qui sont celles de la société historique et politique française, qui peuvent être résumées ou exprimées dans une Charte constitutionnelle : si elle décide, ce n’est pas arbitrairement, c’est, d’abord, souverainement et dans le souci obligé de la justice et de la justesse, en arbitre soucieux de l’intérêt de la nation elle-même. Il n’est pas dit que cela soit toujours facile : pour autant, l’indépendance statutaire de la magistrature suprême de l’État sous la Royauté autorise l’espoir que le pire soit toujours, ou le plus souvent, écarté…

 

 

 

06/03/2017

L'hérédité et la révolution royale.

La Nouvelle enquête sur la Monarchie est l'occasion de rappeler quelques principes fondamentaux de l'institution royale, sans négliger que celle-ci est aussi empirique et qu'elle peut évoluer dans le temps, par souplesse et en appliquant cette « tradition critique » que vantait tant Maurras à défaut de toujours l'appliquer. Ainsi, évoquer la Monarchie comme une « révolution royale » n'a rien de bien surprenant, même si le terme « révolution » n'est guère populaire parmi nombre de monarchistes « contre-révolutionnaires ». Néanmoins, l'usage que je fais de ce terme n'enlève en rien ma défiance à l'égard de « la Révolution », qu'elle soit française ou iranienne, celle qui se pare d'une majuscule comme d'un mur menaçant, celui contre lequel on assassine les contradicteurs...

 

 

 

Cette révolution royale n'est effectivement possible que par le mode même d'accession à la magistrature suprême de l’État en Monarchie : l'hérédité, et, en paraphrasant quelque doctrinaire célèbre, l'on pourrait parler d'une « révolution permanente », du moins à (et par) chaque génération royale qui accédait au trône, ce qu'avait souligné le comte de Paris dans les années 1980. Quand le fils succède au roi son père, il devient lui-même roi, par ce qui est le plus tragique et le plus naturel des événements, la mort de celui à qui il doit la vie même : « le roi est mort, vive le roi ! ». Ainsi, c'est de la naissance et de la mort que la Monarchie tire sa force et son indépendance : la naissance est la seule chose que, aujourd'hui, l'on ne peut acheter, et, le plus souvent, la mort est une chose qui reste largement inattendue... Le choix, dans l'un ou l'autre des cas (mais plus évidemment en la naissance qu'en la mort qui peut aussi être provoquée ou « avancée »...), n'appartient pas exactement aux hommes et, donc, n'est pas un effet de manœuvres politiciennes ou de combinaisons électorales : c'est néanmoins principalement la naissance qui donne ainsi une totale indépendance au roi, qui ne doit son trône qu'aux effets d'un « hasard contrôlé », issu de l'union d'un homme et d'une femme, et qui peut, par ce mode de succession, parler à tous sans apparaître devoir son pouvoir à l'un ou l'autre des partis qui, au sein ou en dehors de l’État, aspire à gouverner.

 

Mais, comment contrôler le hasard dans le cadre de la Monarchie, se demanderont certains ? En fait, c'est l'ordre même de la succession et ses règles qui permettent ce contrôle et assure une continuité et une légitimité à la magistrature suprême de l’État. Ainsi, il n'y a pas de surprise le jour où le roi meurt : c'est tout naturellement que le sceptre glisse des mains du feu roi vers le nouveau souverain, et que celui-ci peut le brandir aux yeux du pays et du monde, quelles que soient ses qualités ou, même, ses défauts, et les rois, hommes parmi les hommes, n'en sont pas dépourvus. L'avantage de la Monarchie, c'est que, justement, elle ne nie pas la part « fautive » de toute humanité : elle prend les hommes tels qu'ils sont, et non tels qu'ils devraient être dans un idéal d'homme « parfait », idéal qui, malheureusement, mène trop souvent aux dérives totalitaires de « l'homme nouveau » expurgé de toute possibilité d'erreurs mais aussi de pardon de celles-ci... « Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre », dit Jésus dans l'évangile de saint Jean. La Monarchie reste un régime éminemment humain et non un système idéologique : plus encore qu'une doctrine, qu'elle peut être, elle est d'abord un ordre et une pratique qui se fondent sur les lois fondamentales de la nature humaine sans se laisser posséder ou dominer par elle.

 

L'histoire nous a prouvé que cette règle du « hasard contrôlé » assurait la succession et la continuité au faîte de l’État sans qu'il soit vraiment contesté, du moins beaucoup moins que lors des joutes électorales dans lesquelles les prétendants doivent se justifier en permanence de leurs prétentions et de leurs soutiens, voire de leurs choix anciens ou de leur « légalité ». La naissance d'un dauphin assure la permanence de la magistrature suprême qu'il n'exerce pourtant pas encore : cela nous rappelle que, plus qu'un homme seul, le roi est un héritier qui, à son tour, transmettra l'héritage ; il est un maillon de la longue chaîne dynastique qui traverse les siècles et autorise cette longue vie et mémoire de la nation aux yeux du monde et des générations présentes et à venir. Dans un monde incertain et dans une nation qui doute parfois d'elle-même, c'est un point de repère et un ancrage dans le temps qui sont loin d'être inutiles...

 

Néanmoins, les rois ne sont pas identiques, et chacun est unique : c'est aussi cela cette « révolution permanente » royale ! le fils n'a pas forcément les idées du père car il est né en d'autres temps, sous d'autres étoiles, et il s'inscrit dans une autre contemporanéité. D'ailleurs, s'il est roi, ce n'est pas pour être le clone de son prédécesseur mais pour assurer la continuité de la magistrature suprême de l’État, et son exercice politique nécessite une prise en compte des réalités du moment qui ne sont pas forcément celles du siècle passé : le roi est libre, dégagé de l'action de son père s'il n'est libre de son ascendance, et il renouvelle la figure incarnée de l’État, comme son fils la renouvellera à son tour le jour venu, cela sans menacer en rien l’État lui-même qu'il pérennise.

Il est un autre avantage, peu évoqué, mais qui n'est pas négligeable : la succession dynastique en France, par principe, rajeunit le trône d'une génération à chaque fois ! Encore une forme de « révolution » qui n'est pas forcément mauvaise, et qui donne à chaque génération (ou presque) « son » roi, celui qui vieillit en même temps qu'elle sans que les autres ne soient oubliées par ce mouvement naturel du temps qui passe : il joue aussi, par sa fonction et sans oublier sa place dans une famille qu'il représente le temps de son règne, le rôle d'un trait d'union entre toutes les générations du pays... Le roi est cet homme qui n'est pas prisonnier d'un calendrier électoral mais qui n'est pas libre du temps qui passe, d'un temps qu'il accompagne sans le dépasser, qu'il peut commander parce qu'il lui obéit.

 

Quand l'heure de sa mort est venue, qu'il « a fait son temps » sans que son départ soit l'objet de son choix mais bien plutôt (en majeure partie) d'une forme d'externalité parfois peu maîtrisée (la maladie, la vieillesse, l'épuisement du corps qui peuvent avoir des effets si différents selon les êtres, mais aussi parfois l'accident), il peut fermer les yeux en sachant que, demain, son successeur sera déjà là, qu'il est déjà là et qu'il porte en lui et par lui-même la fonction royale... « Messieurs, je m'en vais, mais l’État demeure, demeurera toujours », souffle Louis XIV sur son lit de souffrance dont il sent bien qu'il sera son lit de mort...

 

« En France, le roi ne meurt jamais », affirmaient les légistes de l'Ancienne France : c'était l'assurance que la France, elle aussi, vivrait toujours...

 

 

 

 

(à suivre : la Monarchie n'est pas un parti)

 

 

 

09/11/2011

La transmission héréditaire en monarchie.

De multiples questions sont posées au royaliste que je suis, en particulier sur ce que serait la Monarchie ré-instaurée, ou en quoi elle serait différente de l'actuel régime en place : il est vrai que, au début du quinquennat, certains voyaient en M. Sarkozy un monarque que, pourtant, il n'a jamais été ni ne peut prétendre être, au regard même de l'histoire et de la tradition monarchique française. La monocratie n'est pas la Monarchie !

 

Rappelons quelques éléments simples : tout d'abord et contrairement à ce que l'on pourrait croire par une trop rapide lecture des institutions, la Monarchie n’est pas forcément l’antithèse de tout ce qui fait une République aujourd’hui, bien sûr, mais elle a des fondations et souvent des fondements, des raisons d’être et d’agir différentes, ne serait-ce que par définition : quand la République (comprise ici dans un sens restrictif, historiquement et politiquement, et particulièrement dans notre pays) est « l’absence de Roi » (suivant la formule d’Anatole France), la Monarchie se caractérise, au regard du cas français et des exemples européens, par la règle de la transmission héréditaire de la magistrature suprême, du père au fils dans la meilleure configuration, règle résumée par deux formules que les légistes français ont souvent rappelée : « Le roi est mort, vive le roi ! » et « le roi ne meurt jamais », cette dernière formule rappelant que « l’Etat demeure toujours » (Louis XIV sur son lit de mort), au-delà de la mort physique de son dépositaire du moment.

 

Ce mode de transmission du Pouvoir est à la fois le plus simple, le plus naturel, mais aussi le plus contesté aujourd’hui dans notre société politique et par l’idéologie dominante d’un individualisme qui s’accommode mal d’une règle et d’une autorité qui lui échappent, celles-ci ne devant rien, dans leurs applications, à la volonté individuelle pure. Car le choix des électeurs n’est pour rien dans la montée sur « la première place », symbolisée longtemps par le trône, d’un homme qui s’est apparemment juste donné la peine de naître, et de « naître roi » avant que de le devenir concrètement, statutairement, politiquement. La naissance est à la fois l’argument fort et même principiel des monarchies, et son handicap dans l’Opinion publique : mais il est la base de l’autorité monarchique.

 

En fait, la naissance, aujourd’hui comme hier et sans doute demain, échappe aux jeux de clientèle et de concurrence pour la magistrature suprême : le futur roi n’a pas choisi de « naître roi », mais il n’est pas libre, dans une Monarchie « à la française », de renoncer aux responsabilités que cela impose. A partir de sa naissance, alors que la vie suit son cours et avant que la mort ne « libère » le trône de son prédécesseur, souvent de son propre père, le Dauphin (puisque c’est ainsi qu’on le nomme en France) est entretenu dans cette ambiance particulière qui fait de lui celui qui « attend », sans être pressé (car un fils n’espère pas la mort de son père…), et qui est préparé (et se prépare) à la tâche politique de régner : il apprend le métier de roi sans savoir, d’ailleurs, s’il l’exercera un jour, mais plus encore, quand il l’exercera. Dans cette situation, aucun choix, ni pour le roi ni pour le Dauphin ! Mais, paradoxalement, c’est cette absence de choix, c’est le fait de s’en remettre à la nature et à la vie familiale, à la filiation, qui permet la plus grande liberté à la Monarchie, à la magistrature suprême de l’Etat en monarchie.

 

Certains, malicieusement, m'objecteront que le président actuel semble avoir poussé son fils à prendre des responsabilités politiques dans un réflexe dynastique qui pourrait se retrouver dans les arguments évoqués plus haut : mais, justement, il s'agit là, dans une République de plus en plus oligarchique, d'une tentation liée à une conception « clientéliste » et « privatisée » du Pouvoir et non à une notion de Pouvoir comme « service public ». Quand la République et la monocratie pensent d'abord à « se servir », la Monarchie est là, d'abord et par principe même,  « pour servir » : la nuance est d'importance...