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21/09/2015

La croissance dangereuse ?

 

Il n’y a pas une semaine durant laquelle la presse n’évoque un nouveau drame environnemental, mais sans que cela ne suscite autre chose qu’une sorte de fatalisme bien-pensant ou moult déclarations désolées et lénifiantes, malgré quelques tentatives de réaction, vite étouffées par l’oligarchie médiatique ou, simplement, par l’oubli des informations de la veille. Ainsi, la sixième extinction animale et végétale, puis la vidange accélérée des océans, n’ont occupé quelques colonnes de journaux et quelques minutes d’écran que le temps d’une journée vite achevée, et ces informations reviendront l’année prochaine, entre une déploration sur le réchauffement climatique et une lamentation sur la bétonisation des campagnes, désormais véritables marronniers télévisuels et imprimés…

 

Et pourtant ! Ces questions sont bien urgentes et nécessiteraient une vaste mobilisation des Etats et des consciences, et les personnalités politiques qui veulent s’inscrire dans le temps long ne peuvent faire l’économie de réponses à réfléchir, à apporter, à envisager au regard des enjeux écologiques qui engagent toute la planète et ceux qui la peuplent. Mais il y a une grande difficulté qui tient à la nature même du système idéologique qui prévaut dans nos sociétés contemporaines, un système qui a plusieurs têtes comme l’hydre et qui semble inaltérable et obligatoire, système en définitive globalitaire et qui se pare de vertus qui n’en sont pas forcément

 

Benjamin Franklin, celui-là même qui porte un beau prénom mais s’avéra un cruel individualiste au service de ce que jadis l’on nommait « Veau d’or », a résumé, en une formule célèbre, cette véritable révolution du temps, du sens de la nature humaine et de son inscription, de son action dans ce que les catholiques nomment « création », révolution qui s’est faite au détriment de cette dernière, en définitive : « le temps, c’est de l’argent ». Formule aux conséquences incalculables qui fait basculer le monde (si on la suit aveuglément) dans une logique « utilitariste » et matérialiste qui oublie tout ce qui fait, en définitive, le sel de la vie et la particularité humaine : quelle place, dans le monde franklinien, pour la beauté d’un coucher de soleil, éternellement renouvelée et éminemment gratuite, ou pour le plaisir d’une flânerie, d’une conversation ou pour la transmission de ces légendes, de ces traditions qui font les couleurs du monde ?

 

La notion de croissance est un élément de ce système et qu’il est parfois difficile de mettre en cause dans la dégradation de la planète : non qu’elle n’en soit pas responsable, comme le fameux « développement » théorisé par Rostow dans les années de l’après-guerre ou le « développement durable », oxymore qui connaît une grande gloire depuis le Sommet de Rio de 1992. Mais nos contemporains n’en veulent retenir que la définition purement économique quand elle est beaucoup plus que cela : c’est aussi une idéologie, celle du « toujours plus », celle du « désir infini dans un monde fini », et cette logique est infernale car elle épuise inéluctablement la planète comme le prouvent à l’envi (et jusqu’au plus profond dépit) les drames environnementaux et les études qui se penchent sur ceux-ci.

 

Pourtant, il en est qui ne veulent rien voir ni rien entendre aux souffrances de notre bonne vieille Terre d’accueil, et qui dénoncent sans retenue ni discernement tous ceux qui osent prôner une forme ou une autre de décroissance : ainsi Augustin de Romanet, dans le dernier numéro de la revue Commentaire, s’en prend-il à ceux-ci avec des arguments plus simplistes que ceux des « décroissants » qu’il moque, réduisant la question à une petite affaire d’arithmétique électorale en arguant que les listes portant nommément cette idée ont fait des scores dérisoires. Je suis bien placé pour savoir que notre système de représentation démocratique, s’il n’est pas forcément inutile, n’est pas le plus juste ni le plus légitime quand il s’agit d’évoquer les grands problèmes, et qu’il est surtout le moyen de « tenir le politique » beaucoup plus que de le fortifier face aux féodalités économiques et financières… Qui n’a pas d’argent peut difficilement se faire entendre, si ce n’est en cassant des vitres ou en faisant scandale, ce qui, parfois, brouille le sens du message porté par ces mouvements minoritaires condamnés à le rester longtemps, et cela quelles que soient la pertinence de leurs idées et propositions : le piège démocratique, diraient certains, mais qui participe à cette « fatigue civique » que les observateurs pointent depuis un bon bout de temps…

 

Mais Romanet a tort : si la croissance apparaît si peu contestée, ce qui d’ailleurs mériterait confirmation plus crédible que celle qu’il avance, elle n’en est pas moins dangereuse parce qu’elle ne sait pas se limiter d’elle-même quand la nécessité appellerait ce sens de la mesure, cet esprit de reconnaissance des limites naturelles et humaines qui permettent aux sociétés humaines de durer. Et le pape, par sa récente encyclique Laudate si’, a donné au concept de décroissance de belles lettres de noblesse, à la grande rage des « croissancistes » qui voient leur idéologie réduite à ce qu’elle est, c’est-à-dire une construction théorique qui s’émancipe du réel pour ne s’intéresser qu’aux chiffres et à « l’avoir » statistique en négligeant les contextes et les perspectives environnementales comme sociales.

 

Cette décroissance évoquée par le pape ne signifie pas qu’il faut en revenir à un âge des cavernes qui méconnaîtrait les savoirs techniques et leurs applications, qui ne sont pas forcément inutiles ou maudites, mais qu’il faut en revenir à l’essentiel sans négliger autrui, et les paysages, les fleurs ou les animaux qui les peuplent, sont ces autres qu’il ne faut pas oublier, ni mépriser, comme saint François d’Assise nous l’a enseigné en son temps en quelques leçons qu’il nous faut encore et toujours méditer et appliquer…

 

 

 

 

20/06/2015

Avant l'encyclique du pape François, la pensée sur l'environnement, du Moyen Âge au XXe siècle... (partie 1)

 

Je ne suis pas théologien et, si j’avoue aisément un catholicisme revenu il y a quelques années, je m’exprime d’abord en politique, en royaliste, et non en croyant ou en fidèle du pape. Ce qui est certain, c’est que l’encyclique « Laudato si’ » publiée officiellement jeudi 18 juin, quand nous avions les yeux encore tournés successivement vers la « morne plaine » de Waterloo et vers les colonnes du Parthénon, constitue non seulement un événement mais aussi un véritable manifeste civilisationnel et, en fait, éminemment politique, et qu’il appelle l’engagement d’une réflexion plus large sur les conditions de la vie en société, au sein d’un monde de plus en plus instable et éprouvé par les dérèglements climatiques et environnementaux, et sur les moyens nécessaires pour rétablir les équilibres de notre planète, entre les hommes et les animaux, les végétaux, les paysages, les milieux, etc. Moyens que j’évoque, pour mon compte, à tous les niveaux du politique, du plus local, familial, professionnel, à ceux plus généraux, régionaux et nationaux en particulier, et au-delà.

 

 

Mais auparavant, sans doute faut-il rappeler, comme le fait le pape lui-même, que cette encyclique, la première consacrée exclusivement à l’écologie, n’est pas, pour autant, la première évocation par l’Eglise de ce souci environnemental, ce qu’écrivent, faute de culture historique en ce domaine, de nombreux journalistes ou éditorialistes français. D’ailleurs, ainsi que le souligne Frédéric Rouvillois dans son excellent article du Figaro publié ce vendredi 19 juin, c’est celui dont le pape porte le nom qui, dès le Moyen âge, se faisait le chantre de la préservation de la nature et de la biodiversité : « Saint François d’Assise (1181-1226), en particulier, écrit des saynètes, les Fioretti, où il invite les fidèles à prendre soin des fleurs ou encore à ne pas tuer sans raison des animaux. Alors qu’un fidèle s’apprête à écraser une araignée, saint François d’Assise l’en dissuade. L’araignée, lui explique-t-il, est une créature de Dieu. (…) Il y a, dans l’enseignement franciscain, tous les éléments d’une pré-écologie. Ce n’est pas pour rien que le Pape a choisi de s’appeler François. »

 

 

La période de l’humanisme, en revanche, et plus encore celle des Lumières, auront tendance à privilégier l’Homme en tant que figure centrale et dominatrice de la Création, au risque d’oublier celle-ci et les conditions de sa bonne pérennité… C’est « l’Homme d’abord » (ce qui peut se défendre, bien sûr, à condition de respecter quelques règles de simple respect des choses et des réalités du monde qui nous accueille et nous environnent (1)…) et, surtout et malheureusement, l’Homme sans limites qui se croit, non pas seul au monde, mais sans devoirs à son égard, exerçant sa liberté « une et indivisible » sans l’accorder aux conditions de la vie et de ce qui la permet ou la soutient : la Révolution française, en ce sens, s’avéra extrêmement destructrice et, comme le faisait remarquer avec ironie l’historien Roger Dupuy lors d’un cours de DEA au milieu des années 1990, celle-ci entraîna d’abord un véritable « génocide des pigeons », accusés de ruiner les récoltes et, à travers les colombiers seigneuriaux, de perpétuer la domination féodale sur les campagnes… Mais ce furent aussi les forêts et leur gibier qui eurent à souffrir d’une privatisation des propriétés ecclésiastiques et des prés communaux et d’une libéralisation maladroite ou trop hâtive (sans négliger les simples effets d’une anarchie consécutive aux événements révolutionnaires eux-mêmes), dans les années 1790, des droits de chasse et d’usage des bois : les destructions furent telles que les écrivains et administrateurs de l’époque s’en émurent, comme Cambry, ancien écrivain de la Marine Royale, en parcourant la Bretagne en 1795, ou comme l’ancien parlementaire breton Pélage de Coniac en 1804, et bientôt, Chateaubriand lui-même, dans son discours du 21 mars 1817 devant la Chambre des Pairs de la Monarchie restaurée, se fit l’avocat de ces forêts si malmenées dans les premiers temps d’une Révolution qui n’étêta pas que des hommes… (2). Quelques-unes de ses phrases pourraient aisément trouver place dans un manifeste écologiste contemporain : « Messieurs, on n’ignore plus l’utilité des forêts. (…) Partout où les arbres ont disparu, l’homme a été puni de son imprévoyance. » Mais il se référait aussi à l’histoire du christianisme quand il les complétait en déclarant : « Les peuples dans tous les temps les ont mises sous la protection de la Religion et des Lois. Et le Christianisme qui connut mieux encore que les fausses religions la destinée des œuvres du Créateur, plaça ses premiers monuments dans nos bois. »

 

Frédéric Rouvillois souligne que, au XIXe siècle, ce ne sont pas les héritiers intellectuels de la Révolution qui s’intéressèrent le plus et le mieux à l’environnement, sans doute parce que le principe moteur de cette Révolution se résumait à la formule « Du passé, faire table rase », et que « le progrès est illimité et ne doit pas s’arrêter » pour les révolutionnaires du moment, comme le rappelle l’universitaire. « Balzac, très marqué par la pensée contre-révolutionnaire, écrit : « Une génération n’a pas le droit d’en amoindrir une autre » en bouleversant ce qu’on appellerait aujourd’hui son cadre de vie. Pour un conservateur au sens noble, le patrimoine reçu de ses parents doit être transmis intact à ses enfants. Cela vaut dans tous les domaines, et englobe donc la protection de la nature. Un conservateur considère qu’il a des devoirs à l’égard de ceux qui le précèdent et de ceux qui lui succéderont. » Ce conservateur-là, celui qui donne son nom à la revue éponyme qui paraît au début de la Restauration sous l’égide de Chateaubriand, c’est le « traditionaliste », le royaliste et non le libéral au sens idéologique du terme…

 

Le drame des monarchistes du XIXe siècle fut peut-être, d’une certaine manière (bien inconsciente…), de douter de leur propre cause, entraînés malgré eux dans le courant d’un progrès qui semblait inéluctable et intarissable et qu’ils combattaient sans croire à leur propre victoire : Chateaubriand n’était-il pas de ceux-là, justement, qui pensaient intérieurement que leurs bonnes raisons ne suffiraient pas à inverser un « sens de l’histoire » qui n’était pas, apparemment et visiblement, favorable au respect de la nature (l’industrialisation, l’exploitation des ressources fossiles, les pollutions, le machinisme…) et à celui des hommes, en particulier des plus faibles ? Et pourtant ! A relire Chateaubriand, Balzac ou Barbey d’Aurevilly mais aussi Tocqueville (pour ne citer qu’eux), l’on constate que leurs inquiétudes n’étaient pas infondées et leurs prédictions pas forcément fausses… Quand les économistes libéraux et socialistes pensaient l’industrialisation et la société industrielle en construction, il a manqué une véritable pensée organisée (une théorisation et une doctrine ?) des « limites » de la nature, une pensée qui aurait pu concilier les progrès techniques et la tradition politique monarchique (3) : les républicains, eux, promettaient un paradis terrestre et temporel offert par la technicisation du monde quand les catholiques et les monarchistes (souvent les mêmes, en fait…) en pressentaient, de façon instinctive plus que raisonnée, le caractère risqué, autant pour l’environnement et les hommes que pour les libertés concrètes de ceux-ci. Au XXe siècle, Georges Bernanos et, de l’autre côté de la Manche, Tolkien dénoncèrent, par l’essai et par la féerie les conséquences et l’essence même d’une technomorphie progressiste qui ne pouvait que ruiner la liberté des personnes en les déracinant et en les anonymant : mais il fallut attendre encore quelques décennies après leur mort pour que le souci environnemental devienne un élément important du débat politique. Le succès éphémère d’un Nicolas Hulot en 2007 ne permit pas vraiment d’asseoir durablement l’écologie dans le paysage politique : l’encyclique pontificale, puisant ses racines dans une tradition multiséculaire, va-t-elle y parvenir ? Si cela n’est pas complètement évident, c’est néanmoins à la fois nécessaire et urgent…

 

 

 

 

(à suivre)

 

Notes :

1. : il n’y a pas de faute d’accord, le monde nous accueillant et les choses et réalités de celui-ci nous environnant…

2. : à lire, sur ce sujet, le livre de Michel Duval, « Forêts bretonnes en Révolution, mythes et réalités », 1996, qui dresse un bilan fort détaillé et nuancé sur ce sujet écologique méconnu.

 

3. : La Tour du Pin a bien vu tout l’intérêt de rapprocher les termes de tradition et de progrès, mais, pour autant, pense-t-il le rapport (et éventuellement les conflits possibles) entre préservation de l’environnement et activités industrielles ? Il faudrait y regarder de plus près, sans doute, mais les quelques lignes qu’il consacre à ces questions environnementales dans le processus de l’industrialisation ne me semblent pas former, malgré tout, une réflexion d’ensemble suffisante ou assez marquante pour être qualifiée de pensée environnementaliste. Une étude plus approfondie des textes de La Tour du Pin pourrait peut-être me démentir, mais elle reste à faire… 

01/06/2015

L'urgence écologique.

Le pape François va publier dans deux semaines une encyclique sur l’écologie, six mois avant la conférence de Paris sur le climat, qui sera intitulé « Laudato si »  (« Loué sois-tu »). C’est l’occasion pour le quotidien La Croix de consacrer quelques dossiers à l’épineuse question de l’environnement dans un monde qui s’en nourrit souvent sans apprécier vraiment les problèmes qui se posent quant à sa sauvegarde et sa pérennité. Cette initiative du journal catholique est bienvenue, mais elle intervient dans un contexte moins favorable à l’écologie qu’il y a quelques années : un quart des Français interrogés ces jours-ci avouent ne s’intéresser guère aux atteintes à l’environnement, et il est bien des pays, en particulier ceux dits « émergents » ou « en développement », où le désintérêt environnemental est encore plus grand, et plus inquiétant.

 

C’est aussi vrai pour les chrétiens comme le souligne l’éditorialiste Dominique Greiner quand il souligne « le scepticisme de certains fidèles pas tout à fait convaincus de l’urgence de la situation, méfiants à l’égard d’une cause écologique qu’ils jugent trop marquée politiquement, ou confiants dans le génie humain pour inventer des solutions techniques qui ne nous obligeront pas à remettre en cause nos modes de vie ». Justement, il me semble important de répondre à ces trois objections à la cause écologique, que je ne confonds pas avec ceux qui s’en revendiquent plus qu’ils ne s’y impliquent…

 

Premier point, l’urgence écologique : au regard des diverses pollutions que nous connaissons aujourd’hui (atmosphérique, fluviale, marine, terrestre, visuelle…) ; d’un réchauffement climatique qui n’est pas le seul effet des caprices du soleil et qui s’accélère sans que l’on en connaisse forcément bien tous les risques et toutes les conséquences ; d’une destruction des paysages et de leur artificialisation qui atteignent aussi les équilibres naturels ; de l’affaiblissement dramatique de la biodiversité (papillons, batraciens, poissons, etc.) ; oui, il y a urgence ! D’autre part, c’est maintenant qu’il est encore possible de préserver des espaces et des espèces aujourd’hui menacés, et non dans des décennies : car, que ferons-nous lorsque la forêt amazonienne sera si dévastée que la sécheresse progressera dans toute la région ou que les terres seront devenues, après quelques années de surexploitation agro-industrielle, infertiles ? Que ferons-nous quand, près de chez nous, il faudra aux exploitants agricoles employer des drones pollinisateurs pour remplacer les abeilles manquantes, tuées par les pesticides, et que notre consommation de miel devra tout aux Chinois ? Que ferons-nous, et que dirons-nous, quand les dernières zones humides de notre pays auront été sacrifiées pour permettre la construction d’un aéroport bientôt racheté par quelque pays asiatique ou de cités pavillonnaires sans âme destinées à des consommateurs déracinés ?

 

Deuxième point, la mauvaise image donnée à l’écologie par les « écologistes » ou prétendus tels : certes, le parti écologiste des Verts, par ses prises de position sociétales extrémistes et son intolérance conjuguées à un fonctionnement encore plus politicien que les vieux partis traditionnels, est plus répulsif qu’autre chose, et a détourné de nombreux citoyens de l’écologie véritable, surtout depuis la candidature d’Eva Joly en 2012. Mais il y a bien d’autres représentants et d’autres mouvements de l’écologie en France (et certains fort intéressants, même s’ils ne sont pas les plus connus ou médiatiques), et l’écologie ne peut se limiter à un parti, par principe même ! De plus, elle n’est pas, fondamentalement, « de gauche » et elle serait même plutôt née « à droite », et cela dès le XIXe siècle : qu’une certaine gauche s’en soit revendiquée après Mai 68, comme un moyen de contestation du Pouvoir en place et, parfois, comme « auxiliaire » du socialisme politicien, n’enlève rien à la nécessité de répondre, politiquement, à la question environnementale et de vouloir, non seulement une politique écologiste, mais, plus important encore, un Etat écologique.

 

Troisième point, la question de la Technique susceptible de surmonter les dégâts environnementaux : bien sûr, certains progrès techniques pourraient permettre de diminuer l’impact de la société de consommation (par exemple, des voitures moins polluantes, des machines moins énergivores, etc.) sur notre planète, mais il n’est pas certain que cela suffise et accorder trop de foi à la science serait faire preuve de peu de mémoire ! Car, depuis que l’industrialisation a surgi et que la société de consommation est son débouché « naturel », au moins logique, que constate-t-on ? Que l’état de la planète ne cesse d’empirer, au nom même du « développement » des pays « retardataires » (sic), et de ce « consommatorisme » qui tient lieu de gouvernail aux économistes et aux multinationales : la vieille formule « Science sans conscience est ruine de l’âme » se vérifie tous les jours, et peut être utilement complétée par « ruine de la Terre » ! Est-ce une fatalité ? Si l’on poursuit sur la ligne d’une société de consommation qui prône l’individualisme et favorise le matérialisme, oui ! Si l’on pense que la Terre est, par la simple force des choses, limitée et fragile, et qu’il s’agit de prendre soin de cette richesse naturelle dont nous héritons pour la remettre plus tard en bon état à nos successeurs, non, mille fois non !

 

N’est-ce pas, en fait, le message que délivrera le pape dans quelques jours, rejoignant en cela la conception traditionniste d’une écologie qui se doit d’être enracinée et, en France, incarnée par un Etat « durable » qui vit au rythme des générations qui se succèdent et sans en oublier aucune ?