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14/12/2009

Copenhague ne suffira pas...

Négociations et marchandages vont bon train à Copenhague, mais ce Sommet sur le climat va-t-il vraiment changer la donne et permettre de véritables avancées sur la question environnementale ? Rien n'est moins sûr. Certes, ce Sommet n'aura pas été totalement vain car sa médiatisation, forte surtout en Europe, aura sans doute aidé à une certaine prise de conscience des dangers d'une consommation effrénée et « illimitée » des produits de la terre, sous toutes leurs formes. Mais, dans la pratique, les habitudes consuméristes et « consumatrices », terme qui conviendrait bien à la situation de nos sociétés énergivores, sont loin d'avoir cédé la place à la sobriété raisonnable que semble commander aujourd'hui l'état des ressources de la planète. Sobriété qui n'est pas privation mais meilleure utilisation de ce qui est : est-il en effet normal que 40 % de l'alimentation disponible aux Etats-Unis soit purement et simplement jetée ou détruite, et cela au moment même où plus d'un milliard de personnes souffrent de sous-alimentation dans le monde ? (1)

 

D'autre part, ce Sommet aura révélé quelques hypocrisies et quelques manœuvres qui montrent que certains, dans une logique à court terme, ne cherchent qu'à déplacer sans le résoudre le problème des pollutions climatiques : ainsi, lorsque les pays de l'Union européenne s'engagent à diminuer de 30 % leurs émissions de gaz à effet de serre, ils oublient d'y inclure les entreprises européennes implantées (délocalisées le plus souvent, pour vendre à bas coûts leurs produits en Europe...) dans les pays du Sud tout en priant la Chine et l'Inde (entre autres) de diminuer, non plus leurs rejets de produits polluants dans l'atmosphère (les pays du Sud s'y refusent pour des raisons liées à leur propre développement), mais leur « intensité carbone », c'est-à-dire de diminuer le taux de carbone rejeté par unité produite. Or, cela n'est évidemment pas suffisant pour garantir l'avenir mais les pays de l'UE, comme les Etats-Unis d'ailleurs, veulent ainsi continuer à pouvoir consommer sans payer plus maintenant, en laissant donc aux générations suivantes le soin d'affronter les difficultés environnementales et climatiques... On touche là à la logique de la Société de consommation, à cette spirale infernale du « Consommer pour produire » qui oublie de prendre en compte les limites de la nature et qui risque de mener, un jour, à l'effondrement dramatique des sociétés humaines ou à leur confrontation brutale, avant même des catastrophes climatiques dont on ne sait pas grand-chose malgré les projections apocalyptiques de certains qui jouent à se faire peur sans chercher à faire jouer, d'abord, leur intelligence et leur raison.

 

Il n'est pas inutile de revenir à ces propos écrits au siècle dernier par Charles Maurras et qui méritent d'être, aujourd'hui comme demain, entendus : « Non, la nature, non, le jeu spontané des forces naturelles ne suffisent pas à établir l'équilibre économique.

Mais prenons garde ; ces lois, auxquelles il serait fou de vouer une confiance aveugle et mystique, il serait encore plus fol de les négliger.

Cultivons, tourmentons, forçons même l'ample et bizarre sein de la vieille nature, ajoutons à ses forces nos forces et notre sagesse, notre prévoyance et notre intérêt, doublons-les partout de nous-mêmes. Mais sachons que nous ne commanderons aux choses qu'à la condition de leur obéir. Moissonner en hiver, vendanger au printemps, voilà l'impossible. Avant de moissonner et de vendanger, connaissons le temps naturel des vendanges et des moissons. Et, si nous voulons influer en l'améliorant sur l'ordre économique, connaissons-le. Par-dessus tout, appliquons-nous bien à n'en méconnaître aucun fait essentiel. Nous payerions comme toujours ces oublis et ces ignorances ou plutôt notre peuple payerait notre grande erreur. »

 

Ce que Maurras évoquait pour l'économie est aussi valable pour l'environnement et doit nous rappeler qu' « on ne commande à la nature qu'en lui obéissant », règle simple que les Etats devraient inscrire en tête de toute déclaration finale de ce Sommet de Copenhague s'ils en étaient véritablement conscients... Et, malheureusement, si le pire n'est jamais certain, il semble bien que nous soyons encore loin du meilleur...

 

 

 

Notes : (1) : chiffre tiré de l'enquête scientifique publiée dans la revue états-unienne « PLOS One » de novembre 2009.

07/07/2009

Non à la généralisation du travail dominical.

J’ai évoqué hier mon désaccord avec la position du président Sarkozy sur la question du travail dominical et je constate que le débat, même en cette période estivale et malgré la surmédiatisation (parfois à la limite de la « religiosité »…) des funérailles de Mickaël Jackson, reste vif et occupe au moins les députés et les politiques, mais aussi inquiète de nombreux employés qui en témoignaient ce matin sur les chaînes de radio. Ce qui m’a marqué, d’ailleurs, c’est le nombre de personnes qui dénonçaient le fait que, en définitive et malgré les discours lénifiants des grandes surfaces, le « volontariat » mis en avant par les promoteurs du « travail dominical » était un leurre… Cela me rappelait la loi Le Chapelier et le décret d’Allarde de 1791 qui, au nom de la « liberté du travail », ont en fait institué un libéralisme qui ne profitait qu’à ceux qui avaient les moyens (matériels) de l’exercer : ce qu’un catholique social allait résumer au XIXe siècle sous la formule : « Le renard libre dans le poulailler libre »…

 

Le quotidien « Le Monde » (mardi 7 juillet 2009) soulignait d’ailleurs lui aussi les ambiguïtés de ce volontariat : « La question du « libre choix » du salarié auquel l’employeur demande de travailler le dimanche reste posée, compte tenu du lien de subordination de l’un à l’autre. » Tous les témoignages des salariés que j’ai entendus allaient dans ce même sens : comment refuser, soit lors d’un entretien d’embauche soit dans l’entreprise elle-même, une telle « demande » alors que c’est l’employeur qui embauche, qui fait les horaires et permet l’avancement de l’employé ? Un des intervenants racontait comment, dans son entreprise de grande distribution, les pressions étaient telles qu’il l’avait, au bout de compte, quittée, contraint et forcé, pour le simple fait qu’il ne voulait pas sacrifier sa vie sociale et familiale…

 

Le royaliste fidèle que je suis se rappelle que, à la fin des années 80, c’est le « cercle Saint-Louis » (cercle qui regroupait les lycéens royalistes du lycée Saint-Vincent de Rennes, sous la houlette de Pierre-Nicolas, aujourd’hui devenu prêtre) qui, le premier dans la ville, avait collé des affichettes pour défendre le caractère particulier (et reposant…) du dimanche : à l’époque, les gens avaient haussé les épaules en nous disant que, à part ce qui était déjà ouvert pour des raisons de nécessité publique ou de tradition (boulangeries, cafés, etc.), voire de mise en valeur du patrimoine, la question ne se posait pas et ne se poserait jamais, et l’on nous affirmait que nous, éternels Cassandre, nous nous alarmions en vain… Comme quoi !

 

A ces quelques lignes, j’adjoins le texte défavorable à la banalisation du travail du dimanche, texte rédigé et publié par le prince Jean de France, Dauphin de ce qui n’est pas encore un royaume… Il parle de « plus haut » que moi mais avec des mots simples et qui me semblent particulièrement justes.

 

 

Tribune du Prince Jean de France :

 

Faut-il généraliser le travail le dimanche ? Évidemment non. Et je constate avec bonheur que bon nombre de Français, quelles que soient leurs convictions, quelles que soient leurs responsabilités, se prononcent contre un projet dont les conséquences seraient économiquement et socialement néfastes.

- économiquement, rien ne permet d’affirmer que cette mesure créera de l’emploi. Il faut redouter, au contraire, qu’elle ne mette en péril les commerces de proximité et de centre-ville, dont beaucoup souffrent déjà de la concurrence de la grande distribution. Il faut aussi redouter que les salariés n’en tirent aucun profit réel et qu’à terme leur pouvoir d’achat n’y gagne rien : tôt ou tard, les entreprises reprendront dans la semaine ce qu’elles auront donné le dimanche.

- Mais surtout cette mesure mettrait en péril l’équilibre des familles, trop négligé par les pouvoirs publics. Elle précipiterait la désagrégation des communautés naturelles et, finalement, de la société en gênant l’organisation d’activités non marchandes essentielles à l’équilibre – et au bonheur – des hommes et des femmes de notre pays : rencontres sportives, manifestations associatives, repas de famille, loisirs culturels, sans omettre les pratiques religieuses.


L’objection que seuls les volontaires pourront travailler le dimanche ne tient pas. Au contraire, les chefs d’entreprise seront incités à privilégier l’embauche de demandeurs d’emploi prêt à travailler le dimanche sur ceux qui ont charge de famille et veulent s’occuper de leurs enfants ce jour-là. C’est la logique économique qui prévaudra sur l’intérêt de la société.


Il existe bien d’autres façons de relancer l’activité économique sans que les Français attachés à leur vie de famille en fassent les frais. Le taux d’occupation des jeunes et des seniors, on le sait, est l’un des plus faibles d’Europe. C’est un gâchis. Voilà un point sur lequel l’Etat doit peser de tout son poids : réformer le système éducatif de sorte que les jeunes convenablement formés qui arrivent sur le marché du travail n’y trouvent pas que des portes closes ; et favoriser l’emploi des « seniors » dont les entreprises se séparent trop souvent après 50 ans alors qu’ils sont à un niveau optimal de compétence et d’expérience.


Mais la question du travail le dimanche – après celle du lundi de Pentecôte – n’est pas seulement une question économique : c’est un choix de civilisation. Ne privons pas les hommes et les femmes de notre pays du droit de se reposer, à l’issue d’une semaine de travail souvent difficile. Ne privons pas les parents et les enfants du bonheur de se retrouver en famille. Ne privons pas les croyants de la faculté de pratiquer leur religion. Ne soumettons pas nos vies à la tyrannie de l’argent-roi et du time is money.

Parce que l’homme est bien plus qu’un consommateur, parce que la vie respecte le travail, mais est aussi bien plus que le travail, sauvons le dimanche.

 

Jean de France.