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17/05/2011

Les Saoudiennes au volant ?

Alors que les médias ne s’intéressent plus qu’à « l’affaire DSK », avec un mélange de voyeurisme et de fausse indignation, on néglige certaines informations pourtant intéressantes, comme celle qu’évoque « La Croix », dans son édition de ce lundi 16 mai :

 

« Une femme, membre d’un groupe de Saoudiennes qui a lancé sur Internet une campagne pour défiler le 17 juin au volant d’une voiture afin de défier l’interdiction de conduire dans le royaume ultraconservateur, a parcouru au cours des quatre derniers jours les rues de Jeddah en conduisant une voiture sans se faire arrêter. » Ce qui peut sembler anecdotique ne l’est pas forcément, et sûrement pas dans ce cas ! L’Arabie Saoudite, royaume wahhabite dont la pratique musulmane fort rigoureuse s’accommode mal de la liberté des femmes, est à la fois une des principales puissances sunnites et première productrice et exportatrice de ce pétrole qui nourrit nos sociétés énergivores : ces caractéristiques économiques font que les Etats occidentaux la ménagent, au risque de laisser des situations peu recommandables perdurer et au moment même où l’on évoque, en d’autres occasions, de grands principes « humanistes » pour légitimer des interventions militaires en Afghanistan ou ailleurs.

 

Or, nos liens privilégiés avec cet Etat ne peuvent-ils pas permettre, non une intervention directe de notre diplomatie (ce qui serait maladroit et mal vécu par ce royaume soucieux de sa souveraineté), mais quelques « conseils » qui pourraient « éclairer » le Pouvoir en place ? D’autant plus que le vieux souverain saoudien n’est pas insensible à cette idée « d’ouvrir » le royaume, non aux mœurs occidentales, mais à quelques réformes, y compris sur le statut des femmes et cela malgré l’opposition des plus intégristes du pays…

 

La France s’honorerait, non de donner des leçons qui ne seraient pas écoutées, mais de pratiquer cette « diplomatie de conseils », à la fois discrets et utiles, tout en rappelant l’amitié de notre pays avec cette puissance arabe sunnite, une amitié pas seulement intéressée par la seule motivation pétrolière mais aussi géopolitique pour protéger cette pétromonarchie des appétits de la « mollahrchie » iranienne toute proche…

 

Les femmes saoudiennes pourraient être les bénéficiaires, tout compte fait, de cette stratégie française, voire européenne… Pour qu’elles puissent, elles aussi, conduire une voiture, aussi librement que (il faut le souhaiter…) prudemment !

 

24/10/2009

La voiture électrique, une nouveauté ?

Dans le cadre de la préparation d’un sujet de khôlle sur « l’automobile », j’ai trouvé il y a quelques jours un article extrait de la grande revue « L’Illustration », daté du 25 juin… 1898 !, ce qui ne nous rajeunit pas… S’il est intéressant et utile, sans doute, à reproduire, c’est qu’il montre à l’envi que, dans le domaine automobile comme dans beaucoup d’autres, ce sont des choix qui déterminent la suite des événements (constatation qui n’a rien de particulièrement exceptionnel en soi…) et qui expliquent parfois aussi les inquiétudes, les difficultés actuelles ou les malentendus, les erreurs, parfois même les fautes. Ce qui rappelle que « tout choix engage » et qu’il n’est pas inutile d’en peser les conséquences mais aussi d’en voir les suites dans la durée, la longue (à échelle des générations humaines) étant plus importante encore que la courte ou l’immédiate.

 

Cet article de 1898 porte sur le premier salon de l’automobile à Paris et il présente les différentes énergies nécessaires au fonctionnement de ces « voitures sans chevaux » : je n’en garde ici que les deux principales évoquées pour les automobiles individuelles :

 

« Le Pétrole. – Nous sommes ici dans le domaine du tourisme ; quand les puits d’énergie électrique seront assez nombreux le long des routes, ou que l’on aura trouvé – oh, rêve ! – le générateur pratique, le pétrole baissera pavillon partout devant l’électricité, comme il va le faire bientôt pour Paris ; mais en attendant, le pétrole est le maître incontesté de la locomotion automobile, car il est l’énergie qui se débite en bidons chez tous les épiciers du monde…

 

L’Electricité. – Les voitures électriques exposées… ont prouvé qu’elles pouvaient faire face à toutes les exigences de la circulation dans Paris. Mues par des moteurs de 5 chevaux, elles sont capables de fournir des trajets de 70 à 100 kilomètres, ce qui est plus que suffisant pour Paris. Les frais de consommation sont, approximativement, de 3 francs par jour. Reste à voir… ce que coûtera le changement d’une batterie… »

 

Ainsi, la voiture électrique était déjà évoquée et vendue il y a plus d’un siècle, et semblait alors particulièrement adaptée à la circulation urbaine quand le pétrole semblait mieux adapté au « tourisme », comme le signale l’article ! Il paraît, avec le recul, particulièrement dommage que l’on n’ait pas suivi ce qui paraissait alors le plus logique, la voiture électrique pour les villes et les trajets courts, la voiture à essence pour les trajets longs et « touristiques » : cela aurait évité, sans doute, bien des problèmes de pollution… et de taxe carbone ! Et puis, que de temps perdu pour la recherche d’énergies propres ou relâchant moins de gaz carbonique dans l’atmosphère : au bout d’un siècle, sous la contrainte quand il aurait mieux valu prévoir dans le temps de la facilité, la voiture électrique réapparaît… Au début du XXe siècle, c’est plus une logique économique (voire financière et spéculative…) qui a prévalu que la pensée du long terme, alors même que l’on savait que les ressources pétrolières n’étaient pas renouvelables et, donc, à plus ou moins long terme, étaient condamnées à se tarir (ce qui est en train d’arriver pour de nombreux gisements aux Etats-Unis mais aussi dans les pays arabes…).

 

Cela étant, il ne faudrait pas refaire la même erreur qu’il y a un siècle en fondant tous nos espoirs sur la seule voiture électrique, ne serait-ce que parce que le lithium qui sert à la fabrication des batteries électriques de ces voitures est, lui aussi, une ressource non-renouvelable et donc épuisable à plus ou moins long terme (deux à trois décennies, semble-t-il, selon le niveau de consommation considérée). Il paraît donc nécessaire de penser aux énergies alternatives et renouvelables, aux techniques permettant de les exploiter au mieux et sans risques ni nuisances environnementales mais aussi aux nouveaux modes de transports susceptibles de se déplacer avec le moindre impact écologique possible, et sans provoquer ces engorgements et encombrements qui sont bien trop encore la caractéristique des grandes métropoles…

 

Des questions qui méritent réflexion et des solutions proposées qui méritent évaluation

 

21/12/2008

Le plein s'il vous plaît (bis).

L’an dernier, j’avais consacré une note au livre de Jean-Marc Jancovici et Alain Grandjean intitulé « Le plein s’il vous plaît ! », livre évoquant le problème de l’énergie et des moyens à envisager pour se libérer des sources d’énergie non renouvelables, c’est-à-dire principalement le pétrole. A l’heure où les produits pétroliers voient leurs prix s’effondrer, au grand dam des partisans d’une moindre consommation de ceux-ci (car des prix bas entraînent un moindre investissement dans la recherche pour pallier à la fin inéluctable du pétrole et de ses nombreux dérivés dans des délais plus ou moins longs, qu’il reste à déterminer), il me semble utile de republier cette note ancienne sur ce petit livre nécessaire et fort instructif :

 

Cet ouvrage est passionnant car il détaille les éléments du problème et, ne se contentant pas des « yaka », propose quelques solutions concrètes, en particulier la « taxe » sur les produits pétroliers et gaziers, taxe progressive destinée à éviter un choc trop brutal lorsque les échéances seront arrivées, c’est-à-dire lorsque la raréfaction du pétrole entraînera une hausse mécanique et violente des prix, difficile à supporter pour les moins aisés : « L’argument essentiel pour augmenter les taxes est d’éviter des coûts futurs exorbitants, qu’ils soient sociaux (…) ou environnementaux (…). Avec l’argent tiré d’une hausse du prix de l’énergie fossile (de toutes les énergies fossiles – essence et diesel, certes, mais aussi gaz naturel, fioul domestique, kérosène, charbon, et tout le reste), nous pourrions précisément financer des investissements qui aideraient à faire baisser la consommation d’hydrocarbures. (…) Nous pourrions ensuite utiliser cet argent pour aider tous les acteurs économiques (entreprises et ménages) à gérer l’inéluctable modification de l’urbanisme et du système de transport découlant d’une énergie progressivement plus chère. »

Effectivement, taxer, si cela est forcément impopulaire, semble nécessaire pour éviter, ou atténuer, la surconsommation de ressources dont la pérennité n’est plus assurée que pour quelques décennies, un délai qui pourrait se réduire encore si les demandes en énergie des pays en forte croissance (Chine, Inde, etc.) continuent d’augmenter au rythme actuel. D’autre part, les auteurs rappellent qu’il ne faut pas oublier le coût environnemental de la consommation par nos sociétés et ses individus, un coût de plus en plus lourd même s’il semble « invisible » au regard du PIB des pays : « Non seulement la majorité des atteintes à l’environnement ne sont pas comptabilisées dans le PIB, mais elles le font croître, en nourrissant des activités de prédation, ou en engendrant des besoins de dépollution ou de reconstruction qui mobilisent des paires de bras et créent des revenus. » Mais, comme le signalent les auteurs, le simple jeu démocratique ne suffit pas à diminuer les atteintes à l’environnement ou la pression de nos sociétés de consommation sur les réserves énergétiques de la planète : « La démocratie, ce n’est pas nécessairement la voix de la sagesse, c’est celle de la majorité. (…) En démocratie, nous serons perpétuellement insatisfaits de notre sort (…). Un sondage effectué en 2004, par exemple, donnait encore 85 % de nos concitoyens opposés à une hausse volontaire du prix des carburants. (…) La clé du problème se trouve dans la notion même de démocratie (…). La contrainte volontaire en démocratie, s’il n’existe ni sanctions ni pénalisation économique, ne pousse jamais à l’action résolue plus de 1 à 2 % de la population. » Ainsi les discours et les campagnes de sensibilisation ne sont pas encore suffisants pour agir sur les citoyens-consommateurs, « se souciant surtout de consommation, très peu du long terme, tout en reprochant à leurs élus de ne pas s’en soucier plus qu’eux. (…) Totalement obnubilés par notre « droit à consommer sans entraves », nous ne prenons absolument pas le chemin de la réduction volontaire de la consommation de combustibles fossiles ». De plus, laisser agir le seul mécanisme du Marché n’est guère plus probant, par le principe même du système économique actuel : « Comment des industriels pourraient-ils décider par eux-mêmes d’une contrainte significative dans un monde de plus en plus concurrentiel ? (…) Seule la puissance publique peut fixer de telles règles du jeu, conformément au bon sens et aux enseignements les plus solides des économistes ».

Les deux caractères de la politique à mener, selon les auteurs, sont « durée et progressivité ». « Les énergies fossiles doivent devenir de plus en plus chères, et ne jamais redevenir bon marché, du moins avec quelques milliards de consommateurs sur Terre. La durée, cela suppose encore que les élus ne remettent pas en cause cette hausse, et donc que s’installe un consensus au sein de la population, comme dans le cas de notre système de retraites ». Mais est-ce vraiment possible dans une République toujours coincée entre deux élections, qu’elles soient présidentielles, législatives ou régionales, et avec des politiciens qui en appellent plus aux sentiments des consommateurs qu’au civisme des citoyens, c’est-à-dire qui abandonnent le sens même de la volonté politique ? Le « consensus » à établir dépend, à mon sens, d’abord de l’exemple et de l’action de l’Etat et il me semble que l’un des avantages d’une Monarchie héréditaire est de libérer la magistrature suprême de l’Etat des « tendances consommatrices » et de garantir, au moins à la tête de l’Etat, cette durée nécessaire à la pérennisation d’une politique de l’énergie et de l’environnement considérée comme vitale pour assurer l’avenir des générations à venir. Je parle bien sûr d’une « Monarchie à la française », pas seulement constitutionnelle mais « politique et active » : il me semble même que cette double question énergétique et environnementale sera l’un des éléments de légitimation (ou d’échec, d’ailleurs) de la Monarchie dans sa phase d’instauration et d’enracinement…