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02/07/2015

Cette petite révolution des habitudes à faire...

Non loin de Dreux, il y a une petite ville, Houdan, dans laquelle j'aime parfois me retirer quelques heures, en particulier pour lire en face de cette église qui, en fait, est sans doute ma préférée en Yvelines. Sa façade extérieure porte une inscription républicaine des années de la Terreur, éminemment robespierriste : « Le peuple français reconnoit l'existence de l'être suprême et de l'immortalité de l'âme », tandis que l'intérieur est d'une grande beauté, toute couverte des poussières du temps, et baignée d'une lumière dans lesquelles elles semblent flotter comme le souvenir des âmes envolées. J'y ai passé, et j'y passe encore, des heures à méditer, à prier bien sûr, mais aussi à lire, saluant les rares visiteurs ou paroissiens (ou pèlerins !) qui s'aventurent dans ce lieu où souffle doucement et silencieusement l'esprit...

 

Ce matin, en arrivant à Houdan, j'ai constaté avec dépit que la librairie du lieu était « définitivement fermée » : ainsi, pour acheter son journal, faudra-t-il aller jusqu'à Dreux ou Anet, ou se rendre dans une grande surface pour se fournir en littérature quotidienne... En fait, cette situation est celle de nombreux villages, bourgs et petites villes de France d'aujourd'hui, et c'est bien dommage ! On évoque souvent la disparition des services publics dans le monde rural, et les bureaux de poste se font rares dans nos campagnes. Mais les poissonneries, boucheries artisanales et autres épiceries, elles aussi, ont souvent baissé définitivement le rideau, et les cafés, parfois derniers points de convivialité, sont aussi en voie d’extinction : les communes rurales (ou rurbaines) ressemblent de plus en plus à des villages-dortoirs, et il m'est arrivé de traverser des territoires de Normandie ou des alentours de Chartres sans voir âme qui vive, même si, derrière les volets clos, j'apercevais la lueur des téléviseurs en fonctionnement... Une tristesse profonde, mêlée à une rage parfois à peine contenue, m'envahit lorsque je parcours ces déserts sociaux apparents, souvent cernés de lotissements qui se ressemblent tous, de la Bretagne à l'Île de France, et qui débouchent sur des zones commerciales froides et bétonnées dans lesquelles se pressent des consommateurs oublieux de toute mémoire et soucieux de ne pas entendre les autres ni de leur parler... Où est l'âme de nos campagnes ? Où est la convivialité ?

 

Se lamenter sur ce qui disparaît ne le fait pas forcément réapparaître : c'est maintenant qu'il faut agir et réagir, avant qu'il ne soit trop tard pour ceux qui restent, comme ce café dans lequel j'écris cette note ! En période de vacances, prenons le temps, pour ceux qui se plaignent de ne pas en avoir assez d'ordinaire, de fréquenter les villages, les bourgs et les petits centres-villes, d'y acheter nos victuailles, d'y prendre le journal, d'y savourer un café (à 1,20 à Houdan, et guère plus cher, voire encore moins, à Lancieux ou en Mayenne...) en discutant avec quelques inconnus ou avec le cafetier. Désertons (pour ceux qui les fréquenteraient, parmi les lecteurs...) les centres commerciaux, les « hypers » et les chaînes de restauration rapide ! Abandonnons les sites marchands sur la toile, et prenons le temps de pousser la porte des librairies, de fouiller dans les boîtes des antiquaires, de traîner dans les vide-greniers villageois, etc. Tout cela peut sembler dérisoire et, pourtant, cela ne l'est pas, loin de là ! Cette petite « révolution des attitudes et des habitudes », que certains font déjà toute l'année, est réalisable par tous...

 

D’ailleurs, je vous écris de ce petit restaurant qui propose des plats « faits maison » à la fois simples et variés, et qui prouve aisément que la qualité peut être conciliée à la quantité, avec la passion du travail bien fait et du service des autres... Et ce qui est vrai à Houdan l'est aussi à Versailles, comme à Rennes ou à Lancieux, et bien ailleurs !

 

Face à moi, à cette heure, tandis que le café refroidit dans la tasse, cette formule robespierriste que j'évoquais plus haut, « L'immortalité de l'âme » : c'est aussi, au-delà de toute théologie, un appel à préserver celle de nos villages, de nos campagnes, de notre pays, « l'âme de notre France »...

 

 

 

 

 

 

Post-scriptum : je rassure mes lecteurs habituels : je ne suis pas devenu robespierriste ! Mais je reste ce royaliste qui n'hésite pas à citer et à revendiquer ce qui peut, même de l'autre côté de la barricade, servir la compréhension et l'action de la France. Cette formule de Robespierre ne me fait pas peur, et, d'ailleurs, je la trouve, au moins pour son passage sur l'âme, éminemment « contre-révolutionnaire »...

 

 

 

 

03/01/2011

Quand les politiciens font passer leurs vacances avant le devoir d'Etat...

Alors que la France connaissait, ces dernières semaines, des journées particulièrement froides et que la neige paralysait une grande partie du pays, les principaux politiciens représentants du « pays légal » prenaient des vacances loin des rigueurs hivernales subies par le « pays réel » : ainsi, le président Sarkozy, dont on aurait pu attendre, au regard de sa fonction, plus de compassion et de considération pour les Français, était au Maroc, tout comme le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, et l’ancien ministre Jean-Louis Borloo ! Idem pour le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, celui-là même qui ignorait que la neige pouvait entraîner quelque pagaille en Région parisienne il y a quelques semaines…

 

Ce sont ces gens-là qui prétendent donner des leçons aux Français et leur appliquent sans coup férir la rigueur imposée par les Marchés et par une Commission européenne plus empressée de libéraliser que de protéger les peuples et la justice sociale ; ces gens-là qui n’ont pas le sens de l’Etat et du service quand ils abandonnent leur poste au moment où les Français sont gênés par les attaques du froid et attendent, parfois en vain, une aide que les pouvoirs publics ont officiellement vocation à leur apporter en cas de difficultés de communications ou de transports… Bien sûr, Chef d’Etat et ministres ont droit à des vacances mais cela ne les autorise pas forcément à les prendre au moment où tant de Français souffraient, d’une manière ou d’une autre, de conditions climatiques considérées comme plutôt exceptionnelles par leur rigueur précoce et leur double répétition en si peu de temps : c’est une question de principe car le service de l’Etat impose une grande disponibilité à l’égard des Français, en particulier en cas de conditions difficiles ! Les représentants de l’Etat ne doivent pas donner l’impression « d’abandonner les citoyens » lorsque cela va mal, même sur le plan climatique : ils doivent, au contraire, marquer leur solidarité active et incarner l’entraide nationale

 

La République montre, dans cette affaire comme dans d’autres, son manque d’intérêt pour la « Chose publique » et son absence de compassion : on est bien loin d’un Louis XVI, par exemple, parcourant les campagnes des alentours de Paris lors du redoutable hiver 1784 pour participer lui-même aux distributions de pain et de bois de chauffage aux familles souffrant du grand froid, et débloquant de considérables sommes d’argent pour venir au secours des victimes des rigueurs du climat…

 

Décidément, en hiver comme aux autres saisons, la France mérite mieux que la République !

 

 

 

01/08/2008

Vacances et malaise social.

Les vacances sont, pour beaucoup de Français, l’occasion de « changer d’air », en particulier lorsqu’ils résident dans des zones urbaines : cela se marque traditionnellement par de grandes transhumances vers le Sud ou vers l’Atlantique, vers la Bretagne bien sûr. Ainsi, si je prends le cas de la Côte d’émeraude, elle est, souvent depuis la fin juin jusqu’à la fin d’août, le lieu de villégiature de Parisiens, de Versaillais (j’y croise quelques uns de mes élèves), mais aussi de Lillois, etc. Toutes les classes sociales se retrouvent sur cette côte, mais les restaurants ou les lieux fréquentés ne sont pas toujours les mêmes, les prix faisant évidemment la différence. Mais la bonne humeur domine, et j’ai des souvenirs extraordinaires de ces périodes d’été où je rencontrais sur la plage des enfants de tous les horizons, géographiques comme sociaux : quand, à Rennes, j’étais dans un milieu considéré comme privilégié, constitué principalement de fils de profs et de cadres, Lancieux (mon village bien-aimé, non loin de Dinard) était un monde bien plus mélangé sur le plan social, et je ne m’en suis pas mal porté, au contraire, même si j’y avais parfois une étrange réputation d’ « intellectuel »…

 

Or, aujourd’hui, les différences semblent se marquer plus nettement là où, jadis, elles s’atténuaient comme par enchantement durant cette période de vacances : sans doute ont-elles toujours perduré, malgré tout, et mes souvenirs d’enfance sont-ils peut-être une « reconstruction idéale » de mes années 70. Mais aujourd’hui il me semble que l’apaisement social de la période estivale se fait moins évident. J’ai senti, ainsi, certaines tensions entre vacanciers de milieux sociaux différents lors d’un récent et bref passage à Dinard, malaise que j’avais déjà constaté l’an dernier et auquel je n’avais pas, à ce moment-là, accordé d’importance particulière.

 

Or, la crise sociale larvée actuelle, conjuguée aux valeurs de la société de consommation et de loisirs (qui privilégient l’avoir au détriment de l’être, et poussent les plus faibles à s’endetter pour consommer « comme tout le monde » : le désir suggéré crée le besoin…), m’inquiète car elle divise de plus en plus notre société, sans doute parce que l’idéologie dominante, en privilégiant l’économique, a désarmé le politique et a amoindri le caractère fédérateur de la nation, cadre social protecteur et « amortisseur social » indéniable qui se marque encore lors de grands événements sportifs, dernier reliquat (ou presque…) de l’unité nationale… En dévaluant la nation au profit d’une Europe lointaine et d’une mondialisation globalisante (voire globalitaire…), les élites qui nous gouvernent ont sans doute commis une erreur, voire une faute : quand le nomadisme des classes dirigeantes est érigée en valeur sociale (flexibilité et migrations de travail, au détriment des enracinements et de la « propriété de métier »), quand l’Argent devient la cause suprême, ce sont les petites gens, les classes populaires qui se retrouvent délaissées, marginalisées, méprisées souvent… La justice sociale n’y trouve pas son compte ! Et ce genre de situations prépare des lendemains délicats : si l’Etat ne voit et ne sert que les élites sociales et financières (et les affaires Tapie et Bon en sont les malheureux exemples : « selon que vous serez puissant ou misérable… »), au nom de principes plus idéologiques que réalistes et humanistes, il se discrédite aux yeux de tous.

 

Si la République ne tient plus son rôle d’Etat et d’arbitre juste, quelle légitimité a-t-elle encore ?

 

La Main de justice de la Monarchie capétienne reste le recours : « politique d’abord », cela veut aussi dire « la Monarchie comme moyen », comme magistrature suprême de l’Etat, comme puissance arbitrale publique et indépendante, pour préserver le « pacte social » de la nation française. Sans Monarchie « à la française », ce que veulent conserver les hommes attachés aux principes de justice sociale sera balayé par les « exigences » de l’économique et de la « liberté des marchés »… De plus en plus, entre les discours étatistes d’une « alter-gauche » et les pratiques libéralistes d’une certaine droite, je pense qu’il n’y a pas, qu’il ne peut plus y avoir aujourd’hui et demain, de justice sociale sans une Monarchie libre et entière.