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08/03/2010

Dernière conférence au Piccadilly...

Le Piccadilly est une véritable institution à Rennes, et ce café a accueilli depuis plus de trente ans les militants monarchistes à l’occasion de cercles d’études, de préparations de réunions publiques ou d’actions politiques, et c’est là, à son étage, que j’ai prononcée ma dernière conférence sur « La question sociale en France ». Et c’est avec beaucoup de peine et un brin de nostalgie que j’ai appris que, menacé d’effondrement de l’immeuble qui l’abritait, ce café mythique a été obligé de fermer ses portes… Pourvu que cela ne soit que temporaire, malgré les craintes de la propriétaire !

 

En attendant la réouverture du Piccadilly, voici un résumé de ma conférence paru dans l’Action Française jeudi dernier :

 

« Vendredi 26 février, Jean-Philippe Chauvin prononçait une conférence à Rennes sur "la question sociale en France, vue par les royalistes". S'appuyant sur les derniers événements sociaux et sur le témoignage de Florence Aubenas parue récemment en librairie, le conférencier a montré que la question sociale était d'une brûlante actualité et constituait un scandale lorsque les différences au sein de la société devenaient trop béantes et surtout injustes : l'affaire des revenus de l'actuel président d'EDF, M. Proglio, en est une illustration qui vient après les centaines de millions d'euros accordés à un autre ami de M. Sarkozy, M. Tapie, l'été 2009.

Les monarchistes ne sont pas des fatalistes et ils combattent à la fois un libéralisme qui nie toute dignité et un assistanat qui nie toute liberté. Il s'agit de rappeler que l'Etat doit s'imposer aux féodalités de la finance et de l'économie et que, pour cela, il doit avoir les moyens de parler et d'agir, et qu'il doit incarner la justice pour pouvoir l'appliquer aux questions sociales : ainsi, il n'est pas étonnant que les royalistes aient été les premiers au XIXe siècle à agir pour améliorer la condition ouvrière et qu'ils soient encore présents dans ce combat social contemporain. »

 

Un compte-rendu plus complet est lisible sur le site de la Fédération Royaliste de Bretagne, sous la plume de Frédéric M. : http://sr-breizh-uhel.hautetfort.com/ .

 

Cette conférence qui, avec la discussion qui a suivi, a duré environ 2 heures 30, va être, d’ici l’été, publiée sous forme de brochure, avec des ajouts et quelques corrections de style : encore quelques heures de travail en perspective… Et j’espère bien faire ces heures-là attablé au… Piccadilly !

10/06/2009

Bilan personnel de ma campagne électorale monarchiste.

Au début du mois de mars dernier, j’ai accepté d’être la tête de liste du mouvement royaliste « Alliance Royale » pour la circonscription « Ouest » (13 départements de Bretagne, Pays de la Loire et Poitou-Charentes) aux élections européennes de juin 2009. Bien sûr, l’objectif premier n’était pas de « faire des voix » mais de faire entendre la voix des royalistes, trop souvent méconnue ou déformée.

 

Je dois avouer que j’ai pris un grand plaisir à faire cette campagne électorale sous les couleurs royalistes, dans des conditions parfois difficiles, en particulier au regard de la superficie immense (à ma modeste mesure) de la circonscription, des moyens (faibles) que nous avions et du temps (trop rare) dont je disposais, entre les cours du lycée, les corrections de copies et mes lectures quotidiennes très prenantes…

 

Dans les deux derniers mois, j’ai passé trois à quatre jours par semaine sur les routes de Bretagne (jusqu’à Nantes) et de Mayenne, ne cessant de coller des affiches, que cela soit sur les (de plus en plus rares) panneaux d’affichage libre ou sur les panneaux électoraux (beaucoup plus intéressants car sans risque d’être recouverts par d’autres mouvements), de distribuer des tracts ou de discuter avec des électeurs ou des journalistes. Sur le terrain, quelques amis et militants m’ont aidé par leurs conseils ou leur énergie, leurs bras ou leurs idées (et souvent tout cela en même temps…). Ils n’étaient pas très nombreux et leur aide m’a été d’autant plus précieuse.

 

Cette campagne électorale royaliste était la plus importante opération d’une telle ampleur depuis la campagne présidentielle du monarchiste Bertrand Renouvin de 1974, par son caractère militant et par le nombre très important des villes et des villages touchés par la campagne de promotion des idées royalistes à travers le débat des européennes : ce n’est pas rien ! Il fallait être à la hauteur de l’épreuve et de l’enjeu : l’ai-je été ?

 

Voici quelques éléments d’appréciation et quelques remarques pour répondre à cette question, dont la réponse m’est évidemment personnelle et totalement assumée, sous la forme d’un bilan des actions entreprises en ces quelques mois de campagne dans l’Ouest :

 

-         Affichages en Ille-et-Vilaine : Rennes ; Saint-Malo, Dinard et la Côte d’émeraude ; Combourg ; le pays d’Antrain ; Vitré ; Bécherel ; et bien d’autres communes de toutes les tailles ;

-         En Côtes d’Armor : Dinan et son pays ; Saint-Brieuc ; Lamballe ; Matignon et la côte (dont, évidemment, Lancieux…) ; etc. ;

-         En Morbihan : Ploërmel ; Auray et Sainte-Anne d’Auray ; Vannes ; Lorient ; Hennebont ; etc. ;

-         En Finistère : Quimper.

-         En Mayenne : Mayenne ; Laval et ses environs ; sans oublier les villages aux portes de la Sarthe.

 

 

-         Collages massifs d’autocollants (plusieurs milliers) dans toutes les    villes traversées ;

 

 

    

-         Distributions de tracts, de la main à la main ou sous la vitrine des commerces (ce qui transforme les tracts en sorte d’affiches visibles de tous du dimanche au lundi après-midi, voire mardi matin, selon les jours d’ouverture des magasins…) : Rennes (au moins 7 distributions) ; Dinan (le premier tractage sur un marché au mois d’avril) ; Vannes (2) ; Lorient (2) ; Quimper ; Saint-Brieuc ; Mayenne ; Laval ; Le Mans ; etc.

 

 

-         Plusieurs entretiens radiophoniques (2 radios de Nantes) et articles (ou tribune) dans la presse locale (en particulier « Ouest-France » mais aussi la presse sur la Toile, comme Vendée-infos) ;

 

 

-         Deux vidéos de campagne tournées en Bretagne par le Service Audiovisuel du Combat Royaliste, toujours visibles sur la Toile ;

 

 

-         Sans oublier toutes mes interventions sur des blogues, forums et autres plateformes de débats sur la Toile, y compris de grands médias, etc.

 

 

 

Tous ces efforts ont-ils été vains ? Les résultats électoraux ont été faibles, très faibles même, et m’ont valu, dans mon entourage professionnel en particulier, quelques moqueries. Il est vrai que les quelques 12 voix recueillies à Rennes n’ont rien pour me satisfaire au regard de l’activité militante monarchiste déployée dans cette ville, « ma » ville, sur laquelle j’ai fait porter une grande partie de mes efforts et dont j’escomptais au moins un nombre de suffrages à trois chiffres : cruelle déconvenue ! Bien sûr, il y a l’explication « technique », c’est-à-dire l’absence de bulletins de vote dans les bureaux eux-mêmes (les bulletins devant être téléchargés sur le site de l’Alliance Royale, cela par économie et par écologie…), mais elle ne me satisfait pas complètement… Bien sûr, dans les villes dotées du « vote électronique », les résultats sont bien meilleurs, y compris là où il n’y a pas eu d’affiches placardées, comme à Brest (183 voix) ou au Mans (100 voix). Mais ce n’est pas suffisant pour me consoler… Le résultat total sur la circonscription n’atteint pas les 1.000 suffrages, sur 13 départements, et la Mayenne, ancienne terre royaliste, ne m’a accordé que… 18 voix ! Jean Chouan doit se retourner dans sa tombe…

 

Il y a tout de même quelques satisfactions : d’abord, cette campagne m’a forcé à approfondir mes connaissances de l’Union européenne et de son fonctionnement qui, malgré leur complexité, n’ont plus guère de secrets pour moi ; elle m’a aussi contraint à réfléchir plus profondément sur « l’Europe » et sur la place, les possibilités de la France en son sein (ou au-delà d’elle…), et les stratégies françaises nécessaires pour affronter les défis de la globalisation, etc. Je me suis rendu compte, d’ailleurs, que l’Europe était le « grand impensé » de la science et de la classe politiques en France, aussi surprenant que cela puisse paraître… D’autre part, cette campagne électorale a été une formidable source d’expériences et cela ne sera pas perdu pour les « prochaines ». Et puis, au-delà de la grande visibilité (certes temporaire) des royalistes pendant quelques jours, il y a eu toutes ces discussions avec des personnes inconnues dans la rue, tous ces débats impromptus, ces préjugés qui ont pu être ébranlés chez certains de nos interlocuteurs, toutes ces rencontres avec un « pays réel » dont les royalistes parlent trop souvent à défaut de le connaître…

 

Alors, me décourager ? Sûrement pas ! « Ce qui n’abat pas rend plus fort », dit le philosophe… S’il me semble utile de remettre en cause certaines méthodes de travail politique, voire certaines conceptions de celui-ci, s’il me paraît nécessaire de « retravailler le militantisme » et « repenser le royalisme », de réfléchir à d’autres stratégies et de renouveler, parfois, le vocabulaire monarchiste, il n’est évidemment pas question de s’abandonner au fatalisme et au désappointement démobilisateur : la Monarchie reste, plus que jamais, la grande nécessité de notre temps pour la France, face aux défis qui sont déjà là et aux épreuves qu’il ne faut pas renoncer à affronter. Nécessaire, il est du devoir de tout royaliste fidèle, et j’en suis (plus que jamais, même !), de la rendre possible. Tâche ardue, mais à laquelle je refuse de me dérober, malgré les tentations diverses.

 

Parce que la fidélité ne se compte pas seulement en voix et que la foi, royale, peut encore déplacer des montagnes, même d’indifférence… Je n’ai pas l’intention de mourir royaliste, mais bien celle de vivre en Monarchie...

11/05/2009

Lendemains de finale à Rennes.

J’étais samedi 9 mai à Rennes pour poursuivre la campagne électorale monarchiste : en cette « journée de l’Europe », il faut bien avouer que c’était plutôt la finale de la coupe de France de balle-au-pied entre deux clubs bretons qui passionnait les passants… Ainsi, entre le gros titre sportif du quotidien « Ouest-France » qui éclipsait largement les autres, et en particulier celui sur l’Europe, et la décoration des commerces et des rues aux couleurs noires et rouges (celles du Stade rennais), sans oublier les groupes de jeunes gens qui, bière à la main, chantaient (parfois horriblement faux…) la gloire et la victoire espérée de l’équipe rennaise, donnée favorite, tout rappelait la rencontre du soir et les espérances du public rennais, apparemment fondées si l’on en croyait la « logique sportive » et l’opinion commune : mais, là encore, « sondage n’est pas suffrage », et l’on connaît la suite et la victoire de Guingamp, petite ville de moins de 8.000 âmes, ancrée dans le monde rural. Certains ont d’ailleurs voulu voir dans cette finale entre Bretons une sorte d’affrontement entre monde urbain et monde rural, ce qui me semble un peu exagéré, même si les propos de certains Rennais, au soir de la défaite, s’en prenaient aux « ploucs » de Guingamp, renvoyé alors à son statut de petite ville « de campagne »…

 

Autant la journée avait été belle et l’ambiance sympathique dans les rues de la capitale de Bretagne, autant la nuit, elle, ressembla à une mauvaise fête : ainsi, en parcourant le centre-ville dimanche matin, j’ai constaté les dégâts, et ils étaient impressionnants… De la place des Lices à la place Sainte-Anne, il n’y avait pas un centimètre carré sans débris de verre, de cannettes, voire de fusées et de plastique brûlé, vestiges des désordres de la nuit. Les éboueurs, fatalistes, regardaient la scène sans beaucoup d’étonnement mais avec un certain agacement, et le ballet des camions de nettoyage semblait presque impuissant devant le gâchis.

 

En fait, ce qui est le plus gênant, c’est que cette scène n’est pas inédite à Rennes et, qu’au bout du compte, cela ne donne pas de la ville une image très positive ni, parfois, très rassurante… Cela gâche la fête et l’on sait trop bien que les attitudes de « quelques uns » (parfois nombreux…) peuvent avoir des conséquences tragiques, voire mortelles. J’y vois aussi la marque d’un certain ennui d’une partie de la jeunesse, pourtant culturellement éduquée et susceptible de réflexion, mais qui est livrée à elle-même, à une forme d’individualisme (mais « de masse ») qui, poussé à l’extrême, confine à un nihilisme dangereux, même s’il est, sans doute, passager : est-ce là un des aspects de « la société distractionnaire » que moquait Philippe Muray ? Ce n’est pas impossible. Ce n’est pas forcément rassurant…

 

Que l’on ne se méprenne pas sur mes propos : je ne dis pas que la fête mène forcément aux excès et, d’ailleurs, les excès ne sont pas tous de même nature, ni même forcément condamnables. Je me méfie de ceux qui voudraient tout encadrer de la vie humaine ! La liberté, après tout, ne se renifle pas, elle se respire, comme j’ai coutume de le dire. Mais l’individualisme, s’il est désormais une donnée fondamentale de notre société (ce que l’on peut regretter et que l’on peut combattre, mais c’est un fait qu’il est délicat de nier), doit être, pour ne pas devenir destructeur, surplombé par une autorité légitime, susceptible d’incarner, non « le premier des individualistes », mais « le bien commun », c’est-à-dire ce qui est la possibilité et l’équilibre des sociétés humaines, ce qui permet de ne pas oublier les autres et d’activer les solidarités concrètes. En somme, il n’y a de libertés pratiques et publiques que si la « loi de la jungle » ne domine pas les rapports humains : il est toujours temps de le rappeler…