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25/12/2008

Noël, d'espérance et d'amour.

Noël, jour d’espérance pour les catholiques, pour tous les chrétiens (même s’ils ne le fêtent pas tous le même jour), mais aussi pour tous les Français, au-delà de leurs différences religieuses, politiques ou sociales : cette fête, inscrite profondément dans l’histoire de notre pays depuis des temps fort lointains, est celle qui réunit, l’espace de quelques heures, des familles aujourd’hui souvent éparpillées par la vie professionnelle ou sociale. C’est aussi le moment où les enfants sont les rois, couverts de cadeaux autant qu’il est possible pour les parents de les contenter. Mais ce n’est pas le nombre de cadeaux qui importe le plus, mais l’amour que l’on donne à ceux à qui on les offre.

Noël est, en France, une date que la République marchande n’a pas réussi à totalement vider de son sens, et c’est heureux ! Cela reste ce jour particulier qui, au-delà des anniversaires et des commémorations, suscite toujours un enchantement qui n’a rien de très « laïque », même si les formes qu’il prend aujourd’hui peuvent nous décevoir ou même nous choquer, en particulier à travers cette surconsommation qui mène à l’indigestion et à la honte…

L’idée même du père Noël, en fait réminiscence de saint Nicolas, garde ce côté magique presque religieux qui fait lever les yeux au ciel, le cœur plein d’espérance. Je me souviens d’une collégienne de 4ème, lorsque j’étais aux Mureaux dans les années 90, que la situation dramatique de sa famille avait attristée au point d’en oublier, depuis le début de l’année scolaire, de sourire. Quelques jours avant Noël, j’avais, par une démonstration toute personnelle bien évidemment plus sentimentale que réaliste, défendu l’existence du père Noël devant une classe d’élèves le plus souvent froidement consommateurs et éternellement sceptiques ou blasés : sans doute avais-je été particulièrement convaincant (cela devait être un bon jour et je n’avais pas bafouillé…) car, au fil de mon discours (prêche ?) enflammé, j’avais eu cette grande joie de voir enfin s’éclairer, s’illuminer même, le visage de la jeune fille triste… Miracle de Noël, dont je n’ai jamais oublié de rappeler aussi que le sens profond est, quelque part du côté de Bethléem, la naissance d’un enfant porteur de toutes les plus belles espérances humaines…

Noël est aussi un jour où les gens donnent et pas seulement à leurs proches : cette fête est le moment où la générosité est la plus marquée, où l’entraide est la plus significative, où la joie est la plus vive sans tomber dans le délire ou l’outrance… Le propos de Marc Guillemot, ange gardien (j’aime beaucoup cette expression, si peu laïque d’ailleurs…) du navigateur blessé Yann Eliès dans la course à voile du Vendée Globe, est à cet égard particulièrement révélateur : « Eliès sauvé, c’est mon cadeau de Noël ».

Le plus beau cadeau, la vie, celle que permettent l’amour, le don de soi, le partage… et nous sommes au cœur, aussi, de ce qui motive aujourd’hui mon engagement politique, et qui peut se traduire par la notion forte de « justice sociale », celle qui n’oublie personne, celle qui ne méprise pas, même le plus faible, celle qui privilégie l’amour et l’entraide, celle qui assure la paix des âmes aux hommes de bonne volonté…

Nous revoilà aux portes de la grange de Bethléem…

 

24/12/2008

Jouets.

« Les enquêteurs ont observé souvent les mêmes situations difficiles : des salaires de misère, inférieurs au minimum légal (…) ; des journées de travail qui peuvent aller jusqu’à seize heures en haute saison, soit le double autorisé par la loi (certains confient même avoir été obligés de travailler trente heures d’affilée pour honorer les délais d’une commande) ; l’utilisation de machines non sécurisées entraînant des accidents quotidiens, ainsi que l’utilisation de produits chimiques dangereux sans protection adéquate…

Le jour de repos hebdomadaire n’existe pas. Ceux qui voudraient démissionner en sont empêchés par le simple fait que la direction retient de manière illégale quarante-cinq jours sur le salaire de chaque ouvrier. Les conditions d’hébergement sont épouvantables, avec des dortoirs surchargés et des sanitaires insalubres, pour un coût qui atteint le quart, voire le tiers du salaire. »

Ce texte n’est pas un document d’histoire sur la condition ouvrière au XIXe siècle, pour mes élèves de Première ; c’est un document sur la condition ouvrière au XXIe siècle, dans l’atelier de jouets du monde, c’est-à-dire les régions chinoises de Zhongshan, Dongguan et Shenzen, extrait du quotidien « La Croix » du mardi 23 décembre 2008… Pourquoi en parler à la veille de Noël ? Simplement parce que la situation décrite concerne les usines qui fabriquent les jouets pour Disney, ceux-là mêmes qui envahissent les rayons des grands magasins français et que nos enfants regardent avec envie, du rêve plein les yeux…

Alors que faire pour dénoncer cette situation intolérable, comment agir contre cet esclavagisme moderne qui, pourtant, permet à nos enfants d’être heureux en ce jour particulier ? L’idée émise par la CFTC (dans ce même numéro de « La Croix ») n’est pas inintéressante, loin de là, et mérite l’attention : « Il s’agit de créer un label de traçabilité sociale et environnementale sur les services et les produits. (…)

L’idée est d’attribuer une pastille de couleur sur un produit, un jouet dans un premier temps. « L’octroi de cette pastille garantira que le produit a été fabriqué en respectant les normes internationales du code du travail, ainsi que les normes environnementales internationales » (…). Pour bénéficier du label, les marques devront avoir accepté une vérification sur place de la garantie qu’elles prétendent apporter. « Les marques sont de plus en plus soucieuses de leur image (…). Elles y viendront forcément. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de jouets fabriqués dans de mauvaises conditions, mais au moins l’acheteur saura à quoi s’en tenir. » »

Responsabiliser les marques, responsabiliser les consommateurs : certes, voilà d’excellentes choses, mais, au-delà, ne faut-il pas repenser l’économie et dépasser les simples présupposés de la société de consommation, en privilégiant la qualité plutôt que la seule quantité ? En somme, limiter la marchandisation du monde, celle-là même qui ouvre la voie à tous les excès et à toutes les exploitations…

Pour l’heure, n’omettons pas de faire ce qui peut facilement être fait. Les jouets sont destinés principalement aux enfants, mais ce sont les adultes qui les achètent : choisir des jouets peut aussi être un acte civique, et il peut servir à ne plus cautionner l’exploitation outrancière des populations (et des enfants, parfois) des pays émergents.

Pour que les jouets que nous offrons soient des cadeaux pour ceux qui les reçoivent comme pour ceux qui les fabriquent…

26/12/2007

Humilité de Dieu et Monarchie.

La fête de Noël est d’une grande importance dans le cœur des catholiques, dont je m’honore d’être. Elle est aussi porteuse de sens et mérite d’être méditée et de ne pas se résumer seulement à des agapes ou à une débauche de cadeaux, aussi sympathique que cela puisse être par ailleurs. Notre société a remplacé le don par la consommation effrénée, le partage par l’accumulation et l’envie, et cela m’apparaît fort regrettable : le sens premier de la fête de la Nativité s’en trouve altéré, voire complètement dénaturé, au profit d’un culte du Veau d’or que Moïse dénonçait déjà en son temps.

 

Dans « La Croix » (24-25 décembre 2007), le théologien nigérian Bede Ukwuije médite sur le sens de « l’humilité de Dieu », de cette naissance dans une mangeoire alors que, au même moment, le roi Hérode organise un recensement auquel, en définitive, Jésus échappera. Cela nous renvoie aussi à notre propre société, obsédée par le nombre, ce qui peut paraître totalement logique dans une Démocratie où c’est, officiellement, le Nombre qui est le Maître, en fait la source de la légitimité des Etats. Notre société qui ne cesse aussi de compter ses fortunes d’argent en oubliant de préserver les trésors de la nature, considérés à tort comme des coffres sans fond toujours disponibles et pourtant, en réalité, si fragiles… Depuis que nos sociétés ont fait de la formule de Benjamin Franklin « Time is money » le mot d’ordre suprême (véritable révolution qui change le sens de l’activité humaine et désacralise Dieu, ainsi détrôné par l’Argent), l’Avoir semble triompher de l’Être ou, du moins, le ravaler à la simple condition de « sujet de l’Avoir », dépendant des modes et de son rapport matériel à la société : ainsi, les gagneurs y sont confondus, à tort (terrible contresens !), avec les « meilleurs »… Pourtant, entre un abbé Pierre ou une mère Térésa, et un Ruppert Murdoch ou un Bernard Tapie, l’honneur de l’humanité est du côté de « ceux qui n’ont pas » et non du côté de ces « puissants » avides du pouvoir de posséder et capables de licencier sans scrupule des milliers d’ouvriers « trop coûteux »…

 

Comme l’écrit M. Ukwuije sur l’humilité de Dieu, « il faudra méditer ce mystère en lien avec la fébrilité de notre société, par trop soucieuse d’efficacité et de rentabilité, société qui génère une compétition de plus en plus féroce. Lorsqu’on voit des événements et des conflits qui se déroulent dans nos pays, au Proche-Orient, en Afrique, au Pakistan, etc., des événements qui ont un lien avec des stratégies politiques et économiques de l’Europe et de l’Amérique, on ne peut que souhaiter que les êtres humains se laissent interroger par la manière d’être de Dieu.

 

Ce n’est pas d’un regain d’accélération dont le monde a besoin. Ce qu’il lui faut, c’est du sommeil. Nous avons besoin de dormir des heures et des heures. Bien entendu, nous comprenons le « sommeil » au sens biblique : signe d’humilité, de discrétion, de confiance et de dépendance. Saurions-nous accepter de dépendre les uns des autres pour bâtir une civilisation de l’amour ? »

 

En cela, il me semble que le Politique a son rôle à jouer et je rappelle que, catholique certes, je ne confonds pas les moyens avec les fins : d’où mon attachement, en ce domaine de la vie en société, au « Politique d’abord » comme moyen, comme instrument nécessaire pour permettre la survie des sociétés, leur transmission dynamique entre les générations. Mais ce n’est pas forcément le Politique qui leur donne un sens, car cela relève du domaine de l’Esprit, comme l’ont dit, de meilleure manière que moi, les non-conformistes des années 30, les Thierry Maulnier, les Jean de Fabrègues, les Emmanuel Mounier ou, dans les années 50, les rédacteurs de « la Nation Française » de Pierre Boutang, les Jacques Ellul, etc.

 

Ainsi, ne pas tout ramener à l’Argent, rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César, selon la formule consacrée, être capable de prendre son temps, acte gratuit par excellence, donner et servir… Tout cela est un programme que le royaliste politique que je revendique être assume entièrement, logiquement : on ne s’étonnera pas alors de mon engagement pour le respect des patrimoines, environnementaux, historiques, culturels, spirituels, etc., un respect qui s’accompagne d’une mise en valeur et en pratique des principes et des idées dont je me réclame, mais aussi d’une « tradition critique », nécessaire pour faire vivre ce qui doit vivre, sans nostalgie.

 

D’ailleurs, mon royalisme est la condition logique de ce qui doit vivre car il s’inscrit et cherche à inscrire l’Etat, en France, dans cet accompagnement et cette singulière maîtrise du temps politique que permet une Monarchie « à la française » par son mode de transmission naturelle, de la façon la plus simple qui soit, la naissance, cette naissance qui ne peut s’acheter comme on achète un candidat ou une Opinion publique… Pour que l’Etat retrouve sa liberté face aux puissances de l’Argent et l’humilité première face à la vie et à Celui qui lui permet, dans le risque et la liberté, d’être…