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18/11/2018

La mort de Chantal Mazet et le mépris des "puissants"...

La mort d'une manifestante portant gilet jaune samedi matin n'a suscité que quelques lignes dans la plupart des médias et peu d'émotion dans les salons habituels de l'indignation, quand elle n'a pas provoqué l'ironie sur certains réseaux sociaux qui se piquent de modernité et de bon goût : n'était-ce pas elle la fautive qui avait pris le risque de « troubler l'ordre public » et de participer à un barrage de protestation, alors que la liberté de circulation est un droit fondamental de l'homme occidental ? Le ministre de l'Intérieur actuel, qui en viendrait à nous faire regretter le sinistre Manuel Valls aux mâchoires serrées, a même cherché à instrumentaliser ce décès en insistant sur les dangers de manifester hors du cadre légal et préfectoral ; comme il cherchera ensuite à minimiser l'ampleur de la mobilisation tout en insistant sur le nombre élevé de blessés, cela sans évoquer plus avant les raisons d'un tel bilan, et, surtout, en valorisant le nombre de gardés à vue sans indiquer s'ils étaient gilets jaunes ou opposants à ceux-ci : la duplicité de ce ministre, dont nous tairons le nom par respect pour la bienséance, n'est rien à côté du mépris qu'il montre sans pudeur envers une contestation portée par des gens qui, visiblement, ne lui ressemblent pas... Qu'il insiste lourdement sur le fait qu'ils ne forment « visiblement » qu'une minorité au regard des soixante-sept millions de Français, risque bien de provoquer une réponse, sinon plus vive (quoique, qui sait ?), du moins plus désespérée et, du coup, plus périlleuse pour tout le monde. Mais peut-être est-ce d'ailleurs l'effet que recherche ce pyromane qui rappelle un certain Eugène Frot, le ministre « fusilleur du 6 février 1934 » ? Cela permet, à bon compte, d'en appeler alors à la « défense de la République », vieille stratégie habituelle des pouvoirs républicains aux abois, massacreurs des ouvriers en 1848 et 1871, et frappeurs de ceux-ci et de beaucoup d'autres en de multiples occasions, comme s'en indignait, en son temps, le bouillant royaliste Bernanos.

 

Chantal Mazet, décédée en ce samedi matin, était une simple retraitée de fraîche date, qui craignait de ne plus pouvoir vivre décemment et dont c'était la première manifestation. Joyeuse, elle espérait, sans doute un peu naïvement et comme tant d'autres, alerter la République sur les difficultés des petites gens et sur le trop-plein fiscal qui fait déborder la colère sur le bitume : elle a fini écrasée par les roues d'un 4x4, de ces véhicules désormais attachés dans l'esprit des gens, à tort ou à raison, à la bourgeoisie aisée et citadine. Faut-il y voir un terrible symbole ? J'avoue ma gêne devant cette question, et certains penseront que j'ai une lecture « classiste » et déplacée de ce drame qui ne m'appartient pas. Mais ce dimanche midi, à entendre certains propos de quelques personnes qui se trouvaient non loin de moi quand je sirotais un bon café, j'ai constaté la détestation éprouvée par d'autres propriétaires de 4x4 à l'égard de ceux qu'ils traitaient de « populistes » pour ne pas les reconnaître, simplement, comme humains dignes de respect. Et j'avoue ma honte de ne pas avoir aussitôt réagi en rappelant, tout aussi simplement, qu'ils parlaient d'une femme tuée pour ne pas s'être écartée assez rapidement de la trajectoire d'un lourd véhicule, de ceux « qui pèsent plus de 1,5 tonnes et consomment 20 % de carburant de plus que les berlines classiques » comme l'évoquait l'hebdomadaire Marianne cette semaine...

 

Ce n'est pas moi qui, dès l'abord, faisait une « lecture sociale » de cet accident, mais des inconnus qui revendiquaient, par leur attitude et leurs propos, l'appartenance à une classe aisée, supérieure, et à un monde moderne, à cette « mondialisation » dont, eux, profitent quand tant d'autres, chez nous ou ailleurs, en crèvent, y compris au sens premier et le plus violent du terme ! Ainsi, ces personnes avaient un langage et une idéologie de « lutte des classes » alors, que dans une civilisation honorable, elles auraient dû faire preuve de compassion et d'un minimum de décence à l'égard de cette pauvre retraitée morte en gilet jaune...

 

Cela me confirme dans ma défiance à l'égard d'une République qui prend trop souvent les atours maudits d'une oligarchie sûre d'elle-même et méprisante à l'égard des autres, particulièrement quand ces derniers appartiennent au monde des « petits ». Royaliste, je suis hostile à la lutte des classes sans pouvoir nier qu'elle existe mais que, aujourd'hui, ce sont les « possédants », ou plutôt certains d'entre eux (que j'espère, encore, minoritaires), qui la mènent, terriblement et, parfois, atrocement...

 

Royaliste, je prône une union des classes dans le cadre de l'unité française, ce qui n'empêche ni les différences assumées ni les querelles sociales, mais qui les « dépasse par le haut ». Mais je dois avouer que, aujourd'hui, le chemin me paraît un peu plus escarpé encore...

 

Le Camelot du Roi Maurice Pujo soulignait, avec grande justesse, que la Monarchie devrait être populaire car, sinon, elle ne pourrait « être », tout simplement. Oui, populaire, c'est-à-dire attentive, sans démagogie, aux voix de tous et, surtout, des plus fragiles dans notre société. La République de M. Griveaux et de son acolyte de l'Intérieur paraît bien éloignée de cette préoccupation de justice sociale qui devrait être celle de tout État digne de ce nom et de sa fonction historique en France.

 

Je m'incline devant la tombe encore ouverte de Madame Chantal Mazet. Qu'elle repose en paix, et que les personnes de bonne volonté ne l'oublient pas trop vite, tout simplement...

 

 

 

 

23/03/2015

Pour faire reculer la pollution...

 

En étant un brin provocateur, je dirai bien que la pollution atmosphérique n'a pas que des inconvénients ! Depuis samedi et au moins jusqu'à lundi soir, les transports en commun sont gratuits en Île-de-France, ce qui devrait, espère-t-on en haut lieu, faire diminuer la circulation automobile et, logiquement, les rejets de gaz à effets de serre et de ces fameuses (et fumeuses, si l'on veut faire un mauvais jeu de mots – et de maux...) particules fines, désormais considérées comme dangereuses pour la santé : il faut dire que le chiffre de 40.000 morts annuelles liées aux conséquences de cette pollution en France a de quoi faire réfléchir, tout comme les 3,2 millions de décès prématurés dans le monde dont elle est responsable, si l'on en croit les études de l'Organisation mondiale de la santé.

 

Bien sûr, des mesures ont été prises, au-delà de l'heureuse (mais coûteuse...) gratuité des transports en commun : ainsi, la demande réitérée des autorités publiques, proclamée sur les panneaux lumineux qui surplombent le périphérique parisien et les voies d'accès à la capitale, de diminuer la vitesse des véhicules de 20 km/h, donc de passer de 130 à 110, de 110 à 90 et de 70 à 50. Mais j'ai pu constater, de visu, que cette mesure est passablement négligée et, voulant la respecter l'autre jour non loin de Versailles, j'ai eu droit aux appels de phare et aux coups de klaxon de conducteurs visiblement analphabètes ou... simplement bêtes tout court ! Sans doute, pour faire respecter cette simple mesure de quelques jours, faudrait-il régler les nombreux radars qui encerclent Paris sur ces nouvelles limitations, aussi temporaires soient-elles : je suis certain que, là, les automobilistes seraient beaucoup plus « volontaires » pour suivre les conseils de la préfecture de police... Il est tout de même dommage d'en arriver à cette extrémité, et je préférerai largement une prise de conscience des automobilistes aux-mêmes, mais il me semble qu'elle n'est pas encore faite, ce que l'on peut regretter au regard des enjeux à court et, surtout, à long terme.

 

Mais tout cela n'est que pansements quand il faudrait une véritable médecine environnementale, non pas faite d'expédients, mais de mesures concrètes et profondes. J'en propose quelques unes, sans qu'elles constituent, évidemment, une liste exhaustive.

 

- La programmation d'une « sortie du diesel » pour le parc automobile français, par une politique d'incitation fiscale et de remplacement des voitures utilisant ce type de carburant ;

 

- L'augmentation temporaire des taxes sur les carburants en période de pollution dans tout le pays et, en attendant une mise en équivalence complète de la fiscalité du diesel avec celle de l'essence, une équivalence temporaire de la fiscalité des carburants pour inciter les automobilistes à moins rouler et à préférer, au moins le temps de l'épisode polluant, les transports en commun, avant que de s'engager, ensuite, pour des carburants ou des modes de locomotion plus respectueux (autant que faire se peut) de l'atmosphère ;

 

- L'amélioration des moyens de transports en commun et la mise en service de trains supplémentaires durant les épisodes de pollution, avec une gratuité incitative de quelques jours qui pourrait être compensée par l'augmentation des taxes sur les carburants évoquée plus haut ;

 

- L'interdiction de l'utilisation de pesticides ou d'autres produits phytosanitaires par les agriculteurs le temps des alertes de pollution, et l'incitation forte et fiscalement soutenue à l'usage de produits non-chimiques par et pour l'agriculture ; etc.

 

Ce qu'il faut au pays, c'est une volonté écologique ferme au sommet de l’État, et je doute, au regard des expériences passées et du silence de M. Valls sur ce sujet auquel il est visiblement (ostensiblement ?) peu sensible, que la République actuelle soit le régime approprié à la nécessaire prise de décisions protectrices de l'environnement. Il est vrai, certes, que le « temps démocratique » ou, plus exactement, électoral, semble peu adapté à une politique de long terme et de longue haleine, sur ce sujet comme sur beaucoup d'autres : cela impose donc de réfléchir à des formes de médiation et de décision politiques qui font du temps leur allié et non un compte-à-rebours permanent avant la prochaine échéance électorale...

 

Libérer la magistrature suprême de l’État de la contrainte partisane sans, pour autant, empêcher la libre expression des opinions et le libre exercice de la démocratie à travers les institutions parlementaires, qu'elles soient fédérales, régionales ou communales, telle est la possibilité formidable qu'offre la Monarchie héréditaire « à la française », politiquement et écologiquement active, suivant son statut et son essence même : voici ainsi et aussi le meilleur moyen institutionnel, sans doute, de redonner « du temps au temps », de garantir cette durée qui permet d'enraciner les grandes politiques qui peuvent, ainsi, donner de beaux fruits...