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24/12/2011

L'argent dans les actualités de la semaine...

 

Les vacances scolaires ne sont pas des vacances pour l'actualité, semble-t-il... Entre les 489 milliards d'euros avancés aux banques européennes par la Banque centrale européenne, les suppressions de poste dans l'Education nationale annoncées la veille des départs ou la grève des agents de sécurité dans les aéroports, pas le temps de s'ennuyer... Le point commun à ces trois informations, c'est l'argent : celui que l'on prête, celui que l'on économise, celui que l'on réclame...

 

 

 

L'argent que l'on prête : 489 milliards d'euros avancés à 523 banques européennes, à un taux d'intérêt de... 1 % par an ! Le but officiel de cette démarche est d'inciter les banques à prêter elles-mêmes aux petites et moyennes entreprises et certains souhaitent qu'elles rachètent aussi de la dette souveraine des États européens en difficulté, mais les banques vont-elles vraiment le faire ? Rien n'est sûr, loin de là... Ces milliards encore avancés aux banques laissent, il faut bien le dire, un goût amer aux citoyens qui se demandent si cet argent n'aurait pu être prêté directement, soit aux États soit aux entreprises et aux ménages... L'impression générale, sensible au comptoir des cafés (véritable thermomètre des opinions du moment, parfois aux températures plus élevées que dans les médias...), est que « l'on ne prête qu'aux riches », à ceux qui n'en ont pas forcément le plus besoin... Ce n'est pas le meilleur signal que l'Union européenne puisse envoyer à des populations qui ne croient déjà plus guère en elle !

 

 

 

L'argent que l'on économise : l'Education nationale a annoncé la suppression de plusieurs milliers de postes d'enseignants à peine quelques heures après une grève qui n'a eu aucun impact, sinon négatif sur l'impression que nos concitoyens ressentent à l'égard des professeurs... Ces milliers de postes supprimés vont-ils vraiment permettre des économies ? En fait, j'en doute, non par un simple réflexe « corporatiste », mais par une série d'observations faciles à faire : d'abord, le nombre d'élèves scolarisés continue à croître et le maintien d'un taux de fécondité plutôt élevé au regard des autres pays européens permet de prévoir des besoins persistants pour la formation, autant primaire que secondaire et supérieure ; ensuite, la rurbanisation et l'étalement urbain, s'ils sont bien maîtrisés (ce qui n'est pas forcément assuré, il faut bien le dire...), nécessitent des besoins scolaires supplémentaires ou, au moins, maintenus dans ces zones parfois de plus en plus éloignées des centres urbains, besoins principalement concentrés dans le primaire ; d'autre part, le nombre d'élèves par classe va logiquement augmenter sans que, pour autant, l'autorité et la crédibilité des enseignants soient renforcées, au risque ainsi de décourager un peu plus un corps professoral qui se plaint déjà de ne plus avoir l'écoute ni le respect de jeunes qui s'ennuient à l'école et qui, du coup, s'émancipent des règles de celle-ci et de la société... Du coup, les économies escomptées des réductions de postes d'enseignants risquent bien d'être annihilées par les conséquences mêmes de ces suppressions, mal venues aujourd'hui pour les raisons susdites...

 

 

 

L'argent que l'on réclame : la grève des agents de sûreté des aéroports français, dont le préavis a été déposé plus d'une semaine avant les départs en vacances, est un moyen utilisé par ce que l'on peut qualifier sans exagération de prolétariat (au regard de la situation sociale française et dans le cadre du monde du travail, hors chômage) pour obtenir des augmentations de salaires qui, en fait, sont plutôt légitimes et qui valent mieux que d'aléatoires primes. Que le gouvernement parle de « prise d'otages » est assez indigne, ne serait-ce que pour des raisons morales : peut-on ainsi comparer des vacanciers retardés dans leur départ à nos compatriotes retenus prisonniers de par le monde par des groupes terroristes ou des bandes de rançonneurs ? Cet abus de langage est tout aussi exagéré et illégitime que les propos de certains ministres étrangers accusant la France de « génocide » durant la guerre d'Algérie... « Savoir raison garder » est une vieille formule capétienne que les uns et les autres feraient bien de méditer avant de parler sans discernement !

 

 

 

Ce qui est certain, c'est que l'argent n'a pas la même signification ni le même « prix » selon le point de vue des uns ou des autres. Ce qui est non moins certain, c'est que nos sociétés ne doivent pas oublier que le partage est encore le meilleur moyen de faire que l'argent ne devienne pas un tyran, et que l'argent ne doit être qu'un moyen et non une finalité en soi...

 

 

 

Au-delà d'une philosophie de la vie qui remet l'argent à sa place, il n'est pas inutile de rappeler qu'il importe pour le politique et les institutions de retrouver ou de garder l'indépendance à l'égard des féodalités financières ou économiques, et qu'il n'est pas certain, au regard de l'histoire et de l'actualité, que la République à présidentielle quinquennale soit capable d'une telle liberté...

 

 

 

 

 

21/02/2011

M. Trichet, l'oligarque contre les salariés.

Les salaires des fonctionnaires français sont actuellement gelés, au moins pour cette année, et ceux des fonctionnaires espagnols ou portugais réduits de 5 %, tandis que ceux des Irlandais le sont de 14 % en moyenne et ceux des Roumains, membres de l’Union européenne mais pas encore de la zone euro, de… 25 % ! Le Marché unique européen et l’euro qui devaient nous protéger de toute crise n’ont visiblement pas rempli leur rôle et les économies apparaissent parfois tout aussi défaites que les politiques sociales elles-mêmes. Bien sûr, « on » nous assure que cela serait pire s’il n’y avait pas l’euro ou l’Union, et « on » agite l’épouvantail de la déchéance et de la misère pour les pays de la zone euro qui souhaiteraient s’en extraire, ne serait-ce que pour un temps… Comme si les classes sociales les plus défavorisées mais aussi les classes moyennes n’étaient pas déjà en cours d’appauvrissement généralisé et en voie de désespérance sociale certaine !

 

Mais les oligarques qui dirigent l’Union européenne du haut de leur suffisance et de leur « expertise », ceux-là mêmes qui ont tant de peine (et si peu de volonté ?) à limiter les excès de la Grande Finance, de cette « fortune anonyme et vagabonde » qui impose sa loi de la jungle aux Etats et aux peuples, n’ont cure des « petites gens », des classes populaires ni même des classes moyennes, et poursuivent leur logique impitoyable au nom des principes d’une Liberté économique devenue tyrannique. Ainsi, après la volonté de relever l’âge légal de la retraite à 67 ans émise par le gouvernement allemand « pour sauver l’euro », voici l’annonce de la politique salariale désormais assumée par les instances européennes, annonce résumée par les déclarations de dimanche (20 février 2011) sur Europe1 faites par Jean-Claude Trichet, le président de la Banque Centrale européenne et qui explique doctement et cyniquement qu’augmenter les salaires serait « la dernière bêtise à faire » en Europe car elle nuirait, dit-il, à la réduction du chômage ! Comme si ce dernier n’était pas déjà en train d’exploser sous l’effet de la mondialisation plus encore que de la crise qui n’en est qu’un des aspects ou, plutôt, un des moyens !

 

Ainsi, au moment où l’on apprend que le quart de la population active française gagne moins de 750 euros par mois (environ 25 euros par jour…) et que les grands patrons, eux, voient leurs revenus reprendre leur irrésistible marche en avant tandis que les traders se partagent des milliards d’euros pour avoir joué et spéculé au casino boursier (comme avant la crise de la fin des années 2000), M. Trichet, banquier eurocratique et membre de l’oligarchie régnante, en rajoute dans le mépris et l’injustice sociale, mais aussi « l’injustesse » économique : car son raisonnement s’inscrit dans une logique qui, pourtant, pourrait être remise en cause, ne serait-ce que si l’on appliquait la formule jadis mise en avant par le pape Jean-Paul II : « l’économie doit être au service des hommes, et non l’inverse », et si l’on repensait la nature même de notre société et de ses finalités. Moins de consommation individualiste, davantage de solidarités actives (ce qui passe aussi par la relocalisation de multiples activités aujourd’hui délocalisées dans des pays sans législation sociale ou environnementale digne de ce nom), davantage d’entraide entre familles, quartiers, régions, etc. Moins de quantité, mais priorité à la qualité.

 

Ce n’est pas en tapant toujours sur les mêmes que l’on améliorera la situation économique, c’est en permettant de nouvelles relations sociales, en donnant à chacun les moyens de vivre dignement, et cela peut aussi passer par autre chose que de l’argent dans une société qui sortirait du cycle infernal du « Consommer pour produire ». Mais, pour l’heure, il faut parer au plus pressé sans oublier de préparer la suite, au-delà de notre société de consommation, de gaspillage et d’obsolescence organisée ! Le plus pressé c’est de redonner du travail à ceux qui en demandent pour pouvoir nourrir leur famille, et c’est de revaloriser, dans les secteurs où sont dégagés de grands profits, les salaires des ouvriers et des cadres plutôt que de reverser encore de gros dividendes aux actionnaires ou aux traders et dirigeants comme on le voit faire actuellement au mépris de toute justice sociale et, même, de toute décence.

 

Quant à M. Trichet, il est temps de faire sentir à cet oligarque (dont les revenus mériteraient peut-être une plus grande attention de la part des services fiscaux…) que le vent tourne et que les personnes qui travaillent, qu’elles soient fonctionnaires, agriculteurs, ouvriers, cadres, chefs d’entreprise (particulièrement des PME), artisans, etc., en ont assez des oukases d’une caste financière trop fortunée qui a oublié tous ses devoirs sociaux, devoirs dont le respect mettrait pourtant un peu d’huile dans une société aujourd’hui de plus en plus bloquée.

 

« Nos Saigneurs les oligarques », prenez garde ! Votre règne pourrait bien s’achever plus tôt que vous ne le pensez, car l’argent, dont vous êtes si avare aux dépens des plus nécessiteux de nos sociétés mais aussi des classes moyennes, ne suffira sans doute pas, le jour venu, à calmer les colères populaires dont on sait la potentielle violence, parfois aveugle d’ailleurs, mais qui ne seront pas forcément, loin de là, illégitimes

07/12/2010

Quand les Etats sont "distraits"...

J'ai évoqué il y a quelques jours l'affaire des salaires des fonctionnaires européens et le scandale que représente la saisine par la Commission européenne de la Cour de justice européenne, Cour qui a demandé aux Etats de céder aux revendications des dits fonctionnaires. Dans un court article publié par « L'Action Française », Grégoire Dubost complète l'information : « Désireux de réduire de 3,7 à 1,85 % la hausse des rémunérations des fonctionnaires européens, les gouvernements des Vingt-Sept se sont heurtés aux règles qu'ils avaient eux-mêmes édictées, que viennent de leur rappeler les juges de Luxembourg : « En examinant la fonction de l'annexe XI du statut des fonctionnaires (…) la Cour conclut que (…) le Conseil a pris la décision autonome de se lier, pour la durée de la validité de ladite annexe, dans l'exercice de son pouvoir. » Caricaturale illustration de la « servitude volontaire » consentie par les responsables nationaux afin de se prémunir des infractions de leurs pairs. »

 

Ainsi, on constate que les Etats ont perdu, de par la faute de leurs gouvernements respectifs, la maîtrise du contrôle a posteriori de fonctionnaires pourtant financés par les impôts des contribuables français, allemands, espagnols, grecs ou irlandais... En somme, l'imprévoyance des gouvernements et leur européisme béat des temps anciens ont des conséquences qu'ils n'avaient pas mesurées mais qui, aujourd'hui, se retournent contre eux et leurs citoyens-contribuables... Là encore, la construction européenne semble avoir été bricolée par certains responsables nationaux quand les principaux intéressés (les fonctionnaires européens, et les commissaires eux-mêmes), eux, sont restés attentifs à leurs prérogatives, voire à leurs privilèges ! Le résultat est là !

 

Mais, la leçon devrait être tirée de cette mésaventure, d'autant plus scandaleuse que la Commission aurait pu faire jouer la clause de « crise grave » pour empêcher une hausse devenue choquante des salaires de ses fonctionnaires au moment où des efforts sont demandés à tous et imposés aux peuples : aux Etats de reprendre la main et de changer des règles qui, en ces temps rudes pour les populations des pays d'Europe, ne sont plus pertinentes. S'ils renoncent à le faire, cela voudra dire qu'ils renoncent aussi à cette notion de justice sociale qui, pourtant, s'avère plus que jamais nécessaire au maintien des équilibres sociaux. Il sera intéressant et significatif d'observer l'attitude de l'Etat français dans cette affaire... Et utile d'en tirer les conclusions qui s'imposent en cas d'absence de réaction et d'initiative de la part du gouvernement de la République...