01/08/2008
Vacances et malaise social.
Les vacances sont, pour beaucoup de Français, l’occasion de « changer d’air », en particulier lorsqu’ils résident dans des zones urbaines : cela se marque traditionnellement par de grandes transhumances vers le Sud ou vers l’Atlantique, vers la Bretagne bien sûr. Ainsi, si je prends le cas de la Côte d’émeraude, elle est, souvent depuis la fin juin jusqu’à la fin d’août, le lieu de villégiature de Parisiens, de Versaillais (j’y croise quelques uns de mes élèves), mais aussi de Lillois, etc. Toutes les classes sociales se retrouvent sur cette côte, mais les restaurants ou les lieux fréquentés ne sont pas toujours les mêmes, les prix faisant évidemment la différence. Mais la bonne humeur domine, et j’ai des souvenirs extraordinaires de ces périodes d’été où je rencontrais sur la plage des enfants de tous les horizons, géographiques comme sociaux : quand, à Rennes, j’étais dans un milieu considéré comme privilégié, constitué principalement de fils de profs et de cadres, Lancieux (mon village bien-aimé, non loin de Dinard) était un monde bien plus mélangé sur le plan social, et je ne m’en suis pas mal porté, au contraire, même si j’y avais parfois une étrange réputation d’ « intellectuel »…
Or, aujourd’hui, les différences semblent se marquer plus nettement là où, jadis, elles s’atténuaient comme par enchantement durant cette période de vacances : sans doute ont-elles toujours perduré, malgré tout, et mes souvenirs d’enfance sont-ils peut-être une « reconstruction idéale » de mes années 70. Mais aujourd’hui il me semble que l’apaisement social de la période estivale se fait moins évident. J’ai senti, ainsi, certaines tensions entre vacanciers de milieux sociaux différents lors d’un récent et bref passage à Dinard, malaise que j’avais déjà constaté l’an dernier et auquel je n’avais pas, à ce moment-là, accordé d’importance particulière.
Or, la crise sociale larvée actuelle, conjuguée aux valeurs de la société de consommation et de loisirs (qui privilégient l’avoir au détriment de l’être, et poussent les plus faibles à s’endetter pour consommer « comme tout le monde » : le désir suggéré crée le besoin…), m’inquiète car elle divise de plus en plus notre société, sans doute parce que l’idéologie dominante, en privilégiant l’économique, a désarmé le politique et a amoindri le caractère fédérateur de la nation, cadre social protecteur et « amortisseur social » indéniable qui se marque encore lors de grands événements sportifs, dernier reliquat (ou presque…) de l’unité nationale… En dévaluant la nation au profit d’une Europe lointaine et d’une mondialisation globalisante (voire globalitaire…), les élites qui nous gouvernent ont sans doute commis une erreur, voire une faute : quand le nomadisme des classes dirigeantes est érigée en valeur sociale (flexibilité et migrations de travail, au détriment des enracinements et de la « propriété de métier »), quand l’Argent devient la cause suprême, ce sont les petites gens, les classes populaires qui se retrouvent délaissées, marginalisées, méprisées souvent… La justice sociale n’y trouve pas son compte ! Et ce genre de situations prépare des lendemains délicats : si l’Etat ne voit et ne sert que les élites sociales et financières (et les affaires Tapie et Bon en sont les malheureux exemples : « selon que vous serez puissant ou misérable… »), au nom de principes plus idéologiques que réalistes et humanistes, il se discrédite aux yeux de tous.
Si la République ne tient plus son rôle d’Etat et d’arbitre juste, quelle légitimité a-t-elle encore ?
La Main de justice de la Monarchie capétienne reste le recours : « politique d’abord », cela veut aussi dire « la Monarchie comme moyen », comme magistrature suprême de l’Etat, comme puissance arbitrale publique et indépendante, pour préserver le « pacte social » de la nation française. Sans Monarchie « à la française », ce que veulent conserver les hommes attachés aux principes de justice sociale sera balayé par les « exigences » de l’économique et de la « liberté des marchés »… De plus en plus, entre les discours étatistes d’une « alter-gauche » et les pratiques libéralistes d’une certaine droite, je pense qu’il n’y a pas, qu’il ne peut plus y avoir aujourd’hui et demain, de justice sociale sans une Monarchie libre et entière.
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