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03/08/2009

Les producteurs de fruits et légumes victimes du libéralisme.

Depuis ce lundi matin, le monde agricole est un peu plus inquiet encore, si cela était possible au regard des nombreuses crises qui le touchent durement depuis quelques temps (crise du lait, problème de l’écoulement des fruits de saison, attitude peu accommodante des grandes surfaces et centrales d’achat, etc.) : les producteurs de fruits et légumes français sont mis en cause par la Commission européenne dans une affaire d’aides versées par l’Etat français entre 1992 et 2002. Ainsi, la Commission de Bruxelles demande le remboursement d’environ 500 millions d’euros, sous peine de condamner la France à lui payer des astreintes financières lourdes.

 

Et pour quelle raison l’Union européenne intervient-elle dans une affaire intérieure ? Une fois de plus, c'est le principe majeur du libéralisme qui est mis en avant par la Commission européenne, c'est-à-dire « la libre concurrence non faussée » (sic, quand on connaît la réalité...) inscrite dans le marbre du droit communautaire de l’UE, pour s'en prendre aux producteurs français à nouveau montrés du doigt et fustigés par tous ceux qui s’en prennent aux « privilégiés » (sic, quand on connaît là encore la situation de ces producteurs !).

 
Soyons clair : ces subventions n'ont pas été volées, loin de là, et il suffit de voir les conditions de travail, de revenus et de vie des agriculteurs pour le constater (à part quelques "gros" qui, eux, n'ont rien à craindre de l'UE...). N’oublions pas que ces aides sont intervenues dans un contexte difficile pour les producteurs français qui devaient faire face à une concurrence fort indélicate des producteurs espagnols et italiens (le coût de la main d’œuvre n’est pas exactement le même de ce côté-ci des Pyrénées et des Alpes, et cela fausse bien des échanges…) et à la pression des grandes surfaces pour vendre moins cher et dégager plus de profits !


La Commission européenne qui s'en prend déjà régulièrement aux produits du terroir et a poussé à une "modernisation" qui a mené au productivisme (il suffit de relire les rapports sur la PAC des années 60-70 pour s’en convaincre, c'est édifiant !) et à l'élimination sur le terrain de millions d'exploitations en Europe (une chanson de Gilles Servat le rapportait déjà très bien dans les années 70 !) poursuit son sale boulot de « libéralisation », politique qui ne favorise que les grands intérêts, cette « fortune anonyme et vagabonde » caractéristique de la globalisation contemporaine : triste, vraiment triste...

 

Mais il est aussi triste de voir l’aplatissement du ministre français de l’agriculture devant les oukases de Bruxelles : où est l’indépendance, la liberté de notre pays et, surtout, son droit de protéger ses fils, paysans ou autres, lorsque ceux-ci sont dans la difficulté ? Décidément, la France mérite mieux que cette République qui passe son temps à trahir ses enfants, ses métiers, ses terroirs

22/07/2009

Crise du lait.

Pendant les vacances, la crise du lait continue, sans émouvoir grand monde et sans que les médias n’y accordent beaucoup d’attention. Pourtant, ce sont des milliers d’éleveurs français, en particulier normands et bretons, qui risquent d’être les premières et principales victimes de cette crise qui révèlent surtout les dangers d’une dérégulation et du « laisser faire, laisser passer » libéral, européen comme mondial.

 

La principale raison avancée par la plupart des économistes et les technocrates bruxellois serait la baisse de la demande, en particulier asiatique et liée au scandale du lait frelaté en Chine, qui affecterait le marché du lait et entraînerait mécaniquement, par le simple jeu des lois du Marché, la baisse des prix des produits laitiers.

 

En fait, il y a là une certaine erreur de perspective : d’abord, si les sommes versées aux producteurs par tonne ne cessent de diminuer (certains parlent de près de 30 % en un an), cette baisse ne se répercute que fort modestement dans la distribution, environ 2 %... Ainsi, le consommateur n’est pas incité à consommer plus et les stocks s’accumulent, provoquant le maintien d’un prix trop bas pour les producteurs, prix qui ne couvre pas le coût de leur production ! Une conséquence encore aggravée par le principe de la négociabilité quasi permanente des prix entre producteurs et distributeurs, permise par la loi Chatel de 2007 et la LME (loi Lagarde, « loi de modernisation économique »), qui ne favorise guère les agriculteurs, c’est le moins que l’on puisse dire !

 

En somme, les éleveurs produisent à perte et s’enfoncent dans l’endettement pour un certain nombre d’entre eux, prisonniers de leurs investissements et de leurs emprunts : ce n’est pas une situation acceptable, d’autant plus qu’elle touche en priorité les petits et moyens éleveurs, les plus fragiles donc au niveau financier. Le problème réside en partie dans les pressions de la grande distribution pour acheter moins cher et augmenter leurs marges de bénéfices : une logique capitaliste assez simple à comprendre mais qui a des conséquences désastreuses sur le tissu social agricole (production et transformation).

 

D’autre part, la Commission européenne, qui a d’ailleurs un peu infléchi son discours ces dernières heures (mais cela sera-t-il autre chose que des propos destinés à « apaiser » les tensions actuelles ?), se situe dans une logique de rentabilité et de libre-échange sans limite véritable, comme le signalent ses propres déclarations sur la « nécessaire restructuration », dont on sait trop bien que cela signifie la fin des petites exploitations au profit de « grands ensembles agroalimentaires », d’exploitations géantes qui sont mieux adaptées aux structures même de la société de grande consommation dans laquelle nous vivons.

 

Alors, que faire ? Dans l’immédiat, sans doute et même si cela ne peut être qu’un moyen temporaire, il serait utile que la Commission européenne rétablisse une véritable régulation du Marché du lait par les quotas laitiers. Mais, il faut surtout repenser les cadres et les liens entre producteurs, transformateurs, distributeurs et consommateurs, mais aussi les modes de production, dans le cadre d’une nouvelle politique agricole et environnementale, en France comme en Europe.

 

En attendant, comme d’autres amis soucieux d’agir au quotidien, je privilégie les achats laitiers (lait et beurre, certes, mais fromages surtout…) chez de petits producteurs présents sur le marché local ou chez mes fromagers traditionnels, et je n’en fais aucun en supermarché, c’est tout simple…

07/07/2009

Non à la généralisation du travail dominical.

J’ai évoqué hier mon désaccord avec la position du président Sarkozy sur la question du travail dominical et je constate que le débat, même en cette période estivale et malgré la surmédiatisation (parfois à la limite de la « religiosité »…) des funérailles de Mickaël Jackson, reste vif et occupe au moins les députés et les politiques, mais aussi inquiète de nombreux employés qui en témoignaient ce matin sur les chaînes de radio. Ce qui m’a marqué, d’ailleurs, c’est le nombre de personnes qui dénonçaient le fait que, en définitive et malgré les discours lénifiants des grandes surfaces, le « volontariat » mis en avant par les promoteurs du « travail dominical » était un leurre… Cela me rappelait la loi Le Chapelier et le décret d’Allarde de 1791 qui, au nom de la « liberté du travail », ont en fait institué un libéralisme qui ne profitait qu’à ceux qui avaient les moyens (matériels) de l’exercer : ce qu’un catholique social allait résumer au XIXe siècle sous la formule : « Le renard libre dans le poulailler libre »…

 

Le quotidien « Le Monde » (mardi 7 juillet 2009) soulignait d’ailleurs lui aussi les ambiguïtés de ce volontariat : « La question du « libre choix » du salarié auquel l’employeur demande de travailler le dimanche reste posée, compte tenu du lien de subordination de l’un à l’autre. » Tous les témoignages des salariés que j’ai entendus allaient dans ce même sens : comment refuser, soit lors d’un entretien d’embauche soit dans l’entreprise elle-même, une telle « demande » alors que c’est l’employeur qui embauche, qui fait les horaires et permet l’avancement de l’employé ? Un des intervenants racontait comment, dans son entreprise de grande distribution, les pressions étaient telles qu’il l’avait, au bout de compte, quittée, contraint et forcé, pour le simple fait qu’il ne voulait pas sacrifier sa vie sociale et familiale…

 

Le royaliste fidèle que je suis se rappelle que, à la fin des années 80, c’est le « cercle Saint-Louis » (cercle qui regroupait les lycéens royalistes du lycée Saint-Vincent de Rennes, sous la houlette de Pierre-Nicolas, aujourd’hui devenu prêtre) qui, le premier dans la ville, avait collé des affichettes pour défendre le caractère particulier (et reposant…) du dimanche : à l’époque, les gens avaient haussé les épaules en nous disant que, à part ce qui était déjà ouvert pour des raisons de nécessité publique ou de tradition (boulangeries, cafés, etc.), voire de mise en valeur du patrimoine, la question ne se posait pas et ne se poserait jamais, et l’on nous affirmait que nous, éternels Cassandre, nous nous alarmions en vain… Comme quoi !

 

A ces quelques lignes, j’adjoins le texte défavorable à la banalisation du travail du dimanche, texte rédigé et publié par le prince Jean de France, Dauphin de ce qui n’est pas encore un royaume… Il parle de « plus haut » que moi mais avec des mots simples et qui me semblent particulièrement justes.

 

 

Tribune du Prince Jean de France :

 

Faut-il généraliser le travail le dimanche ? Évidemment non. Et je constate avec bonheur que bon nombre de Français, quelles que soient leurs convictions, quelles que soient leurs responsabilités, se prononcent contre un projet dont les conséquences seraient économiquement et socialement néfastes.

- économiquement, rien ne permet d’affirmer que cette mesure créera de l’emploi. Il faut redouter, au contraire, qu’elle ne mette en péril les commerces de proximité et de centre-ville, dont beaucoup souffrent déjà de la concurrence de la grande distribution. Il faut aussi redouter que les salariés n’en tirent aucun profit réel et qu’à terme leur pouvoir d’achat n’y gagne rien : tôt ou tard, les entreprises reprendront dans la semaine ce qu’elles auront donné le dimanche.

- Mais surtout cette mesure mettrait en péril l’équilibre des familles, trop négligé par les pouvoirs publics. Elle précipiterait la désagrégation des communautés naturelles et, finalement, de la société en gênant l’organisation d’activités non marchandes essentielles à l’équilibre – et au bonheur – des hommes et des femmes de notre pays : rencontres sportives, manifestations associatives, repas de famille, loisirs culturels, sans omettre les pratiques religieuses.


L’objection que seuls les volontaires pourront travailler le dimanche ne tient pas. Au contraire, les chefs d’entreprise seront incités à privilégier l’embauche de demandeurs d’emploi prêt à travailler le dimanche sur ceux qui ont charge de famille et veulent s’occuper de leurs enfants ce jour-là. C’est la logique économique qui prévaudra sur l’intérêt de la société.


Il existe bien d’autres façons de relancer l’activité économique sans que les Français attachés à leur vie de famille en fassent les frais. Le taux d’occupation des jeunes et des seniors, on le sait, est l’un des plus faibles d’Europe. C’est un gâchis. Voilà un point sur lequel l’Etat doit peser de tout son poids : réformer le système éducatif de sorte que les jeunes convenablement formés qui arrivent sur le marché du travail n’y trouvent pas que des portes closes ; et favoriser l’emploi des « seniors » dont les entreprises se séparent trop souvent après 50 ans alors qu’ils sont à un niveau optimal de compétence et d’expérience.


Mais la question du travail le dimanche – après celle du lundi de Pentecôte – n’est pas seulement une question économique : c’est un choix de civilisation. Ne privons pas les hommes et les femmes de notre pays du droit de se reposer, à l’issue d’une semaine de travail souvent difficile. Ne privons pas les parents et les enfants du bonheur de se retrouver en famille. Ne privons pas les croyants de la faculté de pratiquer leur religion. Ne soumettons pas nos vies à la tyrannie de l’argent-roi et du time is money.

Parce que l’homme est bien plus qu’un consommateur, parce que la vie respecte le travail, mais est aussi bien plus que le travail, sauvons le dimanche.

 

Jean de France.