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31/03/2012

Le cynisme des multinationales de l'automobile.

L’élection présidentielle changera-t-elle les mauvaises habitudes des multinationales ? Il semble bien que non, et la nouvelle alliance entre les constructeurs automobiles General Motors et PSA Peugeot Citroën en est une preuve supplémentaire. En effet, ce rapprochement entre firmes va évidemment entraîner des suppressions d’emploi, ce que les entreprises qualifient de « redéploiement industriel », et ce dont elles ne font d’ailleurs pas mystère, au nom de la « compétitivité » et pour éviter, disent-elles, des « surcapacités » qui seraient préjudiciables, toujours selon elles, aux avantages et profits qu’elles peuvent espérer d’une telle alliance...

 

Le quotidien « La Tribune » qui évoque ce rapprochement titre son article du 24 mars dernier de façon explicite : « L’alliance GM-PSA aboutirait à fermer des sites en Europe » et rappelle dans le même temps que « les deux groupes avaient jusqu’à présent affirmé que les décisions individuelles sur les sites seraient indépendantes de leur alliance » : quelle hypocrisie, quel mensonge ! Il y a longtemps que nous savons que lorsque deux entreprises mondiales, quelles qu’elles soient, s’allient ou fusionnent, cela ne se fait jamais au bénéfice de l’emploi des travailleurs, mais plutôt au profit des actionnaires...

 

Hypocrisie, et cynisme, à lire la suite de l’article : « selon un conseiller qui a pris part aux négociations entre GM et PSA, les fermetures de sites ne seraient annoncées en France qu’après le deuxième tour des élections présidentielles, le 6 mai. « Les deux sociétés ont une idée bien arrêtée de ce qu’elles aimeraient faire », a confié le conseiller à l’agence Reuters. Mais « il est évident qu’elles ne vont pas annoncer cela maintenant, avant les élections ». » Ainsi, les élections passées, les firmes mettront leur plan à exécution, démontrant ainsi au président élu (ou réélu…) qu’elles ne s’embarrassent guère des pressions politiques dès lors que les projecteurs électoraux se sont éteints et que « le principe de réalité » (formule qui cache un immense malentendu car elle ne respecte ni les principes ni les réalités sociales…), principe évoqué par les économistes libéraux et les experts européens pour mieux imposer la domination du libre-marché, « triomphe à nouveau », au grand dam des ouvriers de l’automobile et des populations attenantes (familles, entre autres)...

 

Cette attitude laisse entendre que les multinationales se moquent pas mal des Etats et des populations, et elle démontre aussi qu’elles se comportent en véritables féodalités financières et économiques, sans respect ni pour la souveraineté des Etats ni pour la simple justice sociale.

 

Un Etat digne de ce nom se devrait de réagir, par les moyens qui sont à sa disposition, pour empêcher que l’outil industriel encore présent en France soit la victime de telles opérations : or, l’aveu cynique des nouveaux alliés de l’automobile permet de comprendre, pour qui ne s’en doutait pas déjà, que la République française est impuissante face à cette stratégie délibérée et antisociale des multinationales, puisqu’elle s’est liée les mains en acceptant les règles d’une mondialisation sauvage qu’elle vante (par idéologie plus que par raison) sans que ses populations n’en ressentent vraiment les avantages sur le plan de l’emploi…

 

27/02/2009

La montée du chômage.

Depuis quelques mois, les chiffres du chômage ne cessent d’augmenter et cela de plus en plus rapidement : alors qu’on évoquait déjà une catastrophe sociale en novembre lorsque le nombre de chômeurs avait bondi de 64.000, on parle désormais de « choc » ou de «  tsunami social » (Le Monde, 27 février 2009) pour les chiffres de janvier qui annoncent 90.200 demandeurs d’emploi supplémentaires, soit un bond de 4,3 % par rapport au nombre total de chômeurs au mois précédent. Depuis 6 mois, c’est ainsi 296.200 chômeurs de plus en France, avec un bond pour les plus jeunes (moins de 25 ans) de 23,1 % en un an.

 

Derrière la froideur des chiffres, il ne faut jamais oublier qu’il y a des hommes et des femmes, victimes d’une crise née loin d’ici mais sans doute alimentée par un système économique (mais aussi sociétal) capitaliste qui est depuis fort longtemps mondialisé.

 

Dans son livre « L’art du gaspillage » publié dans les années 60, Vance Packard évoque l’une des raisons majeures de la crise que le monde vit aujourd’hui, avec une prescience assez extraordinaire, en s’appuyant sur la situation des Etats-Unis dans les années de l’après-guerre et en signalant que ce modèle est appelé alors à s’étendre rapidement aux pays d’Europe, avec les mêmes risques et conséquences : « Les Américains sont à califourchon sur un tigre. Ils doivent consommer toujours plus, sinon leur admirable machine économique les dévorera. Il faut les inciter à augmenter sans cesse leur consommation individuelle, même s’ils n’ont aucun besoin des produits qu’on leur offre. Leur économie en perpétuelle expansion l’exige. » Ainsi, la formule fordienne du capitalisme contemporain, c’est-à-dire du « Consommer pour produire », montre désormais et gravement ses limites et ses dangers, au détriment de nos sociétés et de nos industries (entre autres) car, dès que la consommation ralentit, c’est tout le système qui se grippe : dans la société de consommation contemporaine, « la consommation doit augmenter sans cesse. Des experts de marchés ont annoncé que le citoyen moyen devra accroître ses achats de cinquante pour cent au cours des douze années à venir, pour ne pas mettre en péril l’économie du pays. »

 

La mondialisation des dernières décennies a étendu ce système aux pays émergents, mais n’a pas fondamentalement changé le principe même de la société consumériste et l’aurait bien plutôt renforcé !

 

Aujourd’hui, le résultat est une double catastrophe, au-delà même de l’économie : catastrophe écologique (prélèvements trop importants sur les matières premières et autres ressources naturelles, végétales comme animales) et catastrophe sociale (déséquilibres sociaux et dépendance totale à l’égard des marchés mondiaux, chômage endémique et même structurel dans les pays développés, etc.).

 

Alors, que faire, à notre échelle, dans notre pays ? La question ne signifie pas que nous nous désintéressions des autres mais simplement qu’aider les « plus proches » est la condition première pour pouvoir, aussi et ensuite, aider les « plus lointains ».

 

Il n’y a pas une solution unique au problème du chômage, mais bien plutôt un faisceau de solutions, complémentaires les unes des autres :

 

1.     un nouvel aménagement dynamique du (des) territoire(s) qui, par l’installation de quelques familles dans des endroits aujourd’hui en déshérence, permet de rouvrir des classes, des commerces, de travailler des terres parfois inexploitées, de prendre le relais des agriculteurs retraités ou sur le départ, de rendre vie à des villages, etc. ;

 

2.     une orientation des industries automobiles vers de nouvelles formes de circulation et de locomotion, par la reconversion de certaines usines en fabrication de véhicules destinés au transport en commun de « moindre quantité » (entre 8 et 20 personnes) ou en automobiles « vertes » grâce à l’exploitation des énergies motrices renouvelables, par exemple ;

 

 

3.     une Education nationale qui ne néglige pas les métiers manuels, ou ne les marginalise pas, comme c’est encore trop souvent le cas, mais les valorise : métiers de bouche, de construction et de rénovation, de la terre, etc. ;

 

4.     la mise en place de véritables filières de reconversion qui permettent aux chômeurs (mais aussi aux autres) de se former dans un autre métier que celui de leur précédent emploi, en particulier dans des secteurs aujourd’hui en forte demande de main-d’œuvre : certaines existent déjà mais restent encore fort marginales et, surtout, pas assez dynamiques et réactives au regard des enjeux actuels ;

 

 

5.     l’interdiction des délocalisations spéculatives des entreprises qui vendent en France leurs produits fabriqués ailleurs (ce qui ne veut pas dire qu’il s’agit d’interdire toute délocalisation : celles qui délocalisent pour fabriquer au plus proche de leurs marchés ne sont pas forcément, en soi, choquantes, sauf si elles entraînent un transfert de savoirs faire et de technologies préjudiciables à notre pays…) ;

 

Ces quelques propositions sont bien sûr susceptibles de débats et tout à fait amendables, et je tiens à souligner que cette petite liste est évidemment incomplète : difficile dans le cadre d’un blogue de tout développer de mes idées sur ce sujet, particulièrement vaste.

 

Mais, au-delà de ces propositions, il paraît nécessaire de repenser le rapport même de nos sociétés à la consommation et de poser la question d’une économie plus équilibrée, d’abord au service des hommes et non d’un système qui ne raisonnerait qu’en termes de profits…