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18/12/2017

Nos vieilles voitures ne méritent pas toutes la casse...

Dans mon village de cœur, Lancieux, l'on peut croiser des voitures françaises qui rappellent aussi sûrement les fameuses « Trente glorieuses » (que le royaliste Pierre Debray, piéton catholique et critique traditionaliste, qualifiait de « Trente hideuses », avec une certaine raison mais pas forcément sur le plan des carrosseries...) que ma jeunesse, et entendre le bruit caractéristique d'une 2CV (Deux-Chevaux) me réjouit toujours, comme un rappel du recteur Castel qui parcourait les rues de sa paroisse avec cette voiture qu'il avait d'un bleu lumineux, si mes souvenirs sont exacts. Mais il y a aussi les R5, les 4L ou les 404 Peugeot, entre autres, parfois sous des couleurs oubliées, comme l'orange, le vert pomme ou le grenat : des couleurs souvent plus diverses que celles, souvent sombres ou tristes et sûrement ternes, des véhicules contemporains, et des vitres arrières constellées de multiples autocollants, autant publicitaires que revendicatifs, désormais bannis des carrosseries d'aujourd'hui. D'autres voitures, plus récentes mais tout aussi emblématiques d'un passé pourtant moins lointain, celui des années 1990-2000, roulent et se garent dans nos campagnes, passant de temps en temps chez le garagiste pour quelques réparations qui tiennent parfois plus du bricolage que de la recherche de la perfection...

 

Mais voilà : toutes ces « vieilles » voitures semblent être une insulte à cette société de consommation qui nous enjoint de consommer sans rechigner et qui nous force, mine de rien, à remplacer plutôt qu'à réparer ce qui peut l'être. Ainsi, les nouvelles règles du contrôle technique, conséquences d'une « harmonisation » européenne voulue par la Commission de Bruxelles, règles qui rentreront en pratique au printemps prochain, ne veulent rien laisser subsister de ces véhicules considérés comme trop polluants ou trop bruyants, et devraient pousser nombre de ceux-ci à la disparition brutale, autant administrative que physique.

 

Dans le Courrier des lecteurs de l'hebdomadaire Marianne de la semaine dernière, un intervenant (1) s'en émeut et résume, en quelques lignes, la situation créée par cette oukase administrative : « Des milliers de voitures anciennes qui pourraient rouler encore quelques années : à la casse ! Qui en sont les utilisateurs ? Les jeunes et les bas salaires (2). Eux ne peuvent se permettre d'acheter et d'assurer des voitures récentes qui, a priori, polluent moins, mais on peut en douter quand on voit les magouilles des constructeurs (3). Même si les « vieilles » voitures polluent plus, n'a-t-on pas intérêt à utiliser ces véhicules au maximum de leurs vies ? Quel est le coût écologique de la construction d'une voiture neuve ? (4) Faisons donc le bilan. Quel va être le coût social de cette mesure ? Je rappelle que chez ces gens-là on ne roule pas en carrosse, que ces gens-là mettent la main dans le cambouis pour faire durer leur véhicule ! »

 

Ainsi, la question posée ici n'est pas qu'environnementale, elle est aussi éminemment sociale, et nous renvoie aux contradictions (assumées ? Voulues ?) du système de société de consommation. N'oublions pas que l'envoi à la casse de centaines de milliers de voitures anciennes, souvent les moins roulantes en nombre de kilomètres mais servant plutôt à rallier les villages avoisinants et les villes les plus proches, risque bien aussi de défavoriser les populations rurales, souvent âgées mais pas seulement, et réduire notablement leur propre pouvoir d'achat pour un bénéfice environnemental pas exactement avéré... Ne faudrait-il pas plutôt travailler sur le redéploiement des systèmes d'autobus et sur le maintien des petites gares, là où elles existent encore, sans oublier de penser à la réouverture de quelques unes récemment fermées pour des raisons avouées de rentabilité ? De plus, renforcer le pôle économique de la réparation automobile ne me semble pas inutile, loin de là, et favoriserait une plus longue et meilleure vie des véhicules, avec de meilleures garanties environnementales, et maintiendrait une activité économique dans de nombreux endroits aujourd'hui menacés de désertification par la métropolisation et une rurbanisation envahissante qui bétonne les campagnes au plus grand profit, non des villages, mais des grandes zones commerciales périurbaines les plus proches.

 

Mais ces quelques propositions seront-elles entendues par une République de consommation qui ne raisonne qu'en termes de croissance et de rentabilité, en fait de profitabilité ? Une République qui parle de réduire la fracture numérique mais ne cesse d'aggraver, par des mesures telles que celle d'un contrôle technique « automobilicide », les fractures sociales et territoriales ? Là encore, je doute que la République puisse réussir...

 

 

 

 

 

 

 

Notes : (1) : M. René Fargier, de Lournand, dans Marianne, semaine du vendredi 8 décembre 2017.

 

(2) : J'y rajouterai les personnes âgées qui, d'ailleurs, sont souvent de « petits retraités » dans le cas qui nous occupe, et dont le dernier achat d'une voiture remonte à deux ou trois décennies (voire plus encore)...

 

(3) : Les récents et répétés scandales sur la question des particules fines qui ont touché toutes les grandes marques automobiles devraient effectivement susciter une certaine méfiance à l'endroit des promesses des grands constructeurs qui, il y a peu encore, laissaient entendre que le « diesel propre », véritable oxymore, pouvait vraiment exister...

 

(4) : Une excellente et judicieuse question !

 

23/03/2015

Pour faire reculer la pollution...

 

En étant un brin provocateur, je dirai bien que la pollution atmosphérique n'a pas que des inconvénients ! Depuis samedi et au moins jusqu'à lundi soir, les transports en commun sont gratuits en Île-de-France, ce qui devrait, espère-t-on en haut lieu, faire diminuer la circulation automobile et, logiquement, les rejets de gaz à effets de serre et de ces fameuses (et fumeuses, si l'on veut faire un mauvais jeu de mots – et de maux...) particules fines, désormais considérées comme dangereuses pour la santé : il faut dire que le chiffre de 40.000 morts annuelles liées aux conséquences de cette pollution en France a de quoi faire réfléchir, tout comme les 3,2 millions de décès prématurés dans le monde dont elle est responsable, si l'on en croit les études de l'Organisation mondiale de la santé.

 

Bien sûr, des mesures ont été prises, au-delà de l'heureuse (mais coûteuse...) gratuité des transports en commun : ainsi, la demande réitérée des autorités publiques, proclamée sur les panneaux lumineux qui surplombent le périphérique parisien et les voies d'accès à la capitale, de diminuer la vitesse des véhicules de 20 km/h, donc de passer de 130 à 110, de 110 à 90 et de 70 à 50. Mais j'ai pu constater, de visu, que cette mesure est passablement négligée et, voulant la respecter l'autre jour non loin de Versailles, j'ai eu droit aux appels de phare et aux coups de klaxon de conducteurs visiblement analphabètes ou... simplement bêtes tout court ! Sans doute, pour faire respecter cette simple mesure de quelques jours, faudrait-il régler les nombreux radars qui encerclent Paris sur ces nouvelles limitations, aussi temporaires soient-elles : je suis certain que, là, les automobilistes seraient beaucoup plus « volontaires » pour suivre les conseils de la préfecture de police... Il est tout de même dommage d'en arriver à cette extrémité, et je préférerai largement une prise de conscience des automobilistes aux-mêmes, mais il me semble qu'elle n'est pas encore faite, ce que l'on peut regretter au regard des enjeux à court et, surtout, à long terme.

 

Mais tout cela n'est que pansements quand il faudrait une véritable médecine environnementale, non pas faite d'expédients, mais de mesures concrètes et profondes. J'en propose quelques unes, sans qu'elles constituent, évidemment, une liste exhaustive.

 

- La programmation d'une « sortie du diesel » pour le parc automobile français, par une politique d'incitation fiscale et de remplacement des voitures utilisant ce type de carburant ;

 

- L'augmentation temporaire des taxes sur les carburants en période de pollution dans tout le pays et, en attendant une mise en équivalence complète de la fiscalité du diesel avec celle de l'essence, une équivalence temporaire de la fiscalité des carburants pour inciter les automobilistes à moins rouler et à préférer, au moins le temps de l'épisode polluant, les transports en commun, avant que de s'engager, ensuite, pour des carburants ou des modes de locomotion plus respectueux (autant que faire se peut) de l'atmosphère ;

 

- L'amélioration des moyens de transports en commun et la mise en service de trains supplémentaires durant les épisodes de pollution, avec une gratuité incitative de quelques jours qui pourrait être compensée par l'augmentation des taxes sur les carburants évoquée plus haut ;

 

- L'interdiction de l'utilisation de pesticides ou d'autres produits phytosanitaires par les agriculteurs le temps des alertes de pollution, et l'incitation forte et fiscalement soutenue à l'usage de produits non-chimiques par et pour l'agriculture ; etc.

 

Ce qu'il faut au pays, c'est une volonté écologique ferme au sommet de l’État, et je doute, au regard des expériences passées et du silence de M. Valls sur ce sujet auquel il est visiblement (ostensiblement ?) peu sensible, que la République actuelle soit le régime approprié à la nécessaire prise de décisions protectrices de l'environnement. Il est vrai, certes, que le « temps démocratique » ou, plus exactement, électoral, semble peu adapté à une politique de long terme et de longue haleine, sur ce sujet comme sur beaucoup d'autres : cela impose donc de réfléchir à des formes de médiation et de décision politiques qui font du temps leur allié et non un compte-à-rebours permanent avant la prochaine échéance électorale...

 

Libérer la magistrature suprême de l’État de la contrainte partisane sans, pour autant, empêcher la libre expression des opinions et le libre exercice de la démocratie à travers les institutions parlementaires, qu'elles soient fédérales, régionales ou communales, telle est la possibilité formidable qu'offre la Monarchie héréditaire « à la française », politiquement et écologiquement active, suivant son statut et son essence même : voici ainsi et aussi le meilleur moyen institutionnel, sans doute, de redonner « du temps au temps », de garantir cette durée qui permet d'enraciner les grandes politiques qui peuvent, ainsi, donner de beaux fruits...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

17/03/2014

Limiter la pollution atmosphérique...

Le temps est resté gris tout ce lundi, mais la faute n’en revenait pas à la pollution, cette fois-ci. Cette dernière, d’ailleurs, n’a pas toujours des mauvais côtés, pourrait-on ironiser en constatant que la gratuité des transports publics dans toute l’Ile-de-France a permis à de nombreux Franciliens de se promener à Paris et ailleurs et, dans mon cas, d’amortir un peu les frais de librairie du ouiquende… Mais, plus sérieusement, il est temps de poser, enfin, la question plus large des moyens pour combattre efficacement la pollution atmosphérique, celle qui est l’une des moins visibles mais pas la moins dangereuse, responsable de maladies pulmonaires et d’une diminution probable de l’espérance de vie dans les grandes métropoles : certes, Paris n’est pas Pékin et nous ne sommes pas encore revenus à cet épisode londonien de décembre 1952 qui avait entraîné la mort de 4075 habitants de la capitale anglaise et décidé le gouvernement britannique à agir de façon draconienne pour en finir avec le smog de charbon si malheureusement réputé depuis le XIXe siècle industriel (dénoncé autant par le socialiste Jack London que par le royaliste Paul Bourget…) ! Certes… Mais les « pics de pollution », comme on les nomme pudiquement, sont de plus en plus nombreux, alors même que les moteurs sont censés être moins polluants que jadis, que le chauffage au charbon a disparu de la capitale française et de la plupart des villes de métropole, que les usines, désindustrialisation oblige (entre autres…), ne couvrent plus les quartiers urbains de leurs fumées malodorantes, et que, si l’on prend le cas spécifique de Paris, il y a même moins de voitures particulières à y rouler ! Ainsi, si l’on consulte les chiffres fournis par Airparif, le réseau chargé de surveiller la qualité de l’air en Ile-de-France, il en ressort qu’en 2001, il y avait 53 jours marqués par une mauvaise qualité de l’air respiré par les Franciliens, tandis qu’en 2012, il y en avait plus du double, avec 117 jours ! Sans oublier que, au mois de décembre dernier, une alerte pollution de plusieurs jours avait déjà affecté toute la région…

 

La mesure de circulation alternée à Paris ce lundi a-t-elle été efficace ? Peut-être, mais elle est surtout apparue comme une improvisation forcée plus que comme une mesure pensée et assumée : et les 4000 verbalisés à 22 euros apparaissent plus comme des victimes expiatoires que comme de coupables pollueurs… Certains y verront le moyen de renflouer (un tout petit peu) les caisses publiques quand d’autres soupçonneront une opération médiatique et politique à destination du public électoral des Verts : sans doute est-ce un peu de tout cela ! Mais, ce qui est certain, c’est que cette mesure n’est qu’un sparadrap sur une jambe de bois !

 

Toute solution viable et durable passe par une réduction de la place de la voiture dans notre société, et pas seulement dans les villes, d’ailleurs, et d’abord par la diminution, la plus rapide possible, du nombre de voitures roulant au diesel car ce sont elles qui sont responsables d’une grande part des émissions de ces fameuses particules fines qui empoisonnent nos poumons, le diesel étant indéniablement la première source de pollution automobile en France. Mais, il me semble qu’il ne faut pas oublier, aussi, la réduction du trafic aérien qui, ô surprise, est fort peu évoqué dans les facteurs de pollution atmosphérique alors qu’il y tient une place loin d’être négligeable : une réduction nécessaire tant que le kérosène sera le carburant principal des aéronefs qui passent au-dessus de nos têtes…

 

Dans les deux cas, cette réduction des transports « carbonés » doit se faire en proposant des alternatives et non de manière simplement autoritariste ou punitive, ce qui risquerait, à terme, d’être contre-productif : en plus d’un développement des transports en commun et d’un covoiturage plus systématiques, la voiture électrique peut en être une, mais elle n’est pas encore idéale, pour la simple raison que la production d’électricité reste, en France, trop dépendante de l’énergie nucléaire dont les déchets posent un problème d’élimination qui n’est toujours pas réglé et que l’uranium n’est pas une ressource renouvelable. D’autre part, le bilan carbone de la construction même des voitures électriques est encore trop important, parfois plus (ce qui est tout de même un comble !) que pour des voitures classiques… Bien sûr, le vélo peut apparaître comme la solution idéale pour les déplacements intra muros, en particulier ceux de courte distance, mais sans doute faudrait-il « libérer » alors de nombreuses rues de la circulation automobile pour limiter les risques d’accidents et repenser complètement l’organisation même de la ville. En fait, en se penchant sur le dossier de la pollution atmosphérique, on constate aisément que c’est par un faisceau de solutions (dans lequel l’imagination et l’inventivité doivent avoir leur part) et par une stratégie globale que le problème peut être, sinon complètement résolu, en grande partie réglé ou surmonté…

 

Pour ce qui est de la circulation aérienne, elle peut être, pour les vols intérieurs et les plus proches de la métropole, remplacée par les liaisons ferroviaires rapides là où elles existent déjà, en particulier lors des épisodes marqués de pollution atmosphérique. Cela suffira-t-il ? Sans doute pas… Mais il faut bien commencer, au moins, par ces mesures simples, en attendant de préparer les esprits à aller plus loin vers une société moins dépendante des machines et des énergies fossiles

 

 

 

 

(à suivre)