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08/03/2011

Sondages...

Ce mardi 8 mars était la traditionnelle « journée de la femme » et, dans les médias comme dans la salle des profs, on ne parlait que... d'une femme : Marine Le Pen, et des sondages, au nombre de trois désormais, qui la donnaient en tête des intentions de vote au premier tour de la prochaine présidentielle, prévue pour 2012, dans quatorze mois maintenant.

 

Plusieurs remarques s'imposent : d'abord, « sondage n'est pas suffrage », comme le dit l'adage, et, à une telle distance de l'élection elle-même, ils indiquent plus un état de l'Opinion à un moment donné, sans enjeu ni conséquences apparents, qu'une réalité politique concrète. Par expérience, on sait que les sondages éloignés du vote lui-même sont souvent, par la suite, « corrigés », voire totalement démentis par les urnes : Giscard, Barre, Balladur ou Chevènement, chacun en leur temps, ont fait les frais de cette règle simple, mais aussi la Constitution européenne qui, à l'été 2004, frôlait les 75 % d'opinions favorables avant d'être condamnée à un maigre et défait score de 45 % des suffrages exprimés le soir du 29 mai 2005...

 

Ensuite, ces sondages interviennent dans un moment particulier : troubles non loin de nos côtes ; exaspération des citoyens devant les hausses multiples des produits de consommation courante tandis que les salaires stagnent et que le chômage s'est fortement accru ces derniers mois ; sentiment de dépossession des citoyens face à une Europe qui se fait de plus en plus punitive et dont les dirigeants, tels M. Trichet, se font trop arrogants, voire méprisants à l'égard des salariés et des peuples, etc. L'arrogance des oligarques, qu'ils soient ceux de notre République sarkozienne ou des Marchés financiers, exacerbe les réactions des populations et, après un temps de grand fatalisme, l'exemple des « révolutions arabes » (sans doute moins révolutionnaires qu'on ne le croit d'ailleurs...) réveille quelques ardeurs ou des discours populaires plus combatifs, voire activistes : faute d'émeutes dans les rues et de révolutionnaires prêts à renverser le régime d'un grand coup d'épaules, les citoyens énervés se « lâchent » dans les sondages, se servant du nom de « Marine Le Pen » comme d'un klaxon destiné à faire sursauter et s'indigner une classe politique qui leur semble sourde aux multiples avertissements électoraux ou sociaux des années (voire des décennies) dernières... En somme, c'est sans risques, pensent de nombreux Français qui y voient juste là une manière de gâcher les « soirées de la Haute » !

 

« Ils n'ont rien compris », grincent de nombreux Français en pensant aux hommes politiques et aux partis classiques de « l'arc républicain » : il est vrai que la suffisance des politiciens du Pouvoir en place comme de l'Opposition officielle (qui cache sans doute une impuissance douloureuse face aux féodalités financières et économiques), leurs discours décalés du réel et du vécu des populations, leurs « grands principes » souvent paravents de leur « petite vertu », leur « européisme sans Européens », etc. délégitiment le jeu politique traditionnel et une démocratie représentative malade de n'être désormais qu'une sorte de « pays légal » de plus en plus coupé du « pays réel ».

 

Les sondages «Marine Le Pen », comme on les appelle déjà dans un raccourci surprenant, sont un symptôme, et rien qu'un symptôme, celui du malaise politique qui saisit depuis quelques temps déjà l'Opinion publique dans ses multiples secteurs, groupes et sous-groupes : il n'apporte pas de réponse concrète aux problèmes de notre société et aux questions de civilisation, et ce n'est sans doute pas sa fonction, d'ailleurs.

 

Mais ils montrent aussi que la République, telle qu'elle s'est montré ces derniers temps, ne remplit plus le rôle historique qu'elle avait revendiqué en des temps plus anciens, et qu'elle est à bout de souffle, faute d'avoir su préserver l'indépendance et la force de l'État face aux féodalités qui se veulent suzeraines de notre société et de nos familles.

 

 

14/11/2010

Remaniement...

Enfin, ça y est ! Après plusieurs mois de suspense et de manœuvres politiciennes et ministérielles, le remaniement a eu lieu, et c’est François Fillon qui se succède à lui-même, récompensé pour ses bons et loyaux services, malgré la défiance du président à son égard…

 

« Gouvernement de campagne », déclarent certains, en particulier les centristes bernés et déçus de n’avoir jamais été autre chose que des « idiots utiles » dans la stratégie sarkoziste, et qui s’en retournent à leur néant, cherchant déjà, avec des accents de celui qu’ils ont jadis trahi (François Bayrou…), une « revanche » sur un président qui les a congédié sans ménagement.

 

Autant M. Bayrou avait quelque légitimité à se réclamer d’un héritage centriste qui n’est pas totalement insignifiant en France, autant les Morin et autres Borloo peuvent faire sourire quand ils se réclament de ce même héritage, eux qui ont d’abord pensé à leur petit ego lorsque l’actuel président les a convoqué, un soir de mai, pour recueillir les trente deniers de leur trahison sous forme de maroquins ministériels : trahison de ce message centriste qui plonge ses racines dans la « démocratie-chrétienne », du Sillon de Marc Sangnier au MRP de l’après-guerre, mais aussi dans les théories « monarchiennes » d’un La Fayette et d’un Mounier (celui de 1789, bien sûr)…

 

Mais M. Sarkozy n’en a cure, lui qui a effectivement, et sans en faire vraiment mystère, accepté ce gouvernement pour préparer sa prochaine campagne présidentielle, cet horizon apparemment indépassable de toute fraction politicienne de cette République, aussi minuscule soit-elle. Car « ils » (et « elles », bien sûr !) y pensent tous, comme s’il n’y avait rien de plus urgent aujourd’hui, à l’heure où la mondialisation menace les équilibres géopolitiques et les législations sociales des pays anciennement industrialisés et désormais désindustrialisés ! Nous revoilà dans cette « présidentielle permanente », celle-là même qui gêne l’action et l’utilité de l’Etat. Une situation qui, a contrario, justifie un peu plus la nécessité d’un Etat qui ne soit pas issu de cette « querelle électorale des grands féodaux » : oui, vivement une Monarchie dans laquelle la magistrature suprême de l’Etat soit le fruit de la nature et de la suite normale des générations, et non des jeux politiciens et financiers !

 

Dans notre République sarkoziste, il faut plaire au « prince-président » pour espérer un poste ministériel ; dans une Monarchie digne de ce nom, ce n’est pas la flatterie qui détermine la nomination ministérielle mais les compétences et la volonté de servir l’Etat sans en attendre rien en retour : pour avoir un Richelieu ou un Colbert, mieux vaut avoir un Roi, libre de ses décisions et serviteur de l’intérêt commun, imperméable aux jeux d’appareil… Mieux vaut ? Non, encore plus nettement : rien ne vaut le Roi, tout simplement !

18/07/2010

La politique, de moins en moins politique ?

L’été 2010 restera dans les mémoires comme un « été meurtrier » pour le gouvernement actuel mais aussi pour la classe politique dans son ensemble et pour la République elle-même : choquée des « affaires de la République », l’opinion publique, malgré les accusations de populisme à son égard, se détourne de « la République des affaires » et, plus largement et fort dangereusement, de toute politique, comme si celle-ci était constitutivement, constitutionnellement « scandaleuse »…

 

Pourtant, cette situation n’est ni inédite ni surprenante au regard de l’histoire de la politique française, mais elle a sans doute des causes en partie différentes de celles d’antan, adaptées (si l’on peut dire) aux enjeux et aux modes de fonctionnement actuels, au plan mondial comme strictement national. Ainsi, le sociologue et anthropologue Georges Balandier souligne les travers d’une présidence Sarkozy qui apparaît à la fois comme « le pouvoir sans sacralité et l’effacement de la distance » : « Observez ce qui se passe avec la nouvelle présidence en France, avec la capacité politique (…) convertie en création de multiples commissions, ces étranges machines qui masquent les impasses plus souvent qu’elles ne les ouvrent. (…) Il s’agit moins de politique au sens fort que de gestion, de recours à des catalogues de recettes (…). Où est la politique, où est Aristote, où sont Montesquieu et les penseurs du politique ? Où est la grandeur du politique, où est sa force, sa capacité de projection dans un avenir moins mal défini, désiré, débattu, contesté aussi ? » (1). La politique semble ainsi de moins en moins… politique, au risque de perdre toute prise sur les forces économiques, sociales et mêmes politiciennes, les grands partis n’ayant d’autre programme que de gagner les élections, en particulier « la reine des batailles », l’élection présidentielle. D’ailleurs, celle de 2012 est déjà lancée, et depuis longtemps si l’on en croit les observateurs : le quinquennat, adopté il y a déjà 10 ans, a renforcé cette « présidentielle permanente » qui mine les institutions et décourage parfois les débats de fond comme les politiques de long terme pourtant nécessaires, non seulement à la respiration du corps civique français mais aussi à la pérennité même de notre existence politique et diplomatique de nation indépendante au cœur d’un monde de plus en plus instable…

 

 

 

 Notes : (1) : Georges Balandier, Le dépaysement contemporain, l’immédiat et l’essentiel, Entretiens avec Joël Birman et Claudine Haroche, PUF, 2009.