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11/12/2019

Retraites : la nécessaire justice sociale.

A qui va profiter la crise sociale actuelle ? Syndicats et gouvernement se font face et s’affrontent sans que l’on sache très bien, au jour d’aujourd’hui, qui va l’emporter et quelles en seront les conséquences sur l’épineux dossier des retraites, au moment où les institutions européennes insistent pour que la République française « poursuive les réformes », toujours au nom de la lutte contre les déficits. Ce qui est certain, c’est que la grève a déjà débordé de son lit originel, les cheminots et les conducteurs du métro, pour entraîner avec eux les professeurs, apparemment fort mobilisés si l’on en croit les chiffres des écoles fermées et des lycées perturbés le jeudi 5 décembre. Il est vrai que les propos plutôt confus et peu étayés du ministre de l’Education Nationale ont ajouté au trouble des enseignants, déjà très sollicités par la mise en place de la réforme du baccalauréat et de l’organisation des études au lycée, mais peu récompensés concrètement de leurs efforts, ce qui entretient une certaine amertume et légitime la défiance à l’égard du ministère. La grande maladresse du ministre est de promettre des augmentations salariales que le gouvernement a déjà refusé par avance en maintenant (et cela depuis 2011) le gel du point d’indice (sauf en l’année électorale 2016-2017), et d’oser ajouter que celles-ci devraient pouvoir compenser la perte financière induite par la réforme des retraites, ce qui ne serait possible que si les salaires actuels étaient quasiment doublés : c’est vraiment prendre les professeurs (même ceux qui ne savent pas aussi bien compter que leurs collègues mathématiciens) pour des imbéciles !

 

C’est ce genre de promesses intenables et cette mauvaise foi évidente de la part du gouvernement qui le fragilisent aux yeux de nos concitoyens. Mais il faut compter aussi sur l’inquiétude des salariés à l’évocation du passage annoncé d’une retraite par répartition à une retraite par points qui, dans l’esprit de l’actuel gouvernement, préfigure une privatisation croissante du système des retraites, privatisation dont on sait les conséquences qu’elle peut entraîner en cas de crise boursière, comme la ruine de nombre de retraités des classes moyennes aux Etats-Unis après la crise de 2008 et l’éclatement des bulles financières et immobilières. Non pas que la retraite par points soit forcément une mauvaise chose, mais c’est la manière dont le gouvernement et les classes dirigeantes entendent s’en servir pour diminuer la valeur des pensions de retraites, comme le souhaitait l’ancien premier ministre François Fillon, qui décrédibilise cette formule.

 

Cela signifie-t-il que rien ne doit bouger dans le système actuel des retraites, qui se révèle parfois fort injuste pour les femmes, entre autres ? Non, mais changer les choses ne veut pas dire les empirer ou les « rentabiliser sans modération ». Comme le rappelle justement Bertrand Renouvin dans son dernier éditorial de Royaliste (2 décembre 2019), il est nécessaire de maintenir fermement le « principe de solidarité entre tous les Français, qui est assuré par le système de la répartition », ainsi que les principes de « la cotisation sociale comme salaire différé qui est restitué sous forme d’allocations chômage, d’allocations familiales, de financement des dépenses de santé et de retraite », « de la gestion paritaire par les organisations syndicales et patronales », gestion qui peut être favorisée et améliorée par une nouvelle organisation corporative actualisée des professions et des entreprises en France, organisation « garantie par l’Etat » mais sans lui être soumis (pour éviter le piège de l’étatisme et de la déresponsabilisation des professionnels), une organisation qu’il paraît nécessaire de penser et de préparer pour l’avenir, dans le sens de la nécessaire justice sociale.

 

Car c’est bien la justice sociale qui doit être la boussole de toute réforme des retraites : non qu’il faille négliger la question financière, évidemment importante, mais elle ne doit pas être le paravent des injustices et l’alibi des classes dirigeantes. Là encore, c’est par le moyen du politique que l’on pourra surmonter les difficultés financières qui sont aussi, il ne faut pas le méconnaître, la conséquence d’une dégradation de la puissance publique incapable, visiblement, de s’imposer aux féodalités économiques et financières qui, telles les grandes multinationales des nouvelles technologies, abusent de leur situation et, parfois, de leur impunité fiscale dans nos pays. « Faîtes-moi de bonne politique, je vous ferai de bonnes finances », affirmait le baron Louis sous la Restauration : la formule reste d’actualité ! Mais la question des institutions qui permettraient cette « bonne politique », elle, mérite aussi d’être posée…

 

 

 

02/12/2019

Colère sociale, vers l'espérance royale ?

Le dimanche 1er décembre se tenait à Paris le dernier banquet de l’année du Groupe d’Action Royaliste, en présence de près de 70 personnes, et j’y ai prononcé un court discours, dont voici le texte initial qui, il me faut l’avouer, a connu certains aménagements au fil des minutes, au point que l’enregistrement ne correspond plus exactement aux lignes reproduites ci-dessous. Qu’importe, cela fera juste deux textes au lieu d’un seul !

 

De la colère sociale à l’espérance royale.

 

« Nous ouvrons là un mois de décembre qui promet, si l’on en croit la rumeur publique, d’être fort mouvementé, un an tout juste après le début de la longue protestation des Gilets jaunes qu’il nous est arrivé d’accompagner et d’encourager. Ainsi, nous pourrions paraphraser la célèbre formule de Rochefort : « La France compte aujourd’hui 66 millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement… »

 

« Désormais, c’est la question des retraites, de leurs formes comme de leur financement, qui agite la rue, mais aussi les salles des professeurs, les cantines d’entreprise et qui se discute, voire se dispute, au comptoir du café, ce « Parlement du peuple », selon le royaliste Balzac. L’un des éléments de débat se focalise sur l’âge légal de départ à la retraite, que les libéraux souhaitent, à tout prix, relever, le plus souvent à 67 ans, en attendant sans doute mieux (ou pire) encore : au-delà du Rhin, la Bundesbank allemande propose déjà 69 ans, mais ce sera bientôt au-delà de 70 ans si l’on suit leur argumentation « démographique ». Pourtant, l’espérance de vie, si elle augmente (mais elle semble atteindre un plafond difficilement transperçable), reste fort inégale selon les professions, et il semble qu’un ouvrier vive environ (et en moyenne) 13 ans de moins qu’un cadre supérieur. De plus, l’espérance de vie sans incapacité (ou en bonne santé), elle, n’atteint qu’un peu plus de 62 ans en France, ce qui n’est pas anodin quand on évoque la qualité de vie même de nos concitoyens. N’est-ce pas, pourtant, cette dernière mesure qu’il s’agirait de prendre en compte pour être juste, socialement juste ?

 

« Mais comment financer les retraites par répartition sans aggraver les conditions de vie et de travail des Français ? Faire de grands calculs n’est pas suffisant ni satisfaisant car ils ont le défaut de négliger les êtres au profit des chiffres qui, eux, n’ont pas besoin de se nourrir, de se loger et de se vêtir. Commençons plutôt par la responsabilisation et l’action de chacun, en consommant en priorité français, c’est-à-dire en finançant indirectement (mais bien sûrement, fiscalement parlant) les caisses de l’Etat plutôt que celles de ces grandes firmes transnationales états-uniennes ou étrangères qui « oublient » de payer leurs impôts ou, surtout, se débrouillent pour ne rien lâcher de leurs immenses profits en se localisant dans des paradis fiscaux, parfois proches de la France et, même, membres de la même Union européenne que notre pays (n’est-ce pas le comble, au regard de ce que l’on nous dit - depuis plus de soixante ans - de ce que devait être « l’Europe », une sorte de super-Etat dans lequel les mêmes règles s’appliqueraient, de Brest à Chypre ?). Consommer français, c’est bien possible, et c’est plus civique que d’acheter des produits d’ailleurs sur une plateforme étrangère qui, en définitive, pratique une forme de fraude certes légale et baptisée de la formule trompeuse « optimisation fiscale », qui reste bien peu morale au regard de la nécessaire justice sociale que tous les acteurs économiques devraient avoir à cœur de promouvoir et de pratiquer ?

 

« D’autre part, n’est-il pas possible de permettre à chacun des travailleurs français, à quelque branche qu’il appartienne ou à quelque niveau hiérarchique qu’il soit, de disposer d’une retraite honorable en favorisant la création de caisses de retraites autonomes par profession ou par branche d’activités ? D’ailleurs, cela existe déjà pour les avocats, les médecins, les infirmières, ou les orthophonistes, entre autres, et c’est justement le gouvernement, alléché par les fonds de ces caisses excédentaires quand le régime général est déficitaire, qui veut mettre la main sur eux : ce n’est rien d’autre qu’une spoliation ! En somme, la République de 2019 nous rejoue « 1791 » quand la Révolution, en mettant fin au système corporatif français, récupérait le patrimoine des corps de métiers dissous par le décret d’Allarde et la loi Le Chapelier…

 

« Certains me trouveront peut-être sévère, mais pourquoi faire crédit à une République qui, incapable de réussir par elle-même, n’hésite pas à confisquer ce que d’autres, plus efficaces et moins démagogues, ou « moins mauvais » (économiquement parlant), ont patiemment épargné et fait fructifier, par leurs efforts et malgré la pression fiscale actuelle ? En tout cas, cette spoliation montre à l’envi que la République n’est pas la plus convaincante quand il s’agit de finances publiques, malgré la bonne volonté, qu’il ne faut pas méconnaître si l’on veut être entièrement juste, de quelques ministres ou grands commis de l’Etat moins politiciens que les autres et qui n’ont pas oublié que leur charge impose de grands devoirs… Un roi saurait mieux les employer, sans doute.

 

« D’ailleurs, souvenons-nous, quand le baron Louis, sous la Restauration, disait simplement au souverain : « Faîtes-moi de bonne politique, je vous ferai de bonnes finances ». D’une certaine manière, tout est dit ! Et il rajoutait : « L’Etat doit être le plus honnête homme de France ». Or, la République ne répond à aucun des deux critères valorisés par le financier de la Restauration, l’efficacité et l’honnêteté de l’Etat…

 

« Il n’est pas indifférent que les deux citations aient pu être prononcées sous la Monarchie et non sous la République, là encore malgré les personnes de qualité dont la République a pu s’enorgueillir et dont elle n’a su, visiblement, que faire… Si certaines voulaient servir et tentaient de le faire, c’est la République qui, elle, les a desservies !

 

« Et s’il n’y avait que la question des retraites qui montrait l’incompétence ou la négligence de la République ! Or, en parcourant les colonnes des journaux et les zones industrielles de nos métropoles, nous pouvons aussi constater cette désindustrialisation qui nous appauvrit et nous livre aux firmes transnationales étrangères, dans cette mondialisation qui tourne de plus en plus au cauchemar pour le monde de nos producteurs locaux et des ouvriers de nos usines. Et, dans nos rues et nos campagnes, la précarité et la misère sociale que l’on pensait éteindre il y a quelques décennies grâce aux progrès techniques et aux possibilités apparemment infinies qu’ils offraient ou que l’on nous en promettait… Sans oublier cet « asséchement du monde rural » qui se marque par la fin des services publics et la fermeture programmée des écoles de campagne comme des gendarmeries, au nom d’une logique purement économique qui ne parle que de rentabilité ou de réduction des déficits quand il faudrait aussi et d’abord penser en termes d’équité territoriale et de justice sociale, en n’oubliant jamais ce qui constitue les sociétés humaines, c’est-à-dire les personnes dans leur diversité et leurs particularités.

 

« Et pourtant ! Nous vivons dans le plus beau des pays, avec des atouts immenses en métropole comme en Outre-mer, avec un domaine maritime qui est, avec ses 11 millions de kilomètres carrés, le deuxième du monde ! La République semble bien tout gâcher…

 

« Si nous sommes royalistes, ce n’est pas seulement par la colère de voir la République dilapider l’héritage, mais par la volonté de vivre et de faire vivre notre pays, pour aujourd’hui comme pour demain ; de faire vivre la justice sociale, concrète et active, y compris contre les égoïsmes économiques ! Mais notre colère serait vaine et dangereuse si elle ne s’accompagnait pas d’une véritable espérance, ou si elle n’était pas, au-delà de sa forme tempétueuse, une espérance : une espérance royale, mais une espérance, d’abord, en la France et pour celle-ci, et une espérance à faire advenir, envers et contre tout ! Car il ne s’agit pas, pour nous, de mourir royaliste, mais de vivre en Monarchie, en Monarchie française… »

 

 

 

28/10/2019

La justice sociale, un souci politique et royal.

La question sociale mérite que l’on y prête attention et que l’on y réponde, autant que possible et selon les règles d’une justice sociale que nombre de nos concitoyens semblent parfois avoir oubliée : il est vrai que la lecture des manuels scolaires ou universitaires démontrent une certaine négligence sur le sujet, comme on peut le constater dans les manuels de géographie de Première des nouveaux programmes qui n’évoquent la question du chômage en France, par exemple, que par le biais d’une photo ou d’un titre de presse, sans s’y attarder plus longuement, comme si les quelques cinq millions de Français confrontés à ce drame étaient destinés à l’invisibilité ! Comment pourrait-il en être autrement quand la mondialisation, vantée sous tous les angles et couplée avec une métropolisation conquérante, est présentée comme le progrès par excellence, ce progrès obligatoire et « évidemment accepté par tous » (ou presque), désormais un peu verdi par les projets dits de développement durable, un progrès auquel il faut s’adapter pour accroître « l’attractivité », nouveau maître-mot des programmes d’aménagement du territoire ? Du coup, chômeurs et territoires en déshérence ne sont plus vus que comme les « perdants de la mondialisation », formule dont, le plus souvent, on ne retient que le premier mot, péjorativement prononcé et compris comme symbole d’un échec à imputer, non au système économique ou politique, mais aux seuls chômeurs ou aux territoires désertés… Le plus grave est peut-être que cette opinion négative est intégrée par les victimes mêmes de cette situation, un peu de la même manière que lorsque les petits Bretons ou Basques étaient moqués pour leurs langues et coutumes particulières dans l’école de Jules Ferry, au nom d’un progrès qui, à l’époque, se déclinait dans les manuels scolaires sous la formule de « République une et indivisible », et qu’ils en développaient parfois un complexe d’infériorité.

 

Le mouvement des Gilets jaunes a réveillé ce « peuple des perdants » comme le nommait récemment un sociologue sans acrimonie à leur égard, et la République en a tremblé quelques semaines avant de reprendre ses mauvaises habitudes de déni social et de suffisance. Que le gouvernement nommé par M. Macron, et malgré quelques bonnes volontés en son sein qu’il ne s’agit pas de dénigrer (preuve de la complexité du régime macronien, de cet « enfer pavé de bonnes intentions » selon un de ses adversaires), apparaisse comme le « bras armé politique de la mondialisation en France », n’est pas un contresens mais bien une triste réalité qu’il s’agit, elle, de dénoncer et de vouloir changer, non par pur idéalisme, mais par souci politique de la justice sociale. Cette dernière ne naît pas naturellement du monde dirigeant et décisionnaire de l’économie, de cette oligarchie qu’il faudrait plutôt nommer ploutocratie si l’on veut être complètement honnête, mais c’est bien par le moyen du politique, de l’exercice de l’Etat qu’elle peut être respectée et honorée comme elle doit l’être. La République peut-elle être cet Etat soucieux de la justice sociale, elle qui semble parfois avoir remplacée la main de justice par la matraque de Castaner ? J’en doute, et d’autant plus depuis les débuts de cette crise sociale inédite dont notre pays n’est pas sorti depuis un an qu’elle a commencé sur les ronds-points de France.

 

La justice sociale n’est pas, ne doit pas être un « détail de l’histoire » : elle doit être la profonde motivation contemporaine de tout Etat digne de ce nom et c’est pour avoir oublié cette exigence de justice que nombre de gouvernements et de régimes, de par le monde, connaissent actuellement des mouvements de révolte souvent massifs et parfois brutaux, rompant avec ce fatalisme et cette non-violence qui, en définitive, semblaient convenir aux dirigeants et légitimaient, d’une certaine manière, leur inertie sociale au profit des grands intérêts financiers et économiques particuliers et au détriment du bien commun que, d’ailleurs, les plus libéraux des libéraux continuent à méconnaître ou à dénigrer dans une logique toute thatchérienne… Margaret Thatcher affirmait que la société n’existait pas, ce qui évitait logiquement d’avoir à traiter de la justice sociale, mais les réalités humaines, individuelles comme collectives, ont défait ce mythe libéral.

 

La France ne peut oublier cette exigence de justice sociale que crient les peuples de notre pays, au sein de leurs villes et campagnes, au travers de leurs professions et activités économiques, mais aussi au gré des contestations contemporaines : cette exigence, d’ailleurs, n’est pas à sens unique et elle doit être l’occasion de repenser les fonctions économiques et les rapports sociaux, non dans une logique, vaine et souvent créatrice d’injustices, d’égalitarisme social, mais selon les critères de bien commun, de nécessaire solidarité et entraide, de service et non d’égoïsme ou de grivèlerie économique… La grande question des retraites, qui commence à préoccuper nombre de nos concitoyens, doit être l’occasion de réaffirmer la nécessité d’une justice sociale qui doit inclure plutôt qu’exclure ou marginaliser, qui doit inciter au partage et à la mise en commun et non au repli sur soi de chaque classe sur ses seuls intérêts ou jalousies : elle ne pourra être résolue positivement que par la prise en compte des qualités et des fragilités de chacun, au sein de son cadre socio-professionnel et « d’enracinement », et selon le contexte local et national. En ce sens, une réponse « corporative », c’est-à-dire qui pense le travail dans un cadre professionnel et local, selon des règles établies par branche d’activités ou corps de métier (et cela sans méconnaître les mutations du travail ni les mobilités contemporaines, mais en leur fixant un cadre légal et approprié à ces particularités), apparaît possible et, même, souhaitable : au-delà de la justice sociale, cela assurerait une visibilité et une prévisibilité à des systèmes de retraites qui doivent s’inscrire dans la durée pour satisfaire aux besoins des travailleurs d’hier comme à ceux d’aujourd’hui et de demain.

 

Encore faudrait-il que l’Etat, qui doit être le garant suprême de la justice sociale entre (et pour) tous les corps et citoyens de ce pays, retrouve les moyens d’assurer et d’assumer son rôle de justicier : pour avoir la légitimité et la force d’incarner ce souci éminemment politique, il lui faut être indépendant des jeux de partis et des grandes féodalités financières et économiques, mais aussi des pressions de la « gouvernance » (sic !) de l’Union européenne et de la mondialisation. Il n’est pas certain que, désormais, l’élection du Chef de l’Etat au suffrage universel assure solidement l’indépendance de la magistrature suprême de l’Etat, car les jeux économico-politiciens l’ont prise en otage. Reconquérir l’indépendance pour l’Etat passe par un mode de désignation qui ne doive rien à l’élection sans, pour autant, la dénier pour les autres constituants de la sphère politique (assemblée nationale ; sénat ; municipalités ; chambres économiques, professionnelles, agricoles, etc.) : ainsi, la transmission héréditaire de la magistrature suprême de l’Etat apparaît comme la plus simple et la plus pérenne à long terme pour s’abstraire des égoïsmes politiciens ou particularistes. Que pour la Monarchie royale en France, la main de justice ne soit pas un simple hochet mais un symbole fort et nécessaire de sa vocation sociale, nous paraît comme le signe le plus évident mais aussi le plus exigeant de sa nature politique : si la Monarchie réinstaurée l’oubliait ou le négligeait, elle en paierait le prix le plus élevé, celui du discrédit et de la chute finale, comme le signalait avec véhémence le plus fidèle des royalistes, notre capitaine Georges Bernanos…