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09/06/2019

Le rôle politique des royalistes en ces temps de Macronie triomphante.

 

 

Certains s’étonnent du ralliement au macronisme d’une grande partie de la Droite municipale après l’échec des Républicains aux dernières élections européennes. Pourtant, rien de plus logique à tout cela, les Municipales approchant et les notables cherchant à sauver leurs sièges et, pour certains, les prébendes qui y sont attachés. Bien sûr, cela ne donne pas forcément une bonne image du monde politique mais cela ne changera pas fondamentalement les équilibres idéologiques, même si le « Parti de l’Ordre » prend désormais les couleurs du parti présidentiel au détriment des Républicains devenus au fil des décennies un simple appareil électoral sans consistance doctrinale. Les Républicains et le parti macroniste forment désormais une sorte de « bloc bourgeois » (au sens idéologique et pas seulement sociologique, les bourgeoisies n’étant d’ailleurs pas toutes ralliées au libéralisme européiste) qui devrait dominer le paysage politique durant toute la décennie à venir, conforté par l’échec (peut-être pas définitif) de la révolte des Gilets jaunes qui n’ont pas su éviter certains pièges tendus par ce que l’on pourrait nommer le « Système » et sur lequel il faudra revenir pour mieux le définir et le combattre. La révolte des ronds-points aura consolidé le Bloc bourgeois, par cette « réaction de la peur » qui est, qu’on le veuille ou non, l’un des éléments majeurs de l’histoire des hommes et, au regard de l’histoire de la France, de la République (face à la Vendée de 1793, aux ouvriers de 1848, à la Commune de 1871 ou aux manifestants du 6 février 1934, entre autres), et qui « légitime » cette forme de « dictature du Pays légal » qui utilise tous les moyens légaux et judiciaires, mais aussi médiatiques, pour contenir les contestations ou les revendications, qu’elles soient sociales ou politiques : le nombre de manifestations interdites en France cette dernière année (pour de bonnes ou de mauvaises raisons, la cause n’est pas forcément entendue selon les cas) devrait nous alerter sur cet état de fait de la dégradation des libertés publiques et, parfois, d’opinion, tout comme l’emploi d’une force souvent démesurée au regard des « risques » représentés par des manifestants qui étaient loin d’être radicalisés avant que d’être réprimés, en particulier lors des premières émotions populaires de l’automne dernier… Sans oublier les contraventions extravagantes mais éminemment dissuasives à l’égard des personnes participant à des occupations pacifiques et plutôt festive de ronds-points… Drôle d’ambiance !

 

 

 

C’est bien cette même République qui, dans quelques semaines, célébrera en grande pompe une émeute qui n’était pas de la faim et qui a livré au massacre et au dépeçage des hommes désarmés qui croyaient, en contemporains des Lumières, à la bonté humaine et à la parole donnée. Pierre Desproges ironisait sur ce 14 juillet 1789 qui avait livré le Pouvoir à des bourgeois qui ne l’avaient plus lâché depuis, n’hésitant pas à tirer sur un peuple qui, souvent, ne correspondait pas à ce qu’ils en attendaient en servilité et « servitude volontaire », la démocratie représentative étant censée assurer la tranquillité de ce système de domination économico-politique…

 

 

 

Alors, que peuvent dire, que peuvent faire les royalistes face à ce qui semble indestructible et irréversible, et que la mondialisation et sa métropolisation renforcent ou commandent ? Doivent-ils renoncer à toute espérance et se rallier, eux aussi, à ce vaste mouvement d’ensemble mondial qui monopolise les écrans et, souvent, les esprits ? Ce serait si facile, et si confortable… Mais si peu honorable ! En fait, de nouveaux fronts idéologiques s’affirment actuellement et les royalistes peuvent y trouver leur place ou, mieux encore, inspirer les nouvelles chouanneries nécessaires, que cela soit dans le domaine environnemental, social ou régional, et l’expérience vécue aux côtés des Gilets jaunes, voire en leur sein, peut aider à la mise en place et en pratique de nouvelles stratégies, et à « penser ce qui est et ce qui vient », non pour disserter et clamer crânement que « notre force est d’avoir raison », mais pour le prouver et faire advenir ce qui doit être.

 

 

 

Quelques exemples des nouveaux chantiers idéologiques royalistes, qui seront développés cet été sur ce site : l’écologie intégrale, dont la définition par Jean-Charles Masson au début des années 1980, mérite d’être précisée et diffusée au-delà de l’Eglise catholique qui s’en fait aujourd’hui la porte-parole dans le prolongement de l’encyclique pontificale Laudato Si’ ; la dénonciation du « globalitarisme » contemporain, libéral, individualiste et mondialiste ; le redéploiement rural, réponse française à la métropolisation du monde ; l’économie d’entente et le corporatisme nouveau, dont il faudra sans doute ordonner les contours comme les réalisations avec un nouveau vocabulaire et des formes appropriées aux enjeux d’une société contemporaine « en désordre » ; la post-démocratie, dont la Monarchie royale peut être la meilleure incarnation pour réconcilier les « pays réels » (et les nouvelles agoras) avec l’Autorité politique « clé de voûte » de l’unité française et « trait d’union » entre les communautés de France ; la Monarchie active, pour des institutions qui permettent à la France « d’être au monde » et de « ne plus subir », et qui rendent à notre pays sa place, non de « puissance vaine », mais de « puissance médiatrice », ce qui est sa vocation profonde depuis les Capétiens…

 

 

 

« Il ne faut pas renoncer à l’avenir », pour poursuivre le chemin de l’histoire : quelles que soient les difficultés du moment et celles à venir, le rôle des royalistes, au-delà de la politique politicienne (mais sans forcément la méconnaître), est d’inspirer des solutions et d’apporter des propositions à tous ceux qui n’ont pas renoncé à la liberté française et à sa prospérité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

03/06/2019

Drame social à Belfort : que fait l'Etat ?

 

Les élections sont passées et les plans dits sociaux reprennent, à peine gênés par les déclarations martiales d’un gouvernement qui semble ne plus être qu’un Etat-ambulance quand il faudrait un Etat politique, actif, voire directif, capable de s’imposer aux féodalités financières et économiques : en fait, nous sommes bien loin de la formule célèbre du général de Gaulle qui considérait que la politique de la France ne se faisait pas à la Corbeille, et qui fixait le cap pour la France sans avoir besoin d’étatiser l’économie. En cela, il pratiquait une politique que n’aurait pas renié un La Tour du Pin, ce royaliste social soucieux d’une forme d’« économie d’entente » qui ne laisse pas les puissances patronales s’émanciper de leurs devoirs sociaux. Mais aujourd’hui l’Etat est faible quand les féodalités sont fortes et arrogantes, fixant leur calendrier selon le temps des actionnaires et non selon les intérêts des travailleurs, simples rouages productifs d’une Machine-Marché qui les dépasse et, plus certainement encore, les méprise.

 

C’est aujourd’hui Belfort qui est témoin de cette suffisance d’une multinationale, en l’occurrence General Electric, celle-là même qui a mis la main sur la branche énergie d’Alstom en promettant des créations d’emplois auxquelles le gouvernement socialiste de l’époque fit semblant de croire mais qui ne vinrent jamais en réalité : « les promesses n’engagent que ceux qui y croient », disait Charles Pasqua, et ce qu’il formulait pour les élections s’avère tout aussi vrai pour les affaires économiques. Toujours est-il que désormais mille emplois directs sont condamnés et que c’est toute une ville qui est concernée et blessée, encore une fois : ce mouvement entamé à la fin des années 1970 semble sans fin, et rien ne semble pouvoir tenir tête à ce rouleau compresseur de la mondialisation qui déshabille Paul en France pour rhabiller (souvent moins bien encore) Pierre dans des pays aux faibles coûts salariaux, et qui, en définitive, profite toujours plus aux détenteurs du capital et des actions qu’aux ouvriers.

 

Dans cette nouvelle affaire, il est néanmoins un élément qui frappe l’observateur, c’est la discrétion des médias qui n’y consacrent que quelques lignes et quelques minutes vite oubliées, et les découpes de presse sur ce dossier tiennent peu de place sur le bureau, comme si, déjà entendue, la cause ne valait pas plus qu’un grand article en pages intérieures, même pas annoncé en couverture. Cette indifférence à ce nouveau drame social est fort révélatrice de cette accoutumance aux mauvais us et coutumes de notre modèle économique dominant et mondialisé, et elle n’a rien de rassurant ! Et si, par malheur et dans un moment de dépit fort compréhensible, des ouvriers brisent quelques vitres et séquestrent quelques dirigeants indélicats, ils seront dénoncés comme d’odieux factieux qui méritent bien ce qui leur arrive ! Le cynisme de cette République si peu sociale (à rebours des souhaits d’un de Gaulle, si marqué par le catholicisme social qu’il rêva d’en faire une politique sous le nom de « participation ») me navre et m’encolère, mais elle ne me surprend plus. Mais doit-on se contenter de ces sentiments-là, de ces poings serrés de rage et de ces jurons lancés à la face de multinationales qui s’en moquent bien ?

 

La réponse à ces drames sociaux mille fois renouvelés est politique, éminemment politique ! Il faut en finir avec ce fatalisme d’Etat et renouer avec une volonté politique qui sache poser et imposer, par la décision rigoureuse mais réfléchie, par une stratégie de politique économique qui place les hommes et leur travail avant les seuls profits des actionnaires ou des dirigeants d’entreprise. Il ne s’agit pas de faire du socialisme mais d’être « social ». Et l’Etat a, depuis les Capétiens, un devoir qui est de protéger ses sujets qui ne sont pas des objets jetables : s’il doit le faire sur le plan de la sécurité civile et nationale, il doit aussi l’assumer sur le plan social. C’est un devoir régalien, et à celui-ci, il faut un pouvoir régalien véritable : en France, malgré Clemenceau ou de Gaulle, régalien signifie royal, rien de plus mais rien de moins…

 

 

01/06/2019

Elections, piège à cons ? (après le 26 mai)

Il y a un peu plus de 50 ans, Daniel Cohn-Bendit et ses amis criaient « élections, piège à cons », et de Gaulle remportait celles qu’il avait convoquées pour le mois de juin 1968, confirmant aux yeux des royalistes aussi que le salut ne viendrait pas des urnes : la majorité qui se revendiquait du Commandeur n’était en fait que le reflet de l’impressionnante frousse que Mai 68 avait suscitée pour celles que l’on pourrait appeler les « classes possédantes » et leurs obligés. Bien sûr, nombre d’électeurs étaient aussi de braves gens inquiets devant les risques d’une prise du pouvoir par le Parti Communiste, crainte dont l’avenir montrera qu’elle n’avait rien de crédible ni de possible, comme de Gaulle le savait depuis son entrevue avec le général Massu à Baden-Baden ; d’autres, bons travailleurs et honnêtes commerçants, avaient voté, sans plus d’argumentation, contre la chienlit et pour le général, parce que c’était de Gaulle ; mais une grande part du public électoral de juin était constituée des « troupeaux de la peur », et ils n’étaient gaullistes que de circonstances et non d’espérance. Est-ce le même réflexe qui a, l’autre dimanche, animé les électeurs de la liste macronienne, après six mois de Gilets Jaunes et la crainte d’un score trop massif des populistes locaux, de droite comme de gauche ? c’est bien possible, et cela pourrait expliquer l’asphyxie des listes modérées mais libérales (ou « libéralisantes »), comme celle des Républicains menée par un catholique devenu désormais sulfureux par ce simple fait de « croire » au-delà des seules croyances politiciennes. Là, le réflexe du « vote utile » et de la « grande peur du bloc bourgeois », selon l’expression désormais consacrée et qui sonne comme une saillie bernanosienne, a sans doute permis de réduire les possibilités d’alternance à néant, au moins jusqu’en 2027, terme du deuxième mandat désormais probable de l’actuel locataire de l’Elysée.

 

Il faut être clair : le scrutin de dimanche est une victoire du camp macronien, et peu importe que la liste menée par la catastrophique Mme Loiseau soit arrivée en seconde position avec un trop léger retard pour être appelé défaite. D’ailleurs, à peine une semaine après, l’on n’évoque même plus celle qui fut la première liste en termes de voix et de pourcentage ! Les deux vainqueurs du scrutin sont bien M. Macron et son premier ministre M. Philippe, sorti renforcé par la déroute de la liste Bellamy à laquelle il n’a pas été étranger. Vainqueurs au plan national, il est moins certain qu’ils le soient au plan européen, et les prochaines semaines risquent de le démontrer à l’envi, quand les nominations aux postes de commandement des institutions de l’Union Européenne seront faites. La seule victoire crédible du président français serait la nomination de Michel Barnier à la tête de la Commission européenne, mais nous en sommes loin encore.

 

Quant aux Verts, la vague évoquée un peu imprudemment par les médias n’a rien d’un raz de marée pour la France car le score (en pourcentage) de la liste menée (habilement, d’ailleurs) par M. Jadot est moins élevé que celui de la même liste menée en 2009 par l’ancien anarchiste de Nanterre aujourd’hui rallié à M. Macron. En revanche, c’est sa troisième place qui est une nouveauté, et sa capacité de nuisance pour la Gauche qui pourrait bien rappeler celle de l’ancien Front National pour la Droite… Cela annonce-t-il une possible « alternance écologiste » pour les prochaines élections à venir, des municipales aux législatives, l’élection présidentielle étant, a priori, exclue de cette possibilité ? Rien n’est moins sûr, mais cela n’est pas impossible non plus, surtout si le vote des jeunes de dimanche dernier se cristallise lors des prochains scrutins : la préoccupation environnementale (surtout liée à l’inquiétude climatique entretenue par les scientifiques et par les manifestations autour de la jeune Suédoise médiatisée) ira-t-elle, d’ailleurs, au-delà d’un vote « vert » pour se transformer en véritable mouvement de fond « déconsumériste », voire décroissant ? Si cela peut être souhaitable, ce n’est en rien évident ! Mais il y a là une espérance de meilleure prise en compte du souci environnemental qu’il ne faut ni méconnaître ni bouder, en particulier parce que nous l’avons attendue (et l’attendons encore) depuis si longtemps : « l’écologie intégrale », chère aux royalistes, pourrait trouver ainsi sa place dans le débat politique et redonner, par la même occasion, une nouvelle actualité aux propositions institutionnelles monarchistes d’un « Etat écologique pérennisé naturellement par l’enracinement dans la succession dynastique ».

 

Pour l’heure, nous en sommes encore au bilan des élections européennes, et pas encore aux conséquences pratiques et idéologiques de celles-ci. Et l’on pourrait rajouter au vieux slogan anti-électoraliste une autre affirmation : « abstention, piège à cons » ! Cette année, parce qu’elle avait reculé en France de 9 % environ, elle a été présentée aussi comme la perdante de la journée, alors même qu’elle est proche de 50 %. Ce qui est certain, c’est que, pas plus que les votes blancs ou nuls, elle n’a d’influence sur la vie politique nationale comme européenne : « les absents ont toujours tort », dit-on, et la démocratie représentative en est la meilleure illustration. Mais les élections n’étant guère plus enthousiasmantes, que faire ? Doit-on céder au fatalisme et renoncer à toute action et considération politiques ? Cette tentation, parfois si forte, est la meilleure alliée d’un système qui se dit démocratique mais n’est qu’oligarchique, et y céder serait accepter de renoncer à une large part de notre liberté et des moyens de la défendre. Ce serait aussi s’abandonner au fil du courant, « morale de feuille morte » comme l’écrivait, je crois, le royaliste Barbey d’Aurevilly…

 

L’action politique ne peut se limiter aux périodes électorales et à l’injonction du « Vote et tais-toi » : elle se fait, elle se construit au fur et à mesure des années, des circonstances et des besoins profonds de la société et de la nation, et elle doit pouvoir s’exprimer au-delà du calendrier électoral. Une démocratie vivante n’est pas celle qui s’enferme dans une boîte transparente un dimanche de printemps, mais celle qui respire au grand air, dans les cadres sociaux, communaux ou professionnels, ceux de la proximité plutôt que d’un lointain Paris ou Bruxelles, et qu’une Autorité d’Etat, légitimée par l’histoire et son devoir de service permanent, garantit sans, pour autant, renoncer à cette part de décision politique qui forme la colonne vertébrale de toute nation organisée.